Chapitre 4
Les bilans de la main et du poignet
L’évaluation réalisée par le rééducateur est un élément du dossier médical servant à objectiver les progrès, la stagnation ou la régression de la « main » du patient.
Lors du bilan, les mesures sont chiffrées et reproductibles. Le bilan est plus fiable s’il est réalisé par le même opérateur, mais s’il est standardisé et simple, il pourra servir à la communication horizontale entre les opérateurs de santé.
Dans un souci de simplification, nous avons choisi trois bilans de base : pour le poignet, pour la colonne du pouce, pour les doigts longs.
Des bilans complémentaires sont réalisés si le traitement est plus long, ou dans le cadre d’études comparatives (6 mois, un an de recul).
Évaluation du poignet
L’évaluation du poignet fait intervenir les articulations radio-ulnaires proximales et distales, l’articulation radio- et médio-carpienne ainsi que l’articulation carpo-métacarpienne [1]. On aura deux types de données :
• des données globales : la flexion, l’extension, les inclinaisons radiale et ulnaire, la prono-supination ;
• des données intrinsèques : les mobilités intracarpiennes évaluées par des tests et mobilisations passives [2].
– dans le plan sagittal : la flexion et l’extension (figure 4.1),
– dans le plan frontal : l’inclinaison radiale et ulnaire,
• les valeurs de force de serrage [3] :
– le key-pinch (prise latérale entre pouce et index) (figure 4.2),
– le grasp (prise de force) (figure 4.3) ;
• une valeur pour la douleur exprimée par le patient selon l’échelle analogique : EVA de 0 à 10 [4] ;
• un indice de satisfaction du patient : de 0 à 3 (ou spécifique au Mayo Wrist Score) ;
• des données fonctionnelles sur l’utilisation de la main et du membre supérieur par le patient. Pour être en concordance avec les articles parus, nous prenons en compte plusieurs tests validés [5–9] :
Une valeur n’est intéressante que si elle est comparée aux valeurs physiologiques, mais surtout aux valeurs controlatérales. Un pourcentage par rapport au côté opposé est dès lors facile à calculer (tableau 4.1).
Évaluation de la colonne du pouce
La colonne du pouce est située en dehors du plan frontal, elle projette le pouce en antéposition par rapport aux doigts longs.
– dans le plan frontal, l’abduction est à prendre en compte, l’adduction étant nulle du fait de la position de référence, sa valeur négative est exceptionnelle,
– dans le plan sagittal, l’antéposition (figure 4.4) est à évaluer ainsi que la rétroposition. Pour cette dernière, les auteurs divergent entre : des valeurs en degré par rapport au deuxième métacarpien (figure 4.5), un déplacement au-dessus du plan de la table mesuré en centimètre avec une règle graduée, ou selon la technique proposée par Kapandji (déplacement de l’extrémité distale par rapport à l’autre main de 0 à 4). La prise de toutes ces données permet de corriger les possibles erreurs de goniométrie,
– la flexion et l’extension sont mesurées,
– l’hyperextension est notée car dans les atteintes dégénératives de la trapézo-métacarpienne sa valeur pourra être modifiée selon la technique chirurgicale employée,
– de l’articulation IP : la flexion et l’extension sont évaluées (figure 4.6).
Évaluation des doigts longs
Les quatre doigts longs sont constitués de trois articulations : la métacarpo-phalangienne (MP), l’interphalangienne proximale (IPP), l’interphalangienne distale (IPD).
• Les données articulaires : l’évaluation des amplitudes articulaires est réalisée pour la flexion et l’extension, en passif par le thérapeute, puis en actif par le patient (figure 4.8). On calculera la synthèse de ces données par le TPM (total passive motion) et le TAM (total active motion) :
– TPM : on réalise le total des valeurs passives de la flexion des MP + IPP + IPD et on soustrait du total obtenu les déficits passifs d’extension des trois articulations ;
– TAM : on réalise le total des valeurs actives de la flexion des MP + IPP + IPD et on soustrait du total obtenu les déficits actifs d’extension des trois articulations.
• En cas d’œdème du doigt, on mesure la circonférence au niveau des IPP et IPD en comparant avec le côté sain (figure 4.9).
• Les données musculaires : le grasp est pris en compte (tableau 4.3).
Cas particuliers
Les atteintes neurologiques périphériques du membre supérieur (MS)
Remarque : seules sont exposées les atteintes neurologiques périphériques.
Évaluation motrice
Les atteintes motrices sont cotées de 0 à 5 :
• 1 : contraction musculaire palpable ;
• 2 : mouvement appréciable mais incomplet ;
• 3 : mouvement complet sans force ;
• 4 : mouvement contre résistance, force inférieure au côté atteint ;
Classification de la récupération motrice (critères de récupération après réparation des nerfs périphériques du « Medical Research Council ») :
• M1 : retour d’une contraction perceptible dans les muscles proximaux ;
• M2 : retour d’une perception contractile dans les muscles proximaux et distaux ;
• M3 : retour d’une fonction dans les muscles proximaux et distaux à un degré tel que tous les muscles importants soient suffisamment puissants pour agir contre résistance ;
• M4 : retour d’une fonction identique à M3 avec en plus la possibilité d’exécuter tous les mouvements synergiques et indépendants ;
Facteur sensitif
Les atteintes sensitives seront évaluées par différents tests :
• les monofilaments de von Frey ;
• la discrimination de deux points (compas de Weber) ;
• le « moving two points » (technique de Dellon) ;
• la sensibilité aux vibrations ;
• le bilan de localisation de Wyn Parry ;
Les tests d’évaluation sensitive cutanée de la main après lésion des nerfs périphériques: La finalité d’un examen de la sensibilité de la main, comme le souligne Rabischong [12,13], est de situer une éventuelle discordance entre la manière dont le malade réutilise effectivement sa main et les possibilités théoriques d’analyse sensorielle dont il dispose. Ce concept sous-entend une comparaison entre sensibilité élémentaire et sensibilité fonctionnelle.
Exploration des modalités sensitives élémentaires: Le tact est testé de manière statique et dynamique par une pointe mousse affleurant la peau. Les monofilaments calibrés de Semmes-Weinstein sont utilisés pour une évaluation quantifiée des seuils de perception tactile statique (figure 4.10).
Sunderland a proposé pour les résultats de ces tests la classification suivante :
• sensibilité tactile (pointe mousse) :
– T 1 : perception d’un changement à un seuil élevé
– T 2 : sensation de fourmillement avec irradiation, non localisée
– T 3 : affleurement léger perçu atténué, localisation grossière
– T 4 : affleurement léger perçu normalement, localisation incertaine à 2 cm près

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