Chapitre 35 Rééducation fonctionnelle des brûlures du thorax
Cette atteinte est rarement isolée et doit être analysée globalement avec les régions qui jouxtent. La position fœtale situe le thorax dans la concavité du tronc antérieur, zone indissociable sur le plan physiopathologique lors de brûlures graves. La peau est sollicitée, en irradiation, par les mouvements puissants des racines des membres et de la colonne cervicale. Les écarts en surface cutanée utile sont considérables.
Atteintes cervico-thoraciques
Atteinte isolée de la portion verticale du cou (fig. 35-1 et 35-2)
La région centrale prétrachéale ne se prête pas à la pressothérapie. La portion moyenne verticale du cou se traite par une orthèse rigide qui présente une décharge en regard de la trachée. Dans ce cas précis, il est précieux de posséder un dispositif qui conserve une action bien qu’appliqué à une portion limitée de la cicatrice. Son action retentit, à distance, sur la zone inaccessible au traitement. L’axe de compression est antéro-postérieur. Ce traitement implique un corset, d’emblée, dès lors que l’atteinte dépasse cette zone anatomique. Pour sécuriser la compression cervicale, nous prolongeons les extrémités postérieures des valves, de l’orthèse de compression et de posture, de sorte que la mise en tension de l’embrase postérieure, en corde d’arc, voit son action annihilée audelà de la course souhaitée. L’embrase postérieure ne peut en aucun cas être élastique [1, 2].
Atteinte de la portion horizontale du cou
L’atteinte globale du cou conduit à une rétraction en flexion du cou dans son ensemble. Elle associe une rétroposition de la colonne cervicale haute qui passe longtemps inaperçue. En effet, la fusion mentosternale se décompose en deux flessums antérieurs haut et bas : flessum haut de la portion horizontale du cou, sous-mandibulaire, sur la verticale et bas en dessous de cette dernière sur les creux sus-claviculaires.
Atteinte associant le thorax en sus-claviculaire
Dans l’éventualité d’un orifice de trachéotomie, une fois l’inflammation contrôlée, nous privilégions la réparation chirurgicale. Lever par la compression des adhérences constituées, en regard de la trachée, est illusoire. La pressothérapie limitée de la région n’est pas suffisamment efficace en cas de flessum constitué, elle prévient seulement l’aggravation des ancrages prétrachéaux. Cette atteinte est l’exemple type du risque majeur de perte de chance encouru par le patient en cas de soins précoces inadaptés. La conservation du peaucier du cou majore le risque d’ancrage et de rétraction.
Thorax et région mammaire (fig. 35–3 à 35-5)
Jeune fille accidentée avant la poussée mammaire
L’atteinte du bourgeon mammaire est assez rare mais nous n’en n’aurons la confirmation qu’à la puberté. L’aréole semble pouvoir résister à une plus grande agression thermique. Il faut garder en tête la grande fragilité du bourgeon mammaire à la pression. En effet, avant la première grossesse, le sein est essentiellement constitué de tissus adipeux, la glande est de petit volume. Nous réaliserons donc une prise en charge précoce et prolongée, de sorte que nous n’ayons pas à réaliser de pression forte. Durant toute la croissance, les pressions périmammaires sont maximales et douces sur les seins. Les atteintes étendues relèvent d’une large plaque souple sur moulage, avec des chambres d’expansions prévues en regard des bourgeons, jusqu’à consolidation cicatricielle [3–5].