Chapitre 1
Anatomie musculaire et stratégies motrices du poignet et de la main
Organisation motrice du poignet
Les articulations et les muscles du membre supérieur sont dévolus au déplacement et à l’orientation de la main dans l’espace. Le poignet possède une cinématique tridimensionnelle nécessaire aux exigences des prises et appuis.
Dans l’ensemble, ce sont des muscles de type fusiforme qui développent une amplitude active importante, et leurs fibres sont disposées longitudinalement par rapport aux tendons. Ils ont plutôt des caractéristiques de muscles du mouvement. Bonnel considère les muscles de l’avant-bras avec un système tendino-aponévrotique développé. Ils bénéficient d’une grande compliance et d’une grande capacité de restitution d’énergie élastique (figure 1.1).
Figure 1.1 Éventail des muscles de la loge dorsale de l’avant-bras, aspect fusiforme et complexe tendino-aponévrotique développé.
On divise le poignet en quatre cadrans autour du centre articulaire.
Anatomie musculaire
Les muscles du cadre radio-ulnaire
Ils assurent avec le biceps (BB) les mouvements de rotation de l’avant-bras grâce aux articulations radio-ulnaires proximale (RUP) et distale qui sont liées mécaniquement.
Le muscle pronator terres (PT): C’est le plus latéral des muscles superficiels de la loge palmaire de l’avant-bras. Il possède deux chefs d’origine, l’un part de l’épicondyle médial de l’humérus par un tendon commun aux muscles épicondyliens, l’autre du versant médial du processus coronoïde. L’aponévrose centrale intramusculaire s’étend sur 4/5 de la longueur du muscle. Le muscle se termine au tiers moyen de la face latérale du radius (figure 1.2).
Figure 1.2 Ligne d’action du muscle pronator terres (PT) ; la composante rotationnelle (CR) est pronatrice, et la composante longitudinale (CL) est fléchissante sur le coude. On note l’aspect spiralé du corps musculaire et de son tendon.
Le muscle pronator quadratus (PQ): C’est le muscle le plus profond de la loge antérieure de l’avant-bras. Il est aplati, quadrilatère et plaqué transversalement à la membrane interosseuse, du radius à l’ulna dans leur quart distal, à proximité de l’articulation RUD (figure 1.3). C’est un muscle court et puissant. Il possède une aponévrose qui lui est propre, et il est composé de deux faisceaux :
Figure 1.3 Le muscle pronator quadratus (PQ) est situé au contact du plan osseux. Il est séparé du plan des muscles fléchisseurs par une membrane synoviale. L’orientation des fibres musculaire du PQ est perpendiculaire à l’orientation générale des muscles de l’avant-bras.
• l’un superficiel, composé de fibres transversales ;
• l’autre profond, composé de fibres obliques en bas et en dehors, deux fois plus épais que le faisceau superficiel.
Le muscle brachioradialis (BR): Muscle saillant à la face latérale de l’avant-bras en flexion forcée du coude, il n’intervient pas sur le poignet. C’est le seul muscle de l’organisme qui s’étend de l’extrémité distale d’un os à l’extrémité distale d’un autre. Il s’étend de la crête sus-épicondylienne latérale de l’humérus, à la face latérale de la base du processus styloïde du radius.
• Action principale : il fléchit le coude, mais du fait de son parallélisme avec le radius et de son insertion proximale proche de l’articulation du coude son action est faible.
• Action secondaire : en pronation il est supinateur accessoire, et en supination il est pronateur accessoire, il ramène l’avant-bras en position intermédiaire.
Le muscle supinator (S): Court et aplati, ce muscle s’enroule autour de la tête radiale. Il prend ses origines par deux faisceaux : un superficiel de l’épicondyle latéral de l’humérus et un profond de la crête supinatrice de l’ulna. Il se termine sur le tiers supérieur de la face latérale du radius recouvrant en partie ses faces palmaire et dorsale.
Les muscles extenseurs du poignet
Les muscles extenseurs radiaux (ECRL et ECRB) cheminent dans la loge postérieure de l’avant-bras en dehors du radius, puis dans une gaine fibreuse au niveau du poignet, passent à la partie haute de la tabatière anatomique et se terminent à la face dorsale de la base de la main (figures 1.4, 1.5).
Figure 1.5 La mise en tension du rétinaculum dorsal par les tendons des muscles extenseurs a un effet de stabilisation à distance du complexe articulaire du poignet.
Le muscle extensor carpi radialis longus (ECRL): Ce muscle s’étend du bord latéral de l’humérus à sa partie distale, à la base dorsale du second métacarpien sur son versant latéral. Il est situé en dehors du muscle ECRB, au-dessous du BR. Le corps musculaire descend au bord latéral de l’avant-bras et se continue par un tendon au 1/3 moyen de l’avant-bras. Le tendon est accolé à celui de l’ECRB en arrière du BR. Il chemine ensuite en arrière de la styloïde radiale dans la gouttière dorsale de la face latérale de l’extrémité distale du radius.
• Action principale : il fait l’extension et l’inclinaison radiale du poignet.
• Action secondaire : extenseur accessoire du coude.
• Aspect fonctionnel : il entretient un jeu de contractions synergiques-antagonistes avec le muscle FCR. Antagoniste des muscles qui font l’inclinaison ulnaire, il stabilise le poignet sur son versant radial. Sa proximité anatomique avec le muscle 1er IOD l’oriente comme soutien principal de la prise radiale.
Le muscle extensor carpi radialis brevis (ECRB): Ce muscle s’étend de l’épicondyle latéral à la base dorsale du troisième métacarpien. Il prend son origine en dehors du supinator par un tendon commun aux épicondyliens latéraux. Le corps musculaire est prismatique triangulaire, en dedans du muscle ECRL. Les fascicules musculaires sont courts et se jettent sur le tendon aplati à la partie moyenne de l’avant-bras. Le tendon du muscle ECRB est contigu à celui du muscle ECRL, et se termine à la base du 3e métacarpien qui représente l’axe anatomique de la main.
• Action principale : il fait l’extension de la main sur l’avant-bras.
• Aspect fonctionnel : il est synergique du muscle FDP. Son activité se réduit lors de la contraction des extenseurs des doigts.
• Rapport anatomique : les tendons des muscles ECRL et ECRB croisent sur leur trajet les muscles APL et EPB à 3 cm au-dessus de l’interligne radio-carpien sur le versant dorso-latéral de l’avant-bras et le tendon du muscle EPL au niveau de l’interligne radio-carpien.
• Particularité anatomique : selon Albright et Linburg (1978), dans 36 % des cas les tendons des muscles ECRL et ECRB échangent des fibres qui les rendent interdépendants.
Le muscle extensor carpi ulnaris (ECU): Situé dans la partie médiale de la loge postérieure de l’avant-bras, il est de type fusiforme et prend ses origines sur l’épicondyle latéral par un tendon commun aux muscles épicondyliens latéraux et sur le bord postérieur de l’ulna par une lame aponévrotique (figure 1.6).
Figure 1.6 Le tendon du muscle extensor carpi ulnaris (ECU) passe dans une coulisse ostéo-fibreuse propre et se termine à la base dorsale du 5e métacarpien. Il fait l’extension (CL) et l’inclinaison ulnaire du poignet (CR).
• Action principale : extension et inclinaison ulnaire du poignet.
• Aspect fonctionnel : il est stabilisateur de la tête ulnaire et présente une contraction synergique du muscle APL. La gaine de l’ECU passe dans un dédoublement du rétinaculum des extenseurs. Lors de la contraction du muscle, le tendon met en tension le rétinaculum transversalement, ce qui limite toute possibilité de torsion intracarpienne (selon Kulhmann et Tubiana), améliorant ainsi la stabilité du poignet. Par ailleurs, Backdahl a montré que le muscle ECU est le seul muscle extenseur du poignet, actif lors de la flexion palmaire, soulignant ainsi son rôle frénateur.
Les muscles fléchisseurs du poignet
Ils longent la partie palmaire de l’avant-bras sous la peau, ils vont de l’épicondyle médial à la base de la main. Ils naissent de l’épicondyle médial par un tendon commun et constituent avec le pronator terres (PT) la couche superficielle de l’avant-bras (figures 1.7, 1.8, 1.9). Les muscles fléchisseurs palmaires du carpe sont au nombre de trois :
Figure 1.7 Aspect en quartier d’orange de l’insertion au coude des muscles épicondyliens médiaux (PT, FCR, PL, FCU).
Figure 1.8 Le muscle flexor carpi ulnaris (FCU) est le plus puissant des muscles du poignet. Il bénéficie d’un bras de levier plus important que le FCR. De plus, son insertion déjetée sur le pisiforme accroît son efficacité sur le poignet.
Figure 1.9 Morphologie comparée des muscles BR, FCR, PL, FCU et ECRL. On note la ressemblance des muscles FCR et ECRL, l’aspect en aile d’avion caractéristique du muscle FCU, et la continuité du tendon du muscle PL avec l’aponévrose palmaire superficielle.
Le muscle flexor carpi radialis (FCR): Il prend son origine sur l’épicondyle médial. C’est un muscle fusiforme, aplati d’avant en arrière. Au corps musculaire charnu fait suite un long et volumineux tendon qui descend en avant et latéralement au nerf médian. Le corps musculaire est oblique en bas et un peu en dehors placé en avant du muscle FDS. Il se continue par un tendon apparu à la partie moyenne de l’avant-bras. Ce long tendon à la partie distale de l’avant-bras longe la gouttière du pouls dont il forme la berge médiale.
• Action principale : il fléchit le poignet et participe à l’inclinaison radiale.
• Action secondaire : flexion du coude et pronation de l’avant-bras.
• Aspect fonctionnel : il est synergique du muscle EDC dans l’ouverture de la main. Il effectue l’inclinaison radiale du poignet en co-contraction avec le muscle ECRL.
Le muscle palmaris longus (PL): Il prend son origine sur l’épicondyle médial. C’est un muscle fusiforme, grêle et étroit, peu puissant. Il est charnu dans son 1/3 proximal et tendineux dans ses 2/3 distaux. Le corps musculaire très court se continue par un long tendon qui descend en dedans de celui du muscle FCR et se termine en s’étalant sur le rétinaculum des fléchisseurs. Les fibres médianes se continuent sur l’aponévrose palmaire superficielle et les fibres latérales sur les aponévroses palmaires des éminences thénar et hypothénar.
• Action principale : il fléchit le poignet dans l’axe, met en tension l’aponévrose palmaire superficielle.
• Action secondaire : participation négligeable à la flexion du coude et à la pronation de l’avant-bras, fléchisseur accessoire du poignet.
• Particularité anatomique : muscle inconstant, il est absent dans 13 % des cas environ et présente de multiples variations anatomiques.
Le muscle flexor carpi ulnaris (FCU): Il s’agit d’un muscle de type bipenné. C’est le plus puissant des muscles de l’avant-bras.
• Action principale : flexion et inclinaison ulnaire du poignet.
• Action secondaire : effet antivalgisant au niveau du coude.
• Rapport anatomique : le nerf ulnaire passe sous l’arcade tendue entre les chefs proximaux, épicondylien et olécrânien, avant de cheminer à la face profonde du FCU jusqu’au poignet.
Physiologie des muscles du poignet
Les glissements tendineux
Les tendons des muscles moteurs du poignet, aussi bien les fléchisseurs que les extenseurs, ont une course moyenne d’environ 3,5 cm (tableau 1.1) [1].
La stabilité active de l’articulation radio-carpienne
À l’exception du muscle FCU, les muscles du poignet se terminent sur les métacarpiens et n’ont pas d’action directe sur les os du carpe. Du fait de leurs insertions excentrées, ils ont un rôle majeur dans la statique des positions latérales et dans la compression des os du carpe. La cohérence spatiale reste un élément indispensable à la transmission harmonieuse des contraintes. Répondant aux impératifs de la biomécanique articulaire, les muscles du poignet présentent une organisation intelligente s’opposant aux contraintes déstabilisantes. Les forces globales se réfléchissant sur le versant médial de l’articulation du poignet, il est logique de trouver en rapport, une structure musculaire assurant la solidité du système [2].
Les éléments actifs qui contrôlent le complexe ulno-carpien sont les muscles FCU et ECU [3,4]. Ils sont superficiels et font le galbe de la partie médiale de l’avant-bras. Ils sont polyarticulaires et leurs actions principales s’exercent sur le poignet. Leur disposition ainsi que leur proximité anatomique autour de l’ulna les prédisposent à une action synergique concourant à la stabilité de la partie médiale du carpe.
Architecture comparée des muscles ECU et FCU: L’architecture puissante et les attaches proximales solides du muscle FCU en font un frein activo-passif efficace à l’extension du poignet, notamment dans la fonction d’appui.
Les rapports de ces deux muscles bien différents, et leur disposition parallèle autour de l’ulna, les incitent pourtant à travailler en synergie pour stabiliser la partie médiale du carpe (figure 1.11).
Structures communes aux deux muscles: Les dissections réalisées au laboratoire d’anatomie du CHU de Bordeaux ont mis en évidence les connexions transversales des deux muscles sur leur trajet (figures 1.12, 1.13, 1.14) :
Figures 1.12., 1.13., 1.14 Les muscles FCU et ECU entretiennent des rapports étroits tout au long de leur trajet, insertion commune sur le bord postérieur de l’ulna (fig. 1.12) rapport des tendons avec le système rétinaculaire et le pisiforme (fig. 1.13) échange de fibres profondes à la partie distale (fig. 1.14).
• ils présentent une insertion commune le long du bord postérieur de l’ulna ;
• le rétinaculum dorsal est une structure fibreuse transversale, mise en tension par le muscle ECU et se prolongeant jusqu’au pisiforme ;
• les structures profondes sont également le siège de nombreuses connexions décrites par Kauer entre la gaine du muscle ECU et le ligament triangulaire (TFCC). On retrouve également des expansions venant du muscle FCU ;
• les deux muscles possèdent une insertion terminale opposée à la base du 5e métacarpien.
Contexte biomécanique: La stabilité du poignet est liée aux contraintes transmises ainsi qu’aux différents systèmes de protection articulaire. Les pressions axiales transmises au carpe le sont à 82 % par le radius et 18 % par l’ulna. L’orientation des surfaces favorise le glissement du carpe en médial. Ce contexte conditionne la stabilité sur le versant radial et la mobilité sur le versant ulnaire.
Physiologie du couple FCU-ECU: La force totale additionnée des muscles qui font l’inclinaison ulnaire est légèrement supérieure à celle des muscles qui font l’inclinaison radiale, mais surtout c’est leur moment d’action par rapport à l’axe d’inclinaison qui est nettement supérieur.
Application à la physiologie du geste sportif: À travers quelques exemples en pratique sportive, envisageons différents modes de fonctionnement de la sangle ulnaire.
Au tennis : lors du coup droit lifté, le mouvement s’effectue en chaîne ouverte, il est de type balistique avec accélération en bout de chaîne. Le poignet est fortement sollicité en inclinaison radiale [6]. Le passage de l’inclinaison ulnaire à l’inclinaison radiale provoque une contraction excentrique violente du muscle ECU et une forte sollicitation de son attache distale. À l’impact de la balle, la sangle ulnaire est sollicitée en co-contraction. Elle inscrit dans un mouvement de type série une synergie de protection de type parallèle [7].
Au tir à l’arc : au niveau du bras d’arc, le muscle FCU ne fonctionne pas lors de l’armement et présente une hyperactivité au lâcher de corde [8]. Le muscle ECU est très actif pendant l’armement mais arrête son activité au lâcher de corde. L’activité des deux muscles s’enchaîne chronologiquement. Ils sont synergiques et se complètent lors du lâcher de corde pour obtenir une stabilité maximum de la main d’arc.
La pratique de la gymnastique sollicite la locomotion manuelle du gymnaste et va à l’encontre de l’évolution phylogénétique [9]. Cependant, le muscle FCU semble adapté aux contraintes liées à la fonction d’appui. Lors de la préparation de la phase d’appui, le muscle ECU est le seul actif, il place la main. Dès la phase de réception, c’est le muscle FCU qui absorbe la contrainte et la restitue par alternance des modes contractiles, excentrique, statique, concentrique.
Nous pouvons résumer les actions motrices de la sangle ulnaire :
• fonction généralement stabilisatrice (prédominance statique), mode de fonctionnement en co-contraction ;
• fonction spécifique dans le contrôle de l’appui en extension du poignet (FCU ++) ;
• fonction spécifique dans le contrôle de l’inclinaison radiale en chaîne cinétique ouverte (travail frénateur excentrique) et dans le contrôle de la torsion du poignet (ECU ++) ;
Stabilité active de l’articulation RUD
La stabilité active de l’articulation RUD est assurée par différents éléments qui vont intervenir à plusieurs niveaux pour éviter la dislocation de l’articulation sous l’effet des contraintes qui lui sont imposées. On retrouve principalement le muscle PQ, la sangle ulnaire (ECU et FCU), le muscle EIP et les muscles du pouce à direction oblique (APL, EPB, EPL) [10].
Par leur effet « sandwich », les deux muscles formant la sangle ulnaire (associés au muscle EDM) ont un intérêt majeur dans la stabilité active de l’articulation, mais leur orientation longitudinale ne leur permet pas de s’opposer seuls aux différentes contraintes articulaires, notamment transversales. Ce déficit est compensé par le muscle PQ qui constitue le maillon transversal des stabilisateurs actifs de l’articulation RUD. Retenons également le rôle stabilisateur accessoire des muscles à direction oblique (EIP, EPL, EPB, APL), complétant l’action des muscles stabilisateurs principaux de l’articulation RUD (figure 1.15).
Continuités anatomiques
Le système musculo-aponévrotique du membre supérieur est organisé en continuité de chaînes. Les continuités anatomiques sous-tendent les schémas fonctionnels et autorisent des combinaisons multiples au service du déplacement de la main dans l’espace. On retiendra que les chaînes élémentaires (extension du coude-pronation-ouverture de la main et flexion du coude-supination-fermeture de la main) sont également les chaînes alimentaires. Les continuités tissulaires s’organisent de façons longitudinale, transversale, et de la superficie vers la profondeur.
Au niveau de l’avant-bras, le fascia palmaire est deux fois plus épais que le fascia dorsal. On retrouve des fibres circulaires ou obliques renforcées par des expansions du trousseau fibreux en provenance de l’épicondyle médial, et des expansions du biceps brachial (figure 1.16).
Figure 1.16 Dans la continuité du septum médial, de l’aponévrose d’insertion des muscles épicondyliens et de l’expansion du muscle biceps brachial, le fascia antébrachial présente des fibres circulaires qui s’entrecroisent avec celles en provenance des structures longitudinales. Grâce à l’orientation multidirectionnelle de ses fibres, le fascia participe à la transmission des forces dans les trois plans de l’espace.
Le système rétinaculaire au poignet joue un rôle important dans la stabilité du carpe. Il assure un jeu coordonné des actions musculaires par la transmission d’informations proprioceptives provoquées par la traction des tendons. Décrit par Binder et Revol, le rétinaculum dorsal est un système périphérique extra-capsulaire ayant une double fonction de stabilisation du poignet et de poulie de réflexion des tendons extenseurs qui cheminent dans les six coulisses. C’est une structure relativement fixe et résistante (figure 1.17).
Figure 1.17 Le rétinaculum des extenseurs ménage 6 coulisses pour les tendons des muscles de la loge dorsale de l’avant-bras, avec de latéral en médial : 1- APL et EPB, 2- ECRL et ECRB, 3- EPL, 4- EDC et EIP, 5- EDM, 6- ECU.
Autre structure transversale, le ligament palmaire carpien, peu décrit, s’étend du tendon du muscle FCU au tendon du muscle FCR et semble jouer lui aussi un rôle d’informateur entre les muscles fléchisseurs du poignet (figure 1.18).
Figure 1.18 Le rétinaculum des fléchisseurs constitue la structure fibreuse de l’arche carpienne, renforcé proximalement par le ligament palmaire carpien tendu entre les tendons des muscles FCR et FCU.
Au niveau de la main, le fascia palmaire superficiel est renforcé par les expansions des muscles PL et FCU. Il s’agit du rétinaculum des fléchisseurs en continuité avec les fascias thénarien et hypothénarien [11]. Plus loin, l’aponévrose palmaire moyenne est constituée de fibres longitudinales reliées transversalement, qui se prolongent sur les faces latérales des doigts.
À la face dorsale de la main, les juncta tendinosum relient les tendons extenseurs entre eux participant ainsi à leur maintien et à leur cohésion. On retiendra que du fait de l’obliquité des fibres, les juncta tendinosum n’entravent pas le jeu indépendant des doigts dans le sens longitudinal (figure 1.19).
Le muscle PT envoie des fibres au muscle flexor pollicis longus (FPL), ce qui concrétise une synergie fonctionnelle associant la flexion du pouce à la pronation de l’avant-bras (figure 1.20).
Figure 1.20 Continuités anatomiques avant-bras/main des muscles FCU-ADM versant médial (chaîne de supination), et des muscles PT-FPL versant latéral (chaîne de pronation).
Au niveau de la main, nous pouvons souligner l’existence fréquente d’une expansion du tendon du muscle APL à destinée du muscle APB. Notons également les connexions directes des muscles lombricaux qui relient le système fléchisseur au système extenseur et des muscles interosseux dont les expansions terminales sont intriquées à l’aponévrose d’extension digitale (figure 1.21).
Figure 1.21 Intrication de la terminaison des muscles interosseux avec les tendons des muscles extenseurs au niveau des doigts (illustration J.-P. Giot).
Les chaînes myo-fasciales brachio-palmaires
Du coude à la main se prolongent les chaînes myo-fasciales. Nous décrivons huit chaînes selon les continuités anatomiques (figure 1.22).
Du septum latéral médial du coude (SLM) (figure 1.23) :
Figure 1.23 Les chaînes palmaire pronatrice (CH1) et palmaire supinatrice (CH3) sont reliées transversalement au poignet par le rétinaculum des fléchisseurs et le ligament palmaire carpien.
1. la chaîne de pronation (CP) est constituée par les suites musculaires PT-FPL-OP ou PT-PQ-APB ;
2. la chaîne de flexion courte (CFC) est constituée par les muscles FCR et FCU reliés transversalement par le ligament palmaire carpien.
Du muscle biceps brachial (BB) :
3. la chaîne de supination flexion (CSF) est constituée par la suite musculaire BB-FCU-ADM ;
4. la chaîne de flexion longue (CFL) est constituée par la suite musculaire BB-B (brachialis)-FDP-Lb.
Du septum latéral du coude (SL) (figure 1.24) :
Figure 1.24 La chaîne dorso-latérale (CH6) se boucle à la main avec la chaîne palmaire de supination-flexion (CH3) par l’arche fibreuse métacarpienne.
5. la chaîne d’extension longue (CEL) est constituée par la suite musculaire EDC-Lb ;
6. la chaîne latérale dorsale (CL) est constituée par la suite musculaire ECRL-1er IOD.
Du muscle triceps brachial (TB) (figure 1.25) :
Figure 1.25 Les chaînes dorsales sont reliées transversalement par des structures fibreuses : la membrane interosseuse, le rétinaculum des extenseurs et les juncta tendinosum.
7. la chaîne de supination extension (CSE) est constituée par la suite musculaire TB-Anconé-S-APL ;
8. la chaîne de stabilisation médiale (CSM) est constituée par la suite musculaire TB-ECU-EDM.
Organisation motrice de la main
La main est dotée d’un système musculaire complexe qui lui permet d’agir sur le monde extérieur de diverses manières. Construite selon un schéma pentadactyle, chaque main garde en elle les traces d’un processus évolutif qui a effectivement bien eu lieu. Il semble qu’au fil du temps et de l’évolution, l’acquisition de l’indépendance du premier rayon et la différenciation du système musculaire soient des éléments déterminants dans la construction de la main humaine. Cet organe est relié au cerveau grâce à un système sensitivomoteur à double sens ; il fonctionne à 80 % de façon automatique et à 20 % de façon consciente.
Les muscles
Pour alléger la partie distale, les masses musculaires sont placées le plus proximalement possible. Ainsi, les muscles agissant sur la main se répartissent en deux systèmes [12] :
Un système long, extrinsèque, les muscles fléchisseurs et extenseurs des doigts, dont les corps musculaires se situent au niveau de l’avant-bras
Le plan moyen est représenté par le muscle flexor digitorum superficialis (FDS).
Le muscle flexor digitorum superficialis (FDS): Il présente une triple origine humérale, ulnaire et radiale (figure 1.26). L’origine du chef huméral est commune aux muscles épicondyliens (PT, FCR, PL, FCU) sur l’épicondyle médial. Le chef ulnaire se situe sur le bord médial du processus coronoïde, et le chef radial suit la ligne oblique du radius. Le corps musculaire commun est épais avec une aponévrose centrale étendue qui donne naissance à de longs tendons. Les fascicules musculaires descendent très bas jusqu’au-dessus du poignet. Les tendons s’engagent dans le canal carpien de façon superposée, les tendons II et V en superficie recouvrant les tendons III et IV.
Les tendons cheminent dans la main et se terminent sur les bords latéraux de la 2e phalange des quatre doigts longs (figure 1.27).
Figure 1.27 Terminaison des tendons fléchisseurs sur les doigts (FDS + FDP) (illustration J.-P. Giot).

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