37: TRAITEMENT DE LA DÉPRESSION (UNIPOLAIRE)

CHAPITRE 37 TRAITEMENT DE LA DÉPRESSION (UNIPOLAIRE) 




ÉPIDÉMIOLOGIE


Les études épidémiologiques permettent de retrouver une prévalence annuelle des troubles de l’humeur de 1 à 7 % en fonction des pays avec une valeur médiane d’environ 6 % dans le monde. Par ailleurs, la prévalence des troubles dysthymiques au cours de la vie est de 9 % dans la population générale [1]. De plus, 10 à 20 % des patients consultant un médecin généraliste sont déprimés. Les études épidémiologiques sur le suicide estiment que 40 à 80 % des suicides sont attribuables aux troubles de l’humeur. L’impact socio-économique de la dépression est considérable. La dépression est en augmentation dans les pays industrialisés : 3,1 % de prévalence en 1980-1981 contre 4,7 % en 1991-1992 [2], avec un rajeunissement progressif de son âge de début. Les troubles de l’humeur sont plus fréquents chez les femmes, les sujets vivant seuls et ceux ayant un bas niveau socio-économique. La prévalence des dépressions croît avec les situations défavorables (solitude, chômage, célibat, etc.). Les autres facteurs plus fréquemment associés à un trouble de l’humeur sont la vulnérabilité génétique, les facteurs somatiques (pathologies organiques, effets iatrogènes), les facteurs psycho-pathologiques, les addictions (alcool).


La prescription des antidépresseurs augmente régulièrement. Dans la population générale, le pourcentage de sujets déclarant consommer des antidépresseurs était de 2 % en 1987, et de 3,5 % en 1996 (Observatoire National des Prescriptions et Consommations des Médicaments, [3]). En France, cette augmentation des prescriptions est associée à une inadéquation relative de ces prescriptions. En effet, seulement la moitié des patients traités par antidépresseurs souffrent effectivement d’un trouble qui répond aux indications de l’AMM des médicaments antidépresseurs [3]. Par ailleurs, une part non négligeable de patients déprimés ne reçoit pas le traitement adéquat. La prise en charge adéquate du premier épisode dépressif est d’autant plus importante que la dépression est une affection qui tend à récidiver (dans 50 à 85 % des cas) ou à devenir chronique (20 % des épisodes dépressifs).



GÉNÉRALITÉS



Définition


La dépression est un trouble de l’humeur défini par un ensemble de symptômes. Dans le Manuel Statistique et Diagnostique des Troubles Mentaux, 4e version révisée (DSM-IV-TR), l’épisode dépressif majeur, c’est-à-dire caractérisé est défini par un ensemble de critères diagnostiques présentés ci-après :



–  A. Au moins 5 des symptômes suivants doivent être présents pendant une même période d’une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un des symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d’intérêt ou de plaisir.











–  B. Les symptômes ne répondent pas aux critères d’épisode mixte.


–  C. Les symptômes traduisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.


–  D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d’une substance (par exemple une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou une affection médicale générale (par exemple hypothyroïdie).


–  E. Les symptômes ne sont pas expliqués par un deuil, c’est-à-dire après la mort d’un être cher, les symptômes persistent pendant plus de 2 mois ou s’accompagnent d’une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides, de dévalorisation, d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d’un ralentissement psychomoteur.


Les critères définissant un épisode dépressif proposés par la Classification Internationale des Maladies, 10e version (CIM-10) sont proches de ceux proposés par le DSM-IV.



–  A. Critères généraux (obligatoires) :





–  B. Présence d’au moins 2 des 3 symptômes suivants :





–  C. Présence d’au moins 1 des 7 symptômes suivants, pour atteindre un total d’au moins 4 symptômes :









La classification du CIM 10 donne également un classement en fonction de la sévérité de l’épisode dépressif :





PHYSIOPATHOLOGIE


La dépression est une pathologie qui résulte d’un dysfonctionnement de certains neurotransmetteurs ou de leur métabolisme. Bien que plusieurs hypothèses aient été émises, l’étiologie de la dépression est encore mal définie. La première théorie majeure de la dépression, c’est-à-dire la théorie monoaminergique propose que ce désordre soit dû en particulier à une déficience en sérotonine (5-HT) et/ou en noradrénaline (NA) car la déplétion de la sérotonine chez des patients déprimés traités, entraîne une rechute des symptômes. Cependant, cette théorie ne peut expliquer à elle seule la physiopathologie de la dépression puisque l’efficacité des antidépresseurs est observée en clinique après quelques semaines de traitement. Une seconde hypothèse basée sur les récepteurs des neurotransmetteurs a été émise. La dépression serait due à un fonctionnement anormal des récepteurs des monoamines.


Il a été suggéré que la dépression soit la conséquence d’une augmentation pathologique de l’activité des récepteurs 5-HT2C associée à l’anxiété, mais aussi que l’augmentation de leur activité diminuerait en retour la fonctionnalité des récepteurs 5-HT1. Cette perturbation des récepteurs pourrait elle-même être causée par une déplétion en neurotransmetteurs monoaminergiques. De nombreuses anomalies neuroendocriniennes se retrouvent chez le déprimé (diminution de temps de latence du sommeil paradoxal, diminution de la sécrétion de l’hormone de stimulation de la thyroïde en réponse à un test de stimulation par le facteur de relâchement de la TSH, une hypercortisolémie accompagnée d’une insensibilité relative de l’axe hypothalamo-surrénal). Enfin, d’autres anomalies ont été proposées, notamment des modifications de l’hormone de croissance, de la prolactine, de la mélatonine et de certains neuropetides (substance P).


La dépression pourrait aussi être considérée comme une anomalie des mécanismes de transduction et le fait que le volume de certaines structures cérébrales, tel l’hippocampe, soit diminué, ferait de la dépression une pathologie neuro-dégénérative. Les antidépresseurs seraient dans ce cas présent des restaurateurs des fonctions hippocampiques.



ASPECTS CLINIQUE ET SÉMÉIOLOGIQUE



Chez l’adulte [6]







Chez l’enfant et l’adolescent


Après avoir été méconnue, voire niée, la notion même de troubles dépressifs chez l’enfant est actuellement bien établie, elle concerne 2 % des enfants. Les épisodes dépressifs majeurs apparaissent le plus souvent en association avec d’autres troubles mentaux (troubles anxieux, déficit de l’attention, conduite antisociale, etc.).


La prévalence de la dépression chez le jeune de 15-24 ans est de 8,5 % (sur 1 an) en France [7]. La dépression a un impact sur la vie quotidienne des adolescents et peut s’exprimer par une irritabilité, un désinvestissement scolaire, des plaintes somatiques ou de l’agressivité. Les idées suicidaires font souvent partie des symptômes de la dépression chez l’adolescent. Ainsi, la dépression chez l’adolescent est associée à un risque suicidaire et la répétition des tentatives de suicide se produit dans un tiers des cas. Le suicide est la deuxième cause de mortalité en France chez le jeune de 15-24 ans, soit environ 600 décès par an et un taux de décès de 6,7 pour 100 000, ces chiffres étant très certainement sous-estimés de 20 % (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). Chez l’adolescent, la symptomatologie est polymorphe, les épisodes sont souvent associés à des troubles de l’attention, troubles anxieux ou alimentaires, une conduite antisociale parfois difficile à discerner de la « crise » de l’adolescence. L’existence d’un trouble dépressif dans l’enfance constitue un facteur de risque majeur de survenue d’un autre épisode au cours de l’adolescence (60-80 % de rechute ou de chronicité). À cette période, l’attirance pour l’alcool ou les drogues ainsi que le comportement suicidaire sont fréquents, ce qui nécessite une vigilance extrême [8].



Chez le sujet âgé


La dépression de la personne âgée est fréquente (prévalence chez le sujet de plus de 65 ans 1 %) [9]. Ses conséquences sont lourdes sur le plan relationnel entre les générations et sur le plan humain avec un repli sur soi, la perte de la pratique des actes de la vie quotidienne, la dépendance ajoutée, la souffrance non exprimée qui peut conduire au suicide. La souffrance dépressive du sujet âgé peut dérouter le clinicien dans la mesure où son mode d’expression s’éloigne fréquemment de celui, plus familier, de l’adulte jeune. De sémiologie pauvre, elle peut être masquée par des problèmes somatiques : elle est alors sous-estimée, peu diagnostiquée et donc insuffisamment traitée. En effet, cette sous-estimation concerne 60 à 70 % des états dépressifs du sujet âgé. Il existe plusieurs formes atypiques que l’on peut résumer par : des dépressions masquées, des formes cliniques atypiques avec signes d’emprunt à d’autres troubles psychiatriques et des formes frustres (monosymptomatiques).




Dépressions particulières




Dépression du post-partum


Les dépressions du post-partum sont des états dépressifs d’intensité variable survenant dans la première année suivant l’accouchement. La prévalence est estimée entre 2 et 6 % pour les dépressions majeures et 6 à 10 % pour les dépressions mineures [11]. Si dans la majorité des cas, ces épisodes régressent en quelques semaines, 25 % d’entre eux évoluent vers une dépression sévère avec altération de la communication mère – enfant. Elle est caractérisée par une grande fatigue, de l’irritabilité, un détachement émotionnel vis-à-vis du bébé [11].





CLASSIFICATION DES MÉDICAMENTS UTILISABLES (tableau 37.3)


NB : Certains antidépresseurs ont obtenu une autorisation de mise sur le marché dans d’autres indications que l’épisode dépressif majeur (d’après RCP antidépresseurs, Afssaps 2006) :



Tableau 37.3 Médicaments utilisés dans le traitement des dépressions [12].


















































































Classe DCI Noms commerciaux
ISRS Citalopram Seropram
Escitalopram Seroplex
Fluoxétine Prozac
Fluvoxamine Floxyfral
Paroxétine Deroxat, Divarius
Sertraline Zoloft
IRSN Milnacipram Ixel
Venlafaxine Effexor
Duloxétine Cymbalta
Tricycliques Amitriptyline Laroxyl, Elavil
Clomipramine Anafranil
Amoxapine Defanyl
Maprotiline Ludiomil
Dosulépine Prothiadem
Doxépine Quitaxon
Trimipramine Surmontil
Imipramine Tofranil
IMAO Iproniazide Marsilid
IMAO A Moclobémide Moclamine
Autres Miansérine Athymil
Mirtazapine Norset
Tianeptine Stablon
Agomélatine Valdoxan

ISRS : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine; IRSN : inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.



Pharmacocinétique


L’ensemble des principaux paramètres pharmacocinétiques est présenté dans le tableau 37.4 [13].




Antidépresseurs tricycliques


La résorption des antidépresseurs tricycliques est correcte mais ils subissent un premier passage hépatique important à l’origine d’une variabilité interindividuelle importante. C’est ce qui est responsable de fluctuations importantes de la biodisponibilité pour un même principe actif. Les antidépresseurs étant très lipophiles, le volume de distribution est important (10 à 20 L/kg). Les antidépresseurs tricycliques sont des médicaments basiques, ils vont donc se fixer sur l’albumine mais également sur les protéines α1-glycoprotéines. Hormis les états inflammatoires, la fraction liée aux protéines fluctue peu pour un même médicament. La fraction liée aux protéines plasmatiques est comprise entre 80 et 95 %. Tous les antidépresseurs tricycliques subissent une forte métabolisation (hydroxylation, déméthylation, etc.). Cette métabolisation est médiée principalement par les isoenzymes cytochrome P450 1A2, 2D6 et 3A4. Cette métabolisation peut induire la formation de métabolites actifs, les amines tertiaires donnant des amines secondaires, actives, qui sont à leur tour éliminées en dérivés inactifs. Ces antidépresseurs subissent un cycle entéro-hépatique dont l’importance varie d’un sujet à l’autre et avec l’âge. Ces principes actifs et leurs métabolites sont principalement éliminés par le rein (entre 95 et 99 %). Cette élimination est pH dépendante, l’acidité des urines favorisant l’élimination. Les demi-vies d’élimination sont plus élevées avec les amines tertiaires qu’avec les amines secondaires.






Autres antidépresseurs


La biodisponibilité de la miansérine et de la mirtazapine est moins bonne que les classes précédentes (30 et 50 % respectivement). Toutefois, la résorption est rapide avec un pic plasmatique situé 2 heures après la prise orale du médicament. La fixation aux protéines plasmatiques est plus élevée que les classes précédentes de l’ordre de 85 %-90 %. L’élimination est plus lente que dans les 2 classes précédentes (15-40 heures). La mirtazapine est fortement méta-bolisée au niveau hépatique par les cytochromes 2D6, 1A2 et 3A4. Le métabolite déméthylé est actif. L’élimination de la mirtazapine est majoritairement rénale, celle de la miansérine rénale à 70 %.


La tianeptine est caractérisée par une biodisponibilité de l’ordre de 95 %, avec un premier passage hépatique et l’absence de métabolites actifs. L’élimination est principalement rénale (95 %) avec une demi-vie d’élimination courte 2 h 30.


L’agomélatine est bien résorbée avec une biodisponibilité de l’ordre de 80 %. La liaison aux protéines plasmatiques est de 95 %. Elle est métabolisée par les cytochromes P450 1A2 (90 %) et 2C9/2C19 (10 %). Les principaux métabolites (ago-mélatine hydroxylée et déméthylée) ne sont pas actifs et sont rapidement conjugués et éliminés dans les urines. La demi-vie plasmatique moyenne est comprise entre 1 et 2 heures. L’excrétion se fait principalement par voie urinaire (80 %) et sous forme de métabolites.




MÉCANISME D’ACTION



Classification


Les antidépresseurs sont des médicaments psychotropes aptes à corriger l’humeur dépressive, voire parfois à l’inverser. Ils font partie du groupe des psychoanaleptiques ou stimulants. Aujourd’hui, la classification basée sur la structure chimique qui distinguait les antidépresseurs tricycliques, les IMAO et les non tricycliques, non IMAO, n’est plus adaptée. En effet, l’essor dans cette famille de la dernière catégorie ne permet plus une distinction chimique des principes actifs parmi eux. De ce fait, la classification clinique reste la plus adaptée à cette famille en pleine explosion. Indépendamment de leurs propriétés antidépressives, les antidépresseurs possèdent d’autres propriétés latérales qui se manifestent dès l’instauration du traitement. Il s’agit principalement d’action psychostimulante (= action désinhibitrice) ou, au contraire, sédative (= action anxiolytique). La classification des différents antidépresseurs en fonction de ces dernières propriétés est rapportée dans le tableau 37.6.


Tableau 37.6 Propriétés des antidépresseurs.



































































































Noms commerciaux DCI Propriétés principales
Seropram Citalopram Mixte
Seroplex Escitalopram Mixte
Prozac Fluoxétine Stimulant ++
Floxyfral Fluvoxamine Sédatif +
Deroxat, Divarius Paroxétine Sédatif +
Zoloft Sertraline Stimulant +
Ixel Milnacipram Mixte
Effexor Venlafaxine Stimulant
Cymbalta Duloxétine Mixte
Laroxyl, Elavil Amitriptyline Sédatif +++
Anafranil Clomipramine Mixte
Defanyl Amoxapine Sédatif ++
Ludiomil Maprotiline Mixte
Prothiadem Dosulépine Mixte
Quitaxon Doxépine Sédatif ++
Surmontil Trimipramine Sédatif ++
Tofranil Imipramine Stimulant ++
Marsilid Iproniazide Stimulant
Moclamine Moclobémide Stimulant ++
Athymil Miansérine Sédatif ++
Norset Mirtazapine Sédatif ++
Stablon Tianeptine Mixte
Valdoxan Agomélatine  


Mécanisme d’action



Inhibition de la recapture des amines biogènes


Les premières molécules antidépressives ont été à l’origine de la théorie monoaminergique dans la dépression, suggérant l’existence d’une déficience des monoamines sérotonine et noradrénaline (Costentin, 1993). Bien que remise en question, cette théorie reste prévalente. Cet effet consiste essentiellement en une inhibition du recaptage, au niveau de la membrane de la terminaison nerveuse, des amines libérées par l’influx nerveux. Les antidépresseurs s’associent, avec une haute affinité, au transporteur, en lieu et place du médiateur : prévenant la liaison de ce dernier, ils en préviennent la recapture. Dès lors, ils prolongent le temps de séjour synaptique du médiateur, accroissent sa concentration synaptique, augmentent ses chances d’entrer en contact et de stimuler les récepteurs postsynaptiques. La transmission aminergique est ainsi facilitée. Il est possible de distinguer les antidépresseurs selon le type de recapture sur lequel ils agissent :







Action chronique des antidépresseurs


L’impossibilité d’expliquer l’action d’un traitement chronique par antidépresseur uniquement par l’augmentation des neurotransmetteurs et la régulation des récepteurs correspondants soutient l’hypothèse selon laquelle cette action implique les voies de signalisation intracellulaire [17]. Des hypothèses impliquant certaines cibles intracellulaires ont été proposées, plus particulièrement le système de l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc), le facteur de transcription cAMP Response Element Binding Protein (CREB), la neurotrophine Brain-Derived Neurotrophic Factor (BDNF), la voie des Mitogen-Activated Protein Kinases (MAPK) et la protéine anti-apoptotique Bcl-2. Le mécanisme d’action serait le suivant : les traitements antidépressseurs activeraient la voie de l’AMPc qui provoquerait la phosphorylation de CREB [18]. Cette action entraînerait alors l’augmentation de l’expression génique du BDNF [19]. Ce dernier, en se fixant sur son récepteur TrkB, activerait la cascade ERK/MAPK [20]. Il s’ensuivrait une augmentation de l’expression génique de Bcl-2 [13] ainsi qu’une inactivation de la protéine pro-apoptotique BAD [21].


Cette théorie est d’autant plus séduisante qu’elle permet d’expliquer par un seul mécanisme l’action antidépressive de l’ECT et de tous les antidépresseurs, tout en montrant que les autres psychotropes n’entraînent pas ce phénomène [17, 22, 23].



CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE (figure 37.1)


Le traitement médicamenteux ne constitue qu’un aspect de la prise en charge des sujets présentant des troubles dépressifs ou anxieux. Les antidépresseurs n’ont démontré leur efficacité par rapport au placebo que dans les états remplissant les critères de l’épisode dépressif majeur. Un traitement antidépresseur n’est pas recommandé en cas d’épisode dépressif caractérisé d’intensité légère ou de syndrome dépressif non caractérisé. Le traitement antidépresseur ne doit donc pas être prescrit chez tout patient présentant des symptômes dépressifs. Les autres types de traitements qui peuvent être proposés sont essentiellement les prises en charge psychothérapiques et éventuellement d’autres traitements comme par exemple l’électroconvulsivothérapie pour les troubles dépressifs, la photothérapie ou plus récemment la stimulation magnétique transcrânienne [12].



Par ailleurs, les thérapies comportementales et cognitives se développent dans la prise en charge de la dépression. Lorsqu’elles sont associées aux antidépresseurs, elles sont efficaces et permettent une rémission clinique plus rapide et une diminution du taux de récidive [24].


Si, historiquement, les antidépresseurs étaient des médicaments qui traitaient la dépression, leurs indications thérapeutiques ont été par la suite étendues à d’autres troubles, notamment les troubles anxieux. Dans ces circonstances, un seul traitement peut suffire pour traiter les deux pathologies.



Les référentiels


Ce sont par exemple :



Le traitement médicamenteux d’un patient déprimé n’est qu’un aspect de sa prise en charge, qui comporte d’autres mesures thérapeutiques (psychothérapies interpersonnelles, psychothérapies comportementales, etc.) et la prise en compte de facteurs sociaux.


Les troubles paniques avec ou sans agoraphobie, les TOC, l’énurésie de l’enfant et les algies rebelles sont exclus de ce thème.




Objectifs thérapeutiques


Selon les recommandations de l’Afssaps sur le bon usage des antidépresseurs, un traitement par antidépresseur comporte de deux phases successives (Afssaps, 2006) :



Le délai nécessaire à l’obtention d’une réponse thérapeutique complète est de 6 à 8 semaines. Sauf en cas d’aggravation des symptômes, il est recommandé de ne pas interrompre le traitement avant 4 semaines de traitement à posologie efficace.


La durée de traitement d’un épisode dépressif caractérisé ne doit pas être inférieure à 6 mois. Elle est en général de 6 mois à 1 an. À partir du 3e épisode, le traitement est poursuivi 2 ans à doses efficaces. L’arrêt du traitement s’effectue par paliers successifs sur plusieurs semaines afin d’éviter un syndrome de sevrage. Lors d’un traitement d’une durée inférieure à 1 an, l’arrêt peut se faire en quelques semaines en diminuant par exemple toutes les semaines d’1/4 de la dose journalière. Lors d’un traitement long (> 1 an), l’arrêt sera plus progressif et pourra se faire sur plusieurs mois, en diminuant par exemple tous les mois d’1/4 de la dose journalière.


Le patient doit être suivi régulièrement au cours de son traitement par antidépresseurs. Quelques jours après le début du traitement, le suivi permet d’évaluer la tolérance à court terme et le risque suicidaire. Au cours des 2 premières semaines de traitement, l’évaluation porte sur l’évolution clinique, la tolérance, et l’observance. Enfin, le suivi à 4 semaines de traitement permet de s’assurer de l’efficacité.


Les études n’ont pas permis de mettre en évidence de différence d’efficacité entre les différentes classes d’antidépresseurs. Le profil de tolérance est en revanche différent d’une classe à l’autre avec une meilleure tolérance et maniabilité pour les antidépresseurs les plus récents (ISRS, ISRSN) par rapport aux tricyliques ou aux IMAO. De plus, le risque en cas de surdosage volontaire est moindre avec les antidépresseurs les plus récents comparé aux tricycliques (toxicité cardiaque).


Avant la prescription, trois éléments cliniques doivent être recherchés et évalués : l’existence d’épisodes antérieurs, l’existence d’antécédents d’épisodes hypomaniaques ou maniaques et le risque suicidaire. Ces éléments vont orienter le choix des traitements antidépresseurs [12].


Le choix de l’antidépresseur va également prendre en compte les comorbidités des patients troubles cardiovasculaires, du sommeil…), dont les comorbidités psychiatriques et les contre-indications spécifiques de chaque classe d’antidépresseurs ou de chaque antidépresseur dans une même classe (allergie, insuffisance hépatique, rénale).


Les maladies organiques pouvant être associées à une dépression doivent être investiguées. Ces affections incluent des déficits vitaminiques, douleurs chroniques, apnées du sommeil, cancer, des maladies endocriniennes (anomalies de la thyroïde …), infectieuses (HIV) [25].


Le choix du traitement de première intention doit prendre en compte la demi-vie de l’antidépresseur, l’effet sur les cytochromes P450 et les interactions médicamenteuses éventuelles avec un traitement chronique. Les consommations de substances pouvant faire l’objet d’une dépendance (alcool, tabac, cannabis …) seront également recherchées.


De plus, la polarité des antidépresseurs est un autre critère de choix. Les antidépresseurs sédatifs sont privilégiés dans les dépressions anxieuses ou en présence de troubles du sommeil et les antidépresseurs psychotoniques dans les dépressions avec ralentissement psychomoteur (tableau 37.7).


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May 4, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 37: TRAITEMENT DE LA DÉPRESSION (UNIPOLAIRE)

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