34: TRAITEMENT DE LA MALADIE D’ALZHEIMER

CHAPITRE 34 TRAITEMENT DE LA MALADIE D’ALZHEIMER 



La maladie d’Alzheimer (MA), décrite pour la première fois par Aloïs Alzheimer en 1907, est une pathologie neurodégénérative évolutive. Elle se manifeste par l’apparition de troubles de la mémoire et un déclin cognitif, le plus souvent associés à des troubles du comportement et évoluant vers une perte inexorable d’autonomie réalisant un syndrome démentiel d’évolution progressive. Le syndrome démentiel est en rapport avec des lésions histologiques caractéristiques du cerveau : les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires [1]. La maladie d’Alzheimer est la cause principale de dépendance lourde du sujet âgé et le motif principal d’entrée en institution.



ÉPIDÉMIOLOGIE


La MA représente environ 70 % des démences et touche une large proportion de la population, soit environ 6 % des personnes âgées de plus de 65 ans en France. On estime que plus de 850 000 personnes sont aujourd’hui atteintes d’une MA ou d’un syndrome apparenté, majoritairement des femmes, et qu’environ 225 000 nouveaux cas apparaissent chaque année. Sa prévalence augmentant avec l’âge, la MA devient un problème de santé publique du fait du vieillissement de la population. L’épidémiologie permet de distinguer deux formes : fréquemment une forme sporadique, observée surtout après 65 ans et parfois une forme familiale, transmise sur le mode autosomique dominant pour laquelle le début de la maladie se situe précocement (avant 65 ans).


En France, le plan Alzheimer 2008-2012 a identifié la lutte contre la MA comme un objectif majeur de Santé Publique, à l’instar du cancer. Malgré ce dispositif, le diagnostic reste encore trop tardif, l’approche médicale et sociale parfois insuflisante. Mais c’est surtout l’absence de traitement curatif qui reste le principal écueil à la prise en charge de cette maladie.




Facteurs de risque et facteurs de protection


La cause de la MA sporadique demeure inconnue.


L’âge et l’existence d’antécédents familiaux de démence sont les deux facteurs de risque les plus couramment rapportés dans les études épidémiologiques [2].










Diagnostic


Le diagnostic étiologique de la MA repose sur une équipe pluridisciplinaire qui doit évaluer toutes les dimensions de la maladie. Les critères diagnostiques les plus utilisés sont ceux de la NINCDS-ADRDA (National Institute of Neurological and Communication Disorders and Stroke-Alzheimers Disease and Related Disorders Association) [4] mais également ceux du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994).







Médicaments utilisés


Dans la MA, deux types d’altérations donnent lieu à l’instauration d’un traitement médicamenteux : les troubles cognitifs et les troubles non cognitifs associés, qu’ils en soient la conséquence directe ou non. Il s’agit notamment des manifestations dépressives, de l’anxiété, des troubles du sommeil et du comportement (agressivité, psychoses).


Les médicaments actuellement utilisés dans la MA se divisent donc en deux catégories :




Traitements symptomatiques des troubles cognitifs


Les médicaments ayant obtenu une AMM dans cette indication n’ont qu’une action symptomatique : ils retardent chez certains patients la progression et l’aggravation de la maladie et améliorent la sémiologie, mais n’arrêtent pas le processus de dégénérescence. Ces médicaments appartiennent à deux classes :




Inhibiteurs de l’acétylcholinestérase


Un premier inhibiteur de cholinestérase, la tacrine a obtenu une autorisation de mise sur le marché en 1994 en France. Ce médicament a provoqué des effets hépatotoxiques conduisant à l’abandon de son utilisation [5]. Une nouvelle génération d’inhibiteurs de l’acétylcholinestérase est apparue à la fin des années 1990. Trois médicaments sont actuellement commercialisés et prescrits en France [6] (tableau 34.1).


Tableau 34.1 Inhibiteurs de l’acéthylcholinestérase et mémantine commercialisés en France dans le traitement de la maladie d’Alzheimer (février 2012).

























DCI Noms commerciaux Présentations
Chlorhydrate de donépézil Aricept Donepezil Comprimés à 5 -10 mg Comprimés orodispersibles à 5 – 10 mg
Rivastigmine Exélon Gélules à 1,5 – 3 – 4,5 – 6 mg Solution buvable à 2 mg/mL Dispositif transdermique 4,6 – 9,5 mg/24 h
Galantamine Réminyl Comprimés à 4, 8, 12 mg Gélules LP 8-16-24 mg
Mémantine Ebixa Comprimés à 10 – 20 mg
Solution buvable à 10 mg/g

Ces principes actifs augmentent les concentrations intra-synaptiques d’acétylcholine, ce qui sous-entend la présence résiduelle de neurones cholinergiques fonctionnels. Ces médicaments ne seront donc utilisés que dans les formes « légères à modérément sévères » (score MMSE 10 à 26). La galantamine potentialise également l’action de l’acétylcholine par interaction allostérique sur les récepteurs nicotiniques.


L’effet observé s’estompe progressivement. À l’arrêt du médicament, le niveau des fonctions cognitives redevient identique à celui des patients non traités [5].


L’incidence des effets indésirables, la maniabilité (nombre de prises quotidiennes, rapidité d’atteinte de la posologie optimale) permettent de réaliser un choix parmi ces médicaments dont l’efficacité est identique.


La différence d’incidence des effets indésirables est liée à leur plus ou moins grande spécificité vis-à-vis de l’acétylcho-linestérase, par rapport à la butylcholinestérase ainsi qu’à leur action centrale préférentielle.




Autres traitements envisagés pour des troubles cognitifs


Des médicaments, commercialisés dans d’autres indications, ont été testés dans la MA. Des essais cliniques ont parfois réussi à dégager une certaine activité pour ralentir la progression de la maladie. Leur mécanisme d’action n’est pas totalement connu mais ils freineraient la mort cellulaire. Ces traitements ne sont cependant pas officiellement reconnus dans cette indication en France et il n’est donc pas recommandé de les utiliser [8].



Antioxydants




Vitamine E (alpha tocophérol)

Ses propriétés antioxydantes lui confèrent une activité neuroprotectrice. Une étude comparant vitamine E et sélégiline versus placebo a montré que ces deux principes actifs permettaient un ralentissement de l’évolution de la MA sans toutefois améliorer la symptomatologie [10]. Cependant, des doses élevées de vitamine E (> 400 UI/j) pourraient être associées à une augmentation de mortalité, toutes causes confondues, d’après une méta-analyse publiée par Miller en 2005. En conséquence, la prescription au long cours de vitamine E dans le contexte d’une MA ou d’un MCI n’est pas recommandée [11].

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May 4, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 34: TRAITEMENT DE LA MALADIE D’ALZHEIMER

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