1: Immunologie générale

Chapitre 1 Immunologie générale




I Système immunitaire normal


L’immunologie étudie les réactions d’un organisme vivant à l’introduction de substances étrangères. La réaction immunitaire physiologique vise à éliminer les agents étrangers : elle assure donc la défense de l’organisme contre les infections ou les tumeurs et peut être stimulée par une vaccination.


Un certain nombre de maladies résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire. Il peut s’agir d’un déficit de la réponse, comme dans le cas des déficits immunitaires congénitaux ou acquis, ou d’un excès de réponse immunitaire comme au cours des maladies allergiques ou des maladies auto-immunes. Enfin, il existe un domaine de l’immunopathologie entièrement créé par l’homme : c’est la réaction immunitaire qui entraîne le rejet des greffes.


On distingue deux formes de réponses immunitaires, la réponse immunitaire innée et la réponse immunitaire adaptative.


L’immunité innée constitue la première ligne de défense contre les agents pathogènes. Comme son nom l’indique, elle se met en place rapidement et spontanément, sans nécessité de contact préalable avec l’agent étranger. Elle repose sur des effecteurs cellulaires et humoraux qui reconnaissent des motifs communs aux différents agents pathogènes. Il s’agit d’une réponse transitoire qui n’engendre pas de mémoire immunitaire, c’est-à-dire qu’une fois la réponse terminée, il ne reste aucune trace de la rencontre avec l’agent qui l’a suscitée. Certains des acteurs cellulaires de l’immunité innée une fois activés vont jouer un rôle déterminant dans le déclenchement des réponses immunitaires adaptatives. Ces cellules qui constituent le lien entre les deux types de réponses sont les cellules dendritiques.


L’immunité adaptative repose sur l’action coordonnée de différents types de cellules fonctionnellement distinctes. On distingue les cellules présentatrices d’antigène, les lymphocytes B qui produisent les anticorps et différentes catégories de lymphocytes T, cytotoxiques ou auxiliaires, qui produisent des facteurs solubles dénommés cytokines et expriment à leur surface des molécules intervenant dans la coopération cellulaire.


Le dénominateur commun aux principales réactions immunitaires adaptatives — qui les distingue des réponses innées — est leur spécificité pour la substance étrangère qui l’a induite, qu’on nomme également substance antigénique.


Les antigènes sont capables d’induire une réponse immunitaire adaptative puis de réagir spécifiquement avec le produit de cette réaction : anticorps ou lymphocyte T sensibilisés. Chaque clone lymphocytaire B ou T exprime à sa surface un récepteur pour l’antigène unique, spécifique d’un antigène particulier, et dont la synthèse a lieu au cours du développement des lymphocytes B et T dans les organes lymphoïdes centraux que sont la moelle osseuse hématopoïétique pour les lymphocytes B et le thymus pour les lymphocytes T. Au niveau de ces organes centraux, des réarrangements somatiques de fragments de gènes codant les différents domaines des récepteurs pour l’antigène des lymphocytes B et T vont générer une très grande diversité de récepteurs. Ce sont les recombinaisons somatiques qui constituent la base moléculaire de la diversité du répertoire des lymphocytes B et T.


Les lymphocytes T reconnaissent les antigènes sous forme de fragments peptidiques liés aux molécules du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) et présentés à la surface de cellules spécialisées nommées cellules présentatrices d’antigène. Les lymphocytes B, en revanche, sont capables de reconnaître les antigènes sous forme native grâce à leur immunoglobuline de surface qui tient lieu de récepteur pour l’antigène. Le lymphocyte B peut, après activation et transformation en plasmocytes, produire des anticorps dont la spécificité pour l’antigène est identique à celle de l’immunoglobuline de surface. Il existe cinq classes d’anticorps, IgG, IgA, IgM, IgD et IgE, qui diffèrent par leur structure et leurs fonctions.



Immunité innée


L’immunité innée constitue la première barrière de défense de l’organisme contre les agents pathogènes. Faisant intervenir des acteurs rapidement disponibles (tableau 1-I), elle permet de contrôler la plupart des infections courantes chez l’individu sain.


Tableau 1-I Acteurs de l’immunité innée.




























































Barrières physiques Cellules épithéliales et leurs jonctions serrées (peau, muqueuses)
  Liquides biologiques (larmes, salive, mucus, surfactant)
  Enzymes et peptides antimicrobiens (lysozyme, défensines…)
Effecteurs cellulaires Macrophages tissulaires (cellules phagocytaires résidentes) Reconnaissance de motifs conservés (PAMP, LPS…) par des récepteurs spécifiques PPR (TLR, mannose-R, scavengers-R…) et destruction des pathogènes (phagocytose)
    Sécrétion de cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-6, TNFα), facteurs de croissance, chimiotactiques et vasculaires (bradykinine…), médiateurs lipidiques de l’inflammation (leucotriènes, prostaglandines)
    Phase vasculaire de l’inflammation et afflux de polynucléaires (neutrophiles, éosinophiles, basophiles) d’origine sanguine : amplification de la réaction inflammatoire locale
  Polynucléaires neutrophiles Puissantes capacités de phagocytose et de bactéricidie
  Cellules dendritiques Cellules présentatrices d’antigènes
  Cellules NK Activité cytolytique sur des cibles dépourvues de molécules du CMH de classe I (récepteurs KIR et KAR)
    Activité cytolytique dépendante des anticorps (ADCC)
Effecteurs solubles Activation des protéines du complément Formation du complexe d’attaque membranaire (C5b-C9) : destruction de pathogènes ou de cellules infectées
    Liaison aux récepteurs du complément (CR1, CR3) sur les phagocytes : opsonisation des pathogènes et élimination des complexes immuns
    Fonction pro-inflammatoire : anaphylatoxines (C3a, C5a) et recrutement des phagocytes
  Interférons de type I (produits par une sous-population de cellules dendritiques dites plasmacytoïdes, d’origine lymphoïde) Activité antivirale
  Protéines de l’inflammation (pentraxines : CRP) Opsonisation, activation du complément

D’une manière schématique, on peut distinguer cinq constituants ou effecteurs majeurs de l’immunité innée, qui vont s’articuler de manière consécutive pour aboutir à l’élimination du microorganisme. La barrière physique constituée par les cellules épithéliales bordant les surfaces en contact avec les pathogènes est le premier rempart dressé par l’immunité innée. Cette barrière est constituée de la peau et des muqueuses. La sécrétion de liquides biologiques comme le mucus, la salive ou les larmes constitue également un élément protecteur par son action mécanique et par son contenu en substances chimiques. À titre d’exemple, on peut citer le lysozyme et la phospholipase A2 présents dans les larmes et qui exercent une action inhibitrice de la croissance de certains micro-organismes.


Les micro-organismes pathogènes qui réussissent à franchir la barrière épithéliale vont coloniser les tissus cibles, où leur présence est rapidement détectée par des effecteurs cellulaires et humoraux. Les cellules sont principalement des phagocytes résidents des tissus, en majorité des macrophages. Les macrophages possèdent une machinerie intracellulaire dont le but est d’ingérer et de détruire, au sein de vésicules spécialisées, les pathogènes qu’ils auront phagocytés. Mais ce n’est pas là leur seule fonction : les macrophages vont aussi produire des médiateurs solubles, comme les cytokines et les chimiokines aux propriétés pro-inflammatoires et chimiotactiques. C’est la phase vasculaire de l’inflammation.




PHASE VASCULAIRE


Parmi les effecteurs humoraux qui entrent en jeu rapidement après la pénétration du pathogène dans les tissus, on trouve les protéines du complément (fig. 1-1). Le système du complément est constitué de protéines plasmatiques qui s’activent en cascade pour aboutir à l’opsonisation et à la destruction du pathogène, ainsi qu’à la libération de facteurs chimiotactiques et pro-inflammatoires comme les anaphylatoxines C3a et C5a.



D’autres facteurs chimiotactiques résultent de l’activation de la coagulation liée aux lésions vasculaires générées par la pénétration du pathogène. La formation du clou hémostatique induit l’activation de la coagulation, dont certains produits comme la fibrine, la kallikréine, le kininogène et la bradykinine ont des propriétés vasoactives et chimiotactiques. De même, l’agrégation des plaquettes active la phospholipase A2 qui agit sur les phospholipides de la membrane plaquettaire pour libérer de l’acide arachidonique qui sera transformé par les cyclo- et lipo-oxygénases en prostaglandines, leucotriènes et PAF (Platelet Activating Factor) qui possèdent aussi des propriétés chimiotactiques pour les monocytes et les polynucléaires. Ces produits agissent directement sur les vaisseaux pour favoriser la vasodilatation, et sur les cellules endothéliales pour y induire l’expression de molécules d’adhérence et modifier la perméabilité vasculaire. L’ensemble de ces phénomènes favorise la migration des cellules au sein du tissu cible de l’infection.



PHASE CELLULAIRE


À cette phase vasculaire fait suite la phase cellulaire de l’inflammation, correspondant initialement à l’activation locale des macrophages tissulaires résidents qui reconnaissent les micro-organismes pathogènes grâce à un système de récepteurs dénommés PPR (Pattern Recognition Receptors) (fig. 1-1). Ces récepteurs reconnaissent des motifs conservés et répétés à la surface des microorganismes, nommés PAMP (Pathogen-Associated Molecular Pattern). Ces motifs n’étant pas exprimés par les cellules eucaryotes, ils permettent aux cellules de l’immunité innée de distinguer les constituants propres de l’organisme (le soi), des pathogènes (le non-soi). Les PPR exprimés à la surface du macrophage sont de plusieurs types :



d’autres ont un rôle d’activation des macrophages comme les récepteurs des fragments Fc des immunoglobulines ou les récepteurs TLR (Toll-Like Receptors). Il existe treize TLR codés par des gènes en configuration germinale (tableau 1-II). Les récepteurs TLR sont activés par des motifs bactériens spécifiques de chaque type de TLR. L’activation aboutit à la transduction d’un signal activateur intracellulaire médié par des molécules adaptatrices, dont le prototype est MyD88, et qui aboutit à l’activation de facteurs de transcription impliqués dans la production de cytokines tels que les IRF (Interferon Regulating Factors) ou NF-κB.


L’activation des récepteurs présents à la surface du macrophage a deux conséquences :




Le recrutement de nouveaux effecteurs cellulaires est lié à la production de facteurs chimiotactiques : prostaglandines, leukotriènes, PAF, chimiokines qui attirent les cellules, et de cytokines pro-inflammatoires qui favorisent l’activation endothéliale et le passage trans-endothélial des leucocytes (transcytose). Une fois recrutés localement, les polynucléaires neutrophiles, qui expriment également des PPR à leur surface, vont être activés in situ et vont contribuer à l’élimination des micro-organismes soit en les ingérant soit en produisant des facteurs cytotoxiques solubles. De plus, les neutrophiles synthétisent des chimiokines et des cytokines pro-inflammatoires, amplifiant ainsi le recrutement cellulaire local.



Les Acteurs De L’Initiation De La Réponse Immunitaire


Les initiateurs de l’orientation des réponses immunitaires sont les signaux PAMP (Pathogen-Associated Molecular Patterns, signaux microbiens) et DAMP (Danger-Associated Molecular Patterns, signaux de danger) reçus par les récepteurs de motifs des cellules qui initient aussi bien les réponses immunitaires innées qu’adaptatives. Les PAMP, structures caractéristiques de certaines familles de micro-organismes, apportent l’information sur le type de micro-organisme rencontré. Les DAMP sont produits par les premières cellules de l’hôte en contact avec le micro-organisme et/ou par les cellules qu’il a détruites ; ils apportent les informations nécessaires sur la nature et l’intensité du danger encouru par l’organisme et vont fournir une indication cruciale sur la nécessité de réagir ou non et, si oui, sous quelle forme.


La reconnaissance des micro-organismes par les cellules phagocytaires et les cellules dendritiques impliquent une grande variété de récepteurs spécifiques et opsonisants. Ceux-ci comprennent les PPR (Pattern Recognition Receptors, qui reconnaissent les PAMP et les DAMP) dont font partie les récepteurs Toll-like (TLR), le récepteur du mannose et les récepteurs « scavengers », ainsi que les récepteurs Fc et les récepteurs du complément (CR1, CR3).


Les réponses des cellules de l’immunité innée dépendent également des cytokines produites localement. Les macrophages activés produisent les dérivés réactifs de l’oxygène et de l’azote qui sont hautement toxiques pour les pathogènes qu’ils ont phagocytés. Les radicaux libres produits par les macrophages et par les polynucléaires neutrophiles recrutés, ainsi que les nombreuses molécules pro-inflammatoires qu’ils sécrètent participent aux destructions tissulaires aux cours de l’inflammation.



RÉPONSE INFLAMMATOIRE SYSTÉMIQUE


À côté des effets locaux de l’inflammation, la mise en jeu des cellules de l’immunité innée, monocytes et polynucléaires neutrophiles, va être responsable d’une réponse inflammatoire systémique plus ou moins marquée. La fièvre est un des effets systémiques les plus communs de la réponse inflammatoire. Elle est induite par la production de TNFα et d’interleukine IL-1 et vise à diminuer la prolifération des micro-organismes. Une production excessive de TNFα est délétère et peut favoriser la survenue d’un choc septique. L’hyperleucocytose est liée principalement à la production de GMCSF qui agit sur la moelle osseuse pour favoriser la production et la libération de nouvelles cellules myéloïdes, notamment des polynucléaires neutrophiles et des monocytes. Les polynucléaires sont, en effet, des cellules à demi-vie courte, rapidement détruites après contact avec le pathogène. Un autre effet systémique de l’inflammation est la synthèse des protéines de l’inflammation par action de l’IL-6 sur le foie. Outre leur rôle de marqueur sérique de la réponse inflammatoire, les protéines de l’inflammation de la famille des pentraxines, comme la CRP, peuvent opsoniser les micro-organismes et favoriser leur destruction par activation du complément ou par phagocytose. Enfin, les cellules de l’immunité innée comme les macrophages, les cellules dendritiques de type plasmacytoïdes, surtout si elles sont infectées par des virus, peuvent produire de l’interféron α (IFNα) qui joue un rôle antiviral en inhibant la pénétration et la prolifération cellulaire des virus.



RÔLE DES CELLULES NK


À côté des polynucléaires neutrophiles et des monocytes, d’autres cellules, comme les cellules NK (Natural Killer), participent aussi à l’immunité innée (fig. 1-2). Les cellules NK sont des lymphocytes non B non T originaires de la moelle osseuse, qui présentent des granulations intracytoplasmiques. Elles représentent environ 4 % des lymphocytes du sang circulant. Les cellules NK exercent une activité cytotoxique à l’égard de cibles tumorales ou infectées par des pathogènes intracellulaires ou des virus. Elles lysent des cibles qui expriment peu de molécules de classe I du complexe majeur d’histocompatibilité, ce qui n’est pas le cas de la plupart des cellules normales nucléées mais qui est fréquent pour les cellules tumorales ou infectées qui échappent ainsi à la toxicité des lymphocytes T CD8+. Les lymphocytes NK reconnaissent leur cible grâce à deux types de récepteurs :





Si l’expression des molécules de classe I du CMH est diminuée sur une cellule en interaction avec une cellule NK, les signaux inhibiteurs s’annulent : la cellule NK s’active et détruit sa cible.


À côté de ces récepteurs, la cellule NK exprime des récepteurs pour le fragment Fc des immunoglobulines et peut de ce fait être « armée » par des anticorps pour exercer une activité cytotoxique (ADCC, Antibody-Dependent Cell-mediated Cytotoxicity).



La Cytotoxicité Des Cellules NK


La cellule NK porte à sa surface des récepteurs spécifiques des molécules d’histocompatibilité de classe I (CMH I), qui lui permettent de recenser la densité d’expression de ces antigènes à la surface des cibles potentielles. Les récepteurs KIR (inhibiteurs) jouent ce rôle.


L’interaction entre une cellule normale, exprimant les antigènes de classe I, et la cellule NK, va susciter, via ces récepteurs spécialisés, un signal d’inhibition. En revanche, ce signal d’inhibition est levé en présence de cellules exprimant peu, voire pas, de molécules d’histocompatibilité de classe I, comme c’est le cas pour les cellules infectées ou tumorales. D’autres récepteurs, les KAR, sont des récepteurs activateurs qui déclenchent les mécanismes cytotoxiques en cas d’expression sur la cellule cible potentielle de molécules induites par le stress et constituant des signaux de danger.


Il existe en permanence une intense et complexe régulation de l’activation de la capacité fonctionnelle cytotoxique des cellules NK, celle-ci dépendant de l’intégration entre ces deux types de signaux intracellulaires d’origine membranaire.


Les mécanismes de cytotoxicité comprennent la lyse sécrétoire via la libération de perforines et de granzymes, ainsi que la lyse de contact via les couples Fas-FasL et TNF membranaire-TNFR1.


Par ailleurs, les cellules NK expriment des récepteurs pour le fragment Fc des immunoglobulines et, de ce fait, peuvent être « armées » par des anticorps pour exercer une activité cytotoxique dépendante des anticorps (ADCC).



Immunité adaptative


La réponse immunitaire est un processus dynamique dont la nature et l’intensité évoluent avec le temps. Elle débute par une réponse innée peu spécifique puis devient plus spécifique du pathogène et plus puissante au fur et à mesure du développement de la réponse adaptative. La réponse innée est essentielle au déclenchement de la réponse adaptative primaire. En effet, les cellules de l’immunité innée au contact des pathogènes expriment des molécules de costimulation indispensables à l’activation des lymphocytes spécifiques de l’antigène. En outre, les cytokines produites par les cellules de l’immunité innée influencent les caractéristiques de l’immunité adaptative selon le type de pathogène rencontré.


La réponse immunitaire adaptative (tableau 1-III) est déclenchée lorsqu’une infection dépasse les mécanismes de défense innée et génère une concentration en pathogènes qui atteint et dépasse le seuil de stimulation antigénique. La réponse immunitaire adaptative est alors amorcée dans les organes lymphoïdes secondaires en réponse à l’antigène présenté par les cellules dendritiques activées durant la réponse innée. Les lymphocytes T effecteurs et les anticorps spécifiques de l’antigène sont générés après activation des cellules naïves T et B exprimant un récepteur, après reconnaissance de l’antigène puis expansion clonale et différenciation des cellules T en cellules effectrices et des cellules B en plasmocytes. Les lymphocytes T effecteurs et les anticorps sont alors déversés dans le torrent circulatoire et vont gagner le site de l’infection pour en éliminer le pathogène. La guérison implique l’élimination des agents extracellulaires par les anticorps et des agents intracellulaires par les lymphocytes T effecteurs.


Tableau 1-III Acteurs de l’immunité adaptative.



























































Effecteurs cellulaires Cellules dendritiques activées Présentation des peptides antigéniques aux lymphocytes T naïfs dans les organes lymphoïdes périphériques (ganglions, rate), producteurs d’IL-12
  Lymphocytes T CD4+ auxiliaires (helpers) Lymphocytes Th1 : coopérations cellulaires et activation des lymphocytes CD8+, des macrophages, production de cytokines (IL-2, IFNγ) et commutation de classe des Ig
    Lymphocytes Th2 : coopérations cellulaires et activation des lymphocytes B, production de cytokines (IL-4, IL-5, IL-6, IL-13) et commutation de classe des Ig
    Lymphocytes Th17 : production d’IL-17, amplification de la réaction inflammatoire aiguë locale, chimiotactisme pour polynucléaires neutrophiles au site d’infection
    Lymphocytes Th folliculaires : activation thymodépendante des lymphocytes B dans les follicules B des organes lymphoïdes
  Lymphocytes T cytotoxiques Lymphocytes T CD8+ cytotoxiques : cellule cible spécifique (restriction par TCR-peptide-CMH classe I) et lyse sécrétoire (granzymes, perforines)
    Lymphocytes T CD4+ cytotoxiques : cellule cible spécifique (restriction par TCR-peptide-CMH classe II) et lyse non sécrétoire (Fas-FasL et TNFα-TNFR1)
    Lymphocytes NKT CD4+ : reconnaissance par TCR restreint aux antigènes glycolipidiques présentés par un CMH de classe I non polymorphe (CD1), production cytokinique (IL-4, IFNγ) et immunomodulation Th1 versus Th2
  Lymphocytes T régulateurs naturels Lymphocytes T CD4+ CD25+ Foxp3+ : suppression contact-dépendante (anergie, délétion)
  Lymphocytes T régulateurs induits Lymphocytes Tr1 : suppression contact-dépendante, producteurs d’IL-10 à activité anti-inflammatoire
    Lymphocytes Th3 : suppression contact-dépendante, producteurs de TGFβ à activité anti-inflammatoire
  Lymphocytes B Lymphocytes B mémoires : expression des IgG, IgA ou des IgE de membrane, mémoire immunitaire
    Plasmocytes : production d’anticorps (IgM, IgG, IgGA, IgE, IgD)
Effecteurs solubles Immunoglobulines (IgM, IgG, IgGA, IgE, IgD) Fonctions effectrices : neutralisation et opsonisation du pathogène, formation de complexes immuns, cytotoxicité cellulaire médiée par les anticorps (ADCC)

Dans l’immense majorité des cas, aucune maladie résiduelle n’est observée après une réponse immunitaire adaptative efficace. Toutefois, dans certains cas, l’infection ou la réponse immune dirigée contre l’agent pathogène peut engendrer des dommages tissulaires. De plus, à l’exemple des infections par le cytomégalovirus ou par Mycobacterium tuberculosis, la virulence du microorganisme est maîtrisée mais il n’est pas éliminé et peut persister sous forme latente. Si la réponse immunitaire adaptative vient à être altérée, comme dans le cas des syndromes d’immunodéficience acquise, ces pathogènes peuvent refaire surface et induire une maladie clinique.


La réponse immunitaire adaptative prévient aussi les réinfections grâce à la mise en place d’une mémoire immunitaire.



image IMMUNITÉ À MÉDIATION CELLULAIRE


La réponse innée non spécifique est une étape essentielle à l’initiation de la réponse immunitaire adaptative. La pénétration et la multiplication d’un agent pathogène dans les tissus induisent une réponse immunitaire innée responsable de modifications de l’environnement immédiat du site infectieux. Une réponse inflammatoire locale se met en place dans les minutes qui suivent la pénétration de l’agent infectieux, induisant l’activation de facteurs humoraux et cellulaires, favorisant le recrutement des leucocytes et leur activation au niveau des tissus infectés (cf. supra).



CELLULES DENDRITIQUES PRÉSENTATRICES D’ANTIGÈNES


Un des effets majeurs de la réponse innée est l’activation des cellules dendritiques au niveau du site de l’infection (fig. 1-3). Les cellules dendritiques présentatrices de l’antigène sont observées dans la majorité des tissus. Elles sont produites sous forme immature dans la moelle osseuse hématopoïétique et migrent dans les tissus où elles sont extrêmement efficaces pour capter des antigènes grâce à des récepteurs spécifiques ou par macropinocytose. Elles captent ainsi les antigènes au niveau du site infecté et, comme les macrophages tissulaires, sont activées par les récepteurs de l’immunité innée comme les TLR qu’elles expriment et qui réagissent vis-à-vis de composants bactériens. Les cellules dendritiques activées perdent alors leur capacité de phagocytose des antigènes mais acquièrent des propriétés de migration et de présentation des antigènes : ainsi, les cellules dendritiques matures expriment à leur surface le récepteur de chimiokine CCR7 (tableau 1-IV) qui permet la migration des cellules dendritiques matures à partir du site de l’infection par voie lymphatique vers les organes lymphoïdes secondaires qui produisent les chimiokines CCL19, CCL20 et CCL21 qui lient CCR7. Au niveau des organes lymphoïdes secondaires, les cellules dendritiques matures vont amorcer la réponse immunitaire adaptative de façon très efficace car elles expriment à leur surface des niveaux élevés de molécules de classe II du CMH et des molécules de costimulation B7-1 et B7-2, qui participent à l’activation des lymphocytes T.



Tableau 1-IV Maturation des cellules dendritiques.











































  Cellule dendritique immature Cellule dendritique mature
Fonction Capture antigénique Présentation antigénique
Localisation Tissus Zone T des organes lymphoïdes
CMH de classe II intracellulaire +++ +
CMH de classe II membranaire + +++
Capture antigénique +++ ±
Molécules de costimulation (B7-1, B7-2, CD40) + +++
Molécules d’adhérence (CD54, CD58) + +++
Cytokines sécrétées IL-12 ± IL-12 +++
Récepteurs de chimiokines CCR1 +++, CCR5 +++, CCR6 +++ CCR7 +++


COMPLEXE MAJEUR D’HISTOCOMPATIBILITÉ ET PRÉSENTATION DES ANTIGÈNES


Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) est un complexe génique d’environ quatre mégabases situé sur le bras court du sixième chromosome (6p21.3), comprenant, depuis son extrémité télomérique jusqu’au centromère, des gènes codant les molécules de classe I ou apparentées (HLA-A, B, C, E, F, G, MICA, MICB), de classe III sans lien direct avec le CMH (protéines du complément C2, C4, facteur B, TNF, LT) et de classe II (HLA-DR, DQ, DP) (fig. 1-4). Le CMH contient donc plus d’une centaine de gènes codant des produits très divers ; il est dit « majeur » car ses produits sont à l’origine de différences allogéniques importantes entre individus de la même espèce ; enfin, les molécules d’histocompatibilité qu’il code sont responsables de rejet de greffe entre sujet incompatibles.



Les molécules HLA possèdent trois caractéristiques principales :





La fonction essentielle des molécules HLA est de présenter des peptides antigéniques aux TCR (T Cell Receptors) des lymphocytes T. Classiquement, les lymphocytes T CD4+ reconnaissent des peptides d’une vingtaine d’acides aminés issus de la dégradation de protéines extracellulaires dans les endosomes et les lysosomes. Ces peptides sont présentés par les molécules de classe II du CMH à la surface de cellules présentatrices d’antigène, dont la cellule dendritique est le prototype. En revanche, les lymphocytes T CD8+ reconnaissent des peptides de huit à dix acides aminés issus de la dégradation de protéines endogènes et présentés par les molécules de classe I du CMH à la surface de toutes les cellules nucléées de l’organisme (fig. 1-5).




La Présentation de L’antigène


Les molécules du CMH de classe II, dont l’expression est restreinte aux cellules présentatrices d’antigène (monocytes, macrophages, cellules dendritiques et lymphocytes B), présentent aux lymphocytes T CD4+ des peptides antigéniques provenant soit de protéines exogènes, telles que les protéines de bactéries à développement extracellulaire, soit de protéines membranaires ou sécrétées. Ces protéines, après internalisation, sont dégradées en peptides d’une vingtaine d’acides aminés. Ceux-ci seront associés aux molécules de classe II néosynthétisées correspondantes.


Les molécules du CMH de classe I, exprimées sur l’ensemble des cellules nucléées de l’organisme, présentent aux lymphocytes T CD8+ des peptides antigéniques dérivés de protéines endogènes cytosoliques, essentiellement des protéines du soi (renouvellement des protéines intracellulaires normales), ainsi que des protéines provenant de micro-organismes intracellulaires (virus, bactéries, parasites). Dans le cytoplasme, les protéines sont dégradées en peptides par un système enzymatique protéolytique, le protéasome. Les peptides générés sont alors transportés vers le réticulum endoplasmique pour s’associer aux molécules du CMH de classe I néosynthétisées. Seuls certains peptides, nonamériques et dont la séquence en acides aminés est compatible avec les contraintes structurales imposées par la molécule du CMH de classe I, peuvent se fixer aux molécules du CMH de classe I correspondantes.



Les Cellules Dendritiques


La cellule dendritique immature est une cellule sentinelle présente dans les tissus périphériques, spécialisée dans la capture antigénique, et qui charge en permanence son cytoplasme de complexes CMH classe II-peptide antigénique. La capture de l’antigène est assurée par leurs récepteurs de surface, en particulier les récepteurs Toll-like. En cas d’infection, un signal de danger (cytokines pro-inflammatoires, molécules associées aux pathogènes…) induit la maturation de ces cellules dendritiques.


Cette maturation est un processus contrôlé sur le plan microenvironnemental et intimement lié à la migration des cellules dendritiques des tissus vers les organes lymphoïdes. Cette migration est due à l’expression de nouveaux récepteurs aux chimiokines, comme le CCR7, qui rend les cellules dendritiques sensibles à l’action de chimiokines produites dans les vaisseaux lymphatiques et les zones T.


Cette maturation s’accompagne de changements morphologiques, phénotypiques et fonctionnels, transformant de façon coordonnée et séquentielle une cellule capturant l’antigène en une cellule présentant l’antigène (tableau 1-IV).


Une fois dans les zones T des organes lymphoïdes, les cellules dendritiques matures peuvent interagir avec et activer les lymphocytes T CD4+ naïfs (et CD8+ naïfs) qui recirculent en permanence dans ces zones. Les lymphocytes T activés vont migrer secondairement sous l’action de chimiokines d’adressage vers le site de l’infection et exercer leurs fonctions effectrices.




ÉTAPES INITIALES DE L’ACTIVATION DES LYMPHOCYTES T


L’activation des lymphocytes T naïfs est contrôlée par trois types de signaux différents (fig. 1-6).



Le premier signal donne la spécificité de la réponse puisqu’il correspond à l’interaction entre le complexe CMH-peptide présenté par la cellule présentatrice de l’antigène et le récepteur de l’antigène du lymphocyte T (TCR). L’interaction entre le TCR et le complexe CMH-peptide est essentielle pour déclencher l’activation de la cellule naïve, mais, même si le corécepteur CD4 ou CD8 est lui aussi lié, elle est incapable à elle seule d’induire l’activation et la différenciation des lymphocytes T. L’activation d’une cellule T naïve et son expansion clonale nécessitent l’intervention de deux autres signaux qui sont généralement délivrés par la même cellule présentatrice d’antigène.


Le deuxième signal correspond aux signaux de costimulation délivrés par les molécules B7 fortement exprimées par les cellules dendritiques matures. B7 se lie avec la molécule CD28 exprimée sur les lymphocytes T naïfs. L’interaction B7-CD28 induit l’activation du lymphocyte qui produit de l’interleukine IL-2 et exprime à sa surface le récepteur de forte affinité pour l’IL-2 (CD25). L’IL-2 agit alors de manière autocrine sur le lymphocyte ainsi activé, ce qui favorise sa survie et sa prolifération. Ce second signal d’activation est fondamental pour la poursuite de l’activation lymphocytaire puisque le signal 1 sans le signal 2 entraîne une paralysie fonctionnelle du lymphocyte T connue sous le nom d’anergie. Cette paralysie fonctionnelle est un phénomène durable puisqu’un lymphocyte T anergique n’est plus activable même par une cellule présentatrice d’antigène exprimant à la fois le complexe CMH-peptide et les molécules de costimulation B7.


Après cette phase initiale d’intense prolifération qui dure quatre à cinq jours, les cellules T activées vont se différencier en cellules effectrices qui synthétisent toutes les molécules nécessaires à leurs fonctions de cellules T auxiliaires CD4+ ou de cellules T cytotoxiques CD8+. Cette dernière phase nécessite des signaux d’activation regroupés sous le terme de troisième signal. Il s’agit en fait d’un ensemble de signaux essentiellement cytokiniques, produits par l’environnement local, en particulier par les cellules présentatrices d’antigène.




SOUS-POPULATIONS DE CELLULES T EFFECTRICES


Avant de détailler les mécanismes de différenciation des lymphocytes T en cellules effectrices et d’expliquer la manière dont ce processus s’intègre et est coordonné au cours de la réponse immunitaire, il convient de présenter les différentes cellules effectrices et leurs propriétés. Les cellules naïves se répartissent en deux groupes : le premier exprime à sa surface le corécepteur CD4, le second exprime le corécepteur CD8.




Lymphocytes T CD4+


Les lymphocytes T CD4+ se différencient en un grand nombre d’effecteurs différents (fig. 1-7). Les principales cellules T CD4+ effectrices connues aujourd’hui sont les lymphocytes Th1, Th2, Th17, les cellules T régulatrices (Treg) et les cellules T folliculaires. Ces cellules, notamment les lymphocytes Th1, Th2 et Th17, sont définies par la nature des cytokines qu’ils sécrètent.



Les premières sous-populations lymphocytaires découvertes ont été les Th1 et Th2. Les cellules Th1 ont une double fonction. La première est de contrôler les infections bactériennes à germe intracellulaire, à mycobactéries par exemple, en activant les macrophages infectés et en augmentant leur pouvoir bactéricide. Le deuxième rôle des lymphocytes Th1 est de stimuler la production d’anticorps contre des germes extracellulaires en activant les lymphocytes B spécifiques de ces germes. Les lymphocytes Th2 partagent avec les lymphocytes Th1 cette faculté d’activer les lymphocytes B et de leur faire produire des anticorps. La nature et le titre des anticorps produits diffèrent selon que la coopération B-T implique un lymphocyte Th1 ou Th2.


Les lymphocytes Th17 constituent une autre sous-population de lymphocytes T de découverte plus récente. Les cellules Th17 sont induites très précocement au cours de la réponse immunitaire adaptative, notamment lors d’infections à germes extracellulaires. Les lymphocytes Th17 semblent favoriser la production par les cellules stromales de chimiokines qui favorisent le recrutement des polynucléaires neutrophiles.


Toutes les cellules effectrices sus-décrites agissent sur leurs cellules cibles pour favoriser l’élimination du pathogène.


Les cellules T folliculaires, de découverte récente, sont impliquées dans la coopération avec les lymphocytes B et la production d’anticorps. Elles sont décrites plus loin dans de chapitre (cf. « Immunité à médiation humorale »).


La dernière sous-population lymphocytaire T présente en périphérie a une fonction très différente. Ces cellules sont dénommées cellules T régulatrices. Leur fonction est de réguler les réponses T. Elles sont impliquées dans le contrôle négatif de la réponse immunitaire et dans la prévention des phénomènes auto-immuns. Il existe deux groupes de cellules T régulatrices :





DIFFÉRENCIATION DES LYMPHOCYTES T CD4+ EN CELLULES EFFECTRICES


La différenciation des cellules T naïves en différentes sous-populations de cellules T CD4+ effectrices de type Th1, Th2, Th17 ou T régulatrices a lieu au cours de la progression du processus infectieux et dépend grandement de l’effet du pathogène sur les cellules présentatrices de l’antigène (fig. 1-8). Les conditions créées par la cellule dendritique lors de son contact initial avec la cellule T vont déterminer les proportions des différents types de cellules T produites. En outre, les cellules T vont influencer le niveau d’activation des macrophages, le recrutement local des neutrophiles et des éosinophiles ainsi que les classes d’immunoglobulines produites. Les mécanismes cellulaires et transcriptionnels qui contrôlent la différenciation des différentes sous-populations lymphocytaires sont de mieux en mieux connus et, comme nous l’avons vu précédemment, les cytokines présentes durant les phases initiales de l’activation lymphocytaire influencent fortement la différenciation des lymphocytes T effecteurs.




Différenciation précoce des lymphocytes T : cellules Th17 et T régulatrices


Les lymphocytes T CD4+ effecteurs qui sont générés les premiers en réponse à une infection sont les cellules Th17. Juste après la rencontre avec un pathogène, la première réponse de la cellule dendritique est de synthétiser à la fois de l’IL-6 et du TGFβ (Transforming Growth Factor β). En absence d’IL-4, d’IFNγ ou d’IL-12, ces deux cytokines favorisent la différenciation des cellules T naïves en cellules effectrices Th17 et non en cellules Th1 ou Th2. Les cellules Th17 ainsi produites quittent les ganglions et migrent jusqu’au site de l’infection. À ce niveau, elles rencontrent le pathogène, sont réactivées localement et produisent des cytokines de la famille de l’IL-17, comme l’IL-17A et l’IL-17E. Le récepteur de l’IL-17 est exprimé de façon ubiquitaire sur les fibroblastes, les cellules épithéliales et les kératinocytes. L’IL-17 favorise la production d’IL-6, de chimiokines comme CXCL8 et CXCL2 par les cellules, ce qui favorise le recrutement des neutrophiles, et de facteurs de croissance hématopoïétique comme le G-CSF ou le GM-CSF. Ainsi, un des effets majeurs de l’IL-17 au site de l’infection est d’induire la sécrétion locale de cytokines et de chimiokines attirant les neutrophiles. Les cellules Th17 produisent aussi de l’IL-22, une cytokine proche de l’IL-10, qui agit de concert avec l’IL-17 pour induire l’expression de peptides antibactériens comme les β-défensines par les kératinocytes. Par ce biais, la présence de Th17 spécifiques du pathogène permet d’amplifier la réponse inflammatoire aiguë amorcée par l’activation de l’immunité innée au site d’entrée du pathogène.


L’environnement cytokinique est fondamental dans l’amorçage de la réponse immunitaire adaptative par les cellules Th17 mais il est aussi fondamental dans son contrôle puisqu’il prévient le déclenchement inapproprié d’une réponse immunitaire à l’encontre d’antigènes du soi ou d’antigènes de micro-organismes de la flore commensale. En effet, même en l’absence d’infection, les cellules dendritiques sont capables d’ingérer des antigènes du soi ou d’organismes non pathogènes et de les transporter jusqu’aux organes lymphoïdes secondaires, où elles peuvent activer des lymphocytes T naïfs spécifiques. Des mécanismes régulateurs empêchent que le système immunitaire ne développe une réponse immunitaire adaptative potentiellement délétère puisque dirigée contre les constituants propres de l’organisme. Dans cette situation, les signaux pro-inflammatoires émanant de l’activation des cellules de l’immunité innée ne sont pas présents et la cellule dendritique n’est donc pas activée. La cellule dendritique produit alors uniquement du TGFβ et pas d’IL-6 ni d’autres cytokines stimulant les voies Th1 ou Th2. Le TGFβ est un puissant inhibiteur de la prolifération et de la différenciation des lymphocytes Th17, Th1 et Th2, et, lorsqu’un lymphocyte T naïf rencontre un complexe CMH-peptide qui lui est spécifique à la surface de cette cellule dendritique productrice de TGFβ, il acquiert un phénotype de cellule T régulatrice. Les cellules T régulatrices ainsi générées expriment le facteur de transcription FoxP3, sont spécifiques de peptides du soi ou de micro-organismes commensaux et sont capables d’inhiber l’activation des autres cellules T. Ainsi, les cytokines produites par les cellules de l’immunité innée vont agir sur les cellules dendritiques et vont conditionner la production par ces cellules d’un environnement cytokinique particulier capable soit d’activer soit, au contraire, d’inhiber la réponse immunitaire adaptative.


Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 1: Immunologie générale

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