23: Imagerie des traumatismes du rocher

Chapitre 23 Imagerie des traumatismes du rocher



Les traumatismes du rocher sont fréquents. Leurs causes sont dominées par les accidents de la voie publique et les traumatismes sportifs par impact direct sur l’os temporal ou l’os occipital.


Les traumatismes du rocher exposent cependant à de multiples complications potentiellement graves au premier rang desquelles la paralysie faciale, la surdité, et l’otorrhée de liquide céphalorachidien (LCR). Le scanner est l’examen d’imagerie de première intention. Son but est de repérer le ou les trait(s) de fracture, dont la nature extra- ou translabyrinthique présente une valeur pronostique quant à la récupération fonctionnelle, et permet, le cas échéant, de planifier un traitement chirurgical.


Les lésions ossiculaires associées sont souvent de diagnostic plus tardif, après résorption de l’hémotympan. La présence d’un pneumolabyrinthe oriente d’emblée vers une fistule périlymphatique pouvant témoigner d’une fracture labyrinthique. La présence d’une pneumo-encéphalie témoigne d’une brèche ostéoméningée dont le risque essentiel est la fuite de LCR et les complications infectieuses (méningite, abcès cérébral…). La brèche peut passer inaperçue et ne se révéler que tardivement en raison d’une persistance de l’épanchement tympanique (hémotympan). Les méningocèles, les encéphalocèles ou les cholestéatomes post-traumatiques sont rares, et leur diagnostic nécessite souvent le recours à l’IRM.




Clinique


On distingue le plus souvent trois situations cliniques :





Certains signes cliniques orientent vers une atteinte traumatique du rocher :









Le tableau clinique qui accompagne une fracture du rocher est d’intensité variable. Certaines fractures sont totalement asymptomatiques, d’autres au contraire s’accompagnent d’emblée ou de façon retardée d’un tableau très franc. Les tests audiovestibulaires doivent être réalisés afin de déterminer la nature de l’atteinte fonctionnelle.


Les vertiges sont fréquents, d’intensité et de durée variables. Ils peuvent être liés à l’ébranlement des liquides labyrinthiques créé par la brusque accélération/décélération due au traumatisme, à une commotion du labyrinthe membraneux postérieur avec ou sans hémolabyrinthe, à une fracture labyrinthique ou à une fistule périlabyrinthique postérieure secondaire à une fracture de la fenêtre ronde ou de la fenêtre ovale. Plus rarement ils sont liés à un spasme de l’artère auditive interne.


La surdité de transmission est très fréquente. Elle peut être liée à la présence d’un hémotympan, à une déchirure de la membrane tympanique, à une luxation ou une fracture ossiculaire. Sa persistance audelà de trois mois doit faire rechercher de principe une lésion de la chaîne ossiculaire passée inaperçue.


La surdité de perception témoigne soit d’une commotion du labyrinthe membraneux antérieur soit d’une fracture du labyrinthe. Elle est de mauvais pronostic en particulier s’il s’agit d’une cophose d’emblée. Elle peut se développer secondairement et traduire une labyrinthite ossifiante, mode évolutif de l’hémolabyrinthe ou complication secondaire à une méningite.


Les paralysies faciales post-traumatiques sont peu fréquentes (2 à 3 % des traumatismes). Elles peuvent survenir d’emblée, témoin d’une lésion directe du nerf (section, blessure par une esquille osseuse) ou être d’installation retardée et progressive en raison d’un œdème ou d’un hématome du nerf qui le comprime progressivement dans son canal.





Différents types de fracture


La caractérisation des fractures du rocher résulte de la combinaison de deux classifications :





Dans les deux cas c’est le mécanisme de propagation de l’onde de choc qui détermine le type des lésions observées.



Fractures longitudinales


Ce sont les plus fréquentes (environ 80 %).


L’onde de choc aborde l’os temporal latéralement, du dehors en dedans et le trait de fracture suit le grand axe du rocher. Il peut passer en avant, dans ou en arrière de la cavité tympanique. Les cinq points de propagation de l’onde de choc sont, d’avant en arrière :







Le trait est en général amorti par les cavités aériennes de l’os temporal. La solution de continuité peut s’arrêter dans l’antre ou la cavité tympanique ou se poursuivre en fonction de la puissance de l’onde de choc. Parfois celle-ci se propage jusqu’au sinus sphénoïdal, plus rarement au toit de l’orbite opposée.


Le trait de fracture peut être responsable d’une disjonction incudo-malléaire, d’une fracture ossiculaire voire d’une fracture-luxation du marteau ou de l’enclume. Parfois c’est seulement une lame hématique dans le prolongement du trait de fracture qui vient barrer la cavité tympanique et qui marque la zone de propagation de l’onde de choc.


L’atteinte du nerf facial se fait, en général, en cas de propagation du trait en avant, vers le ganglion géniculé ou la portion tympanique de l’aqueduc de Fallope, dans son tiers antérieur ou moyen (fig. 23-2). L’atteinte faciale peut résulter d’une fracture postérieure de la mastoïde (fig. 23-3).




L’oreille interne et la capsule labyrinthique sont généralement respectées sauf dans certaines fractures longitudinales postérieures ou des fractures multiples complexes qui, rarement, peuvent avoir une composante translabyrinthique (fig. 23-4 et 23-5).


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 23: Imagerie des traumatismes du rocher

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