Chapitre 11. Fonctionnement de l’atelier
L’atelierSub_atelier d’écritureSub_écritureécriture, qui existe depuis 1998 et que nous animons depuis sa création, a lieu une fois par semaine, à la CMME, dans le service du professeur Frédéric Rouillon. C’est un atelier en groupeSub_groupegroupe avec des patients adultes, soit en traitement ambulatoire, soit hospitalisés ; les séances durent d’une heure et demie à deux heures et se divisent en trois temps principaux.
1. Les dix premières minutes sont réservées à l’accueil des participants par le thérapeute et à l’énoncé du thème du jour (différentes formes littéraires sont proposées à chaque fois).
2. Trente à quarante-cinq minutes sont consacrées à l’écriture proprement dite ; pendant que les participants écrivent, le thérapeute observe leur comportement : temps de latence avant d’écrire, rêveries, réflexions, difficultés apparentes, besoin d’encouragements ou de stimulation.
3. Lors de sa présence, le thérapeute écrit lui aussi tout en gardant une attention flottante envers le groupe. Cette attitude peut favoriser la créativité des patients par l’induction d’un apprentissage par imitation. Et il a pour règle de s’absenter pendant cinq minutes lorsque les patients sont tous en train d’écrire.
4. Enfin, la dernière demi-heure est consacrée à la lecture à haute voix des écrits des participants ; ils vivent ces minutes avec intensité face au groupe et au thérapeute ; ils doivent dès lors vaincre leurs inhibitions et accepter de supporter l’impression fréquente que leur écrit est bien moins « bon » que celui des autres.
Mais, a contrario, la possibilité d’être félicité a une importance considérable car elle permet une restauration de l’estime de soiSub_soisoi. Par ailleurs, le fait même de lire son écrit face au groupe constitue un exercice qui renforcerait la confiance en soi. Néanmoins, la difficulté d’orchestrer un groupe où d’éventuelles félicitations sont adressées aux uns et pas aux autres est ici patente. Effectivement, même s’il peut être plaisant d’être félicité, il persiste une certaine méfiance vis-à-vis de celui ou de ceux qui félicitent ; il peut même arriver à ce qu’une remise en question du cadre(s)cadreSub_cadre de l’atelier et des règles qui le régissent apparaisse. Par exemple, nous entendons ce genre de phrase : « Vous dites ça parce que c’est ce qu’il est préférable de dire » ; ou encore : « C’est un atelieratelier(s) ou règne le respect, alors vous n’allez pas me dire que c’est nul ce que j’écris. » Certes, il s’agit d’un atelierSub_atelier ou règne le respect, mais nous ne laissons pas sans réaction ni réponse ce genre de doute ou de phrase ainsi lancée. Alors nous parlons encore une fois du cadreSub_cadrecadre(s), ainsi que du processus d’écritureSub_écritureécriture, de l’écriture elle-même. Nous commençons par exemple à évoquer la notion du beau, de l’esthétisme, nous donnons notre avis sur ce qui n’est qu’un ressenti personnel et qui n’a aucune légitimité ; par exemple, nous pouvons aimer Kundera alors que certains participants de l’atelier peuvent, eux, considérer que celui-ci n’est même pas digne d’être envisagé comme écrivain. Ensuite nous évoquons la capacité du patient à réagir presque « sur commande », dans un tempsSub_tempstemps limité, à une consigne qui n’a pas toujours une forme et/ou un fond évident. Nous leur montrons ainsi que la première étape de leur accomplissement est réussie. Nous abordons ensuite le ressenti du lecteur et nous évoquons une notion que nous considérons plus appropriée que le beau ou l’esthétique. Nous parlerons alors de « ravissement ». Du latin rapere, raptus, sa signification étymologique est « emporter avec force », et son sens figuré « transporter l’âme ». Tout en insistant sur le fait que ce qui peut dans l’atelier ravir Jane A. ou Gustave F. peut ne pas ravir Marguerite D. ou Lewis C.

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