Chapitre 22. Traumatismes du rein et des voies excrétrices
TraumatismesreinLes lésions rénales sont très fréquentes au cours des traumatismes fermés abdominaux, retrouvées dans environ 10 % des cas et qualifiées dans plus de 90 % des cas, de mineures. Les mécanismes lésionnels impliqués sont les suivants :
• impact direct en compression, le rein droit serait alors plus vulnérable par sa topographie «basse», non protégé par le gril costal;
• plus rarement, décélération avec forces de cisaillement sur le pédicule rénal notamment, les lésions prédominent alors à gauche.
Les lésions rénales, à la différence des lésions de l’arbre urinaire, sont plus rares au cours des traumatismes ouverts.
La présence d’une anomalie préexistante : rein en fer à cheval, syndrome de jonction, polykystose ou toute tumeur rénale, augmente le risque de lésions traumatiques.
N.B. Une hématurieReinhématurie microscopique isolée (avec normotension artérielle) post-traumatique ne justifie pas la réalisation d’une imagerie (risque infime de lésion rénale). La présence d’une hématurie et son intensité ne sont en aucun cas corrélées à l’importance du traumatisme rénal. Les indications d’imagerie rénale sont rappelées dans le tableau suivant (tableau 22-1).
Hématurie macroscopique. Hématurie microscopique avec signes de choc (TA < 9mmHg). Signes de contusion sévère d’un flanc ou fracture de côte basse ou d’une apophyse transverse lombaire. Traumatisme pénétrant. Mécanisme évocateur (décélération). Présence d’un autre traumatisme intra-abdominal. Dans tous les cas chez l’enfantenfant quel que soit son état hémodynamique et quelle que soit l’intensité de l’hématurieenfanthématurie. |
Image typique
Il s’agit d’un défaut de rehaussement focal ou diffus du rein et/ou de son système excréteur. Les différents types de lésions rencontrées en TDM et abordées dans ce chapitre sont colligés dans le tableau suivant (tableau 22-2). Il faudra systématiquement rechercher des lésions associées des organes adjacents (foie et surrénale à droite, et rate et surrénale à gauche, ainsi que des fractures des côtes basses ou des apophyses transverses lombaires).
Lésions parenchymateuses | Contusion. Hématome. Lacération/Fracture. |
Lésions périrénales | Hématome sous-capsulaire. Hématome périrénal. Urinome/Urohématome. Hémorétropéritoine extensif (rare). |
Lésions des voies excrétrices | Rupture des cavités pyélocalicielles (souvent sur fracture rénale). Avulsion urétérale plus ou moins complète. |
Lésions vasculaires | Artérielle : pédiculaire ou segmentaire/dissection ou rupture (saignement contenu ou non). Veineuse pédiculaire : thrombose ou avulsion. |
Lésions parenchymateuses
Contusion
ReinContusionC’est une plage hypodense intraparenchymateuse (défaut de rehaussement et/ou d’excrétion), de contours irréguliers, faiblement rehaussée (bien moins que le parenchyme adjacent) ce qui permet de la différencier d’un éventuel infarctus segmentaire qui n’est pas du tout rehaussé. Elle peut être soit focale (fig. 22-1 et 22-2), soit diffuse donnant alors un aspect de néphrographie retardée (striation rénale diffuse, comme dans la pyélonéphrite aiguë) traduisant un œdème interstitiel avec rupture des tubes collecteurs responsable d’une extravasation urinaire (donc de PDC) interstitielle pouvant persister plusieurs jours après le traumatisme.
Fig. 22-1 |
Fig. 22-2 |
Hématome
ReinHématomeC’est une lésion de petite taille, ronde ou ovalaire, de contours irréguliers, spontanément hyperdense puis hypodense par rapport au parenchyme après injection. En l’absence de passage sans injection qui permet de le dépister, un hématome peut mimer en tout point une contusion ou bien passer inaperçu (si de petite taille, noyé dans le rehaussement parenchymateux).
Lacération
ReinLacérationElles sont mieux analysées au temps artériel, et correspondent à des lésions hypodenses linéaires irrégulières, classiquement le long des vaisseaux et comblées par du sang. Elles s’associent souvent à un hématome périrénal. Il convient de préciser la topographie superficielle (à moins de 1cm de la corticale) ou profonde (à plus de 1cm de la corticale) et de préciser l’atteinte éventuelle de la médullaire et du système collecteur (Fig. 22-3, Fig. 22-4 and Fig. 22-5).
Fig. 22-3 |
Fig. 22-4 |
Fig. 22-5 |
Si elle met en contact deux surfaces du rein, on parle de fractureReinfracture rénale. Le stade ultime est celui de fracture-éclatement du rein, en rapport avec des lacérations multiples parenchymateuses et des voies excrétrices délimitant plusieurs fragments rénaux plus ou moins vascularisés et associés à un urohématomeReinurohématome (fig. 22-6).
Fig. 22-6 |
Lésions périrénales
Hématome sous-capsulaire
ReinHématome sous-capsulaireC’est un épanchement hématique en périphérie du rein, en croissant, spontanément hyperdense puis hypodense sur les séries injectées, exerçant un effet de masse (indentation ou un aplanissement) sur le parenchyme adjacent (fig. 22-7). S’il est abondant, il peut exercer un effet de masse majeur sur le parenchyme, prenant alors une forme biconvexe et entraînant un retard sécrétoire et excrétoire par compression veineuse. Il peut alors être difficile de le différencier d’un hématome périrénal extra-capsulaire limité par le septum «réno-rénal» qui peut prendre à peu près le même aspect mais qui ne sera pas compressif sur le parenchyme rénal. Un hématome sous-capsulaireReinhématome sous-capsulaire peut diffuser dans l’espace périrénal, puis par contiguïté dans les autres espaces rétropéritonéaux, en cas de rupture de la capsule (fig. 22-8).