21: Trouble du déficit de l’attention (TDA) et trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)

Chapitre 21 Trouble du déficit de l’attention (TDA) et trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)






Trouble du déficit de l’attention (TDA) et trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)


Le trouble du déficit de l’attention se caractérise par un manque d’attention, des difficultés de concentration et de l’impulsivité. Lorsqu’il est associé à une hyperactivité, on l’appelle trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). On le diagnostique plus fréquemment chez les enfants. Selon le National Institute of Mental Health, entre 3 et 5% des enfants américains souffrent d’un TDAH1.


Bien que le TDA et le TDAH soient des troubles du comportement essentiellement diagnostiqués pendant l’enfance, les symptômes peuvent perdurer à l’âge adulte. Chez les enfants, le TDAH entraîne de mauvais résultats scolaires, un travail irrégulier, une immaturité émotionnelle et des difficultés sociales.


Des cartes du cerveau utilisant des mesures quantitatives de l’électroencéphalogramme pour évaluer l’activité des ondes cérébrales dans les différents lobes du cerveau ont permis de rendre compte du TDA et du TDAH. Dans le lobe frontal, lieu de la pensée analytique focalisée, il semble que les patients souffrant de TDA/TDAH aient une production anormalement forte d’ondes alpha et/ou théta (généralement associées aux états de rêverie avec yeux fermés) et plus faible d’ondes béta (généralement associées à la pensée analytique focalisée).


Lors d’un test avec « yeux ouverts » impliquant du calcul mental ou de la lecture, la plupart des gens produisent moins d’ondes alpha (ou théta) et plus d’ondes béta. Ce mode de fonctionnement du cerveau semble être indispensable pour un maximum d’attention focalisée et la résolution de problèmes. Soumis au même test, les personnes qui souffrent d’un TDAH semblent incapables d’opérer le changement nécessaire de type de focalisation au niveau du fonctionnement du cerveau.


La présentation du TDA et du TDAH abordera les rubriques suivantes :




Trouble du déficit de l’attention en médecine occidentale



Symptômes


Les principales caractéristiques du TDAH sont l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. Chez les enfants, ces symptômes prennent des mois avant de se manifester, souvent par des signes d’impulsivité et d’hyperactivité qui précèdent le déficit de l’attention, celui-ci pouvant n’apparaître qu’un an (ou plus) plus tard.


Lorsque, chez un enfant, l’hyperactivité, la distractibilité, la mauvaise concentration ou l’impulsivité commencent à affecter ses résultats scolaires, ses relations avec les autres enfants ou son comportement au sein de la famille, on peut alors soupçonner un TDAH.


Selon la version la plus récente du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, il y a trois types de comportement qui peuvent signaler un TDAH. Ce sont le manque d’attention, l’hyperactivité et l’impulsivité2. Autrement dit, il y a trois sous-groupes dans le TDAH (Tableau 21.1) :



Tableau 21.1 Types de TDAH



















SYMPTÔMES TYPE HYPERACTIVITÉ TYPE INATTENTION
Hyperactivité prédominante +
Inattention prédominante +
Type mixte + +





Les causes possibles du TDA et du TDAH


Les causes les plus reconnues semblent être du domaine de la neurobiologie et de la génétique. Mais les facteurs environnementaux peuvent avoir une influence sur la gravité du trouble, surtout sur le degré d’atteinte et de souffrance que l’enfant peut ressentir.








Traitement du TDA et du TDAH


Le National Institute of Mental Health (NIMH) a initié de nombreuses études sur les traitements du TDAH et a conduit l’étude la plus vaste jamais réalisée sur l’évaluation des traitements de cette pathologie. Cette étude est connue sous le nom de Multimodal Treatment Study of Children with Attention Deficit Hyperactivity Disorder (MTA)8.


Cette étude a impliqué 579 garçons et filles allant à l’école primaire (95 à 98 sur 6 sites différents) répartis au hasard dans un des quatre programmes thérapeutiques suivants : (1) médicaments seuls, (2) thérapie comportementale seule, (3) association des deux, (4) aide familiale classique.


Les résultats de cette étude montrent que le traitement mixte, à long terme, et le traitement médicamenteux ont donné de meilleurs résultats que la thérapie comportementale ou l’aide familiale classique. Un autre avantage du traitement mixte est qu’il a été possible de traiter efficacement ces enfants avec des doses de médicaments moins fortes que celles administrées dans le groupe traité uniquement par médicaments.


Pendant des années, on a utilisé des médicaments pour traiter les symptômes du TDAH. Les médicaments qui semblent les plus efficaces sont des stimulants. Le tableau 21.2 répertorie les stimulants (avec leur nom commercial et leur nom générique) utilisés aux USA. La colonne « Âge » signifie que ce médicament a été testé et reconnu sûr et efficace chez des enfants de cet âge.


Tableau 21.2 Médicaments pour traiter le TDA et le TDAH



















































NOM COMMERCIAL NOM GÉNÉRIQUE ÂGE
Adderall Amphétamine 3 ans et plus
Concerta LP Méthylphenidate (action longue) 6 ans et plus
Cylert* Pémoline 6 ans et plus
Dexedrine Dextroamphétamine 3 ans et plus
Dextrostat Dextroamphétamine 3 ans et plus
Focalin Dexméthylphénidate 6 ans et plus
Metadate ER Méthylphénidate (libération prolongée) 6 ans et plus
Metadate CD Méthylphénidate (libération prolongée) 6 ans et plus
Ritaline Méthylphénidate 6 ans et plus
Ritaline LP Méthylphénidate (libération prolongée) 6 ans et plus
Ritaline LA Méthylphénidate (action longue) 6 ans et plus

* En raison d’un risque potentiel d’effets secondaires graves sur le foie, le Cylert ne doit pas être envisagé comme traitement de première ligne pour le TDAH.


Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a récemment approuvé un médicament destiné à traiter le TDAH qui n’est pas un stimulant. Ce médicament, l’atomoxétine (Strattera), agit sur les neurotransmetteurs de la noradrénaline (norépinéphrine) alors que les stimulants agissent essentiellement sur la dopamine. On pense que ces deux neurotransmetteurs jouent un rôle dans le TDAH. Aujourd’hui, la preuve en est que plus de 70% des enfants souffrant de TDAH voient leurs symptômes s’améliorer de façon significative lorsqu’ils prennent de l’atomoxétine. On considère que les stimulants, lorsqu’ils sont utilisés sous surveillance médicale, sont sûrs et sans risque. Les enfants qui en prennent ne se sentent pas « excités », même si certains se sentent « différents » ou « drôles ». À ce jour, il n’y a aucune preuve que les médicaments stimulants utilisés pour traiter les TDAH provoquent une dépendance ou une accoutumance. Une étude répertoriant tous les travaux sur ce type de médication a été engagée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital and Harvard Medical School. Ils ont montré que les adolescents atteints de TDAH qui ont pris ces médicaments pendant 10 ans ont un risque plus faible de prendre des substances provoquant une addiction que d’autres adolescents atteints de TDAH qui n’ont pas pris de médicaments9.


Les effets secondaires des stimulants sont mineurs et généralement liés au dosage. Les plus courants sont une diminution de l’appétit, de l’insomnie, une augmentation de l’anxiété et/ou de l’irritabilité. Certains enfants se plaignent de légers maux d’estomac ou de céphalées.


La thérapie comportementale et le soutien psychologique aident aussi les enfants atteints de TDAH à mieux gérer les problèmes quotidiens et à se sentir mieux dans leur peau.



Les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité chez les adultes


Plusieurs études effectuées ces dernières années montrent qu’entre 30 et 70% des enfants atteints de TDAH continuent à souffrir de ces symptômes à l’âge adulte10.



De façon caractéristique, les adultes souffrant de TDAH ne sont pas conscients qu’ils ont cette maladie et attribuent parfois leurs problèmes à un manque d’organisation. Un adulte qui souffre de TDA ou de TDAH va trouver difficile d’effectuer les tâches les plus simples de la vie quotidienne, comme de se lever, d’organiser sa journée et de respecter des horaires.





Traitement


Comme pour les enfants les adultes qui prennent des médicaments pour soigner un TDA ou un TDAH se voient d’abord prescrire des stimulants. Cette médication a pour but de réguler deux neurotransmetteurs, la noradrénaline (norépinéphrine) et la dopamine. Le médicament le plus récent approuvé par la FDA pour traiter le TDAH, l’atomoxétine (Strattera), étudié à la fois chez des enfants et chez des adultes, s’est révélé un traitement efficace12.


En second choix, on peut envisager les antidépresseurs pour traiter le TDA ou le TDAH chez l’adulte. On prescrit parfois des antidépresseurs de l’ancienne génération, les tricycliques, car ceux-ci, comme le stimulants, agissent sur la noradrénaline (norépinéphrine) et la dopamine. Un antidépresseur plus récent, la venlafaxine (Effexor), se prescrit aussi en raison de ses effets sur la noradrénaline (norépinéphrine). Des essais cliniques ont aussi montré que le bupropion (Wellbutrin), un antidépresseur qui a un effet indirect sur la dopamine, pouvait être efficace pour traiter le TDAH à la fois chez les enfants et chez les adultes.


Lorsqu’on établit une prescription pour un adulte, il faut prendre en compte différents facteurs. Un adulte peut avoir besoin d’un dosage moindre par rapport à son poids car la « demie vie » du médicament chez un adulte est plus longue.


La caféine, tel qu’on la trouve dans le café et d’autres stimulants naturels, a été envisagée comme une alternative aux médicaments stimulants pour traiter le TDA ou le TDAH. Plusieurs études ont étudié les avantages (ou leur absence) de la stimulation apportée par la caféine. Certaines figurent à la fin de ce chapitre. De façon générale, ces études ont montré qu’administrer de la caféine à des enfants atteints de TDA ou de TDAH présentait des avantages significatifs. Ces bienfaits ne vont toutefois pas sans effets secondaires et n’ont pas réussi à égaler ou dépasser ceux des stimulants médicamenteux conventionnels.




trouble du déficit de l’attention en médecine chinoise


La littérature chinoise sur les TDA ou les TDAH est rare et les idées présentées ci-dessous viennent en partie des textes chinois et en partie de ma propre expérience clinique. Contrairement à mon habitude, c’est par la pathologie que je vais commencer ma présentation et non par l’étiologie.



Pathologie


D’après moi, la pathologie du TDA tourne autour du Cœur, du Foie et de la Rate et des facultés émotionnelles, mentales et spirituelles qui s’y rattachent, c’est-à-dire l’Esprit (Shen), l’Âme Éthérée (Hun) et l’Intellect (Yi).


De façon générale, on peut dire que les TDA ou les TDAH se caractérisent tous par une pathologie à de la fois de l’Intellect (Yi) et de l’Âme Éthérée (Hun). Dans le TDA, c’est la pathologie de l’Intellect (Yi) qui prévaut alors que dans le TDAH, on a plutôt une pathologie de l’Âme Éthérée (Hun). L’Esprit (Shen), quant à lui, est impliqué à la fois dans le TDA et dans le TDAH (Fig. 21.1).






L’Âme Éthérée (Hun)


Je considère que l’Âme Éthérée (Hun) est un élément central dans la pathologie du TDA et du TDAH (surtout de ce dernier). Comme nous l’avons vu dans le chapitre 3, l’Âme Éthérée est responsable des idées, des plans, des projets, de l’inspiration et de la créativité. L’Âme Éthérée est en recherche constante et « bouge » sans arrêt, et il me semble que dans la pathologie du TDA et du TDAH (surtout de ce dernier), il y a un excès de ce « mouvement » de l’Âme Éthérée. Les enfants et les adultes qui souffrent de ce trouble ont beaucoup de difficultés à fixer leur attention et à se concentrer sur une seule chose à la fois parce que le mouvement de l’Âme Éthérée est excessif.


Au cœur de cette pathologie, il y a la relation entre l’Esprit et l’Âme Éthérée ; dans le TDA ou le TDAH, le mouvement de l’Âme Éthérée est excessif et l’Esprit ne remplit pas de façon adéquate son rôle de contrôle et d’intégration (voir les figures 3.13 et 3.15).


Dans le chapitre 3, nous nous sommes concentrés sur le comportement maniaque comme conséquence d’un mouvement excessif et pathologique de l’Âme Éthérée ; on a ici un autre exemple de pathologie induite par un mouvement excessif de l’Âme Éthérée. Il est intéressant de noter que l’Âme Éthérée est responsable de l’inspiration et que les enfants qui souffrent d’un TDAH ont souvent un tempérament artistique.




La pathologie d’organes


Comme toujours en pathologie, un trouble peut se traduire par une pathologie de type Plénitude ou de type Vide. Je donne ci-dessous la liste des principales pathologies en fonction de l’organe impliqué, tout en sachant qu’en pratique clinique on rencontre souvent une association de ces tableaux.




Foie

Le mouvement de l’Âme Éthérée peut être excessif soit en raison d’un vide de Sang du Foie et/ou de Yin du Foie, soit en raison de Chaleur ou de Feu dans le Foie. Dans le TDAH, il y a plus vraisemblablement de la Chaleur ou du Feu (Fig. 21.3). La personne qui souffre d’un TDAH dû à un Feu du Foie est une personne conflictuelle et particulièrement difficile. Le tableau constitué d’une association de Feu du Foie et du Cœur est abordé plus bas et, en pratique clinque, il peut se traduire par des manifestations diverses selon que c’est le Feu du Foie ou le Feu du Cœur qui prédomine.





Les Glaires


Les Glaires dans le Cerveau sont un facteur commun au TDA et au TDAH. Il ne faut pas oublier que les Glaires peuvent accompagner à la fois les tableaux de type Vide et les tableaux de type Plénitude, comme le Feu du Foie et du Cœur avec Glaires ou le vide de Sang de la Rate et du Cœur avec Glaires.



Résumé




TDA en médecine chinoise – pathologie

La pathologie du TDA tourne autour du Cœur, du Foie et de la Rate et des facultés émotionnelles, mentales et spirituelles qui s’y rattachent, c’est-à-dire l’Esprit (Shen), l’Âme Éthérée (Hun) et l’Intellect (Yi).


May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on 21: Trouble du déficit de l’attention (TDA) et trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)

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