15 Microdialyse cérébrale
Définition
Microdialyse cérébrale : mesure des concentrations extracellulaires dans le milieu interstitiel de l’encéphale de différents substrats (paramètres biochimiques) par l’intermédiaire d’un microcathéter spécifique introduit dans une zone de l’encéphale.
La microdialyse cérébrale permet le monitorage de l’ischémie tissulaire, en précisant le caractère aérobie ou anaérobie du métabolisme de la zone entourant le cathéter (monitorage métabolique).
Principe de fonctionnement
Il s’agit d’une technique reposant sur un principe de dialyse conventionnelle : diffusion passive de composés (endogènes ou xénobiotiques) présents le milieu extracellulaire à travers une membrane poreuse insérée dans un tissu.
Les molécules présentes dans le tissu interstitiel diffusent à travers la membrane semi-perméable vers le liquide de perfusion contenu dans le cathéter selon le gradient de concentration de part et d’autre de la membrane.
Au sortir de la membrane de dialyse, le liquide de perfusion, appelé dialysat, est acheminé vers un capillaire au centre de la sonde vers un microtube où il est collecté.
Les vitesses habituelles de perfusion varient entre 0,3 et 0,5 μL/min.
La fréquence d’échantillonnage peut aller jusqu’à 5 minutes mais elle est plus souvent de l’ordre de 30 à 60 minutes (en particulier en réanimation).
Matériel
Automate : analyseur disponible au lit du patient dédié à cet usage.
Procédure de mise en place
Insertion d’un cathéter spécifique dans le cortex frontal ou temporal sous asepsie chirurgicale :
En pratique traumatologique, l’implantation de la sonde est réalisée à la périphérie de la lésion diagnostiquée à l’aide de l’imagerie cérébrale.
Un deuxième cathéter peut être mis en place en zone « saine », permettant de comparer les valeurs.
Un troisième cathéter est parfois inséré dans la graisse abdominale pour interpréter les variations de certains substrats en fonction de leur valeur périphérique (notamment glucose et glycérol).
Remarques. Seule l’insertion dans la zone de pénombre comporte une grande sensibilité et spécificité pour prédire l’évolution vers une ischémie incontrôlable.
Le monitorage dans l’hémisphère controlatéral ou dans la zone ischémiée n’apporte pas formellement d’éléments nouveaux par rapport à la mesure de la PIC.
Procédure de mesure
Optimisation du rendement : débits de perfusion faibles (le plus souvent 0,3 μL/min), ce qui conduit à espacer les prélèvements (entre 30 et 60 minutes). N.B. : dans ce cas, la résolution temporelle est également faible. Le rapprochement des intervalles de prélèvement permet un monitorage au prix d’une augmentation de la vitesse de perfusion et donc d’une diminution de rendement.
Avantages et limites de la microdialyse cérébrale (tableau 15.1)
Tableau 15.1 Avantages et limites de la microdialyse cérébrale
Avantages | Limites |
---|---|
Suivi dynamique des modifications tissulaires localesOutil de surveillance multiparamétrique du métabolisme cellulaire, de la cinétique médicamenteuseAutorise un dosage répété de petites molécules comme le glucose ou le lactateMesure au lit du maladeGain de temps (par rapport au monitorage conventionnel)Orientation des décisions thérapeutiques (ischémie/crise métabolique)Évaluation des effets des interventions conventionnelles (barbituriques, osmothérapie) | InvasifLourd à mettre en œuvreCoûteuxMesure discontinueDonne des modifications tardives des principaux métabolites mesurés en cas de souffrance cérébraleDosages réalisés sur des échantillons de très petit volume (20 μL) : concentration recueillie inférieure à la concentration réelle, sauf si la longueur de membrane est augmentée ou la vitesse de perfusion diminuéeRésolution spatiale de la technique médiocre : le volume de liquide extracellulaire échantillonné étant limité à quelques millimètres cubesEffets secondaires de la microdialyse : traumatisme provoqué par la sonde |

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