CHAPITRE 33 TRAITEMENT DE LA MALADIE DE PARKINSON
CLASSIFICATION DES MÉDICAMENTS UTILISÉS
Le traitement vise surtout à rétablir l’activité dopaminergique soit par apport de dopamine (sous forme de son précurseur, la L-dopa), soit en stimulant les récepteurs dopaminergiques (agonistes dopaminergiques), soit en inhibant la destruction de la dopamine (ICOMT, IMAO-B).
Agonistes dopaminergiques
– les agonistes dopaminergiques ergotés : bromocriptine (Parlodel ou Bromokin), lisuride (Dopergine). Le pergolide a été retiré du marché en 2011 en raison d’un risque élevé de réactions fibreuses et de valvulopathie ;
– les agonistes dopaminergiques non ergotés : ropinirole (Requip), apomorphine (Apokinon), piribédil (Trivastal), pramipexole (Sifrol). L’apomorphine s’administre par voie SC et permet une correction rapide des symptômes. La rotigotine (Neupro) administrée par voie transdermique permet une stimulation dopaminergique continue.
MÉCANISME D’ACTION
Dans la thérapeutique substitutive, la dopamine exerce des effets pharmacologiques vasculaires périphériques et ne franchit pas la barrière hémato-encéphalique (BHE), d’où l’utilisation de son précurseur : la L-dopa. Cette dernière est systématiquement associée à un inhibiteur de la dopa-décarboxylase périphérique ne franchissant pas la BHE : le bensérazide et la carbidopa dans les spécialités respectives Modopar et Sinemet, afin de réduire ses effets délétères périphériques (digestifs, tensionnels et arythmogènes) et d’optimiser sa disponibilité centrale. Dans un souci d’amélioration de la diffusion de L-dopa à travers la BHE, l’entacapone (Comtan) et la tolcapone (Tasmar) qui agissent comme inhibiteur de la catéchol-O-méthyltransférase (ICOMT), peuvent être associées à Modopar et Sinemet. La tolcapone inhibe à la fois la COMT centrale et périphérique alors que l’entacapone n’agit qu’au niveau périphérique. Les ICOMT prolongent la demi-vie de la lévodopa et la durée de son effet. Il existe une spécialité associant L-dopa, carbidopa et entacapone (Stalevo).
PHARMACOCINÉTIQUE
L-dopa
Métabolisme de la L–dopa
Pour minimiser la formation de dopamine périphérique, la L-dopa est systématiquement associée à un inhibiteur de la dopa-décarboxylase : bensérazide dans Modopar et carbidopa dans Sinemet. Elle peut toutefois se transformer au niveau hépatique en 3-O-méthyldopa (susceptible d’entrer en compétition avec la L-dopa pour le passage à travers la BHE). La formation de dérivés oxydés réactifs comme la 6-hydroxy-dopamine ou des formes semi-quinoniques, a été suggérée par certains auteurs comme pouvant être à l’origine d’un stress oxydatif favorable à la dégénérescence cellulaire au niveau du striatum mais il n’y a pas de preuve clinique de cette « toxicité » de la L-dopa.
Agonistes dopaminergiques non ergotés
La demi-vie des agonistes dopaminergiques est plus longue que celle de la L-dopa.
Les formes LP de ropinirole et pramipexole permettent une administration en une prise par jour.
CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE
Antiparkinsoniens « d’appoint »
Critères thérapeutiques décisionnels [1, 2]
Traitement à la phase initiale de la maladie
En cas de retentissement fonctionnel, l’âge du patient détermine le traitement à utiliser.
OPTIMISATION THÉRAPEUTIQUE
Optimisation posologique
Posologie, plan de prise, conseils d’administration
L-dopa
Elle est disponible uniquement sous forme d’associations : L-dopa + inhibiteur de dopa-décarboxylase (voir tableau 33.1). La posologie initiale est la plus faible possible pour réduire la rigidité et l’akinésie tout en évitant l’apparition de mouvements anormaux. Il est recommandé de débuter le traitement par 50 mg de L-dopa 3 à 4 fois par jour et d’augmenter progressivement la posologie par palier de 1/2 comprimé tous les 1 à 2 jours (voire davantage chez les sujets âgés) jusqu’à atteinte de la posologie optimale. La dose optimale est individuelle : 400-700 mg/j. Il est recommandé de prendre la L-dopa à jeun (30 minutes avant le repas) ou avec peu de nourriture et l’ouverture des gélules ou la tentative de dissolution des comprimés non-dispersibles est interdite, au risque de dégradation de l’inhibiteur de dopa-décarboxylase. Un intervalle minimum de 2 heures doit être respecté entre chaque prise de L-dopa. Si les intervalles entre les prises sont inférieurs à quatre heures, ou lorsque les prises fractionnées ne sont pas égales, les plus faibles doses sont administrées en fin de journée. Les comprimés dispersibles sont dissous dans un demi-verre d’eau, que l’on peut aromatiser si nécessaire avec du sucre ou du jus d’orange. Toutefois, il faut boire la suspension dans un délai de 30 min pour éviter toute dégradation.