17: L’anxiété

Chapitre 17 L’anxiété






L’anxiété


L’anxiété est une réaction normale au stress. En général, l’anxiété permet à la personne de faire face, mais lorsqu’elle se transforme en une crainte excessive et irrationnelle dans les situations de la vie quotidienne, elle devient un trouble invalidant.


La présentation de l’anxiété comportera les rubriques suivantes :




L’anxiété en médecine occidentale


Les troubles de l’anxiété que nous évoquerons dans le cadre de la médecine occidentale sont les suivants :



Chaque trouble anxieux a ses propres caractéristiques, mais tous ont en commun une peur, une inquiétude, une crainte qui sont excessives et irrationnelles.


Un état chronique d’anxiété se nomme habituellement « trouble anxieux généralisé ». Les caractéristiques essentielles du trouble anxieux généralisé sont une inquiétude excessive et incontrôlable au sujet des choses de la vie quotidienne. Cette inquiétude constante affecte la vie de tous les jours de la personne et peut engendrer des symptômes physiques.


Un trouble anxieux généralisé peut survenir conjointement avec d’autres troubles de l’anxiété, des troubles dépressifs ou la consommation d’une substance illicite. Le trouble anxieux généralisé est souvent difficile à diagnostiquer car il ne se traduit pas par des symptômes spectaculaires comme dans les attaques de panique soudaines qui accompagnent parfois d’autres troubles de l’anxiété. Pour pouvoir poser ce diagnostic, il faut que l’inquiétude soit plus souvent présente qu’absente sur une durée d’au moins 6 mois.


Les symptômes physiques peuvent comprendre :



Une attaque de panique se définit comme l’apparition soudaine d’un épisode de peur ou de malaise intense qui atteint son paroxysme au bout d’environ 10 minutes et comporte au moins quatre des symptômes suivants :



On diagnostique un trouble panique lorsqu’une personne souffre au moins deux fois d’attaques de paniques soudaines suivies par la peur, pendant au moins un mois, d’avoir une nouvelle crise. Ces patients sont aussi sujets à des attaques déclenchées par certaines situations. La fréquence et l’intensité des attaques varient d’une personne à l’autre ; une personne peut souffrir d’attaques de paniques répétées pendant une semaine, alors qu’une autre va connaître des épisodes courts d’une crise de très forte intensité.


Le trouble panique affecte plus de 2,4 millions d’adultes aux États-Unis1, et il est deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes2. Il est intéressant de noter que les phobies humaines sont plus difficiles à éliminer et plus irrationnelles que la peur conditionnée chez les animaux.


Arne Öhman, un des grands spécialistes de l’étude de la peur et de l’anxiété chez l’homme, a récemment déclaré :



Il va même jusqu’à prétendre que l’état de panique, la peur phobique et le SSPT reflètent l’activation d’une même et unique réponse d’anxiété sous-jacente.




L’anxiété en médecine chinoise


« L’anxiété » est un terme moderne qui n’a pas d’équivalent véritable en médecine chinoise. Parmi les émotions, la médecine chinoise accorde un rôle très important à la « peur ». Il y a toutefois des différences entre la peur et l’anxiété. Certains différencient la peur de l’anxiété selon le stimulus, la peur étant une réaction « post-stimulus » (le stimulus engendre la peur) et l’anxiété une réaction « pré-stimulus » (la personne est anxieuse en l’absence d’un stimulus).


D’autres différencient la peur de l’anxiété de façon différente. Epstein considère que la peur est une conduite d’adaptation, surtout de fuite et d’évitement. Lorsque cette adaptation échoue (parce que la situation est incontrôlable), la peur se transforme en anxiété4. L’anxiété peut se définir comme une peur non résolue. Selon LeDoux, l’anxiété et la peur sont étroitement liées dans la mesure où ce sont toutes deux des réactions à des situations dangereuses ou potentiellement dangereuses. L’anxiété se distingue généralement de la peur par l’absence de stimulus extérieur capable d’expliquer la réaction ; l’anxiété vient du plus profond de nous-mêmes, la peur vient du monde extérieur5.


J’aborderai l’anxiété en médecine chinoise en traitant les thèmes suivants :





Concepts médicaux chinois qui peuvent correspondre à l’anxiété


En médecine chinoise, il n’y a pas de terme qui recouvre exactement ce que nous appelons « anxiété », mais plusieurs concepts s’en rapprochent. Les trois principaux tableaux pathologiques qui peuvent correspondre à l’anxiété sont :



Les deux premières pathologies impliquent un état de peur, d’inquiétude et d’anxiété, la première avec des palpitations et la seconde avec une sensation de pulsations dans la poitrine et en dessous de l’ombilic. Le tableau « Peur et palpitations » est généralement suscité par des événements extérieurs comme une frayeur ou un choc émotionnel, et il est intermittent. Il est le plus souvent de nature Plénitude.


Le tableau « Battements forts dus à la Panique » n’est pas provoqué par des événements extérieurs et il est permanent. Cette pathologie est plutôt de nature Vide et elle est plus grave que la première. Dans les cas chroniques, le tableau de « Peur et palpitations » peut se transformer en « Battements forts dus à la Panique ». Dans les cas graves, le tableau de « Battements forts dus à la Panique » peut correspondre à une attaque de panique. Malgré le nom de « Peur et palpitations », les états de peur et d’anxiété que recouvre ce tableau ne s’accompagnent pas toujours de palpitations.


Zhu Dan Xi (1281-1358) dit :



Dans Le livre complet de Jing Yue (1624), Zhang Jing Yue dit du tableau « Panique et sensations de pulsations » :



« L’agitation » (Zang Zao) a été mentionnée pour la première fois dans les Prescriptions essentielles du Coffret d’Or (Jin Gui Yao Lue, vers 220) de Zhang Zhong Jing. Bien que dans cet ouvrage, l’agitation soit étudiée dans un chapitre intitulé Diverses pathologies gynécologiques, ce que l’auteur en dit s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Le texte d’origine dit de l’Agitation : « La femme est triste et pleure beaucoup, elle a l’air d’être hantée [littéralement : elle ressemble à une âme perdue]. Elle s’étire souvent et bâille de façon répétée. Utiliser Gan Mai Cao Da Zao Tang »8.




Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant (Chong Mai)


Il y a un troisième tableau pathologique qui peut correspondre à l’anxiété et plus particulièrement aux attaques de panique. Il s’agit du Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant (Chong Mai), qui engendre le symptôme « d’urgence interne » (Li Ji).


Une des pathologies les plus courantes du Vaisseau Pénétrant est le Qi rebelle avec « urgence interne » (Li Ji) ; c’est une pathologie qui est reconnue depuis l’époque du Classique des difficultés (Nan Jing). Le chapitre 29 du Classique des difficultés dit : « La pathologie du Vaisseau Pénétrant est le Qi rebelle avec urgence interne [Li Ji] »9.


« L’urgence interne » traduit une vague sensation d’anxiété et de nervosité ; dans les cas graves, elle peut se traduire par une attaque de panique avec palpitations. Au niveau physique, elle peut aussi prendre la forme d’une sensation désagréable de constriction du bas abdomen qui se propage vers le cœur.


Les palpitations sont fréquemment associées à l’anxiété et aux attaques de panique qui découlent d’un Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant parce que ce vaisseau passe par le Cœur. Ce type d’anxiété et d’attaque de panique peut aussi s’accompagner d’une sensation de pulsation dans l’abdomen qui est également due à la rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant au niveau de l’abdomen. De ce point de vue, on pourrait considérer que le tableau de « Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant » est une forme du tableau de « Battements forts dus à la Panique » (Zheng Chong).


Li Shi-Zhen dit : « Lorsque le Qi se rebelle et monte, il y a une urgence interne et une sensation de chaleur ; c’est la rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant »10.


Le Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant engendre divers symptômes à différents niveaux de la poitrine et de l’abdomen. Il provoque essentiellement une plénitude, une distension ou une douleur dans ces zones. En suivant le trajet du Vaisseau Pénétrant en commençant par le bas, on peut établir la liste suivante des symptômes possibles de la rébellion du Vaisseau Pénétrant (Fig. 17.1) :




Voir la figure 17.2.



Bien évidemment, il n’est pas nécessaire que ces symptômes soient tous présents pour diagnostiquer une rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant, mais il est indispensable d’en avoir au moins trois ou quatre, à des niveaux différents (par exemple, au niveau du bas abdomen, de l’épigastre, de la poitrine, de la gorge). Par exemple, si une personne présente une plénitude, une distension ou une douleur du bas abdomen, ce n’est pas suffisant pour diagnostiquer une rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant. Une sensation d’énergie qui monte du bas abdomen à la gorge peut être un bon indice de rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant. La sensation que le Qi monte du bas abdomen vers la poitrine est une indication forte de rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant.


Qu’est-ce qui fait que le Qi du Vaisseau Pénétrant se rebelle et monte ? D’après mon expérience, cette situation peut se produire pour deux raisons, liées à deux pathologies différentes, l’une de type Plénitude, l’autre de type Plénitude-Vide. Tout d’abord, le Qi du Vaisseau Pénétrant peut se rebeller et monter de lui-même, en raison d’une tension émotionnelle qui fait monter ou stagner le Qi, comme la colère, la colère refoulée, l’inquiétude, la frustration, le ressentiment, etc. Dans ce cas, le Qi se rebelle et monte de lui-même, et la pathologie est une pathologie de Plénitude que je nomme rébellion « primaire » du Qi du Vaisseau Pénétrant.


Le Qi du Vaisseau Pénétrant peut aussi se rebeller et monter à la suite d’un Vide de ce vaisseau au niveau du bas abdomen. Dans ce cas, le Qi du Dan Tian inférieur est faible et le Qi du Vaisseau Pénétrant « s’échappe » et monte. C’est pourquoi il s’agit d’une pathologie complexe de Vide-Plénitude, que je nomme rébellion « secondaire » du Qi du Vaisseau Pénétrant. La pathologie de Vide est représentée par le vide de Sang ou le vide du Rein (qui peut être un vide de Yin ou de Yang, voire par des deux). Cette deuxième pathologie est plus courante chez les femmes.


Li Shi Zhen mentionne la possibilité de ce tableau pathologique lorsqu’il dit : « Quand le vide de Sang provoque une urgence interne, utiliser Dang Gui »11. Le Classique des difficultés suggère aussi que le vide de Sang peut être la toile de fond du Qi rebelle du Vaisseau Pénétrant :




Une caractéristique particulière du syndrome de rébellion du Qi du Vaisseau Pénétrant est la présence d’une sensation de chaleur au visage et des pieds froids. Cette situation s’explique par le fait que, comme le Qi rebelle monte au visage, il y engendre de la chaleur, mais d’un autre côté, comme il se rebelle et monte, il y a proportionnellement moins de Qi pour réchauffer les pieds dans la branche descendante du Vaisseau Pénétrant, d’où les pieds froids. En fait, comme nous l’avons vu plus haut, les textes anciens disent spécifiquement que c’est la branche descendante du Vaisseau Pénétrant qui réchauffe les pieds.


La sensation de chaleur de la face n’est donc ni de type Plénitude ni de type Chaleur Vide, mais le simple résultat d’un déséquilibre du Qi dans le Vaisseau Pénétrant, c’est-à-dire du Qi qui se rebelle et monte dans ses branches de l’abdomen et de la tête, tout en étant vide dans les branches qui descendent dans les jambes.







Étiologie


Le principal facteur étiologique de l’anxiété est évidemment la tension émotionnelle. Toutefois, d’autres facteurs rentrent aussi en jeu, comme la constitution et les habitudes alimentaires, qui jouent un rôle important.




La tension émotionnelle


« L’anxiété » est un terme général qui traduit un état chronique de peur et de malaise. Cela ne veut toutefois pas dire que seule la peur, de toutes les émotions, soit la seule à entraîner de l’anxiété. Un état chronique d’anxiété peut provenir de nombreuses émotions, et plus particulièrement de l’inquiétude, de la peur, de l’excès de joie, d’un choc émotionnel, du sentiment de culpabilité, de la honte ou de l’excès de réflexion.


N’importe laquelle des émotions évoquées ci-dessus peut engendrer, à l’origine, une stagnation de Qi. Au bout d’un certain temps, le Qi qui stagne va engendrer de la Chaleur qui, avec le temps, va léser le Sang et le Yin et produire un vide de Sang et/ou de Yin. La Chaleur peut alors agiter l’Esprit et provoquer de l’anxiété. D’un autre côté, le vide de Sang et de Yin prive l’Esprit de résidence, ce qui engendre aussi de l’anxiété (Fig. 17.3).



La stagnation de Qi et le vide de Qi qui découlent de la tension émotionnelle peuvent aussi conduire à la formation de Glaires qui vont pouvoir obstruer l’Esprit et donc provoquer une anxiété plus intense ou des crises de panique.


Le chapitre 39 des Questions simples dit : « Lorsque le choc émotionnel affecte le Cœur, il prive celui-ci de résidence, l’Esprit n’a plus d’endroit auquel retourner, les pensées sont incessantes [c’est-à-dire l’anxiété] et le Qi devient chaotique »13.







Pathologie et principes de traitement


Dans les livres chinois, la pathologie des tableaux de « Peur et palpitations » (Jing Ji) et de « Battements forts dus à la Panique » (Zheng Chong), est toujours liée au Cœur en premier, et au Foie et au Rein en second. Ces deux pathologies sont essentiellement associées au Cœur car elles nourrissent une étroite relation avec le symptôme de « palpitations ». En fait, tous les livres chinois modernes incluent les tableaux de « Peur et palpitations » (Jing Ji) et de « Battements forts dus à la Panique » (Zheng Chong) dans la pathologie des « Palpitations » (Xin Ji).


Étrangement, bien que le trait essentiel de l’anxiété soit l’inquiétude, les livres chinois n’évoquent aucun tableau pathologique du Poumon en liaison avec ces deux maladies. J’ai donc ajouté les tableaux pathologiques du Poumon, comme me l’a dicté mon expérience clinique.


Les ouvrages chinois attribuent la pathologie de l’anxiété essentiellement aux tableaux pathologiques du Cœur, à savoir n’importe quel tableau de Vide du Cœur (vide de Qi, de Yang, de Sang et de Yin), de même qu’à des tableaux de Plénitude, comme la Chaleur du Cœur ou les stases de Sang du Cœur.


D’après moi, outre le Cœur, le Poumon et le Rein sont également très impliqués dans la pathologie de l’anxiété ; le Poumon parce qu’il est affecté par l’inquiétude, et le Rein parce qu’il est touché par la peur.


Zhu Dan Xi recommande d’éliminer les Glaires en cas de « Peur et palpitations » (Jing Ji) et de transformer l’Eau en cas de « Battements forts dus à la Panique ».


Zhang Jing Yue dit, dans Le livre complet de Jing Yue (Jing Yue Quan Shu, 1624) :



Cette citation de Zhang Jing Yue est intéressante parce qu’elle confirme ce que mon expérience clinique m’a appris, c’est-à-dire que la peur fait souvent monter le Qi (plutôt que de le faire descendre). En fait, dans le texte ci-dessus, Zhang Jing Yue dit que dans le tableau de « Peur et palpitations », il y a une agitation en haut et un manque de connexion entre le Cœur et le Rein, accompagnés d’une montée du Qi.


La frayeur fait monter le Qi et il est alors nécessaire de le faire descendre grâce à des substances qui s’enfoncent, comme Long Gu Mastodi Ossis fossilia ou Zhen Zhu Mu Concha Margatiriferae usta. Comme le Feu assèche le Sang, il est aussi nécessaire de nourrir le Yin, d’éliminer la Chaleur du Cœur et de nourrir le Sang. La frayeur prive aussi l’Esprit de sa résidence, au Cœur ; les liquides se transforment en Glaires qui pénètrent dans l’espace resté vacant, de sorte l’Esprit ne peut plus retourner à son logis. C’est pourquoi il faut éliminer les Glaires avec des préparations comme Shi Wei Wen Dan Tang Décoction aux dix ingrédients pour réchauffer la Vésicule Biliaire16.


Wang Qing Ren (à la fin de la dynastie des Qing) estimait que la principale cause de l’anxiété était les stases de Sang. Il pensait que nourrir le Sang et calmer l’Esprit ne donnait pas de bons résultats pour traiter l’anxiété, et il recommandait d’administrer sa propre préparation, Xue Fu Zhu Yu Tang Décoction qui chasse les stases de la demeure du Sang, afin de redonner de la vigueur au Sang et d’éliminer les stases17.


Lin Pei Qi (à la fin de la dynastie des Qing) pensait que dans le tableau de « Peur et palpitations » provoqué par la frayeur, l’Esprit était chaotique et qu’il fallait le tonifier et le nourrir grâce à une préparation comme Da Bu Yin Jian Grande décoction pour tonifier le Yin Qi. En cas de vide de Yin, il préconisait Zuo Gui Yin Décoction qui restaure le [Rein] gauche et en cas de vide de Yang You Gui Yin Décoction qui restaure le [Rein] droit18.


L’expérience m’a montré qu’indépendamment des tableaux impliqués, en cas d’anxiété chronique, il y avait toujours un manque de communication entre le Cœur et le Rein. En physiologie, le Qi du Cœur et le Qi du Rein communiquent entre eux, le Qi du Cœur descendant au Rein et le Qi du Rein montant au Cœur. L’anxiété chronique fait monter le Qi au Cœur, où il se « bloque ». Le Qi du Cœur ne peut plus descendre au Rein et le Rein ne peut plus l’enraciner (Fig. 17.4).



En dehors de ces tableaux pathologiques dans lesquels on trouve de l’anxiété, il est utile de faire la différence entre la pathologie de l’anxiété et ses symptômes dans le cadre des Organes Internes. Cette approche est également plus pertinente pour le traitement de l’anxiété par acupuncture.


D’après moi, les principaux organes impliqués dans l’anxiété sont le Cœur, le Poumon, le Foie et le Rein. Les symptômes et les caractéristiques de l’anxiété en fonction de chaque organe sont détaillés ci-dessous.




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May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on 17: L’anxiété

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