CHAPITRE 15 TRAITEMENT DES NAUSÉES ET VOMISSEMENTS
ÉTIOLOGIES
Les principales étiologies des nausées et vomissements sont :
– infection du tube digestif (gastro-entérites aiguës, toxi-infections alimentaires) ;
– iatrogénie médicamenteuse, en particulier la chimiothérapie anticancéreuse (non abordée dans ce chapitre) mais également d’autres expositions à des médicaments à doses thérapeutiques (morphiniques, apomorphine, rifampicine…) ou toxiques (colchicine, digitaliques…) ;
– causes neurologiques (migraines, méningites, hypertensions intracrâniennes …) ;
– causes métaboliques (insuffisances rénales aiguës, insuffisances surrénaliennes) ;
– obstructions chroniques gastro-duodénales. Les nausées et vomissements postopératoires touchent généralement 30 % des patients et leur fréquence peut atteindre 80 % dans certaines populations à risque. Leur incidence dépend de nombreux facteurs (patient lui-même, type de chirurgie, anesthésie). Le risque de nausées et vomissements postopératoires peut ainsi être estimé à l’aide d’un score simplifié (Apfel ou Koivuranta).
CLASSIFICATION DES MÉDICAMENTS UTILISABLES
Les principaux médicaments utilisables dans la prise en charge des nausées et des vomissements sont présentés dans le tableau 15.1.
MÉCANISME D’ACTION DES MÉDICAMENTS UTILISÉS
CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE
Nausées et vomissements au décours de gastro-entérites et/ou douleurs abdominales
Une seule étude randomisée chez l’adulte est rapportée dans la littérature [1]. Elle concernait 180 patients admis dans un service d’urgences et souffrant de nausées dont le diagnostic était principalement une gastro-entérite et/ou des douleurs abdominales et visait à comparer des traitements par 4 mg d’ondansetron, 10 mg de métoclopramide, 12,5 mg de prométhazine ou un placebo administrés par voie intraveineuse. Aucune différence entre les différents bras de traitement n’a pu être démontrée. Il n’existe pas d’autre étude randomisée contrôlée qui compare l’effet d’antiémétiques avec celui d’un placebo chez des adultes atteints de gastro-entérite aiguë. Les données de la littérature dans le cadre du traitement des nausées et vomissements liés à un épisode de gastro-entérite ne concernent quasiment exclusivement que les enfants et les adolescents [4, 5, 7].
La dompéridone a montré sa supériorité vis-à-vis du placebo dans deux études anciennes.
Le diphénydrinate sous forme suppositoire a permis d’obtenir une diminution du délai d’arrêt des vomissements dans une étude [10].
Quatre études ont comparé l’ondansétron (qui ne possède pas d’AMM dans cette indication en France) au placebo. L’ondansétron diminue le nombre moyen de vomissements et le besoin en réhydratation IV des enfants hospitalisés mais ne diminue pas le nombre de ré-hospitalisations. En revanche, les diarrhées étaient plus fréquentes dans le groupe traité par ondansétron [9].
Une étude a comparé l’efficacité de l’ondansétron à celle de la dexaméthasone et a conclu à l’absence de différence entre les deux groupes [8].
Nausées et vomissements postopératoires
Les principales données de la littérature comparant les différentes thérapeutiques antiémétiques à l’absence de traitement, au placebo ou entre elles ont été menées dans le cadre de la prévention ou de traitement des nausées et vomissements postopératoires. Plusieurs méta-analyses des études menées existent [3]. Celles-ci concluent à la supériorité du métoclopramide, de l’ondansétron, du dropéridol, de la dexaméthasone, du granisétron (sans AMM dans cette indication en France) vis-à-vis du placebo dans la prévention des nausées et vomissements postopératoires sans qu’il soit possible de déterminer une molécule de choix. La Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR) a publié une conférence de consensus sur le sujet. Elle recommande l’utilisation de « sétrons «, du dropéridol dans le traitement et des « sétrons «, du dropéridol, de la dexaméthasone, voire de l’aprepitant (qui ne possède pas d’AMM dans cette indication) en prévention des nausées et vomissements postopératoires chez le patient à risque. Le dropéridol est également recommandé lors de nausées et vomissements survenant chez un patient traité par morphiniques administrés par administration contrôlée. En seconde intention, la SFAR propose l’utilisation de petites doses d’halopéridol (traitement) ou de la scopolamine (prévention), lesquels n’ont pas d’AMM dans la prise en charge des nausées et vomissements postopératoires [3].