13: Techniques actives : matériel, outils, programmes

Chapitre 13


Techniques actives : matériel, outils, programmes





Introduction


Ce propos est destiné à la rééducation globale associant d’une part un ensemble de gestes pratiques, de mouvements, de types de prises et certaines praxies, et d’autre part les outils spécifiques et le matériel, dans le but de retrouver quelques automatismes de la main et du membre supérieur dans la préhension.


L’objectif principal est la mobilisation active précoce pour aider le patient blessé à retrouver sa gestualité, sa spontanéité, et plus tard son habileté.


Le dénominateur commun à tous les exercices est la recherche du réflexe de capture de la main, le « catching » des Anglo-Saxons.


Un des critères essentiels de ces exercices est la manipulation obligatoire de matériel ou d’outils avec des degrés de difficultés variables : ne jamais laisser la main vide [7].


Chaque famille ou série d’exercices contient une douzaine de possibilités différentes au moins, pour convenir à une main droite ou gauche, une main féminine ou masculine, une main d’adulte ou une main d’enfant.


L’ensemble des exercices possibles, décrits ici, suppose 1 000 possibilités différentes avec les différents matériaux, en tenant compte des dimensions, du diamètre, du poids, de la résistance et du volume comme paramètres variables.


Le choix du matériau joue un rôle essentiel, il doit être prégnant, c’est-à-dire que la structure, le revêtement et la rugosité facilitent l’adhérence pulpaire et palmaire (ex : le bois brut est un matériau prégnant contrairement au plastique, la fonte plus que l’aluminium…). Exemples de matériau choisi : le bois brut, le liège, la moquette, le grès, le plâtre…


Le degré de prégnance et le choix du matériau ont un rôle proprioceptif non négligeable. Ne pas oublier qu’ils sont l’interface du mouvement et qu’ils doivent véhiculer l’indépendance et la dissociation des doigts, de la prise maladroite à la légèreté d’un automatisme parfait [1].


L’ensemble d’objets, d’équipements, de matériels décrits sont pour la plupart issus de la pratique de rééducation de la main dans notre cabinet depuis 1972. Leur efficacité et leur ancienneté ont permis une certaine sélection.


Le matériel d’exécution est simple et peut être réalisé par n’importe quel kinésithérapeute ou ergothérapeute pour ses propres patients.


Chaque série d’exercices doit permettre de répondre aux différents types de préhensions conventionnelles : prises fines et prises globales, de quelques grammes à 7 kg de résistance.


L’exécution d’exercices globaux s’intègre obligatoirement dans une séance classique de rééducation de la main [2]. Le travail analytique est alterné de séquences de physiothérapie et de bains. Il ne remplace en aucun cas des exercices de simulation fonctionnelle.


Le niveau de difficulté est choisi en fonction du degré de cicatrisation des patients, de la solidité du cal, de la phase de réadaptation, du geste ou du type de prise à récupérer.


Il est à noter que pour lutter contre la lassitude et la monotonie, les exercices se font avec une difficulté à la limite du possible.


À l’inverse, la répétition et le renouvellement d’exercices faciles permettent au patient l’aisance, l’assouplissement des tissus et un certain confort.



Les tables



Formes et configurations


Les tables de rééducation de la main prennent différents aspects selon les pays et selon les objectifs recherchés. Elles sont soit ovales, soit circulaires, soit rectangulaires. Individuelles par patient, elles présentent un ou deux casiers destinés à recevoir un bac d’eau ou du matériel divers pour la manipulation de différents objets (microbilles synthétiques, en plastique, matériel de rééducation de la sensibilité…). La table à casier double par patient présente l’avantage d’alterner travail actif et phase de physiothérapie.


Chaque casier est fermé par un plateau canadien amovible décrit par V. Quilici [9].



Avantages de la table individuelle à un ou deux casiers : elle permet d’accéder au patient plus facilement dans un rayon de 360°, le traitement simultané de l’épaule ou d’un autre segment (côté controlatéral), l’accessibilité des chariots de matériel annexe et de physiothérapie, la fixation de potences supplémentaires, le passage d’un fauteuil roulant.


On veillera à équiper chaque pièce de rééducation de la main, d’une table de massage pour allonger le patient si nécessaire.



Les pinces


Le matériel est calqué sur le concept de la pince à deux branches articulées autour d’un axe et composé de deux extrémités.


Ce sont des outils de base très répandus en rééducation de la main. Ils offrent un panel très large d’adaptations individuelles, multiples et faciles à réaliser quel que soit le stade de la pathologie.


Les pinces sont basées sur le principe du levier du 1er genre.


L’objectif est double :





Description



Les pinces de finesse


Il s’agit d’un matériel très répandu dans toutes les professions de précision (horlogerie, électronique, informatique, chirurgie…). Ce sont les pinces à timbre, pinces à fil, pinces à épiler, brucelles. Malgré leur variété, elles possèdent toutes les mêmes caractéristiques : allongées, ne dépassant pas une douzaine de centimètres, aux extrémités plates mousses ou effilées parfois coudées ou droites, ne nécessitant pas une force supérieure à 80 g de serrage et reproduisant aisément les prises physiologiques TT et TST [3].


Ces pinces sollicitent les muscles intrinsèques et les muscles extrinsèques avec peu de résistance, et permettent le travail sur de petits plateaux avec des objets tels que les perles, billes plastiques, petits clous…


À noter : la pince à linge trouvée dans le commerce est très difficile à manier. Ne la réserver qu’aux patients qui possèdent une bonne prise STL.



Les pinces de force


Il s’agit de reproduire en bois le système de la pince à linge en allongeant les bras de levier et en adaptant un système de résistance. Ces pinces mesurent 18 cm, 26 cm, 29 cm, 32 cm de longueur, et de 3 à 5 cm de large. Elles sont étalonnées par graduation progressive avec des élastiques de différentes longueurs et de différentes largeurs (une longueur standard d’élastique de 7 mm de large représente une résistance de 400 grammes à chaque tour, et un élastique de papeterie 80 grammes).


Ce montage intéresse particulièrement les muscles intrinsèques avec participation des muscles extrinsèques.



• Exercice particulier de la prise étau : il consiste à fléchir les métacarpo-phalangiennes et étendre les interphalangiennes des doigts longs.


• Exercice de serrage digitopalmaire [6] : bien que cet exercice ne comporte pas de matériel « pince » il découle du précédent. Il s’agit de disposer quatre tourillons sur le plateau canadien en forme de rectangle, les tourillons étant plus ou moins écartés, et de demander au patient de serrer les élastiques pour solliciter le mouvement d’enroulement digitopalmaire. Cet exercice est simple, global, et constitue un exercice d’échauffement et de préparation à des exercices plus compliqués très utilisés.




Les pinces spécifiques pour prises du pouce


Seringue ou pince à sucre, pince à escargot, lampe de poche, ciseaux, briquet.


Outils à réaliser en corde à piano (attelles individuelles) : avec de la corde à piano de 10, 12, 15 dixième, réaliser un montage en forme de « V » sur une longueur de 20 cm avec une ou deux spires dont les extrémités seront protégées en thermoplastique pour faire travailler les muscles de la première commissure.



• Appareil à traction pour le pouce : utilisé pour faire travailler un patient au-delà des séances en cabinet de rééducation. Il s’agit de fixer un élastique, dont une extrémité au bout d’un bâton de diamètre de 20 mm, maintenu à pleine main par le patient et dont l’autre extrémité est à placer au niveau du pli interphalangien du pouce.


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Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 13: Techniques actives : matériel, outils, programmes

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