Chapitre 17 Oreille externe
Otites externes infectieuses
Seules les suspicions d’otite maligne externe (ou otite nécrosante progressive) nécessitent une prise en charge radiologique. L’imagerie a pour but d’établir un diagnostic positif, d’évaluer l’extension et d’établir une référence pour une surveillance ultérieure.
Otite externe non invasive
En dehors des suspicions d’otite externe maligne, elle ne requiert pas de recours à l’imagerie [1]. Parfois l’otologiste peut demander une exploration scannographique en cas de suspicion de migration secondaire d’un aérateur transtympanique à travers un orifice de myringotomie cicatrisée (fig. 17-1).
Otite maligne externe
L’otite maligne externe survient chez des patients diabétiques ou immunodéprimés (VIH, chimiothérapie, sujet âgé). L’âge de survenue est en général avancé. Quelques rares cas ont cependant été rapportés chez l’enfant. Dans 98 % des cas, le germe en cause est Pseudomonas aeruginosa, rarement Klebsiella [2, 3]. Les co-infections avec Aspergillus fumigatus surviennent principalement dans un contexte d’immunosuppression VIH [4, 5]. Dans les années 90, le traitement par quinolones a révolutionné le pronostic et la prise en charge de cette pathologie [6].
Diagnostic positif
Cliniquement, l’otite maligne externe associe une otalgie sévère à une otorrhée purulente, verdâtre et nauséabonde. Le patient est le plus souvent apyrétique.
Imagerie des otites malignes externes
Le scanner objective un épaississement des parois du conduit auditif externe et une éventuelle diffusion du processus vers les cavités de l’oreille moyenne et de la mastoïde. Les signes d’ostéolyse doivent être recherchés (parois du MAE, mastoïde), ils peuvent témoigner d’une ostéomyélite (fig. 17-2).
L’IRM est nécessaire au diagnostic et surtout au bilan d’extension. Les parois du conduit acoustique externe sont épaissies et fortement rehaussées. Un hyposignal T1 spontané de la médullaire osseuse, avec prise de contraste sur les séquences en T1 en saturation de la graisse après injection de gadolinium [7] est en faveur d’une ostéomyélite (fig. 17-2). L’ostéolyse peut être parfois visible en IRM [8]. L’IRM doit s’attacher à rechercher des signes de cellulite avec des zones de rehaussement des tissus mous, des signes d’arthrite temporomandibulaire, des signes d’abcédation des espaces profonds de la face ou de thrombophlébite. L’infiltration de la graisse rétrocondylienne est un signe très précoce bien que peu sensible de l’affection [9].