Chapitre 28 Item 133 – Accidents vasculaires cérébraux
Objectifs pédagogiques
CEN
Connaissances requises
Objectifs d’identification clinique et paraclinique :
Objectifs de prise en charge diagnostique et thérapeutique :
I Pour comprendre
• Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont caractérisés par la survenue brutale d’un déficit neurologique focal.
• Ils affectent environ 150 000 patients par an dont environ un quart de récidive.
• Les AVC surviennent dans 75 % des cas chez des patients âgés de plus de 65 ans.
• L’AVC est une pathologie fréquente et potentiellement grave qui constitue une urgence médicale et, parfois, chirurgicale.
• Le terme d’AVC regroupe l’ensemble des pathologies vasculaires cérébrales d’origine artérielle ou veineuse, à savoir :
• Environ un quart des hémorragies cérébrales (5 % de tous les AVC) correspondent à une hémorragie méningée, dont la prise en charge est totalement différente (neurochirurgie ou radiologie interventionnelle).
• L’amélioration du pronostic dépend de la qualité de la prévention primaire et secondaire et de la rapidité de prise en charge diagnostique et thérapeutique à la phase aiguë.
• Le fonctionnement cérébral nécessite un apport sanguin constant en oxygène et en glucose. En raison de l’absence de réserve en ces deux substrats, toute réduction aiguë du flux artériel cérébral sera responsable d’une souffrance du parenchyme cérébral situé dans le territoire de l’artère occluse. L’étendue de la zone ischémiée dépendra de la mise en jeu de systèmes de suppléances artérielles et de leur qualité (cf. Annexe 1). Ainsi, en cas d’infarctus cérébral, il existe :
• L’ischémie cérébrale peut être la conséquence de deux mécanismes différents :
II Clinique des AVC
Un AVC doit être évoqué devant un :
• focal : la perte de fonction correspond à la lésion d’une structure anatomique cérébrale donnée (cf. corrélations anatomo-cliniques en cours de sémiologie) ;
La nature ischémique ou hémorragique d’un AVC peut être évoquée en fonction :
• des données épidémiologiques (fréquence plus importante des infarctus cérébraux) ;
A Infarctus cérébraux constitués
• infarctus cérébraux de la circulation antérieure : carotidiens (artère ophtalmique, cérébrale antérieure, cérébrale moyenne) ;
• infarctus cérébraux de la circulation postérieure : vertébrobasilaires (artères vertébrales, cérébelleuses et cérébrales postérieures) ;
• petits infarctus profonds (ou « lacunes ») ;
• infarctus cérébraux jonctionnels, aux confins de deux territoires artériels.
Circulation antérieure | Artère ophtalmique | Cécité monoculaire |
Artère cérébrale antérieure | Déficit moteur à prédominance crurale Syndrome frontal | |
Artère cérébrale moyenne superficielle | Déficit moteur à prédominance brachiofaciale Aphasie Héminégligence | |
Artère cérébrale moyenne profonde | Hémiplégie proportionnelle | |
Circulation postérieure | Artère cérébrale postérieure | Hémianopsie latérale homonyme Hémianesthésie |
Territoire vertébrobasilaire | Syndrome alterne (Wallenberg) Syndrome cérébelleux Infarctus médullaire cervical |
1 Infarctus cérébraux carotidiens
Infarctus cérébraux sylviens (territoire de l’artère cérébral moyenne)
Infarctus cérébral sylvien superficiel
L’atteinte de l’hémisphère majeur comporte :
– aphasie motrice et non fluente (Broca) en cas d’infarctus antérieur (atteinte du pied de la 3e circonvolution frontale : zone de Broca) ;
– aphasie sensorielle et fluente (Wernicke, aphasies de conduction) en cas d’infarctus postérieur (atteinte temporale postérieure : zone de Wernicke) ;
L’atteinte de l’hémisphère mineur se manifeste par un syndrome d’Anton-Babinski :
Infarctus cérébral sylvien total
Associe des signes d’infarctus cérébral superficiel et profond :
2 Infarctus cérébraux vertébrobasilaires
Infarctus cérébral postérieur
Infarctus cérébraux sous-tentoriels
Infarctus du tronc cérébral
• Ils peuvent être étagés et s’associer à des infarctus hémisphériques d’aval (artère cérébrale postérieure).
• Responsables de syndromes alternes définis par l’atteinte :
• Le plus fréquent est le syndrome de Wallenberg (+++) :
Syndrome de Wallenberg (ou syndrome alterne sensitif) :
• du côté opposé : atteinte du faisceau spinothalamique se traduisant par une anesthésie thermoalgique de l’hémicorps épargnant la face.
Infarctus graves du tronc cérébral
Conséquences, notamment, d’une occlusion du tronc basilaire, ils se révèlent par :
3 Petits infarctus profonds, ou « lacunes »
• hémiplégie motrice pure (capsule interne) ;
• hémianesthésie pure d’un hémicorps ou à prédominance chéiro-orale (thalamus) ;
• dysarthrie + main malhabile (pied de la protubérance) ;
• hémiparésie + hémi-ataxie (protubérance ou substance blanche hémisphérique).
B Accident ischémique transitoire
2 Diagnostic de l’AIT
La symptomatologie clinique des AIT est aussi variée que celle des infarctus cérébraux.
On distingue AIT probable et AIT possible.
AIT probable
• Installation rapide, habituellement en moins de 2 minutes, de l’un ou de plusieurs des symptômes suivants.
• Symptômes évocateurs d’un AIT carotidien :
• Symptômes évocateurs d’un AIT vertébrobasilaire :
AIT possible
• Les symptômes suivants sont compatibles avec un AIT mais ne doivent pas faire retenir le diagnostic en première intention s’ils sont isolés :
• Le diagnostic d’AIT devient probable si ces signes s’associent (++), de façon successive ou concomitante, entre eux ou aux signes cités dans le paragraphe « AIT probables ».
3 AIT → Situation d’urgence
L’AIT est un « syndrome de menace cérébrale » car :
• 30 % des infarctus cérébraux sont précédés d’AIT ;
• 10 % des patients ayant eu un AIT vont présenter un infarctus cérébral constitué dans le mois qui suit ; ce risque est maximal dans les premiers jours suivant l’AIT.