13: Maladies des paupières, des griffes, des glandes anales et des conduits auditifs

Chapitre 13


Maladies des paupières, des griffes, des glandes anales et des conduits auditifs




Blépharite




Caractéristiques


Une blépharite est une inflammation des paupières pouvant résulter d’une infection bactérienne primaire ou être secondaire à une cause sous-jacente telle qu’une maladie parasitaire, allergique, auto-immune ou une leishmaniose. L’atteinte des paupières peut être isolée ou accompagnée d’une dermatose généralisée. Elle est courante chez le chien et peu fréquente chez le chat.











Traitement et pronostic




1. Identifier et corriger toute cause sous-jacente.


2. Interrompre tout traitement topique en cas de suspicion de dermatite de contact.


3. En présence d’un prurit, mettre en place une collerette afin de prévenir l’automutilation.


4. Appliquer des compresses humides tièdes sur les zones atteintes deux ou trois fois par jour pour réduire la tuméfaction et retirer l’exsudat.


5. En présence d’une infection bactérienne, appliquer un topique oculaire à base d’antibiotiques et de corticoïdes toutes les 8 à 12 heures pendant 2 à 3 semaines. Les préparations efficaces sont celles comprenant les principes actifs suivants :



Ne pas utiliser en cas de suspicion de dermatite de contact.


6. En cas de blépharite bactérienne, administrer des antibiotiques systémiques appropriés pendant au moins 3 semaines.


7. En cas de blépharite auto-immune, utiliser un traitement immunosuppresseur (voir tableau 8.1).


8. Un traitement topique symptomatique à l’aide de préparations ophtalmiques à base de corticoïdes ou d’antihistaminiques peut aider lors d’une blépharite allergique.


9. Le pronostic est bon si la cause sous-jacente peut être identifiée et corrigée ou contrôlée.




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Figure 13.2 Blépharite. Vue rapprochée du chien de la figure 13.1. Mise en évidence de la décoloration et de l’agglutination des poils autour des yeux dues à un écoulement oculaire important.







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Figure 13.6 Blépharite. Même chien que sur la figure 13.5. La « blépharite marginale » fut à l’origine d’une dermatite alopécique papuleuse bilatérale.





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Figure 13.8 Blépharite. Même chien que sur la figure 13.7. Alopécie, érythème et tuméfaction tissulaire de la peau périoculaire. (Remerciements à S. McLaughlin.)






Otite externe




Caractéristiques


L’otite externe est une maladie inflammatoire aiguë ou chronique du méat auditif externe. Ses causes sont nombreuses et presque toujours liées à une maladie primaire sous-jacente (tableau 13.1) qui altère la structure et la fonction normales du conduit, entraînant une infection secondaire (tableau 13.2). L’otite externe est courante chez le chat et le chien. Le Cocker Spaniel est particulièrement prédisposé au développement d’une maladie chronique et grave.




Un prurit ou une douleur auriculaires sont des symptômes fréquents d’otite externe. On peut observer un frottement de la tête, un grattage des oreilles, un secouement de la tête, des othématomes et une tête penchée du côté de l’oreille atteinte. Un écoulement auriculaire pouvant être malodorant est généralement présent. Dans les cas aigus, la face interne du pavillon auriculaire et le conduit auditif sont généralement érythémateux et tuméfiés. Le conduit auditif peut également être érodé ou ulcéré. Une alopécie, des excoriations et des croûtes sont fréquentes. Dans les cas chroniques, on observe fréquemment la présence d’une hyperkératose, d’une hyperpigmentation et d’une lichénification du pavillon auriculaire avec une sténose du conduit auditif due à une fibrose ou à une métaplasie osseuse. On peut observer une baisse de l’audition. La présence d’une otite moyenne concomitante doit être suspectée en cas d’otite externe persistant au-delà de 2 mois, même si la membrane tympanique semble intacte et que l’animal ne présente aucun signe clinique évident d’otite moyenne (oreille ou lèvre pendante ou incapacité de bouger l’oreille ou les lèvres, écoulement de salive, diminution ou absence du réflexe palpébral, kératite sèche). Dans de rares cas, les symptômes d’otite interne (tête penchée, nystagmus, ataxie) peuvent être présents. L’examen de la cavité buccale peut révéler de la douleur (otite moyenne sévère), une inflammation, ou des masses (en particulier des polypes chez le chat). Suivant la cause sous-jacente, une maladie cutanée concomitante peut être observée.



Diagnostic




1. Fondé sur l’historique et les signes cliniques.


2. Examen otoscopique : objectiver le degré d’inflammation, d’ulcération, de sténose et de modifications prolifératives ; la quantité et la nature des débris et de l’écoulement ; la présence de corps étrangers, d’ectoparasites et de masses ; et l’intégrité de la membrane tympanique.


3. Préparation à l’huile minérale (écouvillon auriculaire) : rechercher des acariens adultes et des œufs d’Otodectes ou de Demodex.


4. Cytologie (écouvillon auriculaire) : rechercher des bactéries, des levures, des filaments mycéliens, du cérumen, des leucocytes et des cellules néoplasiques.


5. Culture bactérienne (exsudat de l’oreille externe ou moyenne) : indiquée lorsque la cytologie met en évidence la présence de bactéries malgré une antibiothérapie en cours, ou lorsqu’une otite moyenne est suspectée.


6. Culture fongique : indiquée en cas de suspicion d’otite à dermatophytes, en particulier chez le chat à poil long atteint d’une otite cérumineuse.


7. Radiographie (bulles tympaniques), scanner, imagerie par résonance magnétique (IRM) : on observe des signes d’atteinte de la bulle tympanique (sclérose, opacification) dans 75 % des cas d’otite moyenne.


8. Dermatohistopathologie : peut être indiquée afin d’identifier la cause primaire (par exemple dermatose auto-immune, adénite sébacée, érythème polymorphe), en cas de suspicion de néoplasme (masse dans le conduit auditif), ou lors d’une ablation du conduit auditif en raison d’une otite en stade terminal.



Traitement et pronostic




1. Identifier et corriger si possible les causes primaires de l’otite (voir tableau 13.1).


2. Pour l’oreille du nageur, il est possible de prévenir la macération des conduits par l’instillation prophylactique d’un agent asséchant après que le chien s’est mouillé (natation, bains), ou deux ou trois fois par semaine dans les régions à climat très humide. Les produits efficaces sont ceux contenant des produits astringents ou de l’alcool.


3. Pour les otites allergiques, la prise en charge au long cours inclut le contrôle des allergies sous-jacentes, la guérison de toute infection secondaire bactérienne ou fongique ainsi que l’instauration d’un nettoyage et d’un traitement auriculaires tous les 3 à 7 jours afin de prévenir les récidives. Chez les animaux dont la cause sous-jacente ne peut pas être identifiée ou parfaitement contrôlée, l’utilisation à la demande et judicieuse de préparations à base de corticoïdes peut prévenir les poussées d’otite.


4. Pour les otites bénignes/aiguës, le propriétaire doit nettoyer les oreilles de son animal, à la maison, tous les 2 à 7 jours à l’aide d’un agent céruminolytique (qui ne nécessite pas de rinçage) afin de prévenir l’accumulation de cérumen et de débris. Un nettoyage auriculaire à vie tous les 3 à 7 jours peut être nécessaire afin de prévenir les récidives d’otites. Il est déconseillé d’utiliser des coton-tiges (risque d’endommager l’épithélium).


5. Pour les otites sévères/chroniques, réaliser un nettoyage et un flushing auriculaire en clinique afin de retirer l’exsudat et les débris accumulés dans les parties verticale et horizontale des conduits auditifs (sous sédation ou anesthésie si nécessaire). Répéter la procédure tous les 2 à 7 jours jusqu’à ce que tous les débris soient retirés. Les produits pouvant être utilisés pour le flushing auriculaire incluent :



Un traitement préalable (5 minutes avant le nettoyage) à l’aide d’un produit nettoyant à base de peroxyde d’urée est très efficace pour la dissolution de l’exsudat, mais le produit doit impérativement être rincé après application (peut présenter un risque d’ototoxicité).


6. Des corticoïdes systémiques doivent être administrés en cas de douleur ou de sténose auriculaire due à une tuméfaction ou une prolifération tissulaire. Chez le chien, administrer de la prednisone à la posologie de 0,25–0,5 mg/kg PO toutes les 12 heures pendant 5 à 10 jours. Chez le chat, administrer de la prednisolone à la posologie de 0,5–1,0 mg/kg PO toutes les 12 heures pendant 7 à 14 jours.



Cas particuliers



7. Pour les gales auriculaires, traiter tous les chiens et les chats atteints et ceux en contact. En cas d’utilisation de traitements auriculaires, administrer conjointement des traitements permettant d’éliminer les acariens ectopiques. Les traitements efficaces contre les gales auriculaires incluent les produits suivants.



8. Pour une otite démodécique, les traitements efficaces contre les acariens incluent :



9. Pour les otites à Malassezia, reconditionner les préparations auriculaires contenant des agents antifongiques dans un nouveau flacon (flacon compte-goutte) pour un dosage plus précis, puis, instiller 0,2 à 0,5 ml (un quart ou une demi-pipette du compte-goutte) dans l’oreille atteinte toutes les 12 heures pendant au moins 2 à 4 semaines. Poursuivre le traitement jusqu’à ce que les calques de suivi soient cytologiquement négatifs, que les conduits auditifs ne soient plus œdématiés ou enflammés, et que l’épithélium du conduit se soit normalisé.


    Les produits efficaces incluent :



10. Pour les cas graves et réfractaires d’otite externe à Malassezia ou d’otite moyenne, en complément du traitement antifongique topique, il peut être utile d’administrer un traitement antifongique systémique, à condition de l’administrer pendant 3 à 4 semaines, et de poursuivre le traitement pendant 1 à 2 semaines au-delà de la guérison clinique complète. Les traitements efficaces incluent :



11. Pour les otites bactériennes, reconditionner les préparations auriculaires contenant des antibiotiques dans un nouveau flacon (flacon compte-goutte) pour un dosage plus précis. Puis, instiller 0,2–0,5 ml (un quart ou une demi-pipette du compte-goutte) dans l’oreille atteinte toutes les 8 à 12 heures pendant au moins 2 à 4 semaines. Poursuivre le traitement jusqu’à ce que les calques de suivi soient cytologiquement négatifs, que les conduits auditifs ne soient plus œdématiés ou enflammés, et que l’épithélium du conduit se soit normalisé.


    Les produits efficaces incluent :



12. Pour les otites moyennes bactériennes, les antibiotiques systémiques peuvent ne pas atteindre une concentration tissulaire suffisante pour tuer Pseudomonas et prévenir des antibiorésistances ; administrer la dose sans danger la plus élevée possible conjointement à un traitement topique à haute concentration du même antibiotique. En cas d’échec d’un traitement topique agressif, il peut être indiqué d’avoir recours à une antibiothérapie systémique dont le choix sera fondé sur un antibiogramme, et ce pendant au moins 4 semaines avec poursuite du traitement pendant au moins 2 semaines au-delà de la guérison clinique complète.


    Les antibiotiques peuvent être :



13. Pour les otites à Pseudomonas, administrer un traitement agressif pendant au moins 2 à 4 semaines, puis poursuivre le traitement pendant 2 semaines au-delà de la guérison clinique complète. Il convient d’identifier et de corriger toutes les causes sous-jacentes. Actuellement, les traitements les plus efficaces incluent les solutions à base de tris-EDTA (acide éthylène diamine tétra-acétique) et de fortes concentrations d’antibiotiques, instillées en grands volumes (afin de s’assurer une pénétration profonde et de prévenir la dilution par l’exsudat). Le choix des antibiotiques doit reposer sur les résultats d’antibiogrammes. Les antibiotiques systémiques peuvent ne pas atteindre une concentration tissulaire suffisante (la concentration permettant de prévenir l’apparition de mutations) pour tuer Pseudomonas et prévenir des antibiorésistances. En cas d’utilisation d’une antibiothérapie systémique, administrer la dose sans danger la plus élevée possible conjointement à un traitement topique à forte concentration du même antibiotique.



– Ajouter de l’enrofloxacine à la solution d’EDTA afin d’obtenir une solution à 10 à 20 mg/ml. Remplir le conduit auditif de la solution toutes les 12 à 24 heures. Même en utilisation seule, les surfactants de la Solution T8® exercent une action nettoyante sur l’oreille, permettant à l’enrofloxacine administrée en concentration importante de pénétrer dans le conduit auditif profond. Ce traitement est efficace dans 80 % des cas d’otites chroniques récidivantes, même si les résultats de l’antibiogramme révèlent une résistance des bactéries vis-à-vis de l’enrofloxacine (en raison du tris-EDTA et des concentrations élevées en antibiotiques).


– Solution de tris-EDTA (avec ou sans enrofloxacine à 10 mg/ml, gentamicine à 3 mg/ml, ou amikacine à 9 mg/ml) instillée à la posologie de 0,5 ml toutes les 8 à 12 heures.


– Sulfate d’amikacine (50 mg/ml), non dilué, instillé à la posologie de 0,1–0,2 ml toutes les 12 heures.


– Solution de sulfadiazine argentique à 0,1 % (mélanger 1,5 ml [un tiers de cuillère à café] de crème avec 13,5 ml d’eau distillée, ou mélanger 0,1 g de poudre de sulfadiazine argentique avec 100 ml d’eau distillée) et instiller 0,5 ml toutes les 12 heures.


– Ticarcilline non diluée en préparation intra-utérine pour la jument à raison de 0,2–0,3 ml toutes les 8 heures.


– Ticarcilline en poudre pour injection (reconstituer la fiole suivant les instructions, puis congeler le produit en seringues de 1 ml). Décongeler chaque seringue avant utilisation et la conserver au réfrigérateur. Instiller une dose de 0,2–0,3 ml dans les oreilles atteintes toutes les 8 heures.



Pour les otites en stade terminal



14. Pour les otites chroniques prolifératives, un traitement médical agressif est nécessaire. Instaurer un nettoyage hebdomadaire des oreilles. Pour les otites externes et moyennes bactériennes ou fongiques, administrer un traitement antibiotique ou antifongique systémique et topique au long cours (au minimum 4 semaines) et poursuivre le traitement au-delà de la guérison clinique complète de l’infection. Afin de réduire la prolifération tissulaire, administrer de la prednisone à la posologie de 0,5 mg/kg PO toutes les 12 heures pendant 2 semaines ; puis à la posologie de 0,5 mg/kg PO toutes les 48 heures pendant 2 semaines. À ce stade, il est rare d’obtenir un retour des oreilles à la normales. Il est donc presque toujours nécessaire d’avoir recours à un traitement au long cours à l’aide de préparations contenant des corticoïdes (traitements utilisés en cas d’otite allergique).


15. Pour les otites au stade terminal, les indications chirurgicales sont :



16. Le pronostic est variable selon la possibilité d’identification et de correction de la cause sous-jacente et suivant la chronicité et la sévérité de l’otite externe. Le Cocker Spaniel étant particulièrement prédisposé aux otites externes chroniques et sévères, il convient de prendre en charge précocement et agressivement les otites externes primaires et les inflammations secondaires chez cette race.






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Figure 13.13 Otite externe. Vue rapprochée du chat de la figure 13.12. L’exsudat cérumineux et brun est dû à une infection secondaire à levures.

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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on 13: Maladies des paupières, des griffes, des glandes anales et des conduits auditifs

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