Chapitre 2. Les démences
1. Définitions
Le terme « démence » correspond à la définition médicale suivante :
• trouble de la mémoire et de l’idéation (processus de la formation des idées), suffisamment important pour retentir sur la vie quotidienne ;
• associé à un autre trouble des fonctions cognitives (langage, praxies, gnosies, etc.) qui dure depuis au moins 6 mois.
Il n’implique pas forcément que la personne ait des troubles du comportement (même s’ils peuvent accompagner, voire précéder, les troubles cognitifs) et n’a aucune connotation péjorative. Le terme « démence » signifie que les troubles cognitifs ont un retentissement dans la vie quotidienne du patient et que celui-ci doit être aidé ou supervisé, au moins pour les activités les plus élaborées.
En l’absence de toute perte d’autonomie, on parle de troubles cognitifs légers ou MCI Mild cognitive impairement. La perte d’autonomie des patients qualifiés de « déments » n’est pas nécessairement sévère au début et pendant plusieurs années.
Même si l’on peut regretter l’usage de ce terme, qui a une tout autre signification dans le langage courant, il paraît plus simple de l’utiliser, car on ne peut résumer la démence à la seule maladie d’Alzheimer qui, tout en étant la cause la plus fréquente de démence, n’est pas la seule.
2. Des troubles de la mémoire à la « maladie »
Au début, les plaintes de mémoire peuvent paraître subjectives, car aucune perte d’autonomie flagrante n’interpelle le médecin, ni même parfois les proches. Pourtant, la personne ressent bien que sa mémoire « ne fonctionne plus comme avant », qu’elle a plus de difficultés à s’orienter, à réaliser des tâches complexes ou inhabituelles, que les mots ne lui viennent plus aussi facilement, qu’elle hésite davantage sur l’orthographe…
La plainte cognitive doit susciter une réponse, qui ne peut pas être simplement « Ce n’est pas grave, il nous arrive à tous d’oublier quelque chose ».
Il est donc nécessaire, devant toute plainte de mémoire, de réaliser un bilan. Le médecin traitant repère et objective les plaintes de mémoire et collabore, pour le diagnostic et le suivi, avec un neurologue, un gériatre ou un psychiatre.
Le médecin traitant est le pivot de l’organisation des soins centrés sur le patient. Il peut être aidé à divers moments de l’évolution par de nombreux professionnels, y compris pour la coordination des soins.
3. Poser le diagnostic
Le diagnostic nécessite une évaluation cognitive approfondie, réalisée de préférence dans le cadre d’une consultation mémoire spécialisée par une équipe pluridisciplinaire. Au sein des consultations spécialisées seront réalisés :
A. Un interrogatoire détaillé
Disposer de l’avis d’un proche est précieux, si le patient est accompagné et s’il accepte,pour :
• typer la plainte : distinguer une plainte de mémoire « vraie » d’une plainte attentionnelle (« je ne sais plus ce que je suis venu chercher dans cette pièce, j’ai oublié ce que je devais faire, mais si on me remet sur la voie, si on me donne un indice, je me souviens »). Cette dernière est une plainte non spécifique engageant à rechercher des problèmes affectifs (anxiété/dépression), des troubles du sommeil, ou toute autre pathologie. De même, la plainte de difficultés d’accès aux noms propres n’a rien de pathologique, si elle est isolée ;