10: Imagerie en cancérologie du larynx et de l’hypopharynx

Chapitre 10 Imagerie en cancérologie du larynx et de l’hypopharynx



Les tumeurs du larynx et de l’hypopharynx correspondent dans plus de 95 % des cas à des carcinomes épidermoïdes. Un facteur de risque reconnu est l’intoxication tabagique et plus encore l’intoxication mixte tabac-alcool.


Le bilan d’extension des cancers du larynx et de l’hypopharynx repose à l’heure actuelle sur les trois éléments suivants : l’examen clinique, l’examen endoscopique, l’examen tomodensitométrique.


Les progrès technologiques liés à l’acquisition tomodensitométrique spiralée et plus récemment aux scanners multibarettes ont permis d’optimiser les études permettant d’une part de réaliser un examen rapide, reproductible de l’ensemble des voies aérodigestives supérieures, et d’autre part d’obtenir des images précises et fiables de la région pharyngo-laryngée.



Technique et protocole d’examen



Objectif du bilan tomodensitométrique


L’objectif de l’étude tomodensitométrique est de préciser l’extension locale et régionale (ganglionnaire) en complément des données de l’examen ORL [1, 2]. Il est important également d’analyser l’ensemble des voies aérodigestives supérieures (VADS) et du thorax car les localisations multiples ne sont pas rares chez ce type de patients. Pour ce faire, l’étude doit s’étendre du cavum à l’orifice cervicomédiastinal. Ces repères sont individualisés sur le topogramme de profil et déterminent les limites supérieures et inférieures de l’exploration. Actuellement, les appareils multibarettes permettent d’obtenir des épaisseurs de coupes très fines (environ 1 mm) ; les temps d’acquisition autorisent une étude complète du pharyngo-larynx et des aires ganglionnaires en des temps très courts avec une excellente qualité des reconstructions bidimensionnelles [3, 4].


L’exploration doit être élargie à la région médiastinale et thoracique : l’acquisition spiralée, du fait de sa rapidité, permet facilement la réalisation de coupes thoraciques à la recherche d’autres localisations tumorales, de métastases ou d’adénopathies.


Les avantages de l’acquisition spiralée sont [1, 3] :









Modalités pratiques de l’étude tomodensitométrique spiralée


L’examen doit être réalisé à distance des biopsies, en particulier pour les petites tumeurs ; en effet la réaction inflammatoire post-biopsie pourrait faussement majorer la description tumorale. L’examen doit donc être réalisé au mieux avant la laryngoscopie directe ou à défaut dix à quinze jours après les biopsies pour les tumeurs de petite taille.


Il est effectué une première spirale d’environ 15 cm de hauteur débutant à la partie haute du cavum et se terminant aux premiers centimètres de la trachée cervicale, avec un filtre standard.


Les coupes sont reconstruites, chevauchées de 50 % pour une bonne qualité des reconstructions 2D.


Au cours de cette première acquisition, le patient est en respiration indifférente : il doit respirer calmement par le nez, l’apnée est à proscrire car elle ferme la glotte. Il est demandé au patient de ne pas déglutir pendant cette acquisition afin d’éviter les artéfacts de mouvements. Cette première acquisition est réalisée avec une injection de produit de contraste, la dose étant de 80 cc environ. L’injection est effectuée de manière biphasique avec une phase d’imprégnation tissulaire tumorale et une réinjection juste avant l’acquisition, à titre d’exemple : injection de 50 cc à 1 cc/s puis 30 s d’arrêt puis un bolus de 30 cc à 2 cc/s, la spirale débutant juste à la fin de ce bolus (encadré). Cette méthode permet d’obtenir au cours de la même acquisition une bonne imprégnation tumorale et une excellente opacification vasculaire (carotide et jugulaire) [3].


La tumeur se traduit par une masse plus ou moins infiltrante ou exophytique, parfois ulcérée rehaussée par le produit de contraste créant une asymétrie des parties molles laryngées [2].



Manœuvres dynamiques


Lors de la seconde acquisition, on réalisera une phonation ou un Valsalva :


la manœuvre de phonation sur un « é » étudie la mobilité laryngée et offre l’avantage d’une meilleure visualisation des replis aryépiglottiques mais l’intérêt principal est l’ouverture des ventricules laryngés permettant une compréhension et une analyse du larynx en étages, sus-glottique, glottique et sous-glottique (tableau 10-1). Cette distinction est bien appréhendée sur les reconstructions coronales (fig. 10-1). Cette analyse en étage du larynx est importante car elle permettra de classer la tumeur en stade ; une tumeur atteignant plus d’un étage est classée T2 (encadré) [5]. Cette analyse en étage permet, en outre, de comprendre les différents types de chirurgie proposée, en particulier les chirurgies partielles ;

la manœuvre de Valsalva, doit être utilisée systématiquement pour l’étude de l’hypopharynx [3, 4] ; elle entraîne une fermeture glottique et une distension aérique de l’hypopharynx permettant ainsi une excellente analyse de cette région avec une bonne définition des replis aryépiglottiques et une ouverture des sinus piriformes. Parfois la pneumatisation obtenue par la manœuvre de Valsalva s’étend jusqu’en région rétro-crico-aryténoïdienne.

Tableau 10-1 Régions anatomiques du larynx.

























Étages Régions Sous-régions
Sus-glotte Épilarynx (margelle laryngée) Épiglotte sus-hyoïdienne = bord libre
Replis aryépiglottiques Sommet des aryténoïdes
Vestibule Épiglotte infrahyoïdienne = face laryngée
Pied épiglotte
Bandes ventriculaires
Ventricules  
Glotte Cordes vocales
Commissure
antérieure
Commissure
postérieure
 
Sous-glotte    



Ces manœuvres sont parfois difficiles à réaliser pour le patient. Dans notre expérience, il est très important que l’équipe radiologique prenne le temps de les lui expliquer et de l’entraîner avant la réalisation de l’examen. Lors de cette acquisition en manœuvre dynamique, le centrage de la spirale se fait sur le pharyngo-larynx uniquement, pour une spirale encore plus courte (moins de 10 s) avec une réinjection de 80 cc de produit de contraste toujours selon le mode biphasique [3].




Classification UICC du T des carcinomes laryngés (UICC – version 2002)









Cancers du larynx



Cancers sus-glottiques


Quatre localisations principales sont décrites, les tumeurs de la face laryngée de l’épiglotte, les tumeurs de la margelle laryngée, les tumeurs de la bande ventriculaire, les tumeurs du ventricule de Morgani souvent de découverte tardive.


Un des points clés dans le bilan d’extension des tumeurs sus-glottiques est de préciser l’extension vers le bas au plan glottique en vue d’une éventuelle chirurgie partielle du larynx de type cricohyo-épiglottopexie (CHEP) ou crico-hyo-pexie (CHP). Pour bien séparer le plan sus-glottique du plan glottique, l’acquisition spiralée en phonation est fondamentale car la phonation permet d’ouvrir les ventricules laryngés et donc de bien délimiter la sus-glotte du plan glottique. Cette distinction est particulièrement bien appréciée sur les reconstructions frontales en phonation (fig. 10-2 et 10-3). En effet la prise en charge d’une tumeur strictement limitée à la sus-glotte est différente de celle d’une tumeur sus-glottique étendue à la glotte [6].



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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 10: Imagerie en cancérologie du larynx et de l’hypopharynx

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