Chapitre 11 Pathologie intrasellaire
Technique et radioanatomie
En dehors de l’urgence, les indications de la scanographie ont progressivement été remplacées par l’IRM [16]. Même si l’IRM est indispensable pour l’étude préopératoire de la plupart des macroadénomes, leur diagnostic, notamment dans le cadre de l’urgence, en cas de décompensation visuelle ou hémorragique, reste possible par la scanographie avec reformations multiplanaires. Pour les microadénomes il persiste quelques rares indications pour la scanographie, notamment en cas de maladie de Cushing avec IRM négative ou impossible à réaliser en raison de l’obésité ou d’une contre-indication absolue. L’analyse du plancher sellaire, du sinus sphénoïdal et d’éventuelles déhiscences au niveau de la gouttière carotidienne peut nécessiter en préopératoire la réalisation d’un examen scanographique. Le recours à cette technique est indispensable pour établir les diagnostics différentiels des lésions suprasellaires, identifier des calcifications, mettre en évidence des anomalies vasculaires et analyser les modifications osseuses de la base du crâne.
La scanographie est réalisée en acquisition spiralée soit dans le plan axial avec des reformations frontales et sagittales, soit dans le plan coronal. L’acquisition dans le plan axial doit être réservée aux tumeurs les plus volumineuses et est à proscrire pour la recherche des microadénomes, en raison des artefacts générés par la pointe des rochers, qui sont parfois à l’origine de faux positifs notamment sur les reformations. Les scanographes multicoupes permettent des acquisitions en mode dynamique au niveau de l’ensemble de l’hypophyse en coupes coronales et évaluent le rehaussement progressif de l’hypophyse pendant les minutes qui suivent l’injection en bolus du produit de contraste. L’angioscanographie réalisée en coupes coronales permet de suivre le rehaussement successif de la tige pituitaire et de l’antéhypophyse, qui se fait de la base de la tige pituitaire vers la périphérie de l’antéhypophyse ; le rehaussement de la posthypophyse débute dès l’arrivée du bolus de contraste au niveau du siphon carotidien ; à la phase tardive, la densité de l’antéhypophyse est supérieure à celle de la posthypophyse [25]. L’angioscanographie permet une étude des veines de la loge caverneuse [28].
L’exploration IRM de la région sellaire repose sur une imagerie en haute résolution (épaisseur de 1 à 2,5 mm en matrice 512 avec un champ d’exploration de petite taille), qui inclut des coupes sagittales et coronales en T1 avant et après injection de gadolinium et des coupes coronales en T2. Une acquisition en T1 3D peut apparaître comme une alternative intéressante après injection de gadolinium. Des coupes axiales en T1 et en FLAIR complètent l’exploration en cas de lésion suprasellaire ainsi que pour la confirmation des kystes de la poche de Rathke [17]. Une acquisition en mode dynamique est utile pour la recherche de microadénomes en cas d’IRM conventionnelle douteuse ou normale, notamment en cas de maladie de Cushing. En mode dynamique scanographique et IRM le rehaussement initial de la posthypophyse est progressivement dépassé par celui de l’antéhypophyse.
L’angioscanographie et l’angio-IRM sont indispensables pour l’étude des lésions vasculaires parasellaires et l’analyse des répercussions de la pathologie hypophysaire et parasellaire sur les structures vasculaires de la région. L’angioscanographie est cependant pénalisée par la proximité des structures osseuses, qui rendent difficile l’analyse précise des siphons carotidiens. Les techniques de soustraction ou, encore mieux, l’utilisation de la double énergie, permettent un effacement plus ou moins parfait de l’os de la base du crâne [174].
Avant injection de contraste l’antéhypophyse présente un signal proche de celui de la substance blanche en T1 comme en T2; la posthypophyse, qui est un site de stockage de lipoprotéines sous la forme d’hormone antidiurétique (ADH) et d’ocytocine, apparaît en signal hyperintense en T1 [97]. En densité protonique et en T2 la posthypophyse, le lit capillaire de la base de la tige pituitaire et la tige pituitaire présentent un signal légèrement supérieur à celui de l’antéhypophyse ; cet hypersignal ne doit pas être confondu avec celui d’un microadénome. L’injection de gadolinium détermine un rehaussement de l’anté et de la posthypophyse ; en coupes sagittales les deux structures ont un signal proche, mais tardivement l’antéhypophyse présente un signal supérieur à celui de la posthypophyse ; en cas de localisation paramédiane ou basse de la posthypophyse, la confusion avec un microadénome est possible sur les coupes coronales, notamment lorsque la posthypophyse n’est pas en position strictement médiane. La tige pituitaire et la région du tuber cinereum se rehaussent après injection de contraste (fig. 11.1 et 11.2). L’IRM 3D permet une analyse plus précise des lésions de la région sellaire [166]. À 3 T, la résolution spatiale est meilleure au niveau de l’hypophyse et du sinus caverneux, mais la qualité de certains examens est altérée par des artefacts de flux du LCS au niveau suprasellaire, par des artefacts de susceptibilité magnétique au niveau du plancher sellaire ou encore des artefacts liés au flux artériel.
Pathologie intrasellaire
La pathologie intrasellaire est principalement représentée par les macro et les microadénomes, qui représentent environ 15 % des tumeurs intracrâniennes.
Adénomes hypophysaires
Généralités
Les adénomes hypophysaires sont classés sur le plan anatomique, d’une part, en microadénomes ou adénomes intrasellaire de diamètre inférieur à 10 mm et en macroadénomes de diamètre supérieur à 10 mm, avec souvent une extension supra, latéro ou infrasellaire et, d’autre part, en adénomes enclos et en adénomes invasifs ; ces derniers présentent des extensions extrahypophysaires vers les régions suprasellaires, mais surtout vers les loges caverneuses, le sinus sphénoïdal et le basisphénoïde. Sur le plan hormonal il est classique de distinguer les adénomes sécrétants (75 % des cas) et les adénomes non sécrétants (25 % des cas). Les adénomes hypophysaires se développent principalement chez l’adulte ; le diagnostic d’adénome est exceptionnel chez l’enfant [1, 85].
Adénomes sécrétants
Les adénomes sécrétants sont souvent découverts au stade de microadénome et s’expriment uniquement par la sécrétion d’une ou de plusieurs stimulines hypophysaires. Les adénomes à prolactine représentent environ 50 % des adénomes sécrétants, s’observent principalement chez la femme jeune et se traduisent par une aménorrhée secondaire et une galactorrhée associée à une stérilité chez la femme et une perte de la libido associée à une impuissance chez l’homme. Le bilan biologique démontre une hyperprolactinémie ; la probabilité de trouver un adénome à prolactine est proportionnelle aux taux hormonaux, mais certains prolactinomes peuvent être associés à des taux hormonaux peu élevés (entre 20 et 100 ng/mL). Avant de rechercher un adénome hypophysaire devant un syndrome galactorrhée-aménorrhée, il convient d’éliminer les étiologies médicamenteuses (neuroleptiques, antidépresseurs tricycliques, réserpine, méthyldopa, cocaïne), les étiologies métaboliques (cirrhose, grossesse, hypothyroïdie, insuffisance rénale, insuffisance surrénalienne), les étiologies neurogéniques (lésions de la paroi thoracique et stimulation mammaire) et les lésions tumorales de la région sellaire (toutes les lésions susceptibles de comprimer la tige pituitaire et par conséquent d’altérer l’acheminement du facteur inhibiteur de la sécrétion de la prolactine de l’hypothalamus vers l’antéhypophyse). Les macroadénomes à prolactine peuvent être de type invasif et présentent alors des extensions vers le sinus sphénoïdal, le basisphénoïde, les loges caverneuses et la région suprasellaire ; ces adénomes sont associés à des taux de prolactine très élevés (à plus de 1 000 ng/mL). L’hyperprolactinémie peut être contrôlée par des médications agonistes dopaminergiques ; ces traitements présentent également un effet antitumoral, qui est parfois spectaculaire au niveau des macroadénomes invasifs, avec des fontes tumorales rapides.
Les adénomes à GH (hormone de croissance) représentent environ 25 % des adénomes sécrétants. Ils sont responsables d’une acromégalie chez l’adulte et d’un gigantisme lorsqu’ils se développent chez l’enfant. L’hypersécrétion hormonale de GH est relativement mal contrôlée par les traitements médicaux et l’effet antitumoral reste limité (agonistes dopaminergiques, somatostatine).
Cinq à 10 % des adénomes sécrétants sécrètent simultanément plusieurs stimulines.
Imagerie des adénomes
L’IRM est l’examen de référence à réaliser en première intention [16–18, 21, 173]. La scanographie est parfois réalisée en première intention dans le cadre de l’urgence, notamment pour les macroadénomes ; la place de la scanographie reste très limitée pour le bilan des microadénomes sécrétants et se limite à la recherche d’adénomes à ACTH non visualisés par l’IRM, à l’étude du sinus sphénoïdal et du plancher sellaire en vue d’une exérèse par voie transrhinoseptale et aux contre-indications de l’IRM. Densités et anomalies de signal sont définies par rapport au cortex cérébral pour les macroadénomes et par rapport à l’antéhypophyse normale pour les microadénomes [25].
Macroadénomes
Macroadénomes solides
En IRM les macroadénomes solides (non nécrosés) apparaissent isointenses au cortex cérébral en T1 et isointenses ou légèrement hyperintenses et hétérogènes en T2; l’injection de contraste détermine une prise de contraste relativement intense et plutôt homogène ; une prise de contraste hétérogène avec un aspect « piqueté » peut cependant être notée ; la dure-mère adjacente est épaissie et rehaussée [42, 43] (fig. 11.3 et 11.4). Une posthypophyse en position ectopique est notée dans 50 à 80 % des cas et plus particulièrement dans les adénomes les plus volumineux ; cet aspect semble irréversible en postopératoire [30, 152] (fig. 11.5). L’identification d’un signal hyperintense en T1 au niveau de l’extrémité inférieure de la tige pituitaire en regard du pôle supérieur de l’adénome traduit probablement un blocage de l’axe hypothalamohypophysaire avec accumulation d’hormones posthypophysaires [130]. Les adénomes à GH apparaissent avec un signal hypointense en T2 (fig. 11.6). En scanographie les macroadénomes sont iso ou légèrement hyperdenses et se rehaussent après injection de contraste iodé. Des calcifications intratumorales sont rares et peuvent parfois traduire des dépôts amyloïdes [90]. La mesure de l’ADC permet une approche de la consistance de l’adénome avec un ADC bas en cas de tumeur molle et un ADC élevé en cas de tumeur dure [121]. L’extension suprasellaire du macroadénome et le degré de compression du chiasma, des nerfs optiques et des récessus antérieurs du troisième ventricule sont clairement évalués par l’IRM en coupes coronales et sagittales ; les rapports entre le pôle supérieur de l’adénome et le chiasma et les nerfs optiques s’apprécient au mieux sur les coupes coronales en T2 et en T1 sans injection ; la compression du chiasma peut être associée à un signal hyperintense au niveau du chiasma des bandelettes visuelles. Le signal hyperintense des bandelettes visuelles en T2 traduit un œdème induit par le blocage de la communication des espaces périvasculaires nerveux avec l’espace sous-arachnoïdien, du fait de la compression tumorale [131]. Les adénomes enclos présentent des limites régulières, alors que les adénomes invasifs ont un contour irrégulier. L’extension vers la loge caverneuse est fréquente, du fait de l’absence de cloison durale efficace entre la loge hypophysaire et la loge caverneuse [59, 87] (voir chap. 13). Le développement intracaverneux des macroadénomes est surtout noté dans les formes invasives, qui sont plus fréquentes dans le groupe des adénomes à GH et à FSH-LH. L’évaluation du développement intracaverneux d’un macroadénome repose sur l’analyse combinée des coupes coronales en T1 avant et après injection de gadolinium, en T2 et éventuellement en T1 en inversion-récupération ; en ARM l’extension intracaverneuse peut déplacer le siphon carotidien vers le dehors, mais n’entraîne qu’exceptionnellement une sténose artérielle et les segments horizontaux des artères cérébrales antérieures sont déplacés vers le haut. Le degré de l’extension intracaverneuse peut être apprécié par la méthode de Knosp [53, 91, 160] : le grade 0 (absence d’extension intracaverneuse) correspond à un adénome dont la limite latérale reste en dedans d’une tangente à la partie interne de la portion intracaverneuse et supracaverneuse du siphon carotidien, le grade 1 correspond à une tumeur qui ne franchit pas la tangente qui passe par la partie centrale des deux portions du siphon, le grade 2 correspond à un adénome qui ne franchit pas la tangente qui passe par le bord externe des deux portions du siphon, le grade 3 correspond à une tumeur qui se développe au-delà de cette même tangente et dans le grade 4 l’adénome refoule la paroi latérale de la loge caverneuse qui devient convexe vers le dehors (Fig. 11.7 à 11.10). Différencier une infiltration tumorale d’une simple invagination reste parfois difficile [127]. L’IRM à 3 T apparaît indiscutablement plus performante pour l’évaluation des extensions intracaverneuses [122, 166]. L’envahissement du sinus caverneux est exclu si du tissu hypophysaire normal est identifié entre le sinus caverneux et l’adénome de l’hypophyse, si le contact avec le siphon carotidien intracaverneux est inférieur à 25 % et si les veines internes sont intactes [27, 53, 54, 160, 170]. L’extension intracaverneuse n’est pas un argument formel en faveur d’une forme agressive ou invasive de l’adénome [169].
Les adénomes géants sont souvent de type invasif et se développent vers les régions suprasellaires, les loges caverneuses, le sinus sphénoïdal et le basisphénoïde ; l’extension intracaverneuse se fait autour des siphons carotidiens, parfois sans déplacement vasculaire et habituellement sans sténose artérielle associée, contrairement aux méningiomes. Les extensions infrasellaires s’apprécient en IRM et en scanographie ; le tissu adénomateux apparaît moins intense que l’os spongieux en T1. L’extension suprasellaire ne détermine que rarement une hydrocéphalie.
Macroadénomes nécrosés
Ils présentent souvent une partie centrale hypodense en scanographie, hypointense en IRM en T1 et fortement hyperintense en densité protonique, en T2 et en FLAIR, avec une prise de contraste annulaire périphérique (fig. 11.10 et 11.11). Les nécroses des macroadénomes sont hémorragiques dans un tiers des cas. En scanographie, les nécroses hémorragiques peuvent être hypo, iso ou hyperdenses selon leur ancienneté, avec possibilité d’un niveau liquide-liquide (fig. 11.10 et 11.12). En IRM la nécrose hémorragique apparaît iso ou hyperintense en T1 avec souvent identification d’un niveau liquide-liquide sur les coupes axiales et sagittales ; en T2 le signal est hypointense au niveau de la région déclive et hyperintense dans la région antérieure (fig. 11.12). La prise de contraste annulaire est d’interprétation délicate en cas de signal fortement hyperintense au niveau de la zone nécrosée. La nécrose brutale d’un macroadénome peut être spontanée ou déclenchée dans diverses situations : tests hypophysaires dynamiques, mise en route d’un traitement anticoagulant, chirurgie carotidienne ou cardiaque [96, 164]. La nécrose hémorragique peut être associée à un tableau clinique d’apoplexie hypophysaire, l’IRM n’apporte que des informations peu spécifiques puisque l’hyperintensité en T1 est absente ; seul l’écho de gradient peut orienter vers une hémorragie intratumorale en démontrant des foyers hypointenses, mais cette séquence est soumise à des artefacts de susceptibilité magnétique à proximité de la base du crâne ; la scanographie démontre la nécrose hémorragique à la phase aiguë sous la forme de foyers hyperdenses au sein de la masse tumorale [141] (fig. 11.13 et 11.14). L’apoplexie hypophysaire est souvent associée à un épaississement muqueux sphénoïdal à la phase aiguë [4]. Cet épaississement muqueux est associé aux formes les plus graves [101].
La mesure de l’ADC en imagerie de diffusion permettrait d’évaluer la consistance des macroadénomes avec un ADC nettement plus élevé dans les tumeurs les plus dures [121]. L’exérèse tumorale complète semble plus facile en cas d’adénome macrokystique, macrohémorragique et pour les adénomes solides avec ADC élevé [32].
Microadénomes
Les microadénomes sont de type sécrétant. Ils se localisent au niveau de la partie latérale de l’antéhypophyse. L’effet de masse est parfois inexistant, mais le plus souvent l’imagerie identifie des modifications morphologiques qui se traduisent par une augmentation asymétrique de la hauteur, une convexité supérieure de l’hypophyse et un abaissement du plancher sellaire du côté de l’adénome ; la posthypophyse et la base de la tige pituitaire sont déplacées controlatéralement. En scanographie le microadénome est spontanément isodense ou hypodense, exceptionnellement hyperdense en cas de nécrose hémorragique ; il est hypodense par rapport à l’hypophyse normale après injection de contraste (fig. 11.15). L’acquisition spiralée dans le plan axial génère des artefacts responsables de faux positifs en reformations coronales et sagittales ; afin de réduire ce type d’artefacts, le plan d’acquisition axial doit éviter les rochers (fig. 11.16). En IRM, le microadénome est hypo ou isointense en T1, hyperintense en T2 et hypointense par rapport à l’hypophyse normale en T1 après injection de gadolinium ; les adénomes hémorragiques sont hyperintenses en T1 et avec un signal mixte ou hyperintense en T2 (fig. 11.17, 11-18 et 11.44). En coupes coronales en T2, l’hyperintensité physiologique de la posthypophyse ne doit pas être confondue avec un microadénome hyperintense (fig. 11.1) ; cette confusion est possible lorsque la posthypophyse n’est pas en position médiane ou lorsque la coupe coronale est asymétrique. Les adénomes à contenu liquidien sont fortement hypointenses en T1 et hyperintenses en T2; ces adénomes présentent en densité de proton un liseré périphérique légèrement hyperintense, qui se rehausse après injection de gadolinium et qui correspond à la partie active de l’adénome (fig. 11.19). Les adénomes solides sont parfois hypointenses en T2, notamment lorsqu’il existe une sécrétion de GH (fig. 11.20 et 11.26).
Les microadénomes enclos ont des limites nettes et régulières ; une pseudo-capsule, qui résulte de la compression du tissu hypophysaire normal adjacent à l’adénome, est parfois identifiable sous la forme d’un fin liseré hypointense en T2. Les microadénomes invasifs ont des limites mal définies, un signal hétérogène et présentent parfois des extensions vers la loge caverneuse, le basisphénoïde ou le sinus sphénoïdal. Le caractère invasif caractérise les microadénomes à GH, alors que les microadénomes à prolactine sont plutôt du type enclos (fig. 11.21 et 11.22).
La plupart des adénomes prennent le contraste en scanographie comme en IRM, mais ce rehaussement se fait avec une dynamique différente de celui de l’antéhypophyse normale ; le rehaussement est moins rapide au niveau de l’adénome ; dans la plupart des cas la densité et le signal du microadénome et de l’antéhypophyse finissent par s’égaliser ; le moment de l’égalisation du signal diffère d’un adénome à l’autre mais dépend aussi des paramètres techniques de l’injection et de l’acquisition IRM. Dans de rares cas, la prise de contraste est précoce et l’adénome apparaît hyperintense par rapport à l’hypophyse normale (fig. 11.23). Seule une acquisition dynamique scanographique ou IRM permet théoriquement de s’affranchir de l’isodensité ou de l’isosignal du microadénome ; en IRM la qualité des images qui résultent d’une acquisition en mode dynamique (une acquisition toutes les vingt secondes pendant deux minutes après une injection en bolus du gadolinium) est fortement altérée, du fait de la diminution de la résolution spatiale et de la présence d’artefacts, d’où la possibilité de faux positifs. En IRM l’acquisition dynamique est recommandée lorsque les séquences conventionnelles ne démontrent pas l’adénome fortement suspecté sur les données cliniques et biologiques et lorsque sa mise en évidence s’avère indispensable pour la prise en charge thérapeutique (fig. 11.24 et 11.25). Une acquisition retardée (une heure après l’injection) peut démontrer l’adénome en signal hyperintense par rapport à l’hypophyse normale [23]. Le mode dynamique et l’acquisition retardée ont été proposés pour la mise en évidence des microadénomes à ACTH pour lesquels la chirurgie représente la seule alternative thérapeutique. L’acquisition T1 3D permet une étude hypophysaire en coupes millimétriques [9]. En cas de maladie de Cushing avec scanographie et IRM hypophysaire négatives, un dosage comparatif de l’ACTH au niveau des sinus pétreux est parfois proposé afin de latéraliser l’hypersécrétion de l’ACTH au niveau de l’hypophyse et de guider l’exérèse chirurgicale de l’adénome ; la latéralisation n’est cependant correcte que dans 70 % des cas chez l’adulte et dans 40 % chez l’enfant [10, 64, 107]. Le résultat positif ou négatif de l’IRM en cas d’adénome à ACTH ne semble pas influencer le résultat chirurgical lorsque l’adénome a été latéralisé grâce aux prélèvements pétreux [133].
En cas d’adénome à GH, l’imagerie démontre les modifications classiques de l’acromégalie au niveau de l’extrémité céphalique : épaississement de la voûte crânienne, notamment au niveau de la protubérance occipitale externe, dilatation des sinus de la base et de la face, épaississement de la dure-mère, hypertrophie des parties molles du cavum et des fosses nasales, aspect dolichoartériel des branches du polygone de Willis, anévrismes suprasellaires [172] (fig. 11.12, 11.26 et 11.27).
La découverte fortuite de microadénomes asymptomatiques est possible ; en effet, certaines séries autopsiques ont révélé un taux élevé (5 à 25 % des cas) de microadénomes cliniquement et biologiquement silencieux ; de petites formations kystiques correspondant à des kystes de la poche de Rathke, hypointenses en T1 et hyperintenses en T2, peuvent également être découvertes fortuitement [156]. Typiquement, les kystes de la poche de Rathke siègent sur la ligne médiane à la jonction entre l’antéhypophyse et la posthypophyse ; le signal de ces kystes est variable : hypointense en T1 et hyperintense en T2 ou bien hyperintense en T1 et hypointense en T2. Des adénomes ectopiques développés en suprasellaire, notamment au niveau de la tige pituitaire, sont décrits, de même que des formes infrasellaires au sein du sinus sphénoïdal [66, 71, 76, 118].
Une hypophyse normale mais convexe avec une hauteur légèrement augmentée ne doit pas être confondue avec un adénome isodense ou isointense. Une grosse hypophyse convexe est classique au cours de la période pubertaire dans les deux sexes, chez les femmes jeunes en période prémenstruelle, au cours de la grossesse et surtout dans le post-partum (fig. 11.28). Lorsque la production hormonale antéhypophysaire est importante (nouveau-né, post-partum, fonctionnement déficient d’un organe cible), l’hypertrophie hypophysaire est associée à une augmentation du signal en T1 (liée aux lipoprotéines) [41, 62, 67]. Un aspect pseudo-tumoral de l’antéhypophyse est parfois lié à des anomalies morphologiques constitutionnelles de la selle turcique (plancher étroit, selle turcique peu profonde), à une compression par des siphons carotidiens dolichoartériels avec extension intrasellaire, à une augmentation de la pression veineuse au niveau des sinus caverneux (fistule carotidocaverneuse) ou encore à une diminution de la pression du LCS (hypotension intracrânienne chronique) (Fig. 11.29 à 11.31). Des hypertrophies hypophysaires physiologiques sans anomalie clinique ou biologique, sans modification morphologique de la selle turcique avec possibilité de soulèvement du chiasma sont possibles [44].