Chapitre 18 Item 43 – Troubles du sommeil de l’enfant et de l’adulte
Objectifs pédagogiques
CEN
Connaissances requises
I Sommeil normal
A Architecture normale du sommeil de l’adulte
• Le sommeil normal est organisé en différents stades (encadré 18.1) et on oppose :
• La succession de sommeil lent léger, lent profond et sommeil paradoxal définit un cycle de sommeil dont la durée est de 90 minutes.
• Trois à cinq cycles de sommeil se succèdent au cours d’une nuit (fig. 18.1) ; les cycles de début de nuit sont plus riches en sommeil lent profond, les cycles de fin de nuit plus riches en sommeil paradoxal.
• Données normatives et variations interindividuelles :
B Régulation du sommeil
Le sommeil est régulé par différents mécanismes :
• régulation homéostatique : la propension à s’endormir (ou pression de sommeil) augmente en fonction du temps passé éveillé (privation de sommeil) et diminue lors de la survenue d’un épisode de sommeil (rebond de sommeil). La quantité d’ondes lentes delta pendant le sommeil reflète la profondeur du sommeil et est régulée de manière homéostatique. Ainsi, un sujet en privation de sommeil aura une plus grande pression de sommeil et un rebond de sommeil très profond avec une forte activité EEG delta ;
C Évolution avec l’âge
• Nouveau-né : on distingue le sommeil actif (50 %), le sommeil calme (40 %) et le sommeil transitionnel (10 %).
• Adolescent : le rythme circadien veille-sommeil se décale (retard de phase, couche-tard, lève-tard) ; important à prendre en compte pour la prise en charge des troubles du sommeil de l’adolescent.
• Sujet âgé : avance de phase et aplatissement du rythme circadien veille-sommeil (se couche plus tôt), sommeil de nuit de moins bonne qualité (fragmentation), apparition d’une somnolence diurne (la sieste est physiologique chez le sujet très âgé).
D Explorations du sommeil
• Interrogatoire, examen clinique : première étape (l’interrogatoire doit être détaillé).
• Agenda de sommeil : rempli sur plusieurs semaines, il permet d’apprécier l’architecture du sommeil.
• Tests et questionnaires : ils sont utiles pour apprécier la qualité du sommeil et la sévérité des troubles.
E Autres explorations
• Évaluation de la somnolence diurne (cf. infra, « Somnolence excessive et troubles de l’éveil ») :
• Examens utiles dans le bilan des hypersomnies d’origine centrale :
II Insomnies et hypnotiques
B Définition et classification
1 Définition
Au moins une des plaintes subjectives suivantes est ressentie :
• difficulté d’endormissement 3 fois par semaine ;
• réveil précoce 3 fois par semaine ;
• réveils nocturnes 3 fois par semaine ;
2 Classification
Il existe plusieurs classifications nosologiques des différents sous-types d’insomnie.
En fonction de la durée
• On distingue les insomnies transitoires caractérisées par une durée de moins de 3 mois (ou insomnie d’ajustement ou insomnie aiguë) des insomnies chroniques (cf. infra) qui, par définition, durent plus de 3 mois et posent des problèmes diagnostiques et thérapeutiques.
• L’insomnie transitoire est une perturbation du sommeil en rapport avec des causes occasionnelles réversibles, telles que :
• Il est normal de voir son sommeil perturbé pendant quelques jours dans certaines circonstances.
• La difficulté tient au fait qu’une insomnie transitoire risque de se pérenniser ; l’intervention médicale doit surtout chercher à prévenir ce risque.
C Insomnies chroniques
1 Principales insomnies chroniques secondaires
• un trouble mental (causes fréquentes) ; on pourrait lister ici la plupart des affections psychiatriques, en particulier les troubles thymiques et les troubles anxieux :
• une pathologie intrinsèque du sommeil : syndrome des jambes sans repos et/ou mouvements périodiques nocturnes du sommeil ; syndrome d’apnées du sommeil ;
• autre pathologie médicale chronique : pathologie douloureuse ou inflammatoire notamment cancéreuse et rhumatismale, maladie neurologique, asthme nocturne et RGO nocturne ;
• une mauvaise hygiène de sommeil : elle découle d’habitudes de vie incompatibles avec le maintien d’une bonne qualité de sommeil (variations dans les horaires de sommeil, siestes diurnes prolongées, temps passé au lit excessif, stimulants le soir avant le coucher : caféine, nicotine, alcool, activité physique) ;
• des effets physiologiques d’une substance : en rapport avec la prise abusive ou liée à une dépendance à un médicament ou toxique.
2 Insomnie psychophysiologique (insomnie persistante primaire)
• survient souvent à un moment précis dans l’histoire du patient à l’occasion d’un deuil, d’une séparation ou d’une autre circonstance pénible, mais le retour au sommeil normal ne se produit pas, même lorsque la cause occasionnelle a disparu ;
• comporte des difficultés d’endormissement et un trouble du maintien du sommeil associé à un hyperéveil cognitif et émotionnel ;
• le sommeil devient une appréhension (conditionnement négatif) ;
• le sommeil est perçu comme non réparateur mais, paradoxalement et malgré l’impression de fatigue, les tentatives de sieste « réparatrice » échouent en raison de la même difficulté d’endormissement que pour le sommeil de nuit ;
• pensées dysfonctionnelles avec attentes irréalistes par rapport au sommeil et amplification des conséquences : discordance entre l’importance subjective du retentissement diurne et la discrétion du retentissement objectif.
D Spécificités de l’insomnie de l’enfant
• La prévalence est élevée (chiffres donnés pour information) :
• Les causes les plus fréquentes sont environnementales, organiques et psychologiques :
• Dans tous les cas, l’évaluation clinique doit prendre en compte l’organisation mentale du nourrisson/de l’enfant, la fatigue/l’épuisement de son entourage, les conditions éducatives et relationnelles familiales.
F Bilan et conduite à tenir
1 Interrogatoire
• reconstituer l’histoire actuelle et passée du patient, la chronologie et les mécanismes de l’insomnie ;
• laisser le patient se raconter et raconter comment, où, dans quel environnement il s’endort (par exemple, rechercher s’il s’endort en regardant la télévision dans son lit, quel type d’activité il a dans la soirée, comment il ménage la transition de la veille au sommeil, etc.) ;
• cerner le contexte psychique du patient ;
• définir son environnement, ses habitudes, les contraintes auxquelles il est soumis ;
• répertorier ses antécédents, tant pathologiques que thérapeutiques ;
• rechercher des indices en faveur d’une pathologie du sommeil (ronflement, pauses respiratoires nocturnes…).
• d’obtenir une évaluation détaillée du sommeil :
• de distinguer une forme transitoire d’une forme chronique :
2 Agenda de sommeil
• Outil essentiel pour l’évaluation de l’insomnie et pour sa prise en charge (suivi sous traitement).
• Consigne au jour le jour les horaires et la qualité du sommeil ainsi que des réveils nocturnes.
• Il met souvent en évidence des écarts entre l’appréciation globale du patient sur ses troubles de sommeil et leur réalité.
G Traitement
2 Place des hypnotiques
• Il n’existe pas d’hypnotique idéal réunissant toutes les propriétés suivantes :
• Les hypnotiques posent des problèmes à moyen et à long terme :