Pied vasculaire diabétique
Introduction et épidémiologie
Le risque pour un diabétique d’être amputé est 15 fois supérieur à celui d’une personne non diabétique [1]. Chez le diabétique, 80 % des amputations sont précédées d’un ulcère du pied ; 4 fois sur 5, la plaie est latérale, unique et évitable [2]. Parmi les patients diabétiques, 15 % auront un jour une plaie du pied et parmi eux, 15 % seront amputés. Les résultats d’une étude anglaise d’un centre de référence du pied diabétique montrent qu’en cas de plaie chronique, l’artériopathie est isolée dans 10 % des cas, alors que 90 % des patients présentent une neuropathie isolée (50 %) ou associée à une artériopathie (40 %) avec un trouble trophique indolore.
Particularité de l’artériopathie diabétique
Des calcifications extensives et principalement localisées dans la média des artères de jambe sont très fréquentes chez les patients diabétiques [3].
Les segments aorto-iliaques et fémoraux proximaux sont le plus souvent libres d’atteinte occlusive. Néanmoins, 15 % des malades diabétiques sont porteurs de lésions occlusives aorto-iliaques, surtout en cas de facteurs de risque cardiovasculaire associés (hypertension artérielle, hyperlipidémie, tabagisme) [4]. La collatéralité fémorale profonde est le plus souvent peu développée. L’incidence de l’atteinte des artères de jambe est très importante alors que, paradoxalement, les artères du pied sont le plus souvent épargnées [5].
Symptomatologie clinique
Le dépistage de l’artériopathie est basé sur l’interrogatoire, l’inspection du pied, la palpation des pouls, la recherche de souffle vasculaire. En raison principalement de la neuropathie associée, l’existence d’une claudication intermittente préalable est inconstante et le risque relatif de douleurs de décubitus est diminué de 50 %, par rapport au patient non diabétique [6]. Le patient se présente d’emblée avec un trouble trophique souvent négligé, parfois une gangrène digitale surinfectée qui s’aggrave rapidement en quelques jours.
- • mise en décharge stricte et immédiate de la plaie ;
- • lutte contre une éventuelle infection : diagnostic clinique d’infection, prélèvements bactériologiques et antibiothérapie uniquement en cas de signes cliniques d’infection, recherche d’une atteinte osseuse (ostéite) ;
- • rétablissement d’un équilibre glycémique satisfaisant ;
- • évaluation de l’ischémie du pied et discussion de restauration d’un apport artériel.
- • lutte contre une éventuelle infection : diagnostic clinique d’infection, prélèvements bactériologiques et antibiothérapie uniquement en cas de signes cliniques d’infection, recherche d’une atteinte osseuse (ostéite) ;
Bilan complémentaire vasculaire
Échographie Doppler
Chez les patients diabétiques comme chez les athéroscléreux non diabétiques, l’écho-Doppler assure un bilan lésionnel précis de l’aorte abdominale ainsi que des axes iliofémoraux. L’échographie détecte les sténoses et les occlusions et, couplée au doppler, permet d’en apprécier le caractère hémodynamique, significatif ou non, en notant l’amortissement du flux d’aval. L’exploration des artères de jambe chez le diabétique nécessite un matériel performant et un opérateur entraîné : les lésions artérielles sont souvent diffuses, le degré de sténose est difficile à apprécier du fait de l’importance des calcifications, qui ne laissent pas passer les ultrasons. Certaines localisations sont difficiles à explorer, comme le tronc tibiofibulaire. Enfin, la durée d’un bon examen écho-Doppler est longue : elle peut varier de 30 à 150 min chez un patient diabétique. Un examen écho-Doppler de qualité peut suffire dans un certain nombre de cas dans le bilan lésionnel préopératoire [7]. Avant traitement endovasculaire ou chirurgical, il est important d’apprécier la réinjection des artères du pied (artères dorsale du pied, tibiale postérieure rétromalléolaire et plantaires).