26: TRAITEMENT DE L’ASTHME (À L’EXCEPTION DE LA DÉSENSIBILISATION)

CHAPITRE 26 TRAITEMENT DE L’ASTHME (À L’EXCEPTION DE LA DÉSENSIBILISATION)







ÉPIDÉMIOLOGIE


L’asthme constitue un enjeu majeur de santé publique. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 300 millions de personnes souffrent d’asthme dans le monde [1]. Sa prévalence a doublé en Europe au cours des vingt dernières années, touchant près de 30 millions d’individus [2]. En France, l’asthme concerne 10 % des enfants et 7 % de la population adulte, touchant globalement plus les garçons dans l’enfance avec une inversion du sex-ratio à la puberté [3]. Elle conduit à plus de 50 000 hospitalisations et 1 000 décès chaque année en France [3]. Les conséquences socio-économiques de l’asthme sont considérables avec des coûts estimés à 17,7 milliards image/an en Europe et 1,5 milliards image/an en France [2, 4].


Une large partie de la population asthmatique reste encore insuffisamment contrôlée, en raison de l’absence de traitement régulier, d’une mauvaise observance, d’un suivi médical irrégulier ou d’une résistance aux médicaments [5]. L’asthme non contrôlé, défini selon les recommandations du Global Initiative for Asthma (GINA) [6], représente 32 % des patients asthmatiques en Europe, avec une variabilité géographique importante (20 % à 67 % selon les pays) [5]. En France, la prévalence de l’asthme non contrôlé pourrait concerner environ un tiers des patients asthmatiques [5]. L’impact socio-économique de l’asthme non contrôlé est considérable. Il conduit à une diminution importante de la qualité de vie, avec notamment une majoration du risque d’épisodes dépressifs, et constitue une large part des coûts directs et indirects associés à l’asthme, en termes d’absentéisme, de traitement ou d’hospitalisation [7]. Il représente un surcoût associé au recours aux soins de 196 image/an/patient en cas d’asthme partiellement contrôlé et 901 image/an/patient en cas d’asthme non contrôlé [7].



GÉNÉRALITÉS


L’asthme est une maladie chronique des voies aériennes, dont la définition reste controversée à ce jour, certains contestants même la possibilité de regrouper sous cette entité des phénotypes très hétérogènes [8]. Elle se manifeste par des épisodes récidivants de toux, de sifflements et de dyspnée, traduisant un trouble ventilatoire obstructif partiellement réversible spontanément ou sous l’effet d’un traitement [6]. L’asthme est une maladie dont l’expression varie au cours du temps. Apparaissant souvent dans l’enfance, l’asthme peut rester stable tout au long de la vie, disparaître pendant plusieurs années, réapparaître et s’aggraver à tout âge. L’étiologie de l’asthme est encore mal connue mais résulte d’interactions complexes entre facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux [6]. La prise en charge de l’asthme repose, en plus du contrôle des facteurs environnementaux, sur la prise régulière de médicaments, même en l’absence de symptômes. Les bêta2-mimétiques de courte durée d’action, éventuellement associés aux anticholinergiques et aux corticoïdes par voie orale, constituent le traitement de la crise et de l’exacerbation asthmatique. Le traitement de fond de l’asthme persistant a fait l’objet de multiples recommandations nationales et internationales, et repose principalement sur la prise de corticoïdes inhalés. D’autres classes pharmacologiques peuvent être associées à la corticothérapie selon le contrôle de la maladie : bêta2-mimétiques de longue durée d’action, cromones, antagonistes des récepteurs aux leucotriènes ou xanthines. De nouvelles innovations thérapeutiques, basées sur les anticorps monoclonaux, permettent déjà ou vont prochainement permettre de prendre en charge certains phénotypes d’asthme difficile à traiter (ex. : omalizumab dans l’asthme allergique). La voie inhalée doit rester la voie d’administration à privilégier dans le traitement de fond de l’asthme notamment pour limiter la survenue d’effets indésirables systémiques. Plusieurs dispositifs médicaux sont actuellement disponibles pour l’administration par voie inhalée : aérosol-doseurs (« spray » munis ou non d’une chambre d’inhalation), inhalateurs de poudre sèche et nébuliseurs. Une éducation thérapeutique, notamment sur l’utilisation de ces dispositifs médicaux, doit être réalisée pour optimiser l’efficacité des médicaments inhalés par une administration optimale des principes actifs.



PHYSIOPATHOLOGIE EN LIEN AVEC LA THÉRAPEUTIQUE




Exploration fonctionnelle respiratoire


Les mécanismes physiopathologiques de l’asthme conduisent à une diminution de la fonction ventilatoire sur un mode obstructif. L’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) est indispensable pour le diagnostic, le dépistage de la maladie, mais également très utile au pronostic et au suivi thérapeutique. L’EFR constitue le complément indispensable de l’examen clinique et radiographique en pneumologie. Elle regroupe l’ensemble des explorations permettant de mesurer les variables quantifiables de la fonction respiratoire, et d’apprécier ainsi le retentissement fonctionnel de la pathologie respiratoire. Elle comprend classiquement la réalisation d’une spirométrie, permettant de mesurer les volumes pulmonaires mobilisables et les débits expiratoires forcés, et ainsi de mesurer le volume expiratoire maximum par seconde (VEMS) qui rapporté à la capacité vitale forcée (CVF) constitue l’indice de référence de l’obstruction bronchique (coefficient de Tiffeneau = VEMS/CVF). D’autres paramètres d’obstruction sont également étudiés (débit expiratoire médian ou DEM25-75 représentant plutôt les débits des petites voies aériennes, débit de pointe ou DEP). L’EFR comprend classiquement la mesure des volumes pulmonaires et des débits ventilatoires forcés. Les résultats de l’EFR d’un patient s’interprètent sur la base d’une comparaison avec des valeurs de référence dites normales ou théoriques. Elles ont été établies à partir de cohortes de sujets caucasiens, sains, ayant les mêmes caractéristiques anthropométriques (âge, sexe, taille).


L’examen de base est la spirométrie, le choix d’autres tests dépendant du contexte clinique (figure 26.2). Le test standard de spirométrie se déroule en quatre phases :




Un graphique représentant la courbe débit-volume durant les phases 2 et 3 de cet exercice est tracé. La courbe expiratoire est représentée au-dessus de l’axe des abscisses, la courbe inspiratoire étant située en dessous. En abscisse, la valeur mesurée en litres entre le début et la fin de l’expiration forcée correspond à la CVF. En ordonnée, le débit expiratoire, s’élève rapidement jusqu’à une valeur maximale, le débit expiratoire de pointe (DEP), puis redescend progressivement.


Des dispositifs portatifs, manuels (ex. : peakflow) ou électroniques (ex. : spiromètre électronique Pico) permettent d’apprécier la gravité et l’évolution de la maladie en mesurant le DEP en ambulatoire (voir partie correspondante).





Iatrogénie médicamenteuse et fonction respiratoire


La diminution de la fonction ventilatoire dans l’asthme conduit donc à contre-indiquer, chez les patients asthmatiques présentant un trouble ventilatoire obstructif sévère, l’utilisation de médicaments dépresseurs respiratoires, comme les opiacés (antalgiques, antitussifs) et les benzodiazépines. Les propriétés pharmacologiques de plusieurs médicaments peuvent conduire à un bronchospasme iatrogène pouvant être létal. Il est difficile d’établir une liste exhaustive, nous proposons ici quelques médicaments et situations couramment rencontrées en pratique clinique nécessitant un respect des contre-indications :




ASPECTS CLINIQUE ET SÉMÉIOLOGIQUE


L’asthme est une maladie dont l’expression clinique est hétérogène. Plusieurs phénotypes d’asthme ont été définis à partir de critères cliniques et physiopathologiques [8]. Sa prise en charge reposait sur l’évaluation de la sévérité de l’asthme, basée sur les données cliniques (fréquence des symptômes, …) et de fonction ventilatoire [6] (tableau 26.1).



Aujourd’hui, les nouvelles recommandations nationales et internationales utilisent la notion de contrôle de l’asthme. Trois niveaux de contrôle, reposant sur les symptômes diurnes et nocturnes, le recours à l’hospitalisation, la consommation de traitements de crise, le retentissement sur l’activité professionnelle et à l’exercice, la survenue d’exacerbations et le niveau d’obstruction bronchique, sur une période de temps relativement limitée et récente, de l’ordre de 2 à 4 semaines, ou entre deux consultations, ont été proposés, et sont actuellement utilisés en pratique clinique [6] (tableau 26.2).



L’asthme est une maladie chronique qui présente la particularité de pouvoir s’exprimer par la survenue plus ou moins brutale d’épisodes aigus de dyspnée, avec sifflements expiratoires, expectoration et pesanteur thoracique, correspondant aux crises d’asthme. La crise d’asthme est définie par un accès paroxystique de symptômes de durée brève (< 1 jour) variables et spécifiques d’un patient à l’autre. Une durée des symptômes supérieure à 48 heures, sans retour à un état de base, définit l’exacerbation de l’asthme, principalement liée à des infections virales ou des réactions d’hypersensibilité de type immuno-allergique, et dont la sévérité est estimée par la durée de corticothérapie par voie orale nécessaire, la diminution du DEP et la nécessité au recours aux soins d’urgences (visite médicale urgente, admission aux Urgences ouhospitalisation). L’acmé des exacerbations associée à des signes de gravité respiratoire, hémodynamique voire neurologique, conduit à l’asthme aigu grave, correspondant à deux situations : l’état de mal asthmatique, d’installation le plus souvent progressive (quelques heures ou jours), et la crise d’asthme d’apparition brutale et d’emblée sévère où le bronchospasme joue un rôle majeur.



CLASSIFICATION DES MÉDICAMENTS


Le traitement de l’asthme a considérablement évolué au cours des vingt dernières années. La théophylline a été le premier bronchodilatateur utilisé dans la prise en charge de l’asthme et n’est quasiment plus utilisée aujourd’hui. La prise en charge thérapeutique de l’asthme repose sur le traitement des manifestations aiguës par des bronchodilatateurs, éventuellement associés à des glucorticoïdes, mais également sur le traitement de fond de l’asthme afin de prévenir la survenue et limiter l’intensité des crises asthmatiques. Le pilier du traitement de fond de l’asthme repose sur les glucocorticoïdes principalement utilisés sous forme inhalée, associés ou non à d’autres classes pharmacologiques selon le contrôle de la maladie. Plusieurs innovations thérapeutiques sont apparues au cours des quinze dernières années, par l’apparition d’une part d’associations de médicaments antiasthmatiques sous forme inhalée, et d’autre part de thérapeutiques ciblées sous forme anticorps monoclonaux.


La prise en charge thérapeutique de l’asthme repose actuellement sur trois cibles impliquées dans le processus physio-pathologique de l’asthme : l’inflammation, la bronchoconstriction et les mécanismes cellulaires dans les phénotypes allergiques.




Médicaments agissant sur la bronchoconstriction


Plusieurs classes thérapeutiques agissent sur la bronchoconstriction (tableaux 26.5 à 26.8).












MÉCANISME D’ACTION


Les cibles thérapeutiques des médicaments utilisés dans le traitement de l’asthme sont (figure 26.3) :





Médicaments agissant sur l’inflammation



Glucocorticoïdes


Les glucocorticoïdes agissent par des mécanismes d’action originaux, essentiellement génomiques, représentés par la régulation transcriptionnelle, permettant soit l’activation (transactivation), soit l’inhibition (transrépression) de nombreux gènes cibles. Ces effets génomiques peuvent également être post-transcriptionnels, caractérisés par une dégradation des ARN messagers, et en particulier de certaines cytokines. L’action antiasthmatique des glucocorticoïdes repose essentiellement sur l’inhibition de la synthèse des médiateurs de la réaction inflammatoire tardive en induisant la synthèse de lipocortine, protéine inhibitrice de la phospholipase A2, bloquant ainsi la synthèse de ces métabolites à partir de l’acide arachidonique. Par leur action anti-inflammatoire, ils agiraient indirectement sur le système non adrénergique non cholinergique (système complexe à action bronchodilatatrice et bronchoconstrictrice médié par de nombreux neuromédiateurs essentiellement peptidiques) en diminuant la libération d’enzymes protéolytiques susceptibles de dégrader les peptides relaxants (vaso-intestinal peptide et peptide-histamine methionine). Les glucocorticoïdes inhibent également les secrétions glandulaires et accélèrent la clairance mucociliaire, luttant ainsi contre les obstructions muqueuses. Ils inhibent enfin le chimiotactisme pour les polynucléaires neutrophiles et éosinophiles, et augmentent l’affinité des récepteurs pour les bêta2-mimétiques, facilitant ainsi le couplage agoniste-récepteur.




Médicaments agissant sur la bronchoconstriction







Médicaments agissant sur les mécanismes allergiques (anticorps monoclonaux anti-IgE)


L’omalizumab est le seul anticorps monoclonal possédant une autorisation de mise sur le marché dans le traitement de l’asthme. L’omalizumab est un anticorps monoclonal humanisé IgG1 dirigé sélectivement contre les IgE humaines. L’omalizumab agit sur les phases précoce et tardive de la réaction allergique en inhibant le relargage des médiateurs chimiques responsables de la phase aiguë, et des facteurs chimiotactiques des polynucléaires éosinophiles impliqués dans la phase tardive [9]. Son mécanisme d’action repose principalement sur la formation de complexes inertes IgE/anti-IgE conduisant à une diminution rapide et importante de la concentration sérique d’IgE circulantes (89 à 99 %) et du nombre de leurs récepteurs à la surface des mastocytes, des polynucléaires basophiles et des cellules dendritiques, inhibant ainsi leur dégranulation et la libération de nombreux médiateurs pro-inflammatoires (leucotriènes, prostaglandines, histamine, etc.) [10]. L’omalizumab réduit également la synthèse des IgE en inhibant la présentation de l’allergène.


Les thérapies ciblées représentent une des voies d’avenir du traitement de l’asthme. Plusieurs médicaments sont en cours de développement.


Le mepolizumab est un anticorps monoclonal humanisé IgG1 dirigé sélectivement contre l’IL-5 humaine. Il agit en bloquant la liaison entre les IL-5 et leurs récepteurs situés à la surface des polynucléaires éosinophiles, inhibant ainsi la voie de signalisation de IL-5 notamment responsable de la différenciation, la maturation et la migration des cellules dans la circulation [11]. Actuellement en cours d’évaluation pour la prise en charge thérapeutique de l’asthme, son mécanisme d’action repose sur une inhibition sélective et effective de l’inflammation induite par les polynucléaires éosinophiles au cours de l’exacerbation asthmatique [12].


Le daclizumab est un anticorps monoclonal humanisé IgG dirigé sélectivement contre la sous-unité α (CD-25) du récepteur de l’IL-2 situé sur les lymphocytes T CD25+, actuellement utilisé comme immunosuppresseur dans le traitement prophylactique du rejet dans la transplantation rénale. L’inflammation des voies aériennes survenant dans l’asthme est associée à une augmentation des cellules T CD25+ activités, de l’IL-2 et des récepteurs solubles aux IL-2. Le daclizumab pourrait améliorer le contrôle de l’asthme chez les patients asthmatiques persistants insuffisamment contrôlés par les corticoïdes inhalés, en inhibant la synthèse de cytokines pro-inflammatoires par blocage des récepteurs aux IL-2 situés sur les lymphocytes T activés [13].


L’eculizumab, anticorps monoclonal humanisé IgG kappa dirigé contre la protéine C5 du complément, développé pour l’hémoglobinurie nocturne paroxystique, est actuellement en étude clinique de phase II pour le traitement de l’asthme allergique. Son mécanisme d’action repose sur l’inhibition de la formation des protéines C5a et C5b-9, impliquées dans la libération d’histamine par les mastocytes et de cytokines proinflammatoires, mais aussi dans la chimio-attraction des polynucléaires neutrophiles, éosinophiles et des macrophages [14].



CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE


La prise en charge de l’asthme repose, en plus des mesures environnementales et hygiéno-diététiques, sur la prise régulière de médicaments (traitement de fond), même en l’absence de crise. L’éducation thérapeutique joue un rôle primordial dans la prise en charge de l’asthme pour assurer une observance optimale et une utilisation adaptée des dispositifs médicaux associés. L’approche thérapeutique de l’asthme a considérablement évolué au cours des quinze dernières années par la découverte de plusieurs innovations thérapeutiques (anticorps monoclonaux, etc.). Le traitement de l’asthme a fait l’objet de multiples recommandations nationales et internationales. L’objectif de la prise en charge thérapeutique de l’asthme est d’obtenir et de maintenir de contrôle de la maladie, c’est-à-dire de :



La prise en charge thérapeutique de l’asthme reste actuellement un sujet d’actualité sur le plan international. L’utilisation et la place des bêta2-mimétiques de longue durée d’action dans l’asthme fait l’objet d’une controverse en raison du risque, suggéré par certaines études, d’exacerbation sévère ou de mortalité dans certaines sous-populations de patients asthmatiques [15, 16].



Traitement de l’adulte (et enfant ≥ 5 ans)



Traitement de fond de l’asthme



Mise en place du traitement de fond de l’asthme


L’objectif du traitement de fond de l’asthme est d’obtenir et de maintenir le contrôle de la maladie. Le recours et le choix du traitement de fond repose donc sur le niveau de contrôle de la maladie. Cinq paliers thérapeutiques d’intensité croissante ont été identifiés (figure 26.4). Quel que soit le palier, il est recommandé de réserver la prise d’un bêta2-mimétique inhalé de courte durée d’action en cas d’apparition de symptômes de crise ou d’exacerbation asthmatique. Le niveau de contrôle de l’asthme et le niveau de traitement sont les deux facteurs déterminants le choix thérapeutique à utiliser. L’approche thérapeutique de la prise en charge de l’asthme repose sur une approche par étapes (stepwise approach). La première étape de la prise en charge thérapeutique de l’asthme repose sur l’utilisation de bêta2-mimétiques de courte durée d’action à la demande. Lorsque l’asthme est non contrôlé et sans traitement de fond, il est cependant recommandé de débuter d’emblée la prise en charge thérapeutique par un palier 2 ou 3 en fonction de l’intensité des signes. Un asthme non contrôlé conduit à majorer le traitement en utilisant le niveau supérieur. La stepwise approach conduit à rechercher, chez un patient asthmatique contrôlé depuis au moins 3 mois, le plus bas niveau et les plus basses posologies de traitement permettant de maintenir le contrôle de la maladie, par étapes successives. De même, une majoration du niveau de traitement, par étapes successives, devrait être considérée en cas d’asthme partiellement contrôlé tout en tenant compte du ressenti du patient.



–  Palier 1 : pas de traitement de fond. Les patients présentant des symptômes occasionnels (toux, sifflements, dyspnée ≤ 2 fois/semaine) et de courte durée (quelques heures maximum) ne nécessitent pas de traitement de fond si, entre chaque épisode, les patients sont asymptomatiques avec une fonction ventilatoire normale. Le traitement recommandé repose sur l’utilisation de bêta2-mimétiques inhalés de courte durée d’action à la demande. D’autres médicaments (anticholinergiques inhalés, bêta2-mimétiques de courte durée d’action par voie orale ou théophylline à courte durée d’action) peuvent être considérées, en dépit d’un délai d’action moins rapide et d’un risque majoré d’effet indésirable.


–  Palier 2 : corticothérapie par voie inhalée à faible dose (≤ 250 μg/jour équivalent beclomethasone) ou antagonistes des récepteurs aux leucotriènes. Le non contrôle de l’asthme par le premier niveau de traitement conduit à introduire un traitement de fond régulier par glucocorticoïdes inhalés à faibles doses. Les antagonistes des récepteurs aux leucotriènes constituent une alternative thérapeutique aux glucocorticoïdes, particulièrement pour les patients dans l’incapacité ou le manque de volonté d’utiliser des corticoïdes par voie inhalée, ou ayant présenté des effets indésirables consécutifs à la corticothérapie.


–  Palier 3 : corticothérapie par voie inhalée à faible dose + bêta2-mimétiques de longue durée d’action ou corticothérapie inhalée à moyenne ou forte dose (> 250 μg/jour équivalent beclomethasone) ou corticothérapie inhalée à faible dose + antagoniste des récepteurs aux leucotriènes ou corticothérapie à faibles doses + théophylline. La stratégie thérapeutique recommandée à ce niveau repose principalement sur l’association de faibles doses de glucocorticoïdes par voie inhalée avec un bêta2-mimétique de longue durée d’action, en combinaison fixe ou administrés séparément. Une augmentation posologique des glucocorticoïdes doit être envisagée en cas de contrôle insuffisant de l’asthme après 3 mois de traitement. L’utilisation de glucocorticoïdes inhalés seuls à dose moyenne constitue une alternative thérapeutique à l’association glucocorticoïdes à faible dose et bêta2-mimétique de longue durée d’action, particulièrement chez les enfants de moins de 4 ans, en raison d’une part du manque de données chez cette population, et d’autre part du fait d’une efficacité probablement inférieure par rapport à l’augmentation posologique des glucocorticoïdes par voie inhalée. Deux autres alternatives thérapeutiques aux bêta2-mimétiques de longue durée d’action sont possibles : antagonistes des récepteurs aux leucotriènes et théophylline.


–  Palier 4 : corticothérapie par voie inhalée à moyennes ou fortes doses (> 250 μg/jour équivalent beclomethasone) + bêta2-mimétiques de longue durée d’action et/ou antagonistes des récepteurs aux leucotriènes et/ou théophylline. Le choix des traitements dépend de la stratégie thérapeutique mise en place aux deux précédents niveaux. L’approche la plus fréquente repose sur l’association de moyennes ou fortes doses de glucocorticoïdes par voie inhalée avec un bêta2-mimétique de longue durée d’action. L’utilisation de fortes doses de glucocorticoïdes est associée à une majoration du risque d’effets indésirables. Elle est seulement recommandée pendant une période de 3 à 6 mois au cours de laquelle le contrôle de l’asthme ne peut être atteint avec une dose moyenne de glucocorticoïdes inhalés associés à un bêta2-mimétique de longue durée d’action et/ou un antagoniste des récepteurs aux leucotriènes ou la théophylline. L’utilisation d’antagoniste des récepteurs aux leucotriènes avec des moyennes ou fortes doses de glucocorticoïdes par voie inhalée présente un bénéfice moins important qu’avec les bêta2-mimétiques de longue durée d’action.


–  Palier 5 : corticothérapie par voie orale ± omalizumab (anticorps monoclonal réservé aux asthmes allergiques sévères réfractaires) en association aux traitements de palier 4. Le recours aux glucocorticoïdes par voie orale ne doit être envisagé que chez les patients présentant un asthme sévère non contrôlé par les traitements utilisés précédemment, présentant une limitation de l’activité ainsi que des exacerbations fréquentes, après avoir contrôler tous les autres facteurs susceptibles d’entraîner un défaut du contrôle de la maladie (exposition environnementale, observance thérapeutique, obésité, pathologies ORL, etc.). Cette stratégie thérapeutique est efficace mais elle est associée à l’apparition d’effets indésirables. La dose minimale efficace doit être recherchée. Le recours aux anticorps monoclonaux anti-IgE (seuls anticorps monoclonaux actuellement commercialisés en France) permet une amélioration significative du contrôle de l’asthme chez les patients présentant un asthme allergique non contrôlé par les autres alternatives thérapeutiques.





Traitement de l’asthme aigu


L’asthme aigu doit être considéré comme une urgence médicale, dont la gravité doit être rapidement évaluée. L’évaluation tient compte du terrain (antécédents d’asthme, âge, fonction ventilatoire, comorbidités, .), des circonstances de survenue (interruption du traitement anti-inflammatoire, exposition à un allergène, surconsommation de médicaments bronchodilatateurs, …) et de la présentation clinique (figure 26.5). La mesure du débit expiratoire de pointe (DEP) permet de quantifier l’obstruction bronchique. Les formes sévères d’emblée nécessitent une hospitalisation rapide. Dans les autres cas, l’efficacité du traitement de première ligne doit être rapidement réévaluée avant de décider du maintien à domicile du malade. La survenue d’asthme aigu sévère et/ou fréquent doit conduire à une réévaluation du traitement de fond.



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May 4, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 26: TRAITEMENT DE L’ASTHME (À L’EXCEPTION DE LA DÉSENSIBILISATION)

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