34: Approche des lésions du système extenseur en fonction des zones anatomiques

Chapitre 34


Approche des lésions du système extenseur en fonction des zones anatomiques





Background



1re époque : mobilisation active immédiate avec suture appuyée par barb-wire de 1971 à 1977


Notre prise en charge du traitement des lésions des extenseurs à la main remonte à 1971. Yves Allieu ramenait des États-Unis la technique du barb-wire [13], un fil d’acier avec deux harpons placés dans le tendon et complété par une suture. Il s’agissait en fait d’une suture bloquée car il n’y avait aucun déplacement tendineux. Lors de la dynamisation de la suture, le plomb proximal libéré entraînait de nombreux sepsis.


En 1972, nous proposions une protection par assistance dynamique avec une attelle d’extension couplée à un système de ressort étalonné. Nous appliquions aux extenseurs le principe de Kleinert et ce protocole fut référencé pendant longtemps sous le mauvais terme de Kleinert inversé. En 1978, l’abandon du barb-wire était définitif.


Plusieurs équipes ont opté pour une assistance dynamique.



2e époque : mobilisation assistée par orthèse dynamique de 1980 à 2002


En 1980, Laboureau et Renevey [17] mettent sur le marché l’attelle « crabe ». En 1984, le protocole de Frère-Moutet-Thomas propose une mobilisation protégée par attelle de Levame [10, 11].


Les travaux que nous avons publiés sur ce sujet soulignent notre intérêt pour cette pathologie. Notre première publication date de 1984. Elle porte sur une série de 120 cas de lésions d’extenseurs [2] donnant un pourcentage d’excellents et bons résultats avoisinant les 80 %. En 1987, nous publions la réalisation d’un assistant dynamique par ressort étalonné [23]. D’autres publications suivent en 1988 ; en 1989 une conférence au GEM ; en 1991 [22] une publication ; en 1992 nous communiquons à la Société internationale de rééducation de la main une étude expérimentale portant sur la tension des tendons extenseurs sur cadavre. D’autres publications paraissent en 1994 ; une conférence sera donnée à la société française de chirurgie de la main en 1999 ; enfin, une thèse publiée en 1999 reporte 157 cas [18].



3e époque : mobilisation active avec orthèse statique d’extension de 2002 à 2012



Rappels anatomiques


Le système extenseur est un système de glissement par opposition au système fléchisseur qui fonctionne par des poulies [26].


Le déplacement du système extenseur est de 45 mm au niveau du poignet ; 16 mm au niveau de la face dorsale de la main, 8 mm en regard des IPP et 3 mm sur les IPD.


Plus on s’éloigne vers la partie distale, plus le déplacement est faible. Plus les lésions sont distales, plus la perte de mobilité est responsable d’un déficit important de flexion et d’extension.


L’avantage du système extenseur est sa facilité d’adaptation et son inconvénient sa proximité à la peau. Cela entraîne une faible protection des structures tendineuses et une proportion d’adhérences importantes.


Des connexions intertendineuses nombreuses masquent certaines lésions qui passent inaperçues, ce qui entraîne des difficultés de diagnostic.


Sa vascularisation souple en fait un système qui cicatrise plus facilement que les fléchisseurs et provoque moins de rupture.



Prise en charge en fonction des zones de Verdan



Les doigts longs




Zone 3


C’est une zone éminemment difficile par les risques d’adhérence secondaire et par le peu d’espace entre la peau et le système extenseur. La perte de mobilité de l’IPP est le risque permanent en extension active ainsi qu’en flexion passive.


Le manque de mobilité de l’IPP entraîne systématiquement un déficit au niveau de l’IPD, les deux articulations étant couplées mécaniquement.


L’appareillage dynamique proposé était en extension stricte avec un rappel sous P2 et mise en flexion de 45° des métacarpo-phalangiennes dans l’espoir de détendre le système intrinsèque.


Actuellement, nous utilisons un appareillage segmentaire immobilisant uniquement l’IPP à 0° en ne tenant pas compte de la position des MP ni du poignet (figures 34.2 et 34.3).





Protocole:



• L’orthèse est portée trois semaines.


• Les trois premières semaines, travail de l’extension active de l’IPP sans résistance pour obtenir un plan de glissement du système extenseur.


• Il s’agit d’un travail de type intrinsèque.


• La flexion active de l’IPP est progressive jusqu’à 30° les premiers jours, pour arriver à une flexion active de 60° en fin de semaine s’il n’y a pas de résistance. On vérifie toujours en fin de mobilisation la conservation d’une extension active totale de l’IPP.


• Si une perte d’extension active de l’IPP s’installe : arrêt du travail en flexion et poursuite de l’extension active. Ce geste est capital pour éviter de provoquer un allongement du cal fibreux qui se produit en lieu et place du glissement tendineux.


• L’extension active de l’IPD est totale et immédiate, entraînant un glissement des bandelettes latérales.


• La mise en flexion active de l’IPP sera poursuivie jusqu’à obtention d’une flexion de 80° au terme des trois semaines.


• Après la deuxième semaine, flexion passive progressive de l’IPP jusqu’à 90° de flexion, puis 100 et 110°.


• Traitement de la peau avec décollement de la cicatrice pour libérer les plans sous-cutanés.


• Flexion passive couplée IPP IPD progressive jusqu’à récupération complète.


• Conserver l’extension active totale de l’IPP, et l’extension de l’IPD.


Le test permettant de vérifier le bon fonctionnement des bandelettes latérales se fait en demandant une extension active contre résistance de l’IPD ; l’IPP maintenue en extension passive.


Si l’extension active est moins puissante que sur les IPD voisines, c’est le signe d’une adhérence des bandelettes latérales perdant leur plan de glissement.


Cet état va s’aggraver de façon inéluctable entraînant un défaut d’extension active de l’IPP et ensuite un flessum de l’IPP, réductible au début mais fixé par la suite.


La perte de la dynamique des bandelettes latérales doit être combattue au plus tôt pour éviter un dysfonctionnement de la chaîne digitale. Le travail de type intrinsèque est la seule voie de sortie avec des décollements cutanés pour redonner un plan de glissement.



En cas de perte de l’extension active:



• Arrêt de la rééducation à cause de la possibilité de distension du cal fibreux avec risque d’apparition secondaire d’une déformation en boutonnière.


• Si la boutonnière s’installe, ne pas laisser un flessum se fixer. Mettre en place un tube d’extension jusqu’à remise en tension du système d’extension.


• Si le flessum se fixe, utiliser les orthèses de correction type lame de Levame en début de traitement, ensuite un appareillage statique dynamique et enfin un Capener pour récupérer les derniers degrés d’extension. Fixer le résultat par un tube d’extension statique pendant trois semaines. Au terme des trois semaines, si l’extension active de l’IPP est obtenue, reprendre le protocole de début. Si l’extension active de l’IPP n’est pas obtenue, une prise en charge chirurgicale est nécessaire pour reconstruction de l’appareil extenseur.



Zones 5, 6, 7 et 8


La mobilité du système extenseur sur le dos de la main est de 14 mm. Ce déplacement est nécessaire pour obtenir une flexion de 90° de la MP.


La proximité de la peau sur les tendons entraîne souvent une adhérence cutaneo-tendineuse. Elle est bien supportée si elle n’est pas importante mais peut être responsable d’une limitation de la MP.




Historique: En fonction des zones, une approche différente peut être proposée.


Roselyn Evans [8,9] proposait dès 1983 un bloc de neutralisation à 30° limitant l’excursion des tendons extenseurs aux 5 mm fatidiques décrit par Duran [47]. Cette technique était suivie par un protocole de mobilisation passive [24,25,27]. Ce principe de précaution nous semblait inutile puisque le protocole appliqué depuis 1982 nous donnait d’excellents résultats avec un taux de rupture dans la moyenne de la littérature. Nous avons donc proposé une mobilisation passive contrôlée selon la technique de Duran, le poignet et la MP en position de protection, couplée à une mobilisation assistée par orthèse dynamique [19]. La mobilisation assistée par orthèse dynamique d’extension assure un déplacement sans tension de la suture, autorisant le patient à pratiquer lui-même une automobilisation dans l’orthèse avec une protection suffisante. La vérification de ce principe a été faite par un enregistrement électromyographique. Le poignet en extension avec un rappel dynamique sous P1 n’entraîne aucune contraction de défense au niveau des extenseurs. Le glissement du tendon visualisé par un insert métallique posé au niveau de la suture confirme radiologiquement le déplacement du système extenseur au dos de la main d’environ 14 mm, en accord avec la physiologie d’extension des doigts [20].


Le déplacement suffit à éviter les adhérences. La protection de la suture est assurée par la mise en décharge du tendon [1215]. Cet appareillage couplé à un système de ressort dynamique étalonné nous permet de choisir parfaitement le niveau de protection selon le type de patients et la localisation de l’atteinte. Les ressorts calibrés et repérés par un code couleur et s’échelonnent entre 50 g et 300 g. Le rappel dynamique proposé, après vérification et étude dynamométrique, est de 800 g au niveau des tendons extenseurs [21]. Une platine de rappel avec une poulie limitant les efforts de frottement sert à suspendre le doigt lésé et permet au ressort de jouer son rôle en toute liberté.

Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 34: Approche des lésions du système extenseur en fonction des zones anatomiques

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access