Chapitre 24 Imagerie des lésions osseuses du temporal
L’exploration en imagerie d’une surdité se focalise, en fonction de l’orientation clinique, souvent sur l’otospongiose, les atteintes inflammatoires (otite chronique et cholestéatome) et les lésions de l’angle pontocérébelleux (neurinome de l’acoustique).
L’otospongiose ne sera pas traitée dans ce chapitre (cf. chapitre 18). Ce chapitre non exhaustif présente les principales ostéodystrophies de l’os temporal ainsi que leurs principaux diagnostics différentiels.
Dysplasie fibreuse
La dysplasie fibreuse est une anomalie congénitale du développement osseux, caractérisée par une prolifération intra-osseuse anormale de tissue fibreux, présentant des degrés variables de métaplasie. Cette prolifération aboutit à la formation d’un os immature, constitué d’éléments fibreux associés à des travées anarchiques d’os spongieux. Son incidence est sous-estimée, étant le plus souvent asymptomatique, de découverte fortuite [1, 2]. Elle touche essentiellement les adultes jeunes avec un âge moyen de 22 ans sans prédilection de sexe [3, 4].
On distingue deux variétés de dysplasie fibreuse, l’une mono-ostotique (ou à localisation unique) et l’autre polyostotique (ou à localisations multiples) [3, 5].
La forme polyostotique atteint au moins deux sites osseux distincts (fig. 24-1). Elle concerne les enfants de moins de 10 ans. Elle est souvent symptomatique et de gravité plus importante. On décrit des formes isolées de la maladie et des formes syndromiques :
La dysplasie fibreuse de l’os temporal entre dans le cadre de la dysplasie fibreuse craniofaciale, qui est une entité à part entière. Une des particularités de la dysplasie fibreuse est d’avoir une répartition volontiers unilatérale, avec pour le crâne un respect souvent très strict de la ligne médiane. Elle se localise préférentiellement au niveau de l’os frontal, du sphénoïde, de l’ethmoïde et du maxillaire. Moins fréquemment, on peut retrouver une atteinte au niveau de l’os temporal, de l’os malaire, du pariétal, de la mandibule et de l’occipital [1, 2, 4, 6].
Aspects en imagerie
En radiologie conventionnelle et en tomodensitométrie (TDM), trois formes sont décrites :
L’aspect typique est celui d’un os hypertrophié et déformé, par une lésion expansive intramédullaire, refoulant les corticales qui sont amincies (fig. 24-2). Les lésions traversent aussi bien les sutures de la voûte que les synchondroses de la base. En général la capsule otique est épargnée.
L’IRM montre une masse expansive avec faible signal à la fois en TI et T2, la prise de contraste étant variable. Son intérêt est d’étudier le retentissement des remaniements osseux sur les structures adjacentes (fig. 24-3).
Diagnostics différentiels
Méningiome en plaque
Une dysplasie fibreuse scléreuse peut simuler un méningiome en plaque.
Les méningiomes en plaque peuvent infiltrer la dure-mère et parfois l’os, notamment dans la région sphéno-orbitaire. Ces derniers présentent alors en TDM une condensation et une hyperostose d’aspect spiculé ; en IRM la prise de contraste durale est constante [8] (fig. 24-4).
Sclérose mastoïdienne cicatricielle d’une otite chronique
On visualise fréquemment une hypoventilation des cellules mastoïdiennes avec sclérose mastoïdienne, au cours de l’otite chronique (fig. 24-5). La mastoïde prend alors un aspect non ventilé, présentant des corticales respectées et le siège d’une cicatrice médullaire en verre dépoli.
Évolution
L’évolution est lentement progressive, avec en général une stabilisation des lésions à l’âge adulte.
La dégénérescence sarcomateuse est une complication rare représentant 0,4 à 1 % des cas [4]. Elle peut être spontanée ou favorisée par la radiothérapie.
Elle est plus fréquente dans les formes polyostotiques.
Traitement
Les traitements par les biphosphonates ont montré leur capacité à réduire l’intensité des douleurs et à améliorer l’aspect radiologique [7], mais les indications ne sont pas encore parfaitement précisées.
Le traitement est chirurgical pour les formes symptomatiques avec compression nerveuse.
Maladie de Paget de l’os temporal
La première phase est une phase de résorption ostéoclastique suivie d’une phase mixte d’activité ostéoclastique et ostéoblastique conférant à l’os un aspect en mosaïque « cotonneux » très caractéristique. L’os pagétique est alors le siège d’une importante hypervascularisation.
La moelle osseuse est remplacée par du tissu fibreux.
Signes cliniques
La traduction clinique associe des douleurs et une déformation du relief osseux :