4 L’axe
La détermination de l’axe cardiaque provoque plus d’embarras que pratiquement n’importe quel autre paramètre interprété sur l’ECG. Cela ne devrait pourtant pas être le cas, dans la mesure où il n’y a pas de mystère lié à au calcul de l’axe cardiaque, celui-ci s’effectuant habituellement sans difficulté. Décider que l’axe de QRS est normal peut en effet se résumer de façon sommaire en une seule règle :
Une règle rapide pour déterminer l’axe
Si les complexes QRS sont positifs en majorité dans les dérivations DI et DII, l’axe cardiaque est normal.
Comprendre la signification de l’axe cardiaque et le mesurer
Quelle est la signification de l’axe ?
Comme nous l’avons expliqué au chapitre 1, le flux électrique est uniformément réparti à travers le cœur, puisqu’il chemine normalement le long d’une voie bien définie (figure 4.1).
En termes simples, l’axe cardiaque est un indicateur de la direction générale que prend l’onde de dépolarisation lorsqu’elle s’écoule à travers les ventricules. Songez un instant à la direction générale du flux électrique cheminant à travers les ventricules : celui-ci débute au coin « en haut et à droite » et se dirige vers le coin « en bas et à gauche » (figure 4.2).
Quelle mesure utilise-t-on pour le calcul de l’axe ?
Le point de référence, ou zéro, est pris sur une ligne horizontale « regardant » le cœur de la gauche (figure 4.3). Pour un flux électrique dirigé au-dessous cette ligne, l’angle est exprimé par un nombre positif ; au-dessus de cette ligne, par un nombre négatif (figure 4.4). Ainsi, l’axe cardiaque se situe entre +1° et +180° ou – 1° et – 180°.
Souvenez-vous qu’au chapitre 1 vous avez appris que les six dérivations des membres regardent le cœur de côté selon six angles de vue différents. Le même système de référence peut être utilisé pour décrire l’angle avec lequel chaque dérivation regarde le cœur (figure 4.5). Toutes les dérivations des membres et leurs angles respectifs sont répertoriés dans le tableau 4.1.
Dérivation | Angle avec lequel elle regarde le cœur |
---|---|
DI | 0° |
DII | +60° |
DIII | +120° |
aVR | – 150° |
aVL | – 30° |
aVF | +90° |
Comment utiliser les dérivations des membres pour calculer l’axe ?
L’information provenant des dérivations des membres est utilisée pour calculer l’axe cardiaque. Rappelez-vous simplement de trois principes, que nous avons déjà tous décrits :
Cette dernière règle signifie que si l’influx se propage à angle droit par rapport à une dérivation, les complexes ECG qui en découlent seront alors isoélectriques (les déflexions positive et négative s’annulent mutuellement). Ceci est illustré sur la figure 4.6.
En vous basant sur ces principes, penchez-vous sur la dépolarisation ventriculaire en DII. De son angle de vision, l’influx intraventriculaire est entièrement dirigé vers cette dérivation et le complexe QRS est totalement positif (figure 4.7). La dérivation aVL, cependant, verra le même influx à angle droit et enregistrera un complexe QRS isoélectrique (figure 4.8). Toute dérivation dont l’angle de vue se situe entre les dérivations DII et aVL enregistrera un complexe qui deviendra de plus en plus positif au fur et à mesure qu’il se rapprochera de la dérivation DII (figure 4.9).
Il est désormais tout à fait aisé de calculer l’axe cardiaque en regardant si les complexes QRS des dérivations des membres sont positifs ou négatifs de manière prédominante.
Un moyen rapide pour calculer l’axe de QRS
Si le complexe QRS en DI est positif de façon prédominante, ceci indique que l’axe est situé en un point quelconque entre – 90° et +90° (figure 4.10). Un axe situé exactement à – 90° ou +90° aura pour conséquence un complexe QRS très précisément isoélectrique en DI. Ainsi, un complexe QRS positif de façon prédominante en DI exclut une déviation axiale droite (un axe au-delà de +90°) mais ne permet pas d’écarter une déviation axiale gauche (un axe au-delà de – 30°).