Chapitre 3. La surveillance des signes d’évolution
Avec l’âge, les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ont bien souvent d’autres maladies associées ou comorbidités : on parle de polypathologie.
Les maladies chroniques sont très fréquentes, avec un retentissement fonctionnel sur la vie quotidienne. En moyenne trois à cinq maladies sont présentes chez une même personne âgée de 70 ans. Tous les organes peuvent être touchés, mais il convient d’insister sur la fréquence des maladies cardio-vasculaires, neurologiques et cancéreuses et de savoir que les troubles nutritionnels, très souvent présents, sont à l’origine de bien des troubles et des complications.
Face à cette polypathologie, plusieurs médicaments sont très fréquemment associés en réponse : cette polymédication risque de conduire à des effets indésirables, voire même à des accidents. Cette augmentation du risque médicamenteux n’est pas une fatalité inéluctable, mais correspond, dans un certain nombre de cas, à des prescriptions inappropriées.
Les troubles cognitifs sont associés à une augmentation du risque d’effets indésirables des médicaments : erreurs dans la prise des médicaments, sensibilité du système nerveux à leurs effets indésirables.
1. Les grands signes d’évolution à ne pas oublier
Ne sont pas abordés ici les signes en rapport avec des urgences vitales (présence de sang dans les changes, émission de sang, grande pâleur, grande fièvre etc.).
A. Les variations du poids
L’ASG devra faire très attention à ce paramètre vital. Cette mesure du poids est toujours indispensable pour établir un suivi de qualité. Les variations de poids sont en effet un signe d’alerte très utile. La fréquence idéale de la pesée devrait être déterminée dans chaque situation par l’équipe après discussion avec le médecin. Mais il semble qu’une pesée par mois devrait être considérée comme un minimum commun. Mesurer le poids d’une personne ayant des troubles de mémoire exige d’avoir un endroit où noter le poids de façon continue pour ne pas passer à côté des variations. L’ASG pourra aussi rappeler à la personne l’importance de prendre sa feuille de poids ou son carnet de poids lors des consultations médicales.
Toute perte de poids ne correspond pas à une dénutrition ! La façon la plus fréquente pour une personne âgée de perdre rapidement du poids (par exemple plus de 2 kg sur une semaine) est la déshydratation. Il est souvent rappelé qu’une perte de poids supérieure à 10 % du poids du corps en six mois devrait alerter sur une probable dénutrition, mais il n’est pas souvent facile de calculer des pourcentages lorsque l’on est occupé à de multiples tâches. En résumé, une perte de poids de plus de 5 kg (pour une personne de 50 kg) en six mois devrait toujours alerter. Une perte de poids rapide peut être très bénéfique, si la personne, du fait d’un œdème, reçoit un traitement diurétique. Il s’agit même d’un paramètre d’efficacité du traitement. Il faut parfois que l’ASG sache rassurer la personne sur cette « bonne » perte de poids.
Tout gain de poids n’est pas une bonne chose ! En effet la façon la plus fréquente pour une personne âgée de gagner rapidement du poids (par exemple plus de 2 kg sur une semaine) est l’œdème (pas toujours visible, par exemple l’œdème d’origine cardiaque).
B. La « faiblesse musculaire»
Il arrive que les personnes âgées se plaignent de « faiblesse », et que l’ASG puisse le constater. Il est alors essentiel de mesurer le plus précisément possible ce que la personne « pouvait faire » et qu’elle « ne peut plus faire ». Il ne faut pas hésiter à être très concret dans la description des faits : elle pouvait monter quatre marches et ne peut plus en monter que deux.