Sclérose en plaques
Mots-clés
Dissémination spatiale ET temporelle, clinique ET radiologique
Objectifs :
Diagnostiquer une sclérose en plaques.
Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
Décrire les principes de la prise en charge au long cours d’un malade présentant un déficit moteur progressif.
Diagnostiquer une neuropathie optique (fig. 24)
Une neuropathie optique est une pathologie du nerf optique (entre la rétine et le chiasma par définition) dont les étiologies peuvent être diverses : inflammatoire, ischémique, infectieuse, toxique…
En dehors de la papille, le nerf optique n’est pas accessible directement à l’examen ophtalmologique. Le diagnostic de neuropathie optique est donc souvent un diagnostic d’élimination, lorsque l’examen clinique ne trouve pas d’explication à une BAV organique unilatérale sur œil blanc.
Le diagnostic étiologique d’une neuropathie optique est orienté par :
l’œdème papillaire qui permet de différencier une neuropathie optique antérieure (avec œdème papillaire), d’une neuropathie optique postérieure (sans œdème papillaire) ;
le caractère douloureux qui oriente vers un mécanisme inflammatoire ;
le mode d’installation (brutal, rapide, lentement progressif…) ;
l’association à d’autres symptômes (uvéite…).
Une neuropathie optique postérieure (d’où le terme rétrobulbaire – bulbe = œil en vieux français) d’installation rapide, de caractère inflammatoire (douleurs rétro-orbitaires), sans cause tumorale locale, est une NORB pour les ECN.
Figure 25 Atteintes cérébrales dans la SEP.A et B) Aspect typiques de SEP en FLAIR : en A) Coupe sagittale montrant l’atteinte très évocatrice du corps calleux, en B) Lésions typiques ovalaires périventriculaires à grand axe perpendiculaire à la frontière des ventricules. C) Autre exemple de lésions de SEP en FLAIR ; Notez la prise de contraste, limitée aux lésions de moins de 3 mois, sur le T1 injecté correspondant en D. E) Aspect en FLAIR d’une encéphalomyélite aiguë disséminée (diagnostic différentiel). Notez l’aspect des lésions, très différent de celles d’une SEP ; elles prennent toutes le contraste sur le T1 injecté (F), témoignant d’une évolution d’un seul tenant.
Figure 26 Atteintes médullaires d’origine non compressive.A) Myélite cervicale dans le cadre d’une SEP. B et C) Cavitations intramédullaire de type syringomyélique associée à une malformation d’Arnold Chiari en B (descente des amygdales cérébelleuses dans le trou occipital). D) Atteinte cordonale postérieure étendue dans le cadre d’une maladie de Biermer.
NB : à distance de l’épisode peut s’installer une pâleur papillaire correspondant à une atrophie du nerf optique irréversible.
Aspects typiques de SEP à l’imagerie cérébrale (fig. 25)
Hypersignaux de la substance blanche visibles en T2 ou en FLAIR, caractéristiques :
topographie périventriculaire ;
grand axe perpendiculaire aux ventricules ;
touchant volontiers le corps calleux.
Les lésions datant de moins de 3 mois prennent le contraste, contrairement aux lésions plus anciennes, ce qui permet parfois d’affirmer une dissémination temporelle des lésions.
Certaines lésions peuvent évoluer vers la cavitation (« trous noirs » en T1, de mauvais pronostic).
NB : certaines lésions de SEP peuvent être visibles sur un scanner, ce qui peut parfois poser problème lorsque le diagnostic de SEP n’est pas connu.
Démarche diagnostique en cas de suspicion de SEP
TOUJOURS ÉVOQUER LE DIAGNOSTIC DE SEP FACE À UN SYMPTÔME NEUROLOGIQUE CENTRAL SUBAIGU CHEZ UN SUJET JEUNE, quelle que soit la présentation clinique et radiologique.
Lors du bilan de symptômes neurologiques centraux chez un sujet jeune :
si l’IRM montre des lésions typiques de SEP (cf. supra) :
le diagnostic peut parfois être posé dès ce stade si la dissémination spatiale (atteinte multifocale) ET la dissémination temporelle (plusieurs poussées à l’interrogatoire) sont prouvées,
le plus souvent cependant, il manque les preuves de dissémination temporelle et/ou spatiale, et aucun diagnostic ne peut être posé à ce stade. On parle de « syndrome cliniquement isolé ». Cette distinction est importante car certains patients ne récidiveront jamais++,
il n’est pas toujours nécessaire de réaliser un bilan extensif en l’absence d’atypie clinique ou radiologique,
traitement symptomatique identique à celui d’une poussée de SEP « définie » (cf. infra),
nouvelle imagerie à distance (3 à 6 mois), plus tôt en cas de nouveaux symptômes. L’évolution clinico-radiologique permettra de poser ou de récuser le diagnostic de SEP,
• une IRM normale serait prédictive de l’absence de récidive,
• de nombreuses lésions sur l’IRM seraient au contraire fortement prédictives de l’évolution vers une SEP,
• un bilan complémentaire n’est pas indispensable, sauf si l’IRM cérébrale montre des lésions atypiques ;
l’IRM met en évidence une (des) lésion(s) atypique(s) et/ou suspecte(s) :
il est urgent dans ce cadre de diagnostiquer certaines pathologies (abcès cérébral, lymphome, tumeur maligne…),
un bilan extensif doit être réalisé immédiatement, orienté selon les résultats de l’imagerie cérébrale et/ou médullaire (biologie, nouvelle imagerie, PL, biopsie…),
le bilan permet dans la plupart des cas de poser un diagnostic précis et d’organiser ainsi une prise en charge adaptée,
parfois, la nature de la (des) lésion(s) reste incertaine :
• à ce stade, il peut devenir très important de mettre en évidence des stigmates infracliniques d’atteinte multifocale ancienne qui réorienteraient vers une SEP,
– lésion unique du tronc cérébral compatible avec un glioblastome ou une forme pseudo-tumorale de SEP,
– une biopsie serait inenvisageable (centres vitaux+++),
– la présence sur les PEV d’une séquelle infraclinique de NORB serait très évocatrice d’une SEP et donc rassurante+++.

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