Chapitre 15 Nerf optique
Topographie
L’enveloppe méningée qui recouvre le nerf optique inclut la dure-mère (qui émerge avec la sclère), la couche cellulaire arachnoïde, et la pie-mère vasculaire. Les vaisseaux issus de la pie-mère s’étendent dans le nerf optique et subdivisent les fibres nerveuses en fascicules. L’espace subarachnoïdien, qui contient le liquide céphalorachidien (LCR), se termine en impasse là où se terminent les méninges (fig. 15-1, 15-2). Voir la Section 2 du BCSC, Fundamentals and Principles of Ophthalmology (Principes et fondements de l’ophtalmologie), et la Section 5, Neuro-ophtalmologie, pour davantage de détails.
Figure 15-1 Coupe longitudinale d’un nerf optique normal. Les axones des cellules ganglionnaires de la rétine (R) deviennent les fibres des axones du nerf optique. Les axones du nerf optique passent à travers les fenestrations de la lame criblée (têtes de flèche), qui est en continuité avec la partie antérieure de la sclère (S). La partie postérieure de la sclère est en continuité avec la dure-mère (D). C = choroïde, A = arachnoïde, P = pie-mère, ACR = artère centrale de la rétine, VCR = veine centrale de la rétine.
(Remerciements au Dr Tatyana Milman.)
Figure 15-2 Coupe transversale d’un nerf optique normal. Les axones du nerf optique sont regroupés en fascicules et séparés par de délicates cloisons de la pie-mère fibrovasculaires. Les noyaux des oligodendrocytes, astrocytes et microglies sont visibles entre les axones éosinophiles. L’espace sous-dural (astérisque) est relativement étroit dans un nerf optique normal.
(Remerciements au Dr Tatyana Milman.)
Anomalies congénitales
Colobomes
Typiquement, les colobomes du nerf optique sont dus à une mauvaise fermeture de la fissure embryonnaire. On les observe en inféronasal de la papille optique, et ils sont associés à des colobomes de la rétine/choroïde, du corps ciliaire et de l’iris. Ceux-ci peuvent être présents à n’importe quel point le long du parcours de la fissure embryonnaire (fig. 15-3A).
Figure 15-3 Colobome du nerf optique. A. Photographie du fond d’œil montrant une malformation colobomateuse dans la partie inféronasale du nerf optique (flèche). B. Une rétine désorganisée et gliotique (astérisque) descend à l’intérieur de la malformation, elle-même tapissée par une excavation de la sclère. La rétine normale, l’épithélium pigmentaire rétinien et la choroïde se terminent au rebord de la malformation (flèches).
(Remerciements au Dr Tatyana Milman.)
Histologiquement, un colobome du nerf optique consiste en une grande anomalie du nerf optique, impliquant la rétine, l’épithélium pigmentaire rétinien et la choroïde. Une rétine atrophique et névroglique recouvre la zone d’atrophie. La sclère est ectasique et arqué postérieurement. Les parois du défaut peuvent contenir du tissu adipeux et même du muscle lisse (fig. 15-3B).
Inflammations
Inflammations infectieuses
Les infections du nerf optique peuvent être secondaires à une infection bactérienne ou fongique des structures anatomiques adjacentes, telles que l’œil, le cerveau ou les sinus ; ou bien elles peuvent être la conséquence d’une infection systémique, particulièrement chez les patients immunodéprimés. Les infections fongiques comprennent la mucormycose, la cryptococcose et la coccidiomycose. La mucormycose est en général le résultat de la propagation d’une infection des sinus adjacents. La cryptococcose résulte d’une extension directe d’une affection du SNC et produit souvent de multiples foyers de nécrose avec peu de réaction inflammatoire (fig. 15-4). La coccidiomycose produit des granulomes nécrosants.
Figure 15-4 Cryptococcose du nerf optique chez un patient immunodéprimé. La dure-mère est infiltrée par des cryptocoques (flèches). Cette levure a une capsule mucopolysaccharidique, bien visible par coloration à la mucicarmine. Aucun infiltrat inflammatoire n’est visible.
(Remerciements au Dr Tatyana Milman.)
Les infections virales du nerf optique sont généralement associées à d’autres lésions du système nerveux central. La sclérose en plaques et l’encéphalomyélite disséminée aiguë sont des maladies auto-immunes démyélinisantes aux étiologies multifactorielles, incluant des causes infectieuses. La myéline endommagée est évacuée par les macrophages (fig. 15-5). La prolifération astrocytaire produit au final une cicatrice gliale, appelée plaque.
Figure 15-5 Sclérose en plaques, nerf optique. A. Coloration au bleu de Luxol rapide (Luxol fast blue), avec contre-coloration à l’H&E. Les zones colorées en bleu indiquent la présence d’une myéline normale. Noter l’absence de myéline dans la partie inférieure gauche du nerf optique (astérisque), correspondant à une lésion focale. B. À plus fort grossissement. Le matériel bleu (myéline) est englouti par les macrophages.
Inflammations non infectieuses
Les troubles inflammatoires non infectieux du nerf optique comprennent l’artérite à cellules géantes et la sarcoïdose. L’artérite à cellules géantes (maladie de Horton) peut produire une inflammation granulomateuse dans la paroi des vaisseaux sanguins et l’occlusion des vaisseaux ciliaires postérieurs avec nécrose provoquant la liquéfaction du nerf optique. La biopsie de l’artère temporale superficielle est la référence pour le diagnostic histologique de cette pathologie (fig. 15-6). L’atteinte de la paroi de l’artère peut être fragmentaire. On peut augmenter le rendement diagnostique d’une biopsie en obtenant un spécimen d’une longueur suffisante (environ 2 cm) et en faisant un examen histologique minutieux.
Figure 15-6 Artérite à cellules géantes (maladie de Horton), artère temporale superficielle. A. La lumière vasculaire (flèche) est rétrécie par une hyperplasie intimale concentrique. On observe une importante réaction inflammatoire transmurale comprenant de nombreuses cellules géantes multinucléées (têtes de flèche). B. Une coloration de l’élastine permet d’observer une perte diffuse de la limitante élastique interne. Un court segment où la limitante élastique interne est intacte est indiqué par une flèche. Des cellules géantes (têtes de flèche) sont observées au niveau de la limitante élastique interne. I = intima, M = média, A = adventice.
(Remerciements au Dr Tatyana Milman.)