22: Variantes, artefacts et pièges

Chapitre 22 Variantes, artefacts et pièges




L’imagerie par résonance magnétique est depuis de nombreuses années l’examen de référence pour la plupart des affections encéphaliques. Les performances de l’IRM reposent sur sa grande sensibilité, la caractérisation topographique et tissulaire des lésions ainsi que sur ses potentialités d’approche métabolique. Cependant, de nombreuses variantes et des images pièges peuvent altérer la qualité de l’interprétation d’une exploration IRM et aboutir à des erreurs diagnostiques préjudiciables.



Dilatation des espaces périvasculaires de Virchow-Robin


Les EPVR ont souvent été considérés comme une extension de l’espace sous-arachnoïdien le long des vaisseaux perforants jusqu’au niveau capillaire [3]. Des données récentes démontrent une séparation entre le liquide des EPVR et le LCS des espaces sous-arachnoïdiens ; l’EPVR représenterait un piégeage de liquide interstitiel (fig. 22.1). La dilatation des EPVR est fréquente ; dans la plupart des cas, la topographie, la morphologie et le signal permettent aisément de différencier les dilatations des EPVR de lacunes ischémiques, d’autant que ces anomalies sont de découverte fortuite sans aucune corrélation avec le tableau clinique qui a conduit à la réalisation de l’examen IRM [8, 13]. C’est au niveau de la partie inférieure et antérieure du noyau lenticulaire, le long des artères lenticulostriées, que la dilatation des EPVR est la plus fréquente (fig. 22.2 et 22.3). Un signal similaire à celui du LCS, hypointense en T1, hyperintense en T2, hypointense en FLAIR et hypointense en imagerie de diffusion, caractérise la dilatation des EPVR et permet le diagnostic différentiel avec des lacunes ischémiques (voir chap. 17). Les facteurs de risque vasculaire, notamment l’hypertension artérielle, sont souvent responsables d’une dilatation bilatérale, symétrique et diffuse des EPVR au niveau lenticulaire, capsulaire et caudé, qui se différencie aisément des dilatations physiologiques des EPVR [1] (voir fig. 17.3).





Les localisations topographiques moins classiques, voire rares, peuvent poser des problèmes de diagnostic différentiel, notamment avec des lacunes ischémiques. C’est le cas de la dilatation des EPVR au niveau des pédoncules cérébraux, de la substance blanche sus-tentorielle, notamment en sous-cortical (Fig. 22.4 à 22.6). La dilatation des EPVR au niveau de la substance blanche est souvent responsable d’un aspect « peigné » de la substance blanche, particulièrement bien démontré en T2 et en inversion-récupération en haute résolution (fig. 22.7). Chez l’adulte, ces dilatations semblent augmenter avec l’âge, mais ne sont pas corrélées à des modifications cliniques ; chez l’enfant, il semble exister une corrélation entre la dilatation des EPVR et l’existence de troubles neuropsychiatriques.






La dilatation des EPVR est parfois importante et en impose pour un processus tumoral kystique multiloculaire avec parfois un effet de masse marqué ; de telles lésions s’observent au niveau lenticulaire et thalamo-pédonculaire [14] (fig. 22.8).




Angiomes veineux (anomalies du développement veineux)


Les angiomes veineux (AV) résultent d’une anomalie du développement des veines médullaires de la substance blanche et représentent une anomalie du drainage veineux. L’angiome veineux est formé par un réseau de veinules (« tête de méduse »), qui convergent vers un tronc veineux dilaté qui se draine vers une veine corticale puis vers un sinus ou vers une veine profonde initialement épendymaire [3,16]. Les angiomes veineux existent chez 1 à 8 % des individus. Les localisations frontales et cérébelleuses sont les plus fréquentes, mais toutes les régions peuvent être touchées, notamment le tronc cérébral. L’angiome veineux reste souvent invisible sur les séquences conventionnelles non injectées, parfois il apparaît sous la forme d’une hypo ou d’une hyperintensité linéaire au sein de la substance blanche. L’IRM en T1 et/ou l’ARM veineuse après injection de gadolinium visualisent la « tête de méduse » et le collecteur veineux principal ainsi que son drainage (Fig. 22.9 à 22.12).






La plupart des angiomes veineux sont découverts fortuitement et restent totalement asymptomatiques ; ils peuvent néanmoins être responsables d’exceptionnelles hémorragies cérébrales, notamment au niveau cérébelleux, voire de lésions ischémiques par thrombose de la veine principale de l’angiome veineux. L’angiome veineux est souvent isolé, mais peut exceptionnellement être associé à des troubles de la migration neuronale et plus fréquemment à un angiome caverneux ; un quart à un tiers des angiomes veineux serait associé à un angiome caverneux, ce qui implique le recours systématique au T2 en écho de gradient lors de la découverte et du bilan d’un angiome veineux [25].




May 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 22: Variantes, artefacts et pièges

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