Chapitre 33 Item 201 – Évaluation de la gravité et recherche des complications précoces chez un traumatisé craniofacial
Objectifs pédagogiques
CEN
Connaissances requises
Connaître les signes cliniques et radiologiques (scanner cérébral) d’un hématome sous-dural ou extradural aigu, ceux d’un hématome sous-dural chronique.
Connaître le score de Glasgow.
Connaître les critères de Masters.
Connaître les principales complications tardives et les séquelles d’un traumatisme crânien.
Décrire la prise en charge pré-hospitalière et hospitalière d’un traumatisme crânien grave.
• Les traumatismes craniofaciaux sont la première cause de mortalité et de handicap fonctionnel sévère du sujet jeune. La circonstance la plus fréquente est l’accident de la voie publique, suivi de l’accident domestique et sportif puis de l’agression.
• En France, l’incidence des traumatismes crâniens mineurs est estimée à 40 pour 100 000 habitants par an, et la prévalence des traumatismes crâniens sévères de 10 000 par an.
I Pour comprendre
• La tête est composée des deux espaces contiguës que sont la face et la boîte crânienne, séparés par une frontière qu’est la base du crâne.
• La face est caractérisée par la coexistence d’espaces aériens que sont les sinus de la face (frontal, ethmoïdal, sphénoïdal et mandibulaire supérieur) avec des structures fonctionnelles que sont les globes oculaires et nerfs optiques dans leurs loges osseuses, les voies aériennes supérieures et les voies digestives supérieures. Cet ensemble occupe, schématiquement, les deux tiers inférieurs de la face antérieure de la boîte crânienne.
• La boîte crânienne est l’espace clos dans lequel est situé l’encéphale. Elle est composée d’os plats (frontal, pariétal, occipital) déterminant une voûte au-dessus d’une base à trois étages (antérieur, moyen et postérieur) résultant de l’association entre ethmoïde, sphénoïde et rochers. Cet espace est tapissé sur toute sa surface par la méninge la plus externe qu’est la dure-mère.
• La survenue d’un traumatisme crânien détermine des lésions d’enveloppes voire de l’encéphale. Ces lésions d’enveloppe exposent au risque de :
• La prise en charge de ces patients est gouvernée par :
II Évaluation clinique et complémentaire
A Interrogatoire
• les circonstances du traumatisme, afin d’évaluer son mécanisme (++), l’énergie cinétique l’ayant déterminé, et d’identifier les forces de décélération (accident de circulation en véhicule léger ou deux roues, chute d’une hauteur, tentative d’autolyse) ;
• la notion de malaise responsable du traumatisme ;
• les plaintes fonctionnelles immédiates et leur évolution dans le temps ;
• l’existence d’une perte de connaissance témoignant de la commotion cérébrale et la notion d’un intervalle libre avant l’installation d’un trouble de conscience ;
• un comportement d’addiction ou une prise médicamenteuse ;
• l’état physiologique du patient (antécédents personnels, traitement d’entretien, en particulier un traitement anticoagulant).
B Examen clinique
2 Examen du crâne et de la face
• Inspection et palpation du crâne à la recherche d’une plaie du scalp, d’une déformation de la voûte par un fragment embarré, d’une issue de matière cérébrale lors d’une plaie craniocérébrale.
• Inspection des plaies de la face, dont la topographie doit être notée sur un schéma. Les plaies jugales sont classées en moitié antérieure compliquée de lésions mandibulaires et en moitié postérieure compliquée de lésion du canal de Sténon et/ou du nerf facial. Les plaies des lèvres et de la bouche peuvent se compliquer d’obstruction des voies aériennes supérieures (lambeau de muqueuse, dents, épistaxis). Les plaies de paupières sont scindées en lésion du canthus interne avec son risque de plaie du canal lacrymal, qui impose une réparation chirurgicale, lésions du bord libre et lésions de la paupière supérieure avec atteinte du muscle releveur de la paupière.
• Recherche d’un traumatisme du globe oculaire : contusion, plaie perforante du globe. Un hématome péri-orbitaire bilatéral fait suspecter une fracture de la base du crâne.
• Recherche d’une paralysie faciale périphérique immédiate ou précoce par une manœuvre de Pierre Marie et Foix chez les patients inconscients (section du nerf facial dans le canal de Fallope par une fracture transversale du rocher).
3 Recherche d’un écoulement de liquide cérébrospinale ou d’une hémorragie de la face
• L’issue de LCS (+++) par le conduit auditif externe (otorrhée) témoigne d’un traumatisme du rocher. Par le nez (rhinorrhée), l’extériorisation de LCS signe l’existence d’une fistule ostéodurale de l’étage antérieur de la base du crâne. Mais l’écoulement peut être postérieur vers l’oropharynx.
• Une otorragie, émission de sang rouge par le conduit auditif externe, est la conséquence d’une fracture du rocher et/ou de l’os tympanal avec déchirure du tympan ou de la peau du conduit.
• Une épistaxis, hémorragie provenant d’une fosse nasale, bénigne dans la majorité des cas, peut constituer l’urgence médicochirurgicale responsable d’un choc hypovolémique.
4 Examen neurologique
• Cet examen, suivant le niveau de conscience des patients, permettra de guider les stratégies initiales. L’analyse de la conscience, fondée sur le Glasgow Coma Scale (cf. tableau 8.1 au chapitre 8, Item 230 – Comas non traumatiques), utilise la réponse oculaire (E : ouverture spontanée, à la demande verbale, à la stimulation douloureuse, irréalisable), la réponse verbale (V : orale appropriée, confuse cohérente, incohérente avec mots inappropriés, incompréhensible, absente) et la réponse motrice (M : ordre moteur à la demande, orientée lors de la stimulation douloureuse, retrait en flexion, flexion stéréotypée, extension stéréotypée et absente).
• L’examen neurologique comporte :
• Au terme de cet examen, le patient appartient à l’un des trois groupes de Masters (tableau 33.1), qui permettra de définir un risque de lésions sous-jacentes.
Groupe 1 | Groupe 2 | Groupe 3 |
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Risque faible Surveillance à domicile | Risque modéré Surveillance de 24 h | Risque élevé Service de neurochirurgie TDM |
Asymptomatique Céphalées Sensations ébrieuses Plaie du scalp | Conscience modifiée lors du traumatisme crânien Céphalées progressives Intoxication Histoire du traumatisme peu précise Crise comitiale précoce Vomissements Amnésie Polytraumatisme Lésions faciales sévères Fracture de la base Âge < 2 ans, maltraitance | Altération du niveau de conscience Signes neurologiques focaux Dégradation du niveau de conscience Plaie pénétrante Embarrure probable |
III Stratégie initiale
A Prise en charge préhospitalière d’un traumatisé crânien grave
• La prise en charge préhospitalière repose sur :