Chapitre 3 Stérilité péritonéale
– une chirurgie sans risque vital mais qui ne supporte pas l’à-peu-près ;
– une stratégie difficile entre une chirurgie réparatrice et une chirurgie d’exérèse ;
– cette stratégie doit se faire trompe par trompe ;
– réséquer les adhérences plutôt que de simplement les sectionner ;
– un compromis permanent entre hémostase imparfaite et coagulation trop large ;
– le repérage de l’ostium est capital lors d’une néostomie ;
– l’éversion pavillonnaire doit être soigneuse ;
– la reperméabilisation par cœlioscopie nécessite un entraînement important.
Très vite le développement de la cœlioscopie opératoire a permis de réaliser les principaux gestes de plastie tubaire sans avoir recours à la laparotomie. C’est en effet Danniell, qui dès 1984, a rapporté la première néostomie cœlioscopique [8]. Elle a rapidement supplanté la microchirurgie qui était alors le gold standard.
Cependant le développement concomitant de la fécondation in vitro n’a pas conduit à un développement majeur de cette technique. De plus, les travaux de Strandell, montrant l’effet délétère des hydrosalpinx sur les résultats de la fécondation in vitro (FIV), ont poussé de plus en plus vers la salpingectomie plutôt que vers la chirurgie réparatrice [19]. Dans le même temps, la chute d’incidence des MST du type Chlamydiae a fait diminuer de façon majeure le nombre de trompes obturées. Tout ceci a conduit à rendre cette intervention assez marginale. Cependant, tout gynécologue peut être amené à rencontrer ce type de problème durant une cœlioscopie et doit savoir le gérer correctement.
Prérequis
• de 2 ou 3 pinces ou dissecteurs atraumatiques sans mors ;
• de ciseaux coupant parfaitement ;
• d’une électrode monopolaire fine ;
• d’une pince bipolaire fine ;
Néosalpingostomie et fimbrioplastie
La stratégie thérapeutique des obstructions tubaires distales se déroule en deux temps : un d’évaluation globale en début d’intervention, puis éventuellement un d’évaluation de la muqueuse tubaire après ouverture de la trompe. Les travaux de différents auteurs comme Mage, Heylens ont largement montré que le pronostic de fertilité après néostomie ou fimbrioplastie dépend de l’état tubaire macroscopique (sclérose pariétale, dilatation extrême), de l’état adhérentiel et de l’état de la muqueuse [13, 15]. Les deux premiers sont évaluables d’emblée, le troisième ne l’est qu’après ouverture de la trompe (fig. 3.1 à 3.4).
Technique de la néostomie
Repérage de l’ostium ( vidéo 3.1)
Il est impératif de repérer soigneusement l’ostium c’est- à-dire le point où les franges tubaires se sont accolées pour réaliser l’ouverture à ce niveau. Toute ouverture en un point différent se solde presque immanquablement par une récidive de l’hydrosalpinx. Cet ostium se présente en règle générale comme une cicatrice blanche et stellaire. Lorsqu’elle n’est pas clairement repérée l’opérateur peut s’aider d’une injection de bleu de méthylène sous forte pression.
Ouverture de l’hydrosalpinx [4]
Dans les cas défavorables, ce geste n’entraîne pas de clivage entre les franges. Il est alors nécessaire de réaliser cette section soit aux ciseaux, soit au laser, soit avec la pointe fine monopolaire. Durant ce temps-là, tout doit être fait pour repérer le mieux possible les zones d’accolement entre les franges pour éviter de couper au milieu de l’une d’elle. Pour cela, l’idéal est de mettre en tension la paroi de l’hydrosalpinx, soit par l’ouverture de la pince qui a été introduite dans l’ampoule, soit par une traction divergente sur les bords de l’incision initiale. Ces incisions ou ces tractions peuvent occasionner un saignement. Sauf s’il est important (ce qui traduit en général une section au milieu d’une frange), il est préférable d’éviter les coagulations même bipolaires qui engendrent des dégâts tissulaires. Le plus souvent, ces petits saignements s’estompent après quelques minutes. En cas de saignement plus net, la coagulation bipolaire avec une pince fine doit être réalisée avec parcimonie (fig. 3.5 à 3.10).
Fig. 3.5 Repérage de l’ostium tubaire. L’ostium tubaire est particulièrement bien visible dans ce cas.
Fig. 3.9 L’ouverture pavillonnaire est complétée par une traction douce sur les bords de l’incision.
Évaluation de la muqueuse tubaire
Idéalement, il faut pratiquer une tuboscopie. Un hystéroscope est introduit dans un trocart sus-pubien et poussé dans la trompe avec instillation concomitante de sérum physiologique. La manœuvre est difficile et il faut disposer de deux circuits vidéo. Elle peut s’avérer traumatique pour la trompe. Mais c’est la meilleure façon d’évaluer la muqueuse [13]. À défaut, une bonne inspection du pavillon à fort grossissement, voire en milieu aqueux, permet d’avoir une évaluation approximative de l’état de la muqueuse. Il faut néanmoins rester prudent car la plupart des opérateurs non chevronnés ont tendance à faire des évaluations trop péjoratives. Une muqueuse sans plis ou des synéchies entre les plis sont les signes d’une trompe non fonctionnelle. La question de la salpingectomie (ou de la coagulation section) se repose. Dans le doute ou en l’absence d’approbation explicite de la patiente, la conservation tubaire est de mise.
Éversion
Aucune étude satisfaisante n’a été réalisée pour montrer la supériorité d’une technique sur l’autre en termes d’obtention de grossesse. Par contre, il existe de nombreux arguments pour craindre que la technique par coagulation expose plus au risque de réobstruction (fig. 3.11 à 3.17).
Fig. 3.13 La suture est ensuite passée au ras du pavillon voire en chevauchant légèrement le pavillon.
Fig. 3.15 On distingue mieux ici le trajet de la suture qui permet le retournement de la frange pavillonnaire.
L’intervention se termine par un lavage soigneux qui vise à éliminer tout caillot. La mise en place d’une substance anti-adhérentielle est recommandée. La plus adaptée paraît être l’Adept® dans ce cas [3].
Fimbrioplastie ( vidéo 3.2)
La fimbrioplastie se différencie peu de la néostomie [1]. Dans ce cas, il persiste une ouverture du pavillon, ce qui évite l’incision initiale et les erreurs de repérage. À partir de là, tous les temps sont les mêmes, mais les gestes sont souvent plus simples car il s’agit le plus souvent de trompes présentant des dommages moindres. Il est des cas où le temps d’éversion peut être omis si le pavillon n’a pas une tendance naturelle à se refermer.
L’adhésiolyse de la trompe précède la néostomie.
Le repérage de l’ostium doit être très soigneux.
L’ouverture de l’ostium se fait aux ciseaux ou à la pointe fine monopolaire.
La dissection entre les plis est préférable à la section.
L’évaluation de la qualité de la muqueuse est importante dans le choix final.