3: TECHNIQUES

CHAPITRE 3


TECHNIQUES



3.1


RADIOGRAPHIE STANDARD ET TOMOSYNTHÈSE




RADIOGRAPHIE THORACIQUE



Généralités


La radiographie thoracique reste, malgré les performances du scanner, l’examen d’imagerie de première intention pour l’exploration du thorax. Il s’agit en effet d’une modalité d’examen plus rapide, moins onéreuse et moins irradiante. La radiographie thoracique est suffisante dans beaucoup de situations cliniques et constitue une modalité idéale de surveillance. Elle permet le contrôle de l’implantation des dispositifs médicaux : stimulateur cardiaque, sonde d’intubation, cathéter central, drain thoracique, etc.


Le cliché de thorax de face est pris idéalement en incidence postéro-antérieure (poitrine contre le détecteur), en apnée inspiration profonde, épaules dégagées. Il doit s’effectuer en haute tension, entre 120 et 140 kV pour une analyse optimale du parenchyme sans superposition costale, la haute tension atténuant les contrastes et diminuant ainsi l’opacité des côtes ou de toute autre structure calcique. Le cliché de profil est plus irradiant et ne doit pas être systématique. Il est cependant utile dans certaines situations telles que la localisation d’une anomalie, l’étude des régions rétrocardiaque ou rétrodiaphragmatique, tout particulièrement chez le patient obèse. Un profil gauche est habituellement réalisé, limitant l’agrandissement géométrique du cœur.



Techniques analogique/numérique


Jusque dans les années 1990, la technique était analogique avec constitution de l’image grâce au classique couple écran-film. Plus tardivement, différentes techniques de numérisation ont successivement vu le jour : les écrans radioluminescents à mémoire (ERLM) ou les plaques photostimulables à phosphore (computed radiography systems ou système CR), puis le capteur plan (digital radiography systems ou système DR). Dans tous les cas, le développement des images s’effectue maintenant en quelques minutes hors chambre noire à l’aide d’une machine n’utilisant pas de produits chimiques (ni révélateur ni fixateur).



Système CR [2]


Il s’agit d’une numérisation indirecte. Plusieurs types de plaque existent, essentiellement les plaques à simple lecture et celles à double lecture, plus performantes [6]. Les rayons X arrivent sur une plaque au phosphore photostimulable, formant une image « latente » (l’énergie est retenue par du fluorobromure de baryum – BaFBr : Eu2+ –, dopé à l’europium). La plaque est ensuite lue à l’aide d’un rayon laser de longueur d’onde précise. Le laser permet la libération de l’énergie retenue dans la plaque sous forme de photons qui sont captés par un détecteur, permettant ainsi la formation de l’image. Cette dernière est ensuite disponible sur une console dédiée permettant le post-traitement, la mise en page et l’impression. Elle est également affichée sur un écran dédié pour interprétation ou directement imprimée sur film radiographique.


Plus récemment, les détecteurs dits « à aiguilles » ont permis d’augmenter l’efficacité de détection. Le cristal utilisé (CsBr : Eu2+) présente une forme d’aiguille conduisant la lumière et limitant la diffusion latérale des photons [14].



Système DR


Les images sont prises à l’aide d’une table numérique comportant un détecteur capteur plan (donc sans cassette) et directement transférées sur console dédiée. Il existe deux types principaux de capteurs plans selon la méthode de conversion du signal :



– certains capteurs plans convertissent indirectement le signal. Le capteur plan est habituellement constitué d’un scintillateur à l’iodure de césium (CsI) ou à l’oxysulfide de gadolinium (Gd202S) [18]. Le scintillateur transforme les rayons X en photons. Les photons sont ensuite secondairement convertis en signal électrique par des photodiodes en silicium amorphe. Il existe un autre système, comprenant un scintillateur transformant les rayons X en photons lumineux et un détecteur « caméra » CCD (charge coupled device) ou CMOS (complementary metal-oxide semiconductor), surface photosensible transformant les photons lumineux en électrons [11, 16]. La lumière émise par le scintillateur est transmise par des lentilles et déduite à la taille du détecteur CCD. Ce couplage avec les lentilles a l’inconvénient de réduire le nombre de photons arrivant au détecteur et de dégrader la qualité de l’image. Le slot-scanning CCD technology consiste en des scintillateurs couplés avec les détecteurs CCD grâce à des fibres optiques. Le patient est « scanné » avec un faisceau de rayons X pendant qu’un détecteur CCD de la même taille se déplace en recueillant simultanément la lumière émise [11, 16] ;


– d’autres types de détecteurs au sélénium amorphe permettent une conversion directe des rayons X en signal électrique, limitant la diffusion des photons [18, 21] ;


– le système EOS permet l’acquisition d’images de face et profil dans le même temps en très basse dose, grâce au détecteur imaginé par Georges Charpak (chambre à fils) [4]. Il s’agit d’un système utilisé pour l’instant principalement dans l’exploration des scolioses.



Avantages et limites de la numérisation


La numérisation a permis non seulement d’améliorer la qualité de l’image, mais aussi de diminuer la dose d’irradiation délivrée au patient, de faire un diagnostic sur console avec des outils dédiés et de stocker l’image sur un support d’archivage (CD ou picture archiving and communication system, PACS) [1, 17]. La gamme dynamique est meilleure que celle du couple écran film permettant de mettre en évidence de plus faibles différences d’exposition.


La qualité et le rendement diagnostiques sont améliorés grâce au post-traitement de l’image : possibilité de modifier l’échelle de gris de l’image (modification du niveau et du fenê-trage de visualisation), d’utiliser un filtre de post-traitement plus mou ou plus dur, de visualiser l’image en positif ou en négatif. Le multi frequency processing (MFP), technologie propre à Fujifilm, permet une pondération de la densité et du contraste de l’image finale, améliorant ainsi la qualité de l’image [16, 17]. Il s’agit d’un post-traitement permettant de bien analyser les structures denses (médiastin) sans détériorer le contraste dans les régions de plus faible densité (parenchyme pulmonaire). Les excès possibles de post-traitement peuvent cependant faire disparaître des éléments sémiolo-giques importants [17]. De plus, un cliché ne présentant pas les critères de réussite requis pourra être un peu amélioré mais restera toujours un mauvais cliché, moins informatif.


L’interprétation s’effectue idéalement sur des écrans dédiés de haute résolution, permettant d’exploiter au maximum la très bonne résolution spatiale de l’image numérique (entre 100 et 200 microns en radiologie conventionnelle os-poumon) et les possibilités de post-traitement, d’agrandissement de l’image et de comparaison avec les clichés antérieurs si l’on dispose d’un système de stockage PACS.


La sensibilité des capteurs plans numériques permet de diminuer la dose d’irradiation pour une qualité d’image équivalente ou supérieure à celle obtenue par les procédés analogiques [19]. Il s’agit d’une avancée mettant en application le principe ALARA (délivrance d’une dose « as low as reasonably achievable »). Cependant, la numérisation et l’obtention facile et instantanée de l’image peuvent conduire à la prise de clichés multiples et à un temps de scopie trop long. Il s’agit de doses d’irradiation supplémentaires, pouvant de surcroît passer inaperçues (premiers clichés jetés ou non stockés sur le système d’archivage, avec la seule dose du « bon cliché » reportée sur le compte rendu) [17]. En technologie numérique, en raison des post-traitements corrigeant la densité, une sous-exposition se manifestera par un mauvais rapport signal sur bruit, et une surexposition par une image de haute qualité. Le radiologue pourra avoir tendance à privilégier ces images de qualité au détriment de l’optimisation de la dose [17].



Systèmes de post-traitement avancés



Double énergie


Deux images sont acquises à des énergies différentes (60 kV et 120 kV par exemple), soit dans le même temps (avec une pile de deux détecteurs, ces derniers séparés par un filtre durcissant le rayon X), soit en deux acquisitions successives (200 ms) [16, 17]. La différence d’atténuation entre les deux énergies est exploitée pour faire ressortir d’une part les tissus mous (parenchyme pulmonaire) et d’autre part les tissus osseux plus denses (côtes). Le radiologue dispose ainsi de trois images : une image standard et deux images dédiées aux tissus mous et aux tissus denses respectivement (fig. 3-1). Ce système permettrait une meilleure détection et caractérisation des nodules (différenciation entre nodules calcifiés ou non calcifiés) et une meilleure détection des lésions costales [15]. La dose d’irradiation est légèrement supérieure à celle d’une radiographie standard [15], estimée à 114 % dans la série de Fischbach et al. [5].






TOMOSYNTHÈSE


La tomosynthèse est une nouvelle technique d’imagerie médicale, véritable résurgence de la tomographie « conventionnelle » tombée depuis longtemps en obsolescence. L’essor de la radiologie numérique et des capteurs plans a contribué à la réapparition de cette modalité d’imagerie [13].


Une acquisition de tomosynthèse peut être aisément effectuée à la suite d’une radiographie thoracique simple, sans changer le patient de place, qu’il soit debout ou couché sur une table de radiologie conventionnelle télécommandée. Cette technique d’imagerie permet la reconstruction d’un nombre illimité de coupes, après une acquisition rapide (2,5 ou 5 secondes/protocole rapide ou lent) en basse dose d’irradiation. Pendant l’acquisition, le tube à rayons X décrit, comme au cours d’une tomographie conventionnelle, un arc de cercle autour du patient. Dans le même temps, le capteur plan se déplace d’une manière synchrone. Ensuite, des algorithmes spécifiques permettent la reconstruction des coupes au sein du volume souhaité [3, 13, 16]. Des reconstructions a posteriori peuvent ensuite être effectuées avec différentes épaisseurs de coupe et à différents endroits du volume d’acquisition.


Un nombre important de coupes évite les superpositions anatomiques et améliore ainsi la détection de petites lésions par rapport à une radiographie thoracique conventionnelle. La tomosynthèse a de plus une résolution spatiale très haute (200 µm avec la technologie Shimadzu Safire), bien supérieure à celle du scanner dans le plan d’acquisition (x, y). La résolution dans l’axe des z reste cependant insuffisante et ne permet pas la réalisation de reconstructions multiplanaires. La tomosynthèse pourrait donc être particulièrement utile dans les indications spécifiques requérant une résolution spatiale importante. Par exemple, la visualisation des fines réticulations intralobulaires à petites mailles pourrait être améliorée (fig. 3-2). La détection des foyers pulmonaires pourrait être aussi facilitée (fig. 3-3) [13]. Cependant, actuellement, peu d’articles ont été publiés dans la littérature sur l’application de la tomosynthèse à l’imagerie thoracique, principalement concernant la détection des nodules pulmonaires [20] et l’étude de lésions infectieuses mycobactériennes [10].




Un autre avantage notable de la tomosynthèse est de permettre une exploration thoracique efficace avec des protocoles en basse dose, que l’on peut estimer à deux radiographies standard [10, 12]. De plus, la réalisation de nombreuses coupes, évitant ainsi les superpositions anatomiques, peut rendre la réalisation d’un cliché de profil inutile, réduisant d’autant la dose.


La résolution en contraste de la tomosynthèse reste basse en comparaison du scanner. Par exemple, seul le scanner pourra permettre la visualisation de lobules graisseux d’un hamartochondrome. Bien que permettant la production de beaucoup de coupes à haute résolution spatiale, la tomosynthèse n’est qu’une amélioration technique, aussi importante soit-elle, de la radiologie thoracique conventionnelle. Une autre limitation importante de la tomosynthèse reste l’impossibilité d’effectuer des reconstructions multiplanaires.


En conclusion, les performances diagnostiques de la tomosynthèse pourraient être meilleures que celles de la radiographie standard. La dose d’irradiation de cette technique est bien inférieure à celle du scanner. La place de la tomosynthèse parmi les autres techniques d’imagerie reste à déterminer par de futures études scientifiques.



BIBLIOGRAPHIE



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11. Körner M, Weber CH, Wirth S, et al. Advances in digital radiography : physical principles and system overview. Radio-Graphics. 2007;27:675–686.


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19. Strotzer M, Völk M, Reiser M, et al. Chest radiography with a large-area detector based on cesium-iodide/amorphous-silicon technology : image quality and dose requirement in comparison with an asymmetric screen-film system. J Thorac Imaging. 2000;15:157–161.


20. Vikgren J, Zachrisson S, Svalkvist A, et al. Comparison of chest tomosynthesis and chest radiography for detection of pulmonary nodules : human observer study of clinical cases. Radiology. 2008;249:1034–1041.


21. Wronski MM, Rowlands JA. Direct-conversion flat-panel imager with avalanche gain : feasibility investigation for HARP-AMFPI. Med Phys. 2008;35:5207–5218.



3.2


TOMODENSITOMÉTRIE THORACIQUE



La tomodensitométrie constitue l’examen d’imagerie de référence de la plupart des pathologies thoraciques. Elle a bénéficié d’importantes évolutions technologiques depuis ses débuts en 1971 qui ont permis d’améliorer de façon majeure ses performances diagnostiques et d’élargir son champ d’applications. Elle continue d’offrir des perspectives évolutives très innovantes. Son inconvénient principal est son caractère irradiant, les progrès techniques s’étant accompagnés d’une augmentation des doses d’irradiation à la population [10]. Le souci du contrôle de la dose doit être une préoccupation constante du radiologue, aidé pour cela par des solutions techniques variées proposées par les constructeurs.



PRINCIPE ET HISTORIQUE


Le principe repose sur la mesure d’atténuation d’un faisceau de rayons X en rotation autour du patient par un ensemble de détecteurs. Les multiples profils d’atténuation mesurés au cours de cette rotation permettent de reconstruire une image matricielle d’une « coupe » du patient. À chaque pixel de la matrice correspond une valeur d’atténuation ou de densité, exprimée en unités Hounsfield (UH), représentée sur l’image par une certaine valeur dans l’échelle des gris. La disproportion entre la grande étendue de l’échelle Hounsfield, pouvant séparer plus de 4 000 niveaux de densité, et les 16 niveaux de gris différenciables par l’œil humain impose le recours à une fenêtre de visualisation adaptée aux structures que l’on veut étudier et définie par son centre ou niveau et par sa largeur. Deux fenêtres sont habituellement utilisées pour le thorax : une fenêtre dite médiastinale, pour l’étude du médiastin et des structures pleuropariétales (centre et largeur sont respectivement de 50 et 300 UH), et une fenêtre dite pulmonaire, pour l’étude du parenchyme pulmonaire (centre et largeur sont respectivement de – 600 et 1 600 UH).


La taille du pixel dépend de celle du champ de reconstruction ou champ de vue (FOV, field of view) et du nombre de lignes et de colonnes de la matrice. La notion de voxel intègre l’épaisseur de coupe. Les profils d’atténuation recueillis sont traités dans l’espace de Fourier : les spectres fréquentiels sont filtrés pour une sélection des fréquences élevées, privilégiant les détails anatomiques au prix d’une majoration du bruit (filtre de haute fréquence spatiale ou filtre « dur »), ou pour une sélection des fréquences basses, privilégiant la résolution en contraste au prix d’une dégradation de la résolution spatiale (filtre de basse fréquence spatiale ou filtre « mou »). Ces filtres de convolution optimisent l’image en fonction de la structure étudiée, les filtres « durs » étant adaptés aux structures à contraste naturel élevé, comme le poumon, et les filtres « mous » aux structures à faible contraste naturel, comme le médiastin. Rappelons que ces traitements dans l’espace de Fourier sont effectués à partir des données brutes d’une seule et même acquisition.


Le mode d’acquisition initial a été de type incrémental ou séquentiel, avec déplacement de la table d’examen entre chaque rotation du couple tube-détecteurs et, pour le thorax, reprise de la respiration du patient entre l’acquisition des différentes coupes. Le mode d’acquisition hélicoïdal ou spiralé est apparu dans les années 1990, avec déplacement simultané de la table et du couple tube-détecteurs (fig. 3-4). Est apparue alors la notion de pitch ou pas de l’hélice défini par le rapport entre la distance parcourue par la table en une rotation sur la collimation ou largeur du faisceau de rayons X. La reconstruction d’images planes à partir de données acquises à des niveaux anatomiques différents a nécessité la mise en place d’algorithmes d’interpolation de plus en plus complexes. Cette évolution technologique majeure a permis d’explorer le thorax au cours d’une seule et même apnée sans zone « manquée », comme cela pouvait être le cas en mode incrémental, du fait d’apnées successives à des volumes pulmonaires différents. Le mode hélicoïdal utilisait initialement une seule rangée de détecteurs ; il a évolué à partir des années 2000 vers des détecteurs matriciels avec plusieurs rangées de détecteurs permettant d’obtenir plusieurs coupes au cours d’une seule rotation. Ces scanners multicoupes offrent une couverture anatomique plus large et augmentent la rapidité d’acquisition des examens, rapidité favorisée de surcroît par l’augmentation concomitante de la vitesse de rotation des scanners. Ils se sont accompagnés d’une tendance à la réalisation de coupes de plus en plus fines, fournissant sur les machines actuelles les plus courantes, de type 16 ou 64 coupes, des données isotropiques, c’est-à-dire des voxels de même dimension dans les trois axes x, y et z (fig. 3-5).




Ainsi, les progrès technologiques de ces 20 dernières années ont permis d’améliorer considérablement la résolution spatiale et la résolution temporelle des acquisitions scanographiques, paramètres particulièrement critiques pour l’exploration du thorax.



Résolution spatiale


Elle caractérise le pouvoir de séparation de deux éléments de contraste maximal. La résolution spatiale axiale, dans le plan de coupe xy, dépend de paramètres intrinsèques du scanner (taille et type de foyer, taille des détecteurs, géométrie du tube) et de paramètres adaptables lors de la reconstruction (FOV, matrice, filtre de convolution) (fig. 3-6). La résolution spatiale longitudinale selon l’axe z dépend de paramètres intrinsèques du scanner ou liés à l’acquisition (taille des détecteurs, pitch, algorithme d’interpolation) et de paramètres de reconstruction (épaisseur et intervalle de reconstruction). L’utilisation d’un foyer flottant et les techniques de reconstruction de type décon-volution 3D permettent d’obtenir une résolution spatiale longitudinale inférieure à l’épaisseur de détection. La résolution spatiale peut s’exprimer en paires de lignes par centimètre (pl/cm), calculée sur fantôme, ou en taille de structure la plus fine identifiable dans une image. La plupart des machines récentes affichent des valeurs maximales comprises entre 15 et 20 pl/cm. Grâce au contraste naturel élevé du parenchyme pulmonaire, il est possible de distinguer des structures de 0,2 à 0,3 mm d’épaisseur au cours de la plupart des explorations thoraciques usuelles et, dans certains cas, des structures de 0,1 mm d’épaisseur lors d’acquisitions en haute résolution.




Résolution temporelle


La résolution temporelle axiale caractérise le temps nécessaire à l’obtention de l’ensemble des données pour reconstruire une coupe axiale. En pratique, si l’on utilise les données acquises sur 180° de rotation pour reconstruire une coupe, la résolution temporelle axiale correspond à la moitié du temps de rotation. Elle peut être réduite par l’utilisation d’un mode de reconstruction multisectoriel couplé à une synchronisation cardiaque (voir plus loin « Synchronisation cardiaque »), ou par l’utilisation de deux tubes à rayons X (la résolution temporelle est alors divisée par deux comparativement à un scanner n’utilisant qu’un seul tube).


La résolution temporelle selon l’axe z dépend du pitch et de la largeur de couverture des détecteurs. Ces deux facteurs, résolution temporelle axiale et résolution temporelle selon l’axe z, conditionnent la durée d’acquisition d’un volume donné et influent sur la durée de l’apnée, la quantité de produit de contraste pour les angioscanographies et la possibilité de faire des études de perfusion.


Les résolutions temporelle et spatiale sont liées : la résolution spatiale peut être dégradée par une mauvaise résolution temporelle du fait d’une augmentation des artéfacts cinétiques, mais également par une « trop bonne » résolution temporelle si le temps d’acquisition devient trop faible.




PARAMÈTRES TECHNIQUES USUELS DES EXPLORATIONS THORACIQUES



Paramètres généraux


Le patient est habituellement installé en décubitus dorsal, bras relevés au-dessus de la tête. L’acquisition est généralement effectuée en apnée inspiratoire au maximum du volume pulmonaire. Il est préférable de tester auparavant les possibilités d’apnée et la bonne compréhension de la manœuvre par le patient.


Une acquisition en mode hélicoïdal, explorant l’ensemble du volume thoracique, est effectuée dans la très grande majorité des cas. Néanmoins, dans le cadre du suivi de pathologies diffuses, une acquisition en mode incrémental en coupes millimétriques disjointes étagées tous les 10 mm est une alternative à l’acquisition hélicoïdale, dans un objectif de réduction de dose. La charge et la tension du tube sont optimisées et adaptées au poids et à la morphologie du patient, en utilisant notamment, lorsqu’ils sont disponibles, les systèmes de modulation automatisée proposés par les différents constructeurs (voir Chapitre 3.3). En l’absence de tels systèmes, la charge peut être adaptée au poids selon la règle de 1 mAs/kg de poids du patient [9]. La tension habituelle du tube est de 120 kV. Elle peut être réduite, chez les patients minces, à 80 ou 90 kV, associée à une légère augmentation de la charge afin de limiter l’augmentation du bruit que cette réduction entraîne. À l’inverse, il peut être nécessaire d’augmenter le kilovoltage à 140 kV chez les patients obèses. La réduction du kilovoltage est particulièrement intéressante pour les explorations avec injection de produit de contraste iodé du fait d’une augmentation de la densité de l’iode et par là même de la qualité du rehaussement vasculaire à basse tension [17, 35] (fig. 3-7). Des acquisitions qualifiées de faible dose, réduisant de façon importante la dose délivrée par rapport à une acquisition classique, sont conseillées dans le cadre de la surveillance de pathologies connues. L’augmentation du bruit et la dégradation de la qualité image qui en découlent doivent néanmoins être prises en compte et ne pas fausser l’interprétation. Ainsi, les examens à faible dose ne sont pas adaptés à la surveillance d’hyperdensités en verre dépoli ou de micronodules de faible densité.



L’analyse fine du parenchyme pulmonaire nécessite d’optimiser la résolution spatiale par le choix d’une matrice élevée (512 × 512 le plus souvent, ou 768 × 768 dans certains cas et lorsqu’elle est disponible), du plus petit champ de vue adapté à la taille du thorax du patient (en général 35 cm), d’un filtre de haute fréquence spatiale et d’une épaisseur de coupe fine (millimétrique ou inframillimétrique). Le souci de limiter les artéfacts de mouvement d’origine cardiaque inhérents à toute exploration thoracique et la nécessité de s’adapter aux possibilités d’apnée parfois très réduites des patients dyspnéiques requièrent d’optimiser la résolution temporelle. On privilégie pour cela le temps de rotation le plus court et une large collimation du faisceau permettant une large couverture.



Procubitus et expiration


Des coupes en procubitus peuvent être effectuées en complément des coupes en décubitus dorsal en cas d’hyperdensités périphériques en zones déclives, pour distinguer des images gravito-dépendantes non pathologiques d’hyperden-sités pathologiques persistantes. Elles sont particulièrement indiquées en cas de recherche de pneumopathie interstitielle (fig. 3-8). Elles sont généralement effectuées en mode séquentiel, en coupes disjointes échantillonnées sur l’ensemble du thorax ou centrées sur les bases. Dans le cadre particulier du dépistage des lésions pleuropulmonaires liées à l’exposition à l’amiante, des coupes en procubitus peuvent être ainsi réalisées, en complément de l’acquisition hélicoïdale classique en décubitus dorsal si celle-ci montre des hyperdensités en zones déclives, ou d’emblée et de façon exclusive, en mode hélicoïdal [3]. Des coupes en procubitus sont également indiquées en cas d’image nodulaire intracavitaire, afin de rechercher le caractère mobile éventuel du nodule au sein de la cavité, orientant alors très fortement vers un mycétome (fig. 3-9). Elles sont dans ce cas effectuées en mode séquentiel ou hélicoïdal, localisées sur la cavité.




Des coupes en expiration forcée sont indiquées en complément des coupes en inspiration forcée en présence d’un aspect en mosaïque des densités pulmonaires pour en comprendre le mécanisme et orienter l’étiologie. Une majoration nette du gradient de densité entre les différents territoires pulmonaires en expiration témoigne d’un piégeage et oriente vers une maladie obstructive des petites voies aériennes (fig. 3-10). Des coupes en expiration sont également requises en présence d’un syndrome obstructif ou d’une dyspnée inexpliquée avec coupes en inspiration normales, pour rechercher un piégeage anormal. Elles sont utiles au diagnostic de trachéobronchomalacie en montrant une réduction excessive de la surface trachéobronchique lors de l’expiration [2]. Les coupes expiratoires sont effectuées en mode séquentiel, en fin d’expiration forcée bloquée sur quelques niveaux échantillonnés sur l’ensemble du thorax ou en mode hélicoïdal, au cours d’une manœuvre dynamique expiratoire forcée, dans ce cas nécessairement à faible dose.




Produit de contraste


Une injection de produit de contraste iodé est requise pour l’étude des vaisseaux et du médiastin, de la plupart des pathologies pleurales et des lésions tumorales. La majorité des explorations angioscanographiques requiert un rehaussement vasculaire intense et homogène, nécessitant un débit d’injection élevé, de 3 à 5 mL/s, l’utilisation d’un produit de contraste de haute concentration en iode, de 300 à 400 mg I/mL et de préférence 350 à 400 mg I/mL, ainsi qu’une détection automatisée de l’arrivée du produit de contraste. La quantité de produit injecté est adaptée au poids du patient et à la durée d’acquisition, l’injection ne devant pas se prolonger au-delà de la fin de l’acquisition. Plusieurs protocoles d’injection ont été proposés pour l’étude des artères pulmonaires, certains préférant utiliser un produit de contraste à faible concentration, afin de ne pas occulter un petit caillot non obstructif longitudinal et de s’affranchir des artéfacts périvasculaires de la veine cave supérieure. D’autres préfèrent un produit de contraste à haute concentration afin de s’assurer d’un rehaussement artériel pulmonaire intense [20, 41]. L’utilisation d’un produit de contraste gadoliné, en substitution du produit de contraste iodé, a été proposée en cas de contre-indication au produit iodé [30]. Certains privilégient un rehaussement sélectif des artères pulmonaires, d’autres un rehaussement mixte, artériel pulmonaire et artériel systémique, la quantité de produit injecté étant alors plus importante. Afin de limiter la contamination du bolus par du sang non opacifié en provenance de la veine cave inférieure, source de dégradation du rehaussement, il est recommandé d’expliquer au patient comment ne pas faire de manœuvre de Valsalva lors de l’apnée qu’il devra effectuer pour l’acquisition. Une injection biphasique de produit de contraste puisé par du sérum physiologique peut être utilisée pour l’étude des artères systémiques. Elle présente l’intérêt d’améliorer l’homogénéité de rehaussement du bolus, peut permettre de limiter son volume et limite les artéfacts liés au produit de contraste dans la veine cave supérieure. Une synchronisation cardiaque est requise pour l’étude de l’aorte ascendante. L’exploration de la veine cave supérieure et de ses affluents nécessite un rehaussement d’intensité modérée et homogène. L’acquisition doit être effectuée à un temps de recirculation systémique, 70 à 90 secondes après le début de l’injection. Les explorations couplées cœur-poumon utilisent une synchronisation cardiaque, un champ de vue adapté à l’ensemble du thorax, et une injection biphasique à débit élevé. Le bilan des masses médiastinales nécessite le plus souvent une double acquisition, sans puis avec injection de produit de contraste. La caractérisation des épan-chements pleuraux peut bénéficier d’une injection en deux temps, avec une phase d’imprégnation tissulaire précédant de 5 à 10 minutes la phase d’injection habituelle au cours de l’acquisition.



POST-TRAITEMENTS


Les post-traitements utilisent diverses techniques de visualisation ou de quantification des images natives et peuvent être effectués sans limitation de délai par rapport à l’acquisition. Les images issues des post-traitements ne contiennent pas d’information supplémentaire à celles existant déjà dans les images natives, mais peuvent permettre d’extraire certaines informations non ou mal perceptibles par leur simple analyse visuelle [28]. Elles permettent en outre de synthétiser sur un nombre limité d’images l’essentiel des anomalies de l’examen. Les post-traitements sont ainsi à la fois un outil diagnostique et un outil de communication vis-à-vis des cliniciens. Ils ne dispensent néanmoins aucunement de l’analyse des coupes natives, indispensables, auxquelles ils doivent toujours être confrontés. Ils peuvent générer des artéfacts spécifiques. Leur qualité dépend directement de la qualité de l’acquisition et il est illusoire de penser pouvoir les utiliser en rattrapage d’un examen de mauvaise qualité. Ils s’appliquent pour la plupart d’entre eux à des examens acquis en mode hélicoïdal, non artéfactés et au mieux à des données isotropiques.


Les plus couramment utilisés sont disponibles sur toutes les consoles de travail. Ainsi, les reformatages multiplanaires (MPR) et les projections d’intensité maximale (MIP) et minimale (mIP) sont largement utilisés pour des pathologies diverses et obtenus en temps réel. Le rendu volumique, d’utilisation moins courante, est également très facilement disponible.


D’autres post-traitements nécessitent des logiciels dédiés, ont des applications cliniques spécifiques et ne sont pas disponibles sur tous les sites. Ils peuvent fournir des informations quantitatives : quantification d’emphysème, de l’épaisseur pariétale et de la lumière des bronches, détection et volumétrie de nodules pulmonaires, mesures de perfusion tissulaire.



Reformatage multiplanaire et projections d’intensité maximale et minimale


Le MPR permet de présenter les images dans un autre plan que celui de l’acquisition originale : il peut s’agir d’un plan prédéfini, frontal ou sagittal, ou de tout autre plan déterminé par l’opérateur, simple oblique, double oblique ou courbe (fig. 3-11). Ces reformatages sont couramment utilisés pour analyser des structures dont le grand axe est éloigné du plan axial, préciser des rapports anatomiques particuliers ou la morphologie d’une lésion focale, et étudier la distribution lésionnelle de pathologies diffuses dans l’axe cranio-caudal. Ils conservent l’intégralité des informations des voxels et permettent des mesures de distance et de densité. Les reformatages courbes selon l’axe central de vaisseaux ou de bronches sont particulièrement adaptés à l’étude des variations de calibre de ces structures (fig. 3-12) et permettent des mesures précises de sévérité et de longueur de sténoses [28]. Elles sont particulièrement utiles avant mise en place et au cours de la surveillance d’endoprothèses.




La sommation de plusieurs coupes contiguës sur une épaisseur donnée permet de visualiser une « tranche » plus épaisse que les coupes natives, à laquelle on peut appliquer différents types de rendu :



– projection des voxels de plus haute densité selon l’axe perpendiculaire au plan de l’image : MIP, adapté à l’analyse des structures de haute densité. Ce type de rendu est particulièrement utile à l’étude des vaisseaux, facilitant l’analyse de leur trajet (fig. 3-13) [16], aidant à la détection de malformations vasculaires, et pouvant permettre de comparer les calibres vasculaires de différentes régions pulmonaires. Il est également très largement utilisé pour la détection des nodules et micronodules pulmonaires, ainsi que pour la caractérisation des micronodulations diffuses (fig. 3-14) [13, 31]. On rappelle néanmoins que, malgré son intérêt indiscutable, il ne doit pas être utilisé de façon exclusive, en particulier dans le cadre de la détection de nodules, des lésions strictement endobronchiques pouvant être masquées sur ce mode de rendu ;




– projection des voxels de plus faible densité selon l’axe perpendiculaire au plan de l’image : mIP, adapté à l’analyse des structures de basse densité. Ce type de rendu facilite la visualisation de l’emphysème et des kystes pulmonaires (fig. 3-15) [32], des hétérogénéités de densité du parenchyme pulmonaire (fig. 3-16), et aide à la détection du verre dépoli de faible densité [4]. Il peut aider à mettre en évidence des dilatations de bronches discrètes et à différencier les bronchectasies de traction du rayon de miel ;




– moyennage des densités des différents voxels selon ce même axe, permettant de diminuer le bruit des images, au détriment de coupes plus épaisses.


Ces différents rendus sont applicables à n’importe quel plan, axial de l’acquisition originale ou quelconque issu des MPR. Le mIP doit être effectué sur les images reconstruites avec un filtre de basse fréquence spatiale (filtre « mou ») afin d’éviter les artéfacts dus au rehaussement des contours des filtres de haute fréquence spatiale. Les images MIP et mIP ne conservent qu’une petite partie des informations des images natives et ne permettent pas de réaliser des mesures fiables de distance. S’agissant d’une technique de projection, ces types de rendu ont tendance à mal représenter les rapports de différentes structures entre elles et ne sont pas adaptés à l’évaluation de régions anatomiques complexes.



Rendu surfacique et rendu volumique


Le rendu surfacique (shaded surface display ou SSD) permet de visualiser les voxels des bords ou de la surface d’une structure. Utilisant une méthode de seuillage, il ne prend en compte qu’une petite partie des informations et tend à être remplacé par le rendu volumique, beaucoup plus flexible et intégrant l’ensemble des informations.


Le rendu volumique (volume rendering ou VR) représente les différents voxels du volume exploré en fonction de leur densité, selon des sous-groupes de densité préétablis. À chaque sous-groupe correspondent une couleur et une transparence données. Divers protocoles ciblant des structures particulières sont généralement préétablis sur les consoles de travail. Les plus utilisés en pathologie thoracique sont dédiés à la représentation de la lumière des voies aériennes (VR de type bronchographique), des vaisseaux [29] et des structures osseuses. En plus des protocoles préétablis, rapidement disponibles, l’opérateur a la possibilité de modifier lui-même les paramètres pour mettre en évidence les structures qu’il souhaite. Un effet de perspective peut être apporté par une technique d’ombrage. Le rendu volumique peut fournir une représentation globale des anomalies. Il est adapté à l’analyse des structures complexes et des rapports anatomiques de différentes structures entre elles. Un effet de perspective particulier peut permettre de simuler des vues endoscopiques et s’applique à l’endoscopie virtuelle. Cette technique reproduit une vue endoluminale de l’arbre trachéobronchique avec déplacement continu et dirigé du champ de vue de l’endoscope. Elle peine à dépasser le stade de « belle image » et son utilité clinique reste très mineure. Son intérêt éventuel est de fournir une vue endoscopique de l’arbre bronchique lorsque l’endoscopie n’est pas réalisable (fig. 3-17).




Quantification d’emphysème


Elle est fondée sur l’analyse de l’histogramme de la fréquence de distribution des densités pulmonaires, après une étape de segmentation automatique des poumons. La technique du « masque de densité » est la plus utilisée, surlignant les voxels dont la densité est inférieure à un seuil préétabli et quantifiant leur volume, rapporté à l’ensemble du volume pulmonaire (fig. 3-18). Le seuil permettant d’obtenir les meilleures corrélations avec l’analyse macroscopique et microscopique est de – 950 UH [11]. Une alternative repose sur la valeur de densité correspondant à un percentile prédéfini, généralement le 15e, de la courbe de distribution des densités. Cette seconde technique présente l’inconvénient d’être influencée par d’éventuelles hyperdensités associées et de sous-estimer l’emphysème en cas de pathologies intriquées. Elle est en revanche plus adaptée à l’analyse des emphysèmes débutants [21]. Quantifier l’emphysème peut avoir un intérêt dans le cadre du phénotypage des patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive, de l’évaluation préopératoire des candidats à une chirurgie de réduction de volume pulmonaire ainsi que pour apprécier de façon objective l’évolution d’un emphysème dans le temps. Une standardisation de l’acquisition et de l’analyse des images est impérative dans ce cas, et il est en particulier nécessaire de s’assurer d’une bonne calibration de l’air [25]. Certains logiciels permettent, grâce à une segmentation lobaire semi-automatique, de fournir une quantification régionale de l’emphysème. Ils peuvent être utilisés pour prédire la fonction postopératoire avant chirurgie réglée [38].




Quantification de la paroi et de la lumière bronchiques


Le remodelage bronchique, conséquence de l’inflammation des voies aériennes dans la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’asthme chronique, peut être appréhendé par des mesures de l’épaisseur pariétale bronchique, obtenues selon des techniques diverses [5, 23] à partir d’acquisitions isotropiques de haute résolution spatiale (fig. 3-19). Après une étape d’extraction de l’axe central des bronches, la lumière et la paroi bronchiques sont segmentées, de façon automatique ou semi-automatique, sur des coupes perpendiculaires à l’axe central, permettant d’obtenir des mesures de surface de paroi et de lumière bronchiques en divers points de l’axe central. Une quantification volumique de ces paramètres est également faisable [34]. Les différentes techniques utilisées manquent actuellement de standardisation et de repro-ductibilité entre elles [6]. Bien qu’imparfaites, elles constituent néanmoins la seule méthode non invasive d’évaluation du remodelage bronchique in vivo. Elles restent actuellement du domaine de la recherche, à la fois pour une meilleure compréhension de la pathologie obstructive pulmonaire et dans le cadre d’un suivi longitudinal sous traitement [24].




Détection et volumétrie des nodules pulmonaires


Le grand nombre d’images générées par les scanners actuels combiné aux limites de l’analyse visuelle a favorisé le développement de systèmes d’aide à la détection (CAD) des nodules pulmonaires. Après une étape de segmentation automatique des poumons, diverses techniques permettent d’identifier des nodules « candidats » qui doivent être confirmés ou rejetés par le radiologue. Malgré une réduction du nombre de faux positifs par le système de détection lui-même, le nombre de « candidats » à rejeter peut être élevé, et l’est d’autant plus qu’il existe une pathologie diffuse du parenchyme associée. La sensibilité de ces systèmes est variable, généralement moins bonne pour les nodules accolés à d’autres structures, notamment pour les nodules jux-tavasculaires et juxtapleuraux. Elle est également moins bonne pour les nodules non solides comparativement aux nodules solides. De nombreuses études ont néanmoins montré une amélioration de la performance des radiologues lorsqu’un CAD complète, en seconde lecture, l’analyse du radiologue [1, 33].


Les CAD proposent en outre de quantifier le volume des nodules décelés et certains d’apparier automatiquement les nodules entre deux examens successifs (fig. 3-20). Ils permettent ainsi un suivi volumétrique, plus précis qu’un suivi par simples mensurations 2D. La volumétrie des nodules peut néanmoins être influencée par les paramètres d’acquisition du scanner et il est nécessaire de maintenir ces paramètres constants (épaisseur de coupe, dose, filtre) au cours des examens successifs. La qualité de la segmentation des nodules doit de plus toujours être vérifiée car il existe assez fréquemment des erreurs de segmentation lorsque les nodules sont accolés à des vaisseaux ou à la plèvre. In fine, il faut tenir compte de la variabilité des mesures volumétriques, pouvant atteindre 25 % entre deux examens effectués le même jour chez un même patient [12], pour juger de l’augmentation de volume ou de la stabilité d’un nodule.




Perfusion tissulaire


Le développement des traitements anti-angiogéniques a remis en question les critères morphologiques classiques de réponse tumorale pour divers types de cancer et suscité le développement de techniques de perfusion tissulaire, notamment en scanner. Le principe repose sur une analyse de la courbe temporelle de rehaussement de la tumeur au cours d’une injection de produit de contraste iodé. On effectue ainsi une acquisition sans injection puis plusieurs acquisitions successives, à cadence élevée, centrées sur la tumeur. Il est souhaitable, par un protocole d’injection adapté, de maintenir constante la concentration intravasculaire de produit de contraste au cours de l’ensemble de l’exploration. Il faut réduire la dose délivrée par chacune des acquisitions qui sont répétées sur la même région anatomique. Des logiciels permettent d’extraire des paramètres de volume sanguin et de perméabilité capillaire, corrélés à la densité micro-vasculaire [39]. Les cartographies paramétriques de l’ensemble de la tumeur témoignent de leur fréquente hétérogénéité. Ces méthodes manquent actuellement de standardisation.



INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES RÉCENTES ET APPLICATIONS PARTICULIÈRES



Amélioration de la résolution temporelle et de la vitesse d’acquisition


Plusieurs solutions technologiques ont permis d’améliorer la résolution temporelle des scanners :



– augmentation de la vitesse de rotation du couple tube-détecteurs, passée d’une seconde à la fin des années 1980 à 0,27 secondes par tour de rotation sur certaines machines actuelles. D’importantes contraintes mécaniques limitent néanmoins la poursuite d’une telle augmentation ;


– développement de systèmes double source depuis 2005 par un constructeur (fig. 3-21). Les données nécessaires à la reconstruction d’une coupe sont acquises de façon quasi simultanée par deux tubes installés à environ 90° l’un de l’autre, permettant de diviser par deux le temps nécessaire à la reconstruction d’une coupe, comparativement à un système simple source. La résolution temporelle des scanners double source les plus récents est de 75 millisecondes ;



– augmentation de la largeur des systèmes de détection, s’accompagnant d’une augmentation du nombre de coupes par tour de rotation. Ainsi la largeur de couverture, de 3,2 à 4 cm sur un grand nombre de scanners actuels, affichant 64 ou 128 coupes par rotation, a été augmentée à 8 et 16 cm sur certaines machines, affichant respectivement 256 et 320 coupes. Cela permet d’augmenter considérablement la vitesse d’acquisition, voire d’envisager l’exploration de certaines régions anatomiques en mode incrémental, en une seule rotation. Néanmoins, des pertes de qualité image dues notamment à l’élargissement du faisceau limitent actuellement la poursuite de la course au nombre de coupes. L’augmentation de la vitesse d’acquisition qui découle de ces diverses évolutions technologiques permet de réaliser des acquisitions successives sur une même région anatomique à une cadence élevée, et d’accéder aux études de perfusion tissulaire.


La résolution temporelle axiale a également été améliorée par le développement de certaines techniques de reconstruction, essentiellement utilisées en imagerie cardiaque :




Synchronisation cardiaque


Les battements cardiaques génèrent un flou cinétique au niveau du cœur, de l’aorte ascendante et du parenchyme pulmonaire proche du cœur [19]. Ce flou peut être considérablement réduit par une acquisition des données au cours de périodes du cycle cardiaque de moindre mouvement, en pratique essentiellement au cours de la diastole (fig. 3-22). Cela est possible grâce à l’enregistrement de l’électrocardiogramme au cours de l’acquisition, permettant d’obtenir des données acquises au cours d’une ou de plusieurs phases choisies du cycle cardiaque. Deux types de synchronisation sont disponibles [22] (fig. 3-23) :



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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 3: TECHNIQUES

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