Chapitre 16 Apport de l’IRM et du scanner cardiaque dans l’exploration d’une cardiopathie dilatée
Définitions et généralités
Dans les recommandations européennes, les cardiomyopathies dilatées sont définies par la présence d’une dilatation ventriculaire gauche et d’une dysfonction cardiaque systolique en l’absence de cause ischémique, hypertensive ou valvulaire suffisante pour être à l’origine de la dysfonction [1]. Cette classification est basée sur le phénotype des patients, elle est de fait la plus utilisée en pratique clinique. La conférence de consensus de l’American Heart Association (AHA) propose une autre classification basée sur l’origine étiologique de l’affection [2]. Cette classification définit :
Cette deuxième classification correspond plus à la réalité physiopathologique des différentes affections qui peuvent se manifester sous plusieurs formes (par exemple, une cardiopathie hypertrophique peut évoluer vers la dilatation). La prévalence de la cardiomyopathie dilatée est évaluée aux alentours de 1/2500 et se manifeste généralement entre la 3e et la 4e décade. Cette affection peut être à l’origine d’une insuffisance cardiaque, de troubles du rythme supraventriculaires et ventriculaires et de complications thromboemboliques. La mortalité dans cette affection est essentiellement secondaire soit à l’insuffisance cardiaque réfractaire, soit au trouble du rythme grave. Les cardiomyopathies dilatées (CMD) sont des affections qui peuvent avoir des origines multiples : elles peuvent être secondaires à des causes virales, toxiques, auto-immunes, métaboliques et génétiques. En effet, 20 à 35 % des CMD sont familiales et plusieurs mutations ont été identifiées [3].
Diagnostic positif d’une dysfonction, d’une dilatation et d’une augmentation de la masse ventriculaire gauche
L’IRM représente l’examen de référence pour la mesure des volumes et le calcul de la fraction d’éjection [4]. En effet, c’est l’IRM qui permet d’obtenir les mesures les plus précises et les plus reproductibles des volumes du VG. Bien évidemment, l’IRM n’est pas l’examen de première ligne dans l’évaluation de la fonction systolique ventriculaire gauche, mais elle est indiquée si le patient est peu échogène, s’il existe une discordance entre deux techniques ou opérateurs ou si une mesure de référence est nécessaire. La méthode de mesure des volumes en IRM doit respecter des règles strictes pour que la valeur des résultats corresponde à celle retrouvée dans la littérature. Les recommandations de la Society for Cardiac Magnetic Resonance pour la mesure des volumes, de la masse et de la fraction d’éjection ventriculaire gauche sont standardisées et font référence [5].
Les valeurs normales de volume et de masse du VG dépendent grandement du sexe et de l’âge, de la taille et du poids des patients. De nombreuses études ont défini les valeurs normales de volume et de masse dans les deux sexes et les différentes tranches d’âge de la population [6]. Les mesures doivent être exprimées indexées par rapport à la surface corporelle. Par souci de synthèse, on peut retenir chez l’homme, si l’on inclut les muscles papillaires dans la masse myocardique, que le volume télédiastolique normal est inférieur à 100 ml/m2 et que la masse du VG est inférieure à 90 g/m2. Chez la femme, le volume télédiastolique normal est inférieur à 90 ml/m2 et la masse du VG est inférieure à 80 g/m2. Pour la fraction d’éjection, la limite inférieure de la normale se situe à 50 %.
Éliminer les étiologies non myocardiques
La place de l’IRM et du scan cardiaque est prépondérante dans cette phase du diagnostic, puisque le SPECT (single-photon emission computed tomography) est à l’origine de beaucoup de faux positifs dans cette population [7]. Soriano et al. [8] ont exploré 71 patients présentant une dysfonction du VG sans antécédents de maladie coronarienne connue par IRM et coronarographie. Dans le groupe de patients qui présentaient une sténose supérieure à 70 % (26 patients), 20 % de ces patients présentaient une sténose mais pas de rehaussement tardif dans le territoire exploré. À l’inverse, 45 patients ne présentaient pas de sténose sur le réseau coronaire (ou une sténose < 70 %) ; cependant, 10 % de ces patients avaient sur les séquences de rehaussement des séquelles sous-endocardiques d’infarctus. Cette étude montre deux choses :