22: Angle pontocérébelleux et conduit auditif interne

Chapitre 22 Angle pontocérébelleux et conduit auditif interne



La pathologie des angles pontocérébelleux est dominée par les tumeurs, en particulier les schwannomes, puis par les anomalies vasculaires, et enfin par les pathologies inflammatoires et infectieuses. Ce chapitre ne traitera pas de la pathologie intra-axiale tumorale (gliome, hémangioblastome, épendymome, papillome, DNET), vasculaire (AVC, syndrome de Wallenberg), ou inflammatoire (sclérose en plaque). Il traitera des aspects fréquemment rencontrés en imagerie de la pathologie extra-axiale de l’angle pontocérébelleux.


Les lésions développées dans l’angle pontocérébelleux (APC) et le méat auditif interne (MAI) peuvent être asymptomatiques et de découverte fortuite au cours d’un examen d’imagerie réalisé pour une autre raison, ou au contraire être responsables d’une symptomatologie dont la richesse et l’intensité sont extrêmement variables. Elle est habituellement dominée par la surdité de perception rétro-cochléaire, les vertiges, les acouphènes mais aussi des signes d’atteinte des autres nerfs crâniens que le VIII, voire des signes d’hypertension intra-cranienne. L’exploration en imagerie (cf. chapitre 16) de APC et du MAI est essentiellement représentée par l’imagerie par résonance nucléaire (IRM). La tomodensitométrie (TDM) reste utilisée pour certaines pathologies, notamment pour l’étude des structures osseuses. L’angiographie cérébrale a des indications limitées dans le domaine diagnostique. L’imagerie peut être utilisée en peropératoire pour le repérage stéréotaxique en chirurgie (neuronavigation), et en radiochirurgie (gamma knife).



Lésions tumorales


Approximativement 10 % des tumeurs intracrâniennes prennent leur origine dans l’APC. L’imagerie revêt un point important dans le diagnostic, pour l’évaluation préopératoire, ainsi que pour la surveillance. Par ordre de fréquence ils s’agit du schwannome puis du méningiome.



Schwannomes


Les schwannomes sont des tumeurs bénignes développées aux dépens de la gaine des nerfs, à partir de prolifération de cellules de Schwann. De rares cas de schwannomes malins ont été décrits [1]. Le nerf vestibulaire est le plus souvent atteint bien que les schwannomes puissent intéresser tous les nerfs de l’APC.


Leurs aspects en imagerie présentent des caractéristiques communes. L’IRM est réalisée en première intention. En cas de contre-indication de l’IRM, un scanner sans injection puis avec injection peut être réalisé.


Le scanner montre un élargissement du méat acoustique interne et plus particulièrement de son porus lorsque le schwannome est étendu à l’angle pontocérébelleux. La grande majorité des schwannomes n’est pas calcifiée. La prise de contraste en scanner est plus modérée qu’en IRM.


En IRM, il s’agit classiquement d’une lésion ronde ou ovalaire dans l’APC, bien limitée, déve loppée aux dépens du nerf vestibulaire, présentant un aspect :








Peu d’études relatent le signal en diffusion des schwannomes. Le coefficient de diffusion (ADC) semble élevé (1,334 (± 0,211)•10− 3 mm2/s de façon significativement supérieure aux méningiomes (0,939 (± 0,059)•10− 3 mm2/s) [3]. En T1 gadolinium dynamique, leur rehaussement semble progressif sur trois minutes [4, 5].



Schwannomes vestibulaires (VIII)


Anciennement nommés neurinomes de l’acoustique, ils représentent la grande majorité (60 à 90 %) des tumeurs de l’APC, et presque un dixième des tumeurs intracrâniennes. Ils se rencontrent le plus souvent chez l’adulte. Environ 7 % des patients présentant un schwannome vestibulaire sont atteints de neurofibromatose de type 2 [6]. Rarement, le schwannome vestibulaire se développe dans le labyrinthe (cf. chapitre 19).


La présentation clinique initiale la plus commune est celle d’une surdité de perception d’apparition progressive retrouvée dans 86 [7] à 95 % [8] des séries, elle est de type rétrocochléaire. Les acouphènes (86 à 51 %) [8] sont plus fréquemment rencontrés pour les petits schwannomes. Une surdité brusque est une présentation moins classique (5 % des surdités brusques sont liées à des schwannomes [9]).


Une présentation atypique n’est pas exceptionnelle (3,7 % des cas) sous forme de nausées, vomissement, vertige. Les signes de souffrance des nerfs adjacents (nerf facial et nerf trijumeau) restent l’apanage des volumineux schwannomes vestibulaires.


En imagerie, on distingue les schwannomes à développement intraméatal pur, pour lesquels les mesures se font dans la longueur selon l’axe du méat, et perpendiculairement pour la largeur. Pour les autres schwannomes extraméataux, la taille de la tumeur est évaluée par des mesures linéaires en millimètres, intéressant le plus grand diamètre extraméatal. L’utilisation de mesure volumique, bien qu’apparaissant plus précise [10], reste dépendante des algorithmes utilisés et ne modifie pas la prise en charge thérapeutique.


L’IRM doit distinguer clairement le contingent intraméatal du contingent extraméatal et mesurer le plus grand diamètre extraméatal qui sert seul de référence pour la surveillance (la taille des deux contingents ne doit pas être additionnée).


Elle précisera également :




La conférence de consensus de Kyoto [11] a défini une classification en cinq grades, fonction du siège et de la taille de la lésion (tableau 22-1).


Tableau 22-1 Classification des Schwannomes du VIII [11].





























Tumeur Taille Grade
Tumeur intraméatale   0
Tumeur extraméatale Petite 1–10 mm 1
Moyenne 11–20 mm 2
Moyennement large 21–30 mm 3
Large 31–40 mm 4
Géante > 40 mm 5
Préciser :



Les schwannomes du VIII s’étendent le long du nerf cochléovestibulaire. L’IRM 3D T2 (CISS) doit préciser :





Pour la surveillance post-thérapeutique, la plupart des centres proposent une IRM à un an, puis une surveillance annuelle les cinq premières années en l’absence de modification de leur taille [13] (fig. 22-1)






Schwannomes des nerfs mixtes (fig. 22-2)


Le neurinome du nerf glossopharyngien IX est le plus fréquent dans cette localisation [14], suivi du nerf vague X et du nerf spinal XI. Il se révèle par un syndrome du foramen jugulaire (syndrome de Vernet), associant anesthésie de l’hémivoile du palais, paralysie du larynx et du pharynx et faiblesse de l’épaule [14].



En imagerie, ils se présentent sous la forme d’un syndrome de masse occupant la pars nervosa du foramen jugulaire, l’origine nerveuse précise n’étant identifiée qu’en peropératoire. Lorsque ils sont volumineux, ils présentent classiquement un aspect en bouchon de champagne avec un contingent dans la pars nervosa du foramen jugulaire et un contingent intracisternal. Le contingent cisternal est localisé sous le plan du VIII et du V mais peut remonter dans la partie haute de la citerne, voire très exceptionnellement jusqu’au contact de la tente du cervelet. Ils prennent un aspect en diabolo de part et d’autre du foramen jugulaire, lorsqu’ils s’étendent dans l’espace parapharyngé rétrostylien le long des nerfs cervicaux. La veine jugulaire interne peut alors être comprimée mais n’est qu’exceptionnellement occluse.



Neurofibromatose de type 2


La neurofibromatose de type 2 (NF2) touche environ une personne sur 40 000. La NF2, décrite pour la première fois en 1822 par Wishart, est une phacomatose, impliquant des anomalies de développement du tissu ectodermique, et conduisant à la constitution de « phacomes » cutanées, nerveuses et oculaires. Il s’agit d’une affection génétique à transmission autosomique dominante à forte pénétrance, liée à la mutation du gène NF2 sur le chromosome 22 codant la schwannomine. La plupart des cas correspondent à des mutations récentes.


Le mode d’apparition est la surveillance d’une surdité de perception parfois bilatérale généralement entre 18 et 24 ans, parfois dans l’enfance, mais jamais après 30 ans (fig. 22-3). L’atteinte auditive est la conséquence d’un schwannome vestibulaire. La présence de schwannomes vestibulaires bilatéraux est caractéristique de la NF2. Les schwannomes peuvent toucher les nerfs crâniens, ainsi que la moelle épinière. Les méningiomes, les astrocytomes ou les épendymomes associés sont de mauvais pronostic.



Des signes dermatologiques associés sont plus rares. Il s’agit de taches café-au-lait et quelques neurofibromes cutanés ou sous-cutanés. Des signes oculaires sont souvent associés, dus à une cataracte postérieure sous-capsulaire ou capsulaire (dès le jeune âge), ainsi qu’à des gliomes de la papille et des membranes épirétiniennes. Un méningiome du nerf optique peut compliquer le tableau.


Depuis 2002, le diagnostic s’appuie sur les critères de Manchester [18] permettent d’établir le diagnostic :







Méningiomes


Le méningiome de l’APC est, par ordre de fréquence, le deuxième type tumoral après le schwannome. Il représente 3 à 6 % des tumeurs de l’APC. Il se rencontre de façon sporadique ou associé à une neurofibromatose de type 2.


Il s’agit d’une tumeur bénigne à croissance lente développée sur la surface durale, à partir de cellules arachnoïdiennes, de fibroblastes duraux ou des cellules piales. Macroscopiquement, le méningiome se présente habituellement sous la forme d’une tumeur bosselée, charnue, dense et blanchâtre, au contact du cortex dont elle reste toujours distincte, plus ou moins facilement clivable (fig. 22-4).



Parfois il s’étend en surface et prend l’aspect d’un méningiome « en plaque » (fig. 22-5).


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 22: Angle pontocérébelleux et conduit auditif interne

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