17: Réanimation cardio-pulmonaire

17 Réanimation cardio-pulmonaire


Beaucoup d’arrêts cardiaques sont insuffisamment pris en charge du fait de la désorganisation de l’équipe de réanimation et du manque de connaissance des procédures recommandées en pareil cas. En particulier, les arythmies sont fréquemment diagnostiquées et traitées de manière incorrecte. L’identification rapide et le traitement des arythmies sont la pierre angulaire du succès de la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) et nous avons, pour cette raison, inclus ce chapitre pour vous aider à répondre aux questions suivantes :










Ce chapitre reprend les recommandations 2005 du Conseil de réanimation (Royaume-Uni). Le lecteur qui souhaiterait en savoir plus sur les techniques de survie perfectionnées doit savoir qu’il n’existe pas d’équivalent d’enseignement conventionnel. En Grande-Bretagne, de telles formations sont coordonnées par le Conseil de réanimation (Royaume-Uni).


On trouvera les adresses au chapitre « Lectures complémentaires » à la fin de ce livre.


L’enseignement de base de la RCP met en relief la chaîne de survie –quatre interventions qui contribuent au succès. Ce sont :






Ces quatre maillons de la chaîne doivent être rigoureusement mis en place pour optimiser les chances de succès. Les quatre éléments de la chaîne de survie sont envisagés dans ce chapitre.



Comment effectuer les gestes de survie chez l’adulte en dehors de l’hôpital ?


Dans ce paragraphe, on suppose que les GES sont entrepris en dehors de l’environnement hospitalier et qu’il n’y a sur place qu’un seul secouriste. La réanimation hospitalière sera prise en compte dans le paragraphe suivant.


Les recommandations courantes de réanimation ont simplifié les GES pour faciliter l’apprentissage et la mémorisation des techniques, et ont également augmenté la durée du massage cardiaque, en comparaison des recommandations plus anciennes.


Si vous êtes en présence d’un patient en collapsus ou apparemment sans réaction, assurez-vous avant tout que vous – et toute autre personne vous entourant (y compris la victime) – êtes en sécurité. Puis, évaluer l’état de réactivité du patient en le secouant doucement par les épaules et en lui demandant à haute voix si « tout va bien ».


Si la victime répond, essayez de ne pas la mobiliser (sauf si elle est en danger) et essayez de faire le bilan des lésions. Obtenez de l’aide, si nécessaire, et réévaluez la victime régulièrement.


Si la victime ne répond pas, appelez à l’aide. Retournez la victime sur le dos et dégagez ses voies respiratoires en lui basculant la tête en hyperextension et en lui relevant le menton. Assurez-vous que sa respiration est normale par la vue, l’oreille, le toucher sans que cela excède 10 secondes – en cas de doute, il est préférable de présumer que sa respiration n’est pas normale.


Si la victime respire normalement, tournez-la en position de récupération et demandez de l’aide (même si vous devez abandonner le patient). Puis évaluez-la régulièrement pour vous assurer que la respiration reste normale.


Si la victime ne respire pas normalement, demandez à quelqu’un d’appeler une ambulance (ou faites le vous-même, même si vous devez abandonner la victime). Puis débutez le massage cardiaque externe à la fréquence de 100 pressions/minute, en déprimant le sternum de 4 à 5 cm à chaque pression.


Après 30 pressions thoraciques, dégagez de nouveau les voies respiratoires (tête en arrière, menton relevé) et tout en pinçant le nez de la personne, administrez deux insufflations1. Puis reprenez le massage cardiaque, en alternant 30 pressions thoraciques et deux insufflations par bouche-à-bouche (rapport 30/2). N’arrêtez ces manœuvres pour réévaluer la victime que si elle respire de nouveau normalement – sinon, continuez les GES sans discontinuer.


S’il existe plus d’un secouriste, intervertissez les rôles toutes les minutes (avec un minimum d’interruption des GES).


Si vous ne voulez pas ou êtes dans l’impossibilité de pratiquer la réanimation respiratoire, pratiquez un massage cardiaque continu à la fréquence de 100/min et arrêtez pour réévaluer la victime seulement si elle a recouvré une respiration normale.


Continuez la réanimation jusqu’à l’arrivée de secouristes compétents, un retour à une respiration normale, ou jusqu’à ce que vous soyez épuisé.



Comment entreprendre la réanimation en milieu hospitalier ?


La technique des GES décrite plus haut est particulièrement utile lorsqu’un secouriste est par chance présent sur les lieux. La situation est quelque peu différente en milieu hospitalier et la distinction entre gestes élémentaires et gestes complexes de survie est moins nette. Les recommandations les plus récentes prennent en compte cette notion et incluent un nouveau paragraphe relatif à la réanimation hospitalière.


Lorsqu’un patient fait un collapsus cardio-vasculaire à l’hôpital, assurez-vous avant tout de votre propre sécurité et de la sécurité de ceux qui vous entourent. Appelez à l’aide immédiatement, puis évaluez la réactivité du patient comme décrit plus haut.


Si le patient réagit, réclamez une aide médicale en urgence, et en attendant celle-ci, évaluez le patient en utilisant le système ABCD :






On administrera de l’oxygène au patient, des électrodes de surveillance ECG seront fixées, et un accès veineux sera mis en place.


Si le patient est inerte, assurez-vous que les secours sont en marche, positionnez le patient sur le dos et assurez la perméabilité des voies aériennes (recherchez une éventuelle obstruction et faites particulièrement attention à une possible blessure de la colonne cervicale). Assurez-vous que la respiration est normale par la vue, l’oreille, le toucher, sans que cela excède 10 secondes, en prenant soin de ne pas confondre des mouvements respiratoires agoniques avec une respiration normale. Si vous êtes entraîné à ces manœuvres, vous pouvez également rechercher le pouls carotidien durant ou immédiatement après l’évaluation respiratoire. Si le pouls ou d’autres signes de vie sont présents, procédez de la même façon que dans le cas d’un patient réactif comme ci-dessus.


S’il n’y a pas de pouls ou d’autres signes de vie, une personne devra débuter la réanimation cardio-respiratoire tandis que les autres appelleront l’équipe de réanimateurs et iront chercher le chariot de réanimation – si vous êtes seul sur le terrain, vous devrez abandonner le patient et demander de l’aide avant de continuer. Effectuez 30 pressions thoraciques à la fréquence de 100/min, en comprimant le sternum de 4 à 5 cm à chaque pression.


La perméabilité des voies aériennes doit être maintenue et le patient sera ventilé avec le matériel disponible (ventilation au masque par ballon et éventuelle canule oro-pharyngée). Utilisez l’oxygène, en supplément, dès que celui-ci est disponible. Si un membre expérimenté de l’équipe de secouristes est capable de pratiquer une intubation trachéale, il ne doit pas hésiter à le faire. Une fois les voies respiratoires sécurisées, le massage cardiaque sera poursuivi à la fréquence de 100 pressions/minute, et le patient sera ventilé à raison de 10 insufflations/minute.


Lorsque le défibrillateur est disponible, fixez les électrodes sur le patient, et évaluez le rythme, pour juger de l’opportunité d’une éventuelle défibrillation (voir plus loin). Le massage cardiaque devra être repris immédiatement après le CEE, sans effectuer de pause ayant pour but de rechercher le pouls ou d’évaluer de nouveau le rythme. La réanimation devra être poursuivie jusqu’à l’arrivée de l’équipe de réanimateurs ou jusqu’à ce que le patient montre des signes de retour à la vie.


Au cas où le pouls serait perçu chez un patient en arrêt respiratoire, la ventilation devra être entreprise à raison de 10 insufflations/minute, et les pulsations recherchées toutes les minutes. Ceci ne peut être effectué que par quelqu’un ayant l’habitude de rechercher le pouls carotidien – si le pouls est incertain, débutez le massage cardiaque.



Dans le cas où le patient présente un arrêt cardiaque confirmé et monitoré, et lorsque le défibrillateur n’est pas immédiatement disponible, vous pouvez envisager la possibilité de délivrer un simple coup de poing précordial (si vous êtes entraîné à la technique), après avoir appelé les secours.



Comment effectuer la réanimation de base pour maintenir le patient en vie ?


Les arythmies responsables d’arrêt cardiaque se divisent en arythmies réductibles par CEE (fibrillation ventriculaire/tachycardies ventriculaires sans pouls) et celles qui ne relèvent pas du CEE (activité électrique sans pouls et asystolie). La différence-clé est la nécessité de la défibrillation dans le premier groupe. D’autres aspects de la prise en charge sont communs aux deux groupes. Les techniques de survie perfectionnées sont récapitulées dans l’algorythme de la figure 17.1.




Troubles du rythme réductibles par CEE


En présence d’un trouble du rythme susceptible d’être réduit par CEE, un choc (150-360 J pour un système biphasique ou 360 J pour un système monophasique) sera délivré, suivi immédiatement de la reprise de la réanimation cardio-respiratoire (décrite dans les paragraphes précédents) pendant 2 minutes.


Après que ces deux minutes se soient écoulées, une pause brève s’impose pour réévaluer le rythme cardiaque et, si la FV ou la TV sans pouls persistent, délivrez un second choc (150-360 J pour un système biphasique ou 360 J pour un système monophasique). Reprenez immédiatement la réanimation cardio-respiratoire pendant encore 2 minutes.


Deux minutes s’étant encore écoulées, une pause brève s’impose de nouveau pour réévaluer le rythme cardiaque, et, si la FV ou la TV sans pouls persistent, administrez 1 mg d’adrénaline par voie intraveineuse, suivie d’un troisième choc (150-360 J pour un système biphasique ou 360 J pour un système monophasique). Reprenez encore la réanimation cardio-respiratoire pendant 2 minutes.


Au bout de 2 minutes, une nouvelle pause pour réévaluer le rythme cardiaque, et, si la FV ou la TV sans pouls persistent, administrez 300 mg IV d’amiodarone, suivie d’un 4e choc (150-360 J pour un système biphasique ou 360 J pour un système monophasique). Reprenez de nouveau la réanimation cardio-respiratoire pendant encore 2 minutes.


De l’adrénaline IV 1 mg devra être administrée immédiatement avant les chocs électriques, alternativement (toutes les 3 à 5 minutes) et si la FV ou la TV sans pouls persiste, un choc sera administré après chaque période de deux minutes de réanimation cardio-respiratoire. Si une activité électrique réapparaît à un moment donné de la procédure, recherchez le pouls. Si celui-ci est présent, passez à la prise en charge des suites de réanimation. En l’absence de pulsations, malgré une activité électrique organisée, suivez les directives de l’algorythme concernant les rythmes ne relevant pas du CEE (voir figure 17.1). De même, en présence d’une asystolie, suivez les directives concernant les rythmes ne relevant pas du CEE.

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Jul 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 17: Réanimation cardio-pulmonaire

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