11: PATHOLOGIE PARIÉTALE ET DIAPHRAGMATIQUE

CHAPITRE 11


PATHOLOGIE PARIÉTALE ET DIAPHRAGMATIQUE



11.1


DIAPHRAGME



Le diaphragme est une cloison musculo-aponévrotique mobile séparant le thorax de l’abdomen et jouant un rôle essentiel dans la fonction respiratoire. Son étude est difficile en raison de sa faible épaisseur et de sa forme anatomique complexe se prêtant mal à une analyse sur un seul plan de coupe. Son étude multiplanaire est actuellement possible grâce à l’IRM et aux reconstructions de grande qualité permises par le scanner multicoupe. La radiographie thoracique reste néanmoins l’examen de base de l’étude du diaphragme, d’autant plus que les anomalies diaphragmatiques sont souvent asymptomatiques et découvertes à l’occasion d’une radiographie standard. Ces anomalies peuvent être le témoin d’une atteinte de la cloison diaphragmatique elle-même ou d’une pathologie périphrénique d’origine thoracique ou abdominale.



HERNIES DIAPHRAGMATIQUES


Il s’agit d’ascension d’organes ou de tissus abdominaux ou rétropéritonéaux dans le thorax à travers un orifice diaphragmatique qui peut être un orifice normal mais agrandi ou un orifice malformatif ou acquis à l’occasion d’une brèche trau-matique (les ruptures diaphragmatiques et les hernies post-traumatiques seront étudiées dans le Chapitre 13). Leur diagnostic est facilité par les reconstructions coronales et sagittales du scanner multicoupes [25, 77].



Hernies hiatales


Ce sont les hernies les plus fréquentes ; elles correspondent à une ascension plus ou moins importante de l’estomac à travers l’orifice hiatal du diaphragme. Elles sont asymptomatiques ou découvertes à l’occasion d’une symptomatologie de reflux, en particulier dans les hernies par glissement (type I), les plus fréquentes, caractérisées par une ascension du cardia. Beaucoup plus rares sont les hernies para-œsophagiennes ou hernies par roulement (type II) pour lesquelles le cardia est en place et dont la gravité tient au risque de volvulus et de strangulation. Ces hernies sont parfois de mécanisme mixte (type III) ou associées à une hernie viscérale (type IV) contenant une autre structure digestive que l’estomac [45], comme le côlon transverse ou le pancréas. L’ascension du pancréas dans une hernie hiatale peut être asymptomatique [66] ou provoquer exceptionnellement une pancréatite aiguë en cas de volvulus pancréatique et de torsion du canal de Wir-sung [11, 76].


Lorsque ces hernies sont volumineuses, elles peuvent être détectées par la radiographie thoracique sous forme d’une opacité rétrocardiaque parfois associée à un niveau hydroaérique très évocateur (fig. 11-1). L’imagerie présente peu d’intérêt dans l’exploration de la plupart des hernies hiatales. Dans les hernies volumineuses, le transit œso-gastro-duodénal peut être indiqué dans un but préopératoire pour préciser la situation de l’estomac, un éventuel volvulus (fig. 11-2) et la longueur de l’œsophage. L’intérêt diagnostique du scanner est limité : il permet de montrer un écartement des piliers diaphragmatiques et la hernie de graisse omentale (fig. 11-3) accompagnant l’estomac [57]. Il est surtout utile dans les volumineuses hernies hiatales par roulement, dans les hernies mixtes et dans les hernies de type IV pour préciser la taille et l’orientation de la hernie gastrique dans la cavité thoracique [12, 94] et faire l’inventaire exact des structures ascensionnées (fig. 11-4 et 11-5) [45].







Le traitement chirurgical des hernies hiatales par fundo-plicature peut être responsable en scanner d’une « pseudo-masse » au niveau de la jonction gastro-œsophagienne [62, 74], difficile à différencier d’une tumeur ou d’une récidive herniaire. La présence d’une petite zone de graisse au centre de la masse doit permettre de la rattacher à la fundoplica-ture [62].



Hernies de Bochdalek


Elles sont dues à une déhiscence des fibres musculaires postérieures du diaphragme (fermeture incomplète du canal pleuropéritonéal). Ces hernies, lorsqu’elles sont importantes, se manifestent en période néonatale sous forme d’un tableau dramatique de détresse respiratoire. Chez l’adulte, elles sont souvent découvertes de façon fortuite à l’occasion d’un examen tomodensitométrique. Leur incidence est très variable dans la littérature, de 0,17 % [68] à 12 % [28, 49]. Elles sont classiquement plus fréquentes à gauche, bien que deux études fassent part d’une prédominance à droite [67, 68].


Les formes bilatérales sont rares [82]. Les hernies de Bochdalek sont dans la majorité des cas dépourvues de sac herniaire et constituées de graisse rétropéritonéale, parfois accompagnées du rein [54].


L’ascension d’organes abdominaux est beaucoup plus rare (estomac, intestin, côlon, foie, rate, pancréas). La hernie d’anses digestives peut se révéler à l’occasion de complications aiguës graves à type d’obstruction, de strangulation [34, 39, 44] ou de perforation [51]. Quelques cas d’obstruction urétérale sur hernie de Bochdalek ont été rapportés [70, 90].


Sur la radiographie thoracique, ces hernies se manifestent par une opacité homogène, à limites nettes, se projetant au-dessus du bord interne de la coupole et en situation postérieure sur le cliché de profil (fig. 11-6), posant un problème diagnostique avec une bosselure ou une éventration postérieure. Le scanner permet d’en faire le diagnostic en montrant la graisse rétropéritonéale ascensionnée et le défect diaphragmatique (fig. 11-7 et 11-8) sur le bord postéro-médial de la coupole [28, 52, 85, 95]. La hernie graisseuse présente un volume variable et se localise soit au contact du pilier homo-latéral, soit de façon plus latérale dans le récessus pleural postérieur. La visualisation du défect diaphragmatique est plus simple du côté gauche car, à ce niveau, la coupole est facilement repérée grâce à l’interface entre la graisse sous-diaphragmatique et le poumon. Du côté droit, la graisse sous-diaphragmatique est moins abondante et la coupole peut être indissociable de la face postérieure du foie. Néanmoins, le défect se situe le plus souvent sur les coupes plus caudales où la coupole est soulignée par la graisse infra- ou rétrohé-patique [28]. La visualisation de ce défect est la clé du diagnostic et permet de différencier les hernies de Bochdalek des autres masses graisseuses péridiaphragmatiques comme les lipomes diaphragmatiques, les éventrations postérieures et l’extension extrapleurale de la graisse rétropéritonéale de l’espace rétrocrural. Notons cependant que certains défects diaphragmatiques considérés comme « acquis » peuvent se rencontrer sur la partie postérieure du diaphragme (fig. 11-9) en particulier chez les patients âgés ou emphysémateux [8].







Hernies de Morgagni


Elles représentent 3 % des hernies diaphragmatiques et sont encore appelées hernies rétro-costo-xyphoïdiennes. Elles se situent entre le plastron sternocostal et les faisceaux musculaires d’insertion antérieure du diaphragme. Elles peuvent être médianes entre les faisceaux d’insertion xyphoïdiens (fente de Marfan) ou, plus souvent, latérales entre le faisceau xyphoï-dien et le faisceau d’insertion chondrocostal (fente de Larrey). Elles sont plus fréquentes à droite en raison de la présence de la masse cardiaque à gauche et sont toujours pourvues d’un sac herniaire contenant de la graisse épiploïque parfois accompagnée de côlon ou d’estomac [65]. Elles peuvent parfois contenir du foie [14]. Rarement, elles sont associées à une déformation de la paroi thoracique antérieure à type de pectus carinatum [66]. Bien qu’un cas de nécrose et de torsion du grand épiploon hernié ait été rapporté [58], de même qu’un cas de tamponnade par compression du ventricule droit [60], ces hernies sont le plus souvent asymptomatiques et découvertes sur une radiographie thoracique. Elles se manifestent par une opacité de l’angle cardiophrénique antérieur droit correspondant à la graisse ascensionnée, contenant parfois des images aériques correspondant aux structures digestives herniées (fig. 11-10). Le scanner permet de confirmer la nature graisseuse de l’opacité, de montrer sa continuité avec la graisse épiploïque et de déceler parfois des structures linéaires à disposition radiaire, correspondant aux vaisseaux omentaux éliminant ainsi un amas graisseux cardiophrénique antérieur [26, 32, 53]. D’éventuelles structures digestives her-niées sont également facilement identifiées, de même que le défect diaphragmatique (fig. 11-11). Il convient de toujours vérifier la position des structures herniées par rapport à l’appendice xyphoïde et aux attaches diaphragmatiques antérieures : en effet, lorsque le centre phrénique et le cœur sont en situation basse sous le processus xyphoïde, le côlon peut être en situation précardiaque et simuler une hernie de Morgagni. La visibilité des attaches diaphragmatiques antérieures au-dessus du côlon permet de montrer qu’il ne s’agit pas d’une hernie vraie. L’IRM (fig. 11-12) apparaît intéressante en montrant sur les coupes sagittales médianes et paramédianes le défect antérieur du liseré en hyposignal du diaphragme et la continuité de la graisse épiploïque intrathoracique avec la graisse abdominale [18, 29, 92, 98].






PARALYSIES PHRÉNIQUES


Elles sont dues à une lésion du nerf phrénique qui peut être atteint sur tout son trajet depuis son origine médullaire jusqu’à sa terminaison sur les fibres musculaires du diaphragme. Le nerf phrénique est une branche du plexus cervical et naît de la branche antérieure de C4 qui reçoit les branches accessoires de C3 et C5. Il est constitué au bord externe du scalène et pénètre dans le thorax entre l’artère et la veine sous-clavière. Il longe ensuite à droite le bord externe de la veine cave supérieure et passe en avant du pédicule pulmonaire, puis répond en dedans à l’oreillette droite et se termine en plein centre phrénique. Du côté gauche, il répond en dedans à la carotide primitive et à la chaîne lymphatique médiastinale antérieure puis passe en avant du pédicule pulmonaire pour rejoindre le cœur par l’intermédiaire du péricarde où il répond au ventricule gauche [1].


Les causes de paralysie phrénique sont nombreuses, dominées par la compression du nerf phrénique par une tumeur médiastinale ou bronchique. L’atteinte du nerf phrénique au cours du cancer bronchique fait classer la tumeur T3 dans la stadification TNM. Le nerf phrénique peut également être lésé à l’étage cervical dans certaines cervicarthroses évoluées [23, 64], lors de manipulations cervicales [79], lors de lésions infectieuses, tumorales ou traumatiques ou lors de ponctions de la veine jugulaire interne [4]. Trois cas de paralysie phré-nique par compression d’une artère cervico-transverse ont récemment été rapportés [47]. Au niveau thoracique, l’atteinte tronculaire peut être secondaire à un traumatisme ou à une chirurgie cardiaque (refroidissement du nerf au cours de la cardioplégie dans les pontages coronariens) [24, 56].


Enfin, l’atteinte de la moelle dans certaines maladies neurologiques (sclérose latérale amyotrophique, syringomyélie, etc.) ou à l’occasion d’un traumatisme est plus souvent responsable d’une paralysie diaphragmatique bilatérale pouvant être responsable de difficultés respiratoires. Dans plus de deux tiers des cas, la paralysie phrénique reste d’étiologie inconnue.


Les paralysies phréniques unilatérales sont le plus souvent asymptomatiques et de découverte radiologique. Elles se manifestent sur la radiographie thoracique par une ascension de la coupole diaphragmatique (fig. 11-13 et 11-14), parfois accompagnée d’opacités pulmonaires en bande au contact de la coupole surélevée, et en fluoroscopie par une absence de mobilité de la coupole pendant la respiration et par un mouvement brutal et paradoxal de la coupole au cours des manœuvres de reniflement maximal (sniff test). Ces signes doivent cependant être interprétés avec précaution. Sur le cliché en inspiration, le sommet de la coupole droite se projette entre les arcs antérieurs des 6e et 7e côtes et la coupole gauche est plus basse d’un demi-espace intercostal. De nombreuses variations peuvent cependant exister et rendre difficile l’appréciation d’une élévation d’une hémicoupole d’autant plus qu’il n’existe pas de critères chiffrés à partir desquels on peut affirmer qu’une coupole est ascensionnée [88]. En outre, la diminution de mobilité d’une coupole en fluoroscopie n’est pas spécifique de paralysie phrénique et peut également être observée lors d’atteintes pleurales ou sous-phréniques et dans les éventrations diaphragmatiques. La manœuvre radiologique la plus fiable pour détecter une paralysie phrénique est la manœuvre du sniff test. Cependant, ses résultats peuvent être faussés car certains patients n’utilisent pas leur diaphragme de façon physiologique. L’échographie peut aussi être utile pour mettre en évidence ces anomalies de la mobilité diaphragmatique [22, 38, 61]. Elle est surtout intéressante à réaliser au lit du malade dans les paralysies phréniques postopératoires, en particulier pour évaluer la sévérité de la dysfonction diaphragmatique après chirurgie cardiaque par l’analyse et la quantification de la mobilité des coupoles avec la respiration [56, 97].




Devant une ascension d’une coupole diaphragmatique, l’échographie a pour principal objectif d’éliminer une masse sous-diaphragmatique responsable de la surélévation. Les autres méthodes d’imagerie (scanner ou IRM) semblent actuellement justifiées à titre systématique dans le bilan étio-logique pour rechercher une cause tumorale (fig. 11-15) [37, 69]. L’IRM dynamique qui a fait l’objet de quelques publications étudiant la mobilité diaphragmatique en pathologie emphysémateuse [41, 42, 93] n’est pas validée dans le cadre des paralysies phréniques.



Une exploration électrophysiologique peut parfois être proposée soit dans un but diagnostique, soit pour localiser l’atteinte (médullaire, radiculaire ou tronculaire), soit pour vérifier une atteinte définitive ou rechercher une activité résiduelle témoin d’une récupération potentielle [20, 87].



ÉVENTRATIONS DIAPHRAGMATIQUES


L’éventration se définit comme une surélévation permanente d’un hémidiaphragme aminci ou dégénéré sans solution de continuité, les attaches des muscles étant normales et ses deux faces présentant un revêtement séreux (plèvre, péritoine). Les viscères sont donc ascensionnés dans le thorax mais restent en situation sous-diaphragmatique, ce qui différencie une éventration d’une hernie. Elle peut être congénitale ou acquise à la suite d’un traumatisme ou secondaire à une paralysie phrénique. Dans la majorité des cas, aucune cause n’est retrouvée. L’éventration peut être complète, plus souvent du côté gauche, ou partielle, antérieure ou plus rarement postérieure touchant essentiellement la coupole droite. Elle peut être asymptomatique ou responsable de troubles respiratoires (dyspnée) ou plus rarement digestifs. En radiographie thoracique, l’éventration complète se manifeste sous forme d’une ascension de la coupole diaphragmatique associée en fluoroscopie à une diminution de la cinétique de la coupole surélevée. Les aspects sont donc semblables à une paralysie phrénique et son approche radiologique est identique, le scanner étant indiqué dans l’enquête étiologique. Le principal problème diagnostique de l’éventration se pose chez les patients ayant un antécédent traumatique, avec une hernie post-traumatique de découverte tardive [63]. En effet, le diagnostic d’une rupture diaphragmatique peut être méconnu initialement soit en raison des lésions associées qui dominent souvent le tableau clinique et font passer la rupture au second plan, soit en raison de l’absence de hernie immédiate. La hernie peut alors être découverte après un délai de plusieurs mois ou plusieurs années à l’occasion d’une radiographie thoracique sous forme d’un faux aspect d’ascension d’une coupole diaphragmatique faisant discuter une éventration post-traumatique. L’implication thérapeutique est essentielle car seules les éventrations mal tolérées sur le plan respiratoire ou digestif relèvent d’un traitement chirurgical [21, 33, 55], tandis qu’une hernie post-traumatique doit toujours être réparée en raison du risque d’étranglement herniaire. Les opacifications barytées sont longtemps restées utiles au diagnostic entre ces deux entités [63], mais le scanner a pris une place considérable grâce aux reconstructions multiplanaires [40] qui permettent une étude précise du diaphragme à la recherche d’une discontinuité signant la rupture (fig. 11-16 et 11-17). Les autres signes de hernie post-traumatique (signe du collier, signe de la déclivité des viscères herniés) ont été abordés dans le Chapitre 13. L’IRM [17, 83, 84] peut être proposée soit d’emblée, soit dans les formes douteuses après le scanner. Les séquences rapides en spin-écho et en écho de gradient après injection de gadolinium suppriment les arté-facts respiratoires, permettent une bonne exploration du diaphragme en coupes frontales et sagittales et sont performantes pour rechercher une discontinuité diaphragmatique (fig. 11-18) [40, 77].





Les éventrations partielles, antérieures ou postérieures justifient d’une exploration échographique afin d’éliminer une masse sous-diaphragmatique. Ces éventrations localisées (fig. 11-19) peuvent poser des problèmes diagnostiques avec les hernies diaphragmatiques antérieures ou postérieures, qui sont le plus souvent résolus par le scanner (recherche du défect diaphragmatique).




TUMEURS DIAPHRAGMATIQUES



Tumeurs primitives


Elles sont rares et bénignes dans 50 % des cas [48]. Parmi les tumeurs bénignes, les lipomes [9, 81, 89] sont les plus fréquents et doivent être différenciés des amas graisseux péridiaphragmatiques ou des hernies de graisse abdominale ou rétropéritonéale [80]. On peut également rencontrer des tumeurs solides, comme les léiomyomes, les fibromes et les neurofibromes, et des tumeurs kystiques [6, 78] qui peuvent être acquises ou congénitales (kystes mésothéliaux, kystes bronchogéniques, tératomes kystiques). Les kystes diaphragmatiques peuvent aussi être secondaires à un hématome diaphragmatique post-traumatique [91] ou correspondre à une séquestration pulmonaire extralobaire intradiaphragmatique ou encore à un kyste hydatique du diaphragme [16].


Parmi les tumeurs malignes [48], les fibrosarcomes sont les plus fréquents. On peut également retrouver des chondrosarcomes, des léiomyosarcomes [5, 13], des liposarcomes [27], des histiocytomes fibreux malins [75], des hémangiopéricy-tomes et des rhabdomyosarcomes [19].


Le problème diagnostique essentiel de ces tumeurs est de localiser la lésion au diaphragme et de les différencier des tumeurs sus- et sous-phréniques au contact du diaphragme [80]. Sur la radiographie thoracique, ces lésions se manifestent par une opacité dense indissociable de la coupole uniquement visible en cas d’extension intrathoracique. L’échographie permet de reconnaître le caractère liquidien ou solide de la lésion (fig. 11-20). Le scanner ou l’IRM sont également utiles et peuvent détecter la présence de graisse. Le diagnostic de la nature précise de ces tumeurs reste néanmoins du ressort de l’histologie. Le diagnostic topographique reste difficile malgré les possibilités d’études multiplanaires et c’est souvent l’intervention chirurgicale qui permet d’affirmer de façon formelle le rattachement de la tumeur au diaphragme [30].




Tumeurs secondaires


Elles sont dues dans la majorité des cas à l’envahissement du diaphragme par contiguïté par une tumeur de voisinage intra-thoracique ou abdominal [48]. Au niveau thoracique, il s’agit essentiellement de cancers bronchiques et de l’extension à partir de la plèvre diaphragmatique des thymomes, des méso-théliomes et des carcinoses pleurales. Au niveau abdominal, il s’agit essentiellement de tumeurs hépatiques, de tumeurs du cardia pouvant envahir les piliers du diaphragme et des carcinoses péritonéales [10].


Les métastases diaphragmatiques d’origine lymphatique ou hématogène sont exceptionnelles.


Le scanner avec reconstructions multiplanaires et l’IRM ont un rôle prépondérant pour détecter ces extensions diaphragmatiques (fig. 11-21 à 11-24) [7, 15].







Pseudo-tumeurs


Au niveau des coupoles, il s’agit de digitations et d’indentations pseudo-nodulaires pouvant simuler en scanner des lésions hépatiques (fig. 11-25), péritonéales ou rétropéritonéales. Elles sont plus fréquentes chez les patients âgés et emphysémateux chez lesquels elles peuvent être associées à des défects diaphragmatiques [8]. Ces pseudo-nodules peuvent également se rencontrer sur les attaches postérieures du diaphragme, en particulier sur l’arcade du muscle carré des lombes [86]. Elles peuvent s’étendre dans l’espace pararénal postérieur et ne doivent pas être confondues avec des nodules tumoraux (fig. 11-26) [73]. Enfin, les piliers peuvent parfois prendre un aspect nodulaire sur les coupes en inspiration forcée, pouvant simuler une adénopathie [2]. Il est également possible qu’une hypertrophie musculaire des piliers du diaphragme simule une masse rétrocrurale ou paravertébrale [96]. C’est l’étude rigoureuse des coupes sus- et sous-jacentes qui permet de rattacher ces pseudo-nodules au diaphragme.





PATHOLOGIE PÉRIPHRÉNIQUE


De nombreux processus pathologiques, qu’ils soient d’origine thoracique ou abdominale, peuvent se développer au contact du diaphragme et modifier son aspect radiologique (surélévation, abaissement, effacement) posant souvent des problèmes diagnostiques difficiles sur la radiographie thoracique [3]. L’échographie, le scanner et l’IRM ont actuellement une place essentielle dans l’exploration de cette pathologie périphré-nique.



Localisation d’une collection périphrénique par scanner


L’identification des contours postérieurs du diaphragme permet de préciser la localisation pleurale ou abdominale d’une collection. Une collection pleurale siège en dehors et en arrière de la coupole tandis qu’une collection péritonéale siège en dedans de la coupole (fig. 11-27). Les fausses images de diaphragme peuvent cependant être à l’origine d’erreurs d’interprétation. Le diaphragme peut être confondu en cas d’épanchement pleural avec une atélectasie linéaire du lobe inférieur dans le récessus pleural postérieur (fig. 11-28) et en cas de pleurésie purulente avec la plèvre pariétale. De même, la paroi d’un abcès sous-phrénique peut être confondue avec le diaphragme. C’est l’analyse rigoureuse des coupes successives éventuellement aidées de reconstructions multiplanaires qui permet d’éviter des erreurs d’interprétation et de confondre un épanchement pleural et un épanchement péritonéal.




Outre le repérage de la coupole, d’autres signes permettent de différencier un épanchement pleural d’un épanchement péritonéal [36] :



– le déplacement du pilier homolatéral en dehors et en avant : ce signe ne s’observe qu’en cas d’épanchement pleural ;


– le signe de l’interface : en cas d’épanchement pleural, l’interface avec le foie ou la rate est floue car la coupole est plus horizontalisée ; en cas d’épanchement péritonéal, cette interface est nette, la coupole étant plus verticalisée ;


– la topographie de l’épanchement par rapport à la face postérieure du foie : la présence du ligament coronaire à ce niveau empêche le liquide péritonéal de s’étendre vers la face postéro-interne du foie ; ainsi, du liquide présent en arrière du bord postéro-interne du foie est toujours pleural sauf en cas d’intervention chirurgicale ayant décollé le foie ; à noter que ce signe présente une limite sur le plan anatomique car le ligament coronaire n’est pas présent à la partie supérieure du foie ni à sa partie inférieure ; il n’a donc de valeur que sur les coupes passant par la partie moyenne du foie (fig. 11-29).




Pathologie périphrénique d’origine thoracique


Les épanchements pleuraux sous-pulmonaires sont des petits épanchements en localisation inhabituelle, déclives, se localisant au début dans la plèvre diaphragmatique. Ils se traduisent sur la radiographie thoracique de face par une ascension apparente de la coupole, le sinus costophrénique externe étant le plus souvent respecté. Cette pseudo-ascension est facile à reconnaître à gauche en raison de la présence de la poche à air gastrique qui est située à plus de 2 cm au-dessous de la coupole apparente. Du côté droit, l’ascension apparente est plus difficile à affirmer : lorsque la petite scissure est visible, elle peut servir de repère et la fausse coupole apparaît très proche de la ligne scissurale. De même, les vaisseaux pulmonaires postéro-basaux normalement visibles sous le diaphragme ont disparu. Sur le cliché de profil, la fausse coupole a une partie moyenne arrondie et convexe et une partie antérieure rectiligne oblique en haut et en arrière dans le prolongement de la grande scissure dont le pied est parfois élargi. De plus, le cul-de-sac costophrénique postérieur est le plus souvent comblé par le liquide. Sur un cliché de face en expiration forcée, le sommet de la pseudo-coupole est reporté très en dehors. En fait, ce sont les incidences déclives qui permettent de porter le diagnostic en mettant en évidence la mobilité liquidienne : cliché de face en décubitus dorsal, faisant apparaître une opacité de faible tonalité de l’hémitho-rax atteint, ou en décubitus latéral du côté de l’épanchement avec rayon horizontal, montrant le déplacement du liquide le long de la ligne axillaire. L’échographie présente un intérêt certain dans le diagnostic de ces petits épanchements pleuraux en permettant de montrer une petite lame liquidienne en position sus-diaphragmatique.


Nous ne ferons que citer certaines pathologies pulmonaires ou médiastinales développées au contact du diaphragme, comme les atélectasies du lobe moyen, de la lingula ou des lobes inférieurs, certaines séquestrations pulmonaires, les amas graisseux cardiophréniques et les kystes pleuropéri-cardiques. Le scanner permet de faire un bilan précis de ces affections thoraciques à contact diaphragmatique [7].



Pathologie périphrénique d’origine abdominale


Il s’agit essentiellement des abcès sous-phréniques et des tumeurs hépatiques qui peuvent être responsables d’une surélévation diaphragmatique et dont le diagnostic repose sur l’échographie et le scanner.


Enfin, il existe de multiples situations pathologiques pour lesquelles le diaphragme ne se comporte plus comme une barrière mais comme une voie de passage entre l’abdomen et le thorax. Les principales voies de communication sont représentées par l’orifice hiatal et l’orifice aortique, mais tous les orifices diaphragmatiques peuvent être concernés. Le rôle du scanner est primordial dans le bilan d’extension de ces processus pathologiques à travers le diaphragme. Il peut s’agir d’adénopathies rétropéritonéales s’étendant dans le médias-tin postérieur par l’espace rétrocrural, de la diffusion d’un pseudo-kyste pancréatique (fig. 11-30) vers le médiastin par l’orifice hiatal ou l’orifice aortique [43, 59, 71], du passage d’une ascite par l’orifice hiatal en cas de hernie hiatale associée [31, 72], de la diffusion d’un rétropneumopéritoine par l’espace rétrocrural ou encore d’amas graisseux omentaux s’étendant dans le médiastin postérieur par l’orifice hiatal [50]. Certains processus infectieux abdominaux (abcès sous-phréniques, phlegmon périnéphrétique, abcès amibien, kyste hydatique, fusée de pancréatite aiguë) peuvent également s’étendre dans le thorax en créant des brèches à travers le diaphragme. Citons l’endométriose thoracique touchant fréquemment les coupoles diaphragmatiques (implants péri-tonéaux) [35].


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 11: PATHOLOGIE PARIÉTALE ET DIAPHRAGMATIQUE

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