8. Troubles dépressifs
Épidémiologie
La dépression est la pathologie psychiatrique la plus fréquente. Elle touche 7 % de la population. Le risque majeur est le suicide, il touche 15 % des patients dépressifs.
Étiologie
Il existe plusieurs hypothèses (schématisées ici) pour expliquer la dépression :
– hypothèse biologique : la dépression serait due à des modifications de neurotransmetteurs dans le cerveau ;
– hypothèse génétique : des gènes seraient impliqués dans la dépression, leur présence favoriserait l ‘apparition de syndrome dépressif au cours de la vie ;
– hypothèses psychologiques :
• hypothèse psychanalytique : le patient ne ferait pas normalement son travail de deuil (il souffrirait d ‘une perte qui n ‘est pas forcément imputable à un objet réel) ;
• hypothèse cognitive : le patient privilégierait des pensées pessimistes.
Classiquement, on parle de trois types de dépression :
– les dépressions endogènes, dont l ‘origine serait génétique :
• il n ‘y a pas de facteur déclenchant,
• la survenue est brutale,
• les symptômes somatiques sont importants (insomnie, perte d ‘appétit…) ;
– les dépressions réactionnelles : le facteur déclenchant est un événement traumatique (comme la mort d ‘un proche) ou une maladie (hypothyroïdie, maladie de Parkinson, tumeur cérébrale) ou des médicaments (anti-hypertenseurs, cortisone…) ;
– les dépressions secondaires : elles surviennent sur un terrain favorisant (personnalité pathologique, schizophrénie, névrose…).
Diagnostic et formes cliniques
– une humeur triste : perte d ‘espoir, perte d ‘intérêt, pessimisme, irritabilité et idées noires ;
– un ralentissement psychomoteur : difficultés de concentration, troubles de la mémoire, fatigue, lenteur des mouvements ;
– des symptômes somatiques : troubles du sommeil (insomnie matinale : le patient se lève très tôt), perte d ‘appétit, baisse de la libido, plaintes au sujet du corps.
Les formes cliniques principales de la dépression sont les suivantes :
– la dépression mélancolique :
• l ‘humeur triste est très importante (on parle de douleur morale),
• il y a des idées mélancoliques : le patient s ‘accuse de tout, pense qu ‘il ne pourra jamais guérir, il se dévalorise et peut aller jusqu ‘à tenir des propos délirants (comme s ‘accuser d ‘être responsable de la faim dans le monde…),
• le ralentissement psychomoteur est intense (jusqu ‘à rester immobile),
• le risque suicidaire est majeur, c ‘est une urgence psychiatrique ;
– la dépression masquée : les symptômes somatiques sont au premier plan (plainte de douleurs du dos, de la tête… et pas de tristesse exprimée) ;
– la dépression anxieuse :
• l ‘anxiété est au premier plan,
• il n ‘y a pas ou peu de ralentissement psychomoteur ;
– la dépression dysthymique : la dépression est chronique, elle dure plus de deux ans et n ‘est pas associée à un trouble de la personnalité.
Évolution
L ‘état dépressif évolue spontanément vers la guérison en quelques mois, mais l ‘évolution peut être chronique dans 20 % des cas (durée supérieure à deux ans).
Les dépressions saisonnières réapparaissent chaque année à la même période (automne ou hiver).
L ‘épisode dépressif peut intervenir dans le cadre de troubles bipolaires et alterner avec des épisodes maniaques et/ou dépressifs.
Traitement – Comprendre les prescriptions
Traitement
Mesures générales
Le risque principal est le suicide.
La prise en charge repose sur l ‘écoute du patient (voire une psychothérapie) et sur les traitements médicamenteux par antidépresseurs en première intention.
Médicaments
Le traitement principal de la dépression repose sur les antidépresseurs (cf. « Partie 5 médicaments ») qui agissent sur l ‘humeur triste en 1 à 3 semaines. La durée du traitement est de 3 à 9 mois.
Le choix du traitement antidépresseur se fait en fonction de la clinique et des éventuelles contre-indications. Tous les antidépresseurs agissent en modifiant la concentration dans le cerveau de neuromédiateurs comme la sérotonine, la noradrénaline, l ‘acétylcholine.
Ils peuvent avoir trois types d ‘action :
– psychostimulants, ils diminuent l ‘inhibition et la fatigue et donc peuvent favoriser un passage à l ‘acte auto-agressif en début de traitement, car l ‘action sur l ‘humeur triste est plus tardive ;
– sédatifs, ils ont une action anxiolytique, ils permettent un meilleur sommeil ;
– médians ou intermédiaires.
Médicaments antidépresseurs
Antidépresseurs sérotoninergiques ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
Ils augmentent la concentration de sérotonine (neurotransmetteur) dans le cerveau :
– Deroxat (paroxétine) ;