4: Mammographie: le sein normal et ses variantes du normal

Chapitre 4 Mammographie


le sein normal et les variantes du normal



Le challenge dans l’interprétation d’une mammographie ou d’une échographie est de détecter une image anormale au sein d’une structure glandulaire propre à chaque individu et dont il n’existe pas de standard de référence. L’imagerie anatomique de base est elle-même variable au niveau des différentes parties de la glande, selon le cycle et les différentes périodes de la vie. Chaque imagerie (mammographie, échographie et IRM) apporte ses informations propres, l’une étant parfois plus performante que l’autre selon la structure glandulaire. En mammographie, il est fondamental de disposer des documents antérieurs afin de comparer l’examen réalisé avec l’examen antérieur qui représente la cartographie de base de la patiente. En échographie, cette étude comparative de l’échostructure de base n’est pas réalisable. La connaissance de données embryologiques est indispensable afin de comprendre certaines anomalies du développement, mais également certaines données anatomiques, histologiques et physiologiques pour mieux détecter l’image anormale. La constitution de la glande est génétiquement déterminée mais le tissu mammaire va subir des variations individuelles, fonction de facteurs endogènes (âge de la patiente, période du cycle menstruel) et également fonction de facteurs exogènes (évolution du poids, traitement hormonal). L’image produite va être la résultante des nombreux éléments qui composent la glande.



Aspects normaux en mammographie



Bases embryologiques


Du point de vue embryologique, les seins ont la même origine que les glandes cutanées sudoripares. Ils se développent dès la 5e semaine de gestation, à partir de la crête mammaire s’étendant depuis la racine des membres supérieurs, le long de la surface ventrale de l’embryon, jusqu’à la racine des membres inférieurs. Normalement, seule la partie médiane du tiers supérieur de cette crête persiste et entraîne le développement du bourgeon mammaire. Toute anomalie de l’involution de la crête mammaire entraîne la persistance de tissu glandulaire n’importe où le long de la « ligne lactée », de l’aisselle à la région inguinale. Les anomalies du développement embryonnaire sont relativement fréquentes. Il s’agit habituellement d’anomalie en excès avec présence de seins accessoires – polymasties – ou de mamelons surnuméraires – polythélies (fig. 4.1). L’aisselle est le siège le plus fréquent de la présence de tissu glandulaire accessoire. Cette glande accessoire uni- ou bilatérale peut être en contiguïté ou séparée de la glande principale (fig. 4.2). Les mamelons accessoires peuvent être occasionnellement fonctionnels au cours de la lactation. Les amasties (absence de développement mammaire) et amasies (mamelon présent mais absence de développement mammaire) sont rarissimes de même que les inversions congénitales du mamelon. Le syndrome de Poland associe communément de façon unilatérale : une hypoplasie mammaire du muscle grand pectoral. Les asymétries constitutionnelles sont de cause inconnue (fig. 4.3) [1].






Bases anatomiques et corrélations en imagerie




Structures musculaires adjacentes


Les rapports de la glande mammaire avec le bord libre du muscle grand pectoral sont importants. Les fibres libres de ce muscle cheminent transversalement de la partie médiane du thorax jusqu’à l’humérus (fig. 4.5). Le muscle grand pectoral doit être inclus dans les incidences mammographiques afin de visualiser la partie la plus profonde de la glande proche du muscle, de même, lors d’une échographie, la visualisation du pectoral en profondeur permet de s’assurer que la totalité du tissu mammaire a été explorée. L’attache du muscle pectoral à la paroi thoracique en regard du sternum est variable. Chez 1 % des patientes, la zone d’attache au sternum peut être étirée et visualisée sur l’incidence craniocaudale en situation interne. Cette portion variable du muscle peut prendre des aspects variés (rond, triangulaire) et ne doit pas être confondue avec un syndrome de masse (fig. 4.6).




Une image triangulaire mimant parfois un processus malin peut être repérée en interne sur l’incidence craniocaudale liée à la projection du muscle sternal (prolongement du muscle grand droit de l’abdomen) courant parallèlement au sternum. Il est vu chez 10 % des individus (fig. 4.7).



Le petit pectoral chemine derrière le grand pectoral et s’étend des 2e, 3e, 5e côtes au processus coracoïde de l’omoplate. Il peut être vu sous la forme d’un second triangle en situation haute axillaire sous le muscle pectoral (fig. 4.5 et 4.8) [1, 2].





Drainage lymphatique


Le drainage lymphatique s’effectue de la partie profonde du tissu glandulaire vers des plexus lymphatiques péri-aréolaires. Les trois quarts du drainage s’effectuent à partir de troncs latéraux et médians s’étendant de l’aréole vers l’aisselle, le reste est assuré par la chaîne mammaire interne. Des anastomoses existent avec le sein controlatéral.


Les ganglions sont répartis en trois niveaux dénommés niveaux de Berg :




Lors d’une exploration chirurgicale du ganglion sentinelle, seuls quelques ganglions du niveau I sont analysés, lors d’un curage ganglionnaire sont disséqués des ganglions des niveaux I et II. Les lymphatiques ne sont pas visibles en mammographie. Des ganglions sont détectés en intraglandulaire dans 25 % des mammographies normales, ils sont habituellement rencontrés dans le quadrant supéro-externe sous l’aspect d’une structure réniforme à hile graisseux au contact d’un vaisseau (fig. 4.11). Des ganglions intramammaires peuvent être rencontrés en situation plus inhabituelle, interne, très latéralisée ou inférieure [3]. Les ganglions de la chaîne mammaire interne ne sont pas visibles en mammographie.


Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 4: Mammographie: le sein normal et ses variantes du normal

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access