16: Pathologie rhumatologique dégénérative



Pathologie rhumatologique dégénérative



Généralités


Le mot rhumatisme est utilisé dans le langage quotidien pour désigner des affections très diverses entraînant des douleurs de l’appareil locomoteur et, en particulier, au niveau d’une ou de plusieurs articulations.


Ce terme, qui manque de précision, doit être complété. On distingue :



Nous rappellerons aussi que :




Arthroses


La lésion initiale touche le cartilage qui se fissure en surface puis en profondeur, s’ulcère et progressivement se détruit, mettant à nu l’os sous-chondral. On constate histologiquement des lésions des chondrocytes qui se nécrosent en surface et qui prolifèrent en profondeur, sécrétant des enzymes protéolytiques en particulier des métalloprotéases, et des modifications biochimiques de la substance fondamentale (en particulier les protéoglycanes).


Il s’y associe des lésions hypertrophiques de l’os, formant aux bords des zones cartilagineuses atteintes une ostéophytose marginale. De part et d’autre de la zone cartilagineuse arthrosique, l’os se condense et des géodes peuvent y apparaître.


Les localisations les plus fréquentes de l’arthrose sont les doigts, les genoux, les hanches, le rachis. Les autres sont plus rares et en général secondaires à un traumatisme local.



Coxarthrose (arthrose de la hanche)


On estime que cette localisation est symptomatique chez 2,5 % de la population féminine en France, et 1,9 % de la population masculine.






image Traitement




Traitement chirurgical

Il s’agit surtout, chez les sujets plus âgés (en général après 65 ans) et lorsque le traitement médical est inefficace, d’arthroplastie ou prothèse totale de la hanche, remplaçant à la fois la tête et le cotyle pathologiques.





image Acte et surveillance infirmiers



Malade opéré de prothèse de hanche pour coxarthrose


Au retour de la salle d’opération, en salle de réveil et en salle, prendre connaissance du compte rendu opératoire, des antécédents du malade, des soins ou de la surveillance particuliers demandés.



image Surveillance postopératoire immédiate





image Surveillance ultérieure et soins







image Acte infirmier



Conseils pratiques à donner à un patient porteur d’une prothèse de hanche à sa sortie





image Pendant environ 2 mois




– Pour se coucher : surélever les pieds du lit d’environ 15 à 20 cm (livres, briques, etc.), mettre un oreiller entre les jambes si l’on dort sur le côté.


– S’asseoir les jambes écartées, sur des sièges hauts et fermes, en évitant les sièges bas et mous.


– Pour enfiler les collants, chaussettes, slip, pantalon, écarter les genoux et, si besoin, se faire aider.


– Pour se chausser, éviter les chaussures à lacets, boucles, fermeture éclair, bottes, s’aider d’un chausse-pied long, et préférer les mocassins, les escarpins qui ne nécessitent pas de se pencher en avant.


– Pour la toilette, éviter la baignoire et préférer la douche.


– Pour ramasser les objets à terre, ne pas s’accroupir et se mettre sur le genou du côté opéré. Éviter les objets lourds et s’aider éventuellement pour les petits objets d’une pince télescopique.


– En voiture, éviter de conduire pendant les 2 premiers mois (trajets longs) ; pour entrer dans le véhicule, s’asseoir dos à la voiture puis pivoter, les 2 jambes en même temps. Reculer le siège le plus possible, et le rehausser éventuellement pour éviter une trop forte flexion de la hanche.


– Pour les rapports sexuels, qui sont permis, respecter les positions interdites.




Gonarthrose (arthrose du genou)


Le plus souvent, l’arthrose du genou est dite primitive.


Habituellement bilatérale, elle atteint une femme près de la ménopause.


Certaines gonarthroses sont secondaires :







image Traitement


Il fait appel avant tout aux médications antalgiques, souvent aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, en cures brèves. Les traitements locaux sont très utiles : injections intra-articulaires de dérivés corticoïdes, faites avec une stricte asepsie et à une fréquence très espacée, ou injections d’acide hyaluronique (viscosupplémentation).


Les mesures d’hygiène physique sont importantes : réduire ou fractionner la station debout et la marche ; éviter les escaliers ; cure d’amaigrissement ; auto-rééducation avec renforcement du quadriceps.


Dans les cas fonctionnellement sévères, la mise en place d’une prothèse du genou est bénéfique.




Pathologie dégénérative du rachis


C’est l’affection anatomiquement de loin la plus fréquente. Il faut souligner qu’il n’y a pas, à un moment donné, de parallélisme anatomoclinique : l’arthrose visible radiologiquement n’entraîne pas toujours de manifestation douloureuse, et sa présence ne signe pas obligatoirement sa responsabilité dans les symptômes.


Au rachis cervical, on parle de cervicarthrose. Outre la discarthrose qui siège électivement dans son segment inférieur, il existe des lésions d’uncarthrose (l’uncus est une saillie osseuse aux coins supéroexternes des vertèbres cervicales).


Cette arthrose est surtout source de raideur, de craquements ou de « bruits de sable », mais peut être quelquefois responsable de poussées douloureuses et parfois de névralgie cervicobrachiale, avec ou sans hernie discale associée. Exceptionnellement, la moelle épinière peut être comprimée : myélopathie cervicarthrosique.


La dorsarthrose, presque toujours indolore, est parfois secondaire aux lésions de la maladie de Scheuermann (dystrophie vertébrale de croissance) ou au déséquilibre statique de la colonne dorsale.


Au rachis lombaire, la pathologie dégénérative se fait par l’intermédiaire des disques intervertébraux et/ou des articulations interapophysaires. Les manifestations aiguës sont plus fréquentes au début de l’évolution de la détérioration discale ; ensuite, il s’agit de lombalgies chroniques ou d’une simple raideur (cf. chapitre 14).




Sciatique discale commune


La crise de sciatique, ou lombosciatique, est due dans la majorité des cas à une hernie discale (figure 16.5). La sciatique est dite de topographie L5 quand la hernie touche le disque compris entre les 4e et 5e vertèbres lombaires ou de topographie S1 pour le disque compris entre la 5e vertèbre lombaire et le sacrum.



Malgré la hernie, la crise de sciatique guérit dans la majorité des cas, sans nécessité d’intervention chirurgicale, en quelques semaines.




image Signes radiologiques


La radiographie standard est utile pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autres lésions qu’une arthrose ou une diminution de la hauteur d’un disque.


Le scanner (figure 16.6) est l’examen de choix pour mettre en évidence la hernie discale et la compression de la racine sciatique (l’IRM donne des renseignements voisins).



La hernie discale fait saillie dans le canal rachidien, où elle comprime la racine en cause (figure 16.7) ; il faut distinguer cette image caractéristique de la simple protrusion discale, très banale, qui n’a pas la même signification pathologique.




image Traitement




• Le plus souvent « médical », il comporte : le repos, indispensable, les antalgiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il peut être complété par des infiltrations de corticoïdes (le plus souvent par voie épidurale, parfois foraminale, très rarement intradurale).


• Un traitement chirurgical est proposé dans les formes qui, après un traitement médical bien conduit, dépassent le délai habituel de guérison (6 à 8 semaines), ou dans certaines formes hyperalgiques ou compliquées de paralysie. Son objectif est la guérison de la douleur « radiculaire » sciatique, qui est alors obtenue dans la grande majorité des cas, mais il ne met pas nécessairement le malade à l’abri de douleurs lombaires ultérieures, car le disque traité est déjà pathologique, ni de sciatique par hernie à un autre étage.



image Situation intégrative



Malade atteint de sciatique d’origine discale





image Évaluer ce que sait le patient de sa maladie


Le médecin lui a préalablement expliqué que sa sciatique, de type S1, est due comme dans la majorité des cas à une hernie discale, ici, à partir d’un fragment du disque compris entre la 5e vertèbre lombaire et le sacrum.


L’origine discale de la sciatique se reconnaît sur des arguments cliniques et ne nécessite pas nécessairement d’être visualisée par un scanner.


L’évolution naturelle, aidée par le traitement médical, se fait vers la guérison en 6 à 8 semaines, sans nécessité d’intervention chirurgicale, malgré la hernie dans la majorité des cas.


La surveillance du malade ne nécessite guère de particularités, mais deux symptômes doivent être signalés d’urgence au médecin s’ils apparaissent pendant l’évolution : une paralysie des muscles du pied ou des troubles sphinctériens (troubles de la miction ou de la défécation, traduisant une atteinte des racines nerveuses de la « queue de cheval », ils constituent une urgence chirurgicale).



image Expliquer le traitement au patient


Le repos est un des éléments essentiels de la guérison. Il devra être strict pendant le séjour et il faut donc aider le malade pour ses repas, sa toilette, ses besoins.


Les antalgiques doivent être pris en fonction de l’intensité de la douleur, à dose suffisante ; on leur associe parfois les décontracturants musculaires.


Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont prescrits par voie orale ou plus rarement intramusculaire, voire en perfusion. Demander au patient s’il n’a pas d’antécédent ulcéreux ou d’intolérance.


Les infiltrations sont souvent utiles. Ce geste qui n’est pas anodin, doit être expliqué au patient pour le rassurer. Il peut s’agir :




image Revenir sur les conseils d’hygiène qui auront été donnés


La poursuite d’un repos relatif est nécessaire après la sortie, parfois aidée par le port d’un lombostat baleiné voire d’un corset en scotch-cast. La durée du repos et de l’arrêt de travail éventuels dépend de l’intensité et de l’évolution de la douleur : quelques jours à quelques semaines.


La prévention de récidives de sciatique ou de lombalgies chroniques comporte des règles d’hygiène physique simples (renforcement de la musculature lomboabdominale, éviter les mouvements automatiques et brusques du rachis lombaire, la station assise prolongée), l’amélioration des conditions de travail dans le domaine ergonomique. Chez ce patient qui est magasinier, il lui faudra prendre des précautions particulières, rechercher un poste moins exposé au soulèvement de charges au début, voire envisager un reclassement professionnel.


Toutefois cet épisode aigu peut rester unique dans l’existence du sujet, et il faudra aussi en tenir compte.





image Situation intégrative



Patient atteint de sciatique devant être opéré




Quel est votre comportement en réponse aux questions que pourrait poser M. L.S. ?





image Le rassurer sur l’avenir




– Quand les indications opératoires sont bien choisies, le résultat est satisfaisant dans la majorité des cas. Pour la chirurgie conventionnelle, la douleur sciatique disparaît dès le réveil.


– Les suites opératoires sont habituellement simples, plus courtes pour la nucléotomie percutanée. Le lever est rapide, en 24 à 48 heures, et l’hospitalisation est de quelques jours.


– Le plus souvent aucune immobilisation, aucune contention, aucune rééducation ne sont absolument indispensables en postopératoire. Un repos simple doit être respecté : ne pas porter de charges, maintenir le segment lombaire dans un axe correct. La marche est normalement autorisée.


– La reprise du travail dépend des activités professionnelles. En dehors des métiers de force, elle se fait entre la 4e et la 12e semaine pour une chirurgie conventionnelle et plus précocement pour une nucléostomie.


– Cet épisode aigu peut rester unique dans l’existence du sujet, véritable « accident de parcours ». Rien ne permet de prévoir l’éventualité de récidives et d’autres manifestations de la détérioration discale, toutefois la prise de mesures de prévention reste importante.





Déminéralisations


Ostéoporose


Elle se caractérise par une rupture de l’équilibre dynamique physiologique entre la résorption et la formation osseuse du fait d’une insuffisance d’édification de la trame organique ou d’un excès de résorption.


Il en découle sur le plan anatomique une raréfaction avec amincissement des travées osseuses qui restent cependant minéralisées (il n’y a pas d’excès de tissu ostéoïde) ; la diminution de la masse osseuse ou du « volume absolu » osseux est provoquée par la prépondérance de la résorption sur la formation.


La fragilité osseuse qui en résulte expose à un risque important de fractures (tassements vertébraux, fractures du poignet et du col fémoral), mais ce risque n’est pas inéluctable.


Chez la femme, cette perte s’accentue après la ménopause du fait du déficit physiologique en œstrogènes ; c’est l’ostéoporose postménopausique, la plus fréquente. Les autres facteurs intervenant dans l’ostéoporose sont beaucoup moins souvent en cause, mais il est utile de citer la corticothérapie au long cours, et l’emploi en cancérologie de médications à action antihormonale.



L’ostéodensitométrie permet d’évaluer la densité osseuse et le risque fracturaire.


Le traitement repose schématiquement sur l’apport calcique, la vitamine D et les biphosphonates.


La prévention des chutes est un élément très important chez les sujets âgés :





image Situation intégrative



Tassement vertébral ostéoporotique




Que pouvez-vous expliquer à la patiente et à sa famille ?



image Lors de la phase aiguë


Bien souvent, la patiente immobilisée est inquiète de son avenir ; expliquer :



– que le tassement vertébral est une fracture, que c’est un « accident de parcours » qui entraîne en moyenne des douleurs pendant 4 à 6 semaines, et une impotence pendant 2 à 3 semaines ;


– qu’une aide pour sa toilette, son alimentation sera nécessaire au début ;


– que la mise au fauteuil dès que possible est bénéfique pour limiter le risque de complications de décubitus ;


– que le traitement du tassement relève du repos : il s’agit d’une fracture (faire la comparaison avec les fractures des membres inférieurs), qui doit consolider dans un délai connu ; des antalgiques sont associés et parfois une perfusion de bisphosphonate ;


– que le traitement de l’ostéoporose sera commencé après cet épisode ;


– qu’il y a parfois des tassements itératifs qui peuvent prolonger cette phase. D’autre part l’association fréquente à une arthrose peut expliquer la prolongation des douleurs.



image Après la phase aiguë




– Expliquer que la prévention des chutes est essentielle :


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Jul 26, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 16: Pathologie rhumatologique dégénérative

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