Chapitre 3 Item 306 – Douleur des membres et des extrémités
Objectifs pédagogiques
I Classification des douleurs organiques
A Douleurs somatiques ou nociceptives
• Le système nerveux est intègre et il est fortement stimulé par une agression nocive pour l’organisme.
• Les messages douloureux sont générés par les nocicepteurs périphériques et véhiculés par les fibres Aδ et C vers la moelle spinale.
• C’est le cas des douleurs ostéoarticulaires, musculaires et vasculaires.
B Douleurs neuropathiques
• Encore appelées douleurs de désafférentation, elles traduisent un défaut d’inhibition lié à des lésions du système nerveux périphérique ou central.
• Les centres de contrôle de la douleur — cornes dorsales de la moelle, tronc cérébral, hypothalamus, thalamus ou cortex, système nerveux sympathique — sont altérés.
• La douleur est ressentie en l’absence de toute agression nocive, spontanément, par des stimulations normalement indolores.
• On distingue deux aspects sémiologiques :
• Des perturbations sympathiques se traduisent par des troubles trophiques, vasomoteurs et sudoraux.
II Interrogatoire
• Il faut en premier lieu préciser les caractéristiques de cette douleur :
• Il faut préciser également la nature précise de la demande (diagnostique, pronostique, thérapeutique, réassurance, etc.).
• Cette évaluation peut être complétée selon les cas par un entretien psychologique ou psychiatrique afin de dépister un trouble de la personnalité, un état dépressif, névrotique, hypochondriaque.
• Le questionnaire DN4 permet le diagnostic des douleurs neuropathiques (cf. Annexe) : si le score du patient est égal ou supérieur à 4/10, le test est positif.
IV Étiologie
A Causes neurologiques
1 Atteinte du système nerveux périphérique
• La caractéristique essentielle d’une lésion isolée d’un nerf ou d’une racine est topographique : les douleurs intéressent un trajet tronculaire ou radiculaire, le déficit sensitif est plus limité dans son étendue du fait du chevauchement du territoire des racines sensitives (dermatomes) et des nerfs.
• On observe un phénomène d’hyperesthésie : le simple contact détermine des sensations paresthésiques et douloureuses.
• En cas de lésion partielle de certains nerfs (médian et sciatique), la causalgie se traduit par une brûlure permanente exagérée par toute stimulation s’accompagnant de perturbations vasomotrices et trophiques.
Neuropathies focales et multifocales
Elles sont dues à la lésion focale d’une racine, d’un plexus ou d’un tronc nerveux, caractérisée par une atteinte neurogène périphérique limitée à un membre.
Mononeuropathies tronculaires
• Chroniques, elles s’intègrent dans un syndrome canalaire (compression d’un tronc nerveux dans un défilé inextensible ostéoligamentaire, aponévrotique ou musculaire). Plusieurs facteurs sont intriqués, mécaniques, inflammatoire primitif ou secondaire au conflit mécanique, pathologiques : œdème, tumeur. La douleur se traduit par des paresthésies au repos à recrudescence nocturne intéressant un territoire tronculaire, irradiant parfois en amont du niveau de compression. La douleur s’accentue lors de manœuvres facilitatrices, d’extension du tronc nerveux, de percussion (signe de Tinel). L’examen objective un déficit moteur et/ou sensitif intéressant le territoire innervé. Les principaux syndromes canalaires sont : le syndrome du nerf fibulaire, du tibial postérieur, la méralgie paresthésique, le syndrome du canal carpien au poignet et du nerf ulnaire au coude (cf. chapitre 15, Item 279 – Syndromes canalaires). Les névralgies du V et du IX sont développées au chapitre 13, Item 262 – Migraine et algies de la face.
• Aiguës ou subaiguës, elles doivent faire rechercher rapidement voire en urgence une vascularite du nerf périphérique.
Plexopathies
• Les douleurs siègent le long d’un membre, mais ne sont pas systématisées à une racine. Le déficit moteur et sensitif n’est pas limité à l’atteinte d’une seule racine.
• Les principales causes sont traumatiques (étirement, arrachement) et par infiltration dans un contexte néoplasique (compressives par mauvaise position).
Radiculopathies
• Douleur intéressant un territoire radiculaire du membre supérieur ou du membre inférieur survenant à l’effort, sous forme de paresthésies douloureuses essentiellement diurnes s’accentuant lors d’efforts physiologiques (toux, effort, éternuements) ; améliorés par le repos et le décubitus, elles sont majorées en position debout ou assise prolongée (notamment les lombosciatalgies).
• Il existe un syndrome rachidien associé (déviation antalgique, contracture et raideur) analysé aux membres inférieurs par la distance doigt-sol et l’indice de Schoeber, et une hyperalgie des différentes structures du dermatome correspondant : douleurs provoquées par le contact superficiel et par la pression des masses musculaires. La douleur radiculaire est reproduite par le signe de Lasègue (flexion progressive du membre inférieur sur le bassin jambe tendue).
• L’examen neurologique objective un déficit moteur au niveau des muscles innervés par la racine concernée, associée à une hypoesthésie et à une abolition d’un réflexe (achilléen pour la racine S1). L’étiologie est le plus souvent discale, plus rarement infectieuse (maladie de Lyme) ou tumorale (cf. chapitre 15, Item 279 – Radiculalgies).