Traitement

4. Traitement



PRINCIPES GÉNÉRAUX



Actuellement, le cancer du sein doit être considéré comme une maladie hétérogène à la fois locale et générale. En conséquence, le traitement devra avoir pour but à la fois le contrôle locorégional — c’est le rôle de la chirurgie et de la radiothérapie — et la prévention ou le traitement des métastases — c’est le rôle des traitements systémiques. C’est pourquoi le traitement du cancer du sein se doit d’être multidisciplinaire. La séquence de ces diverses modalités thérapeutiques s’intègre dans une stratégie individuelle de prise en charge en fonction des caractéristiques cliniques, anatomopathologiques et biologiques de chaque tumeur. L’hétérogénéité potentielle des différentes sous-populations tumorales pour des cancers du sein dont les caractéristiques anatomocliniques sont cependant communes, ne peut conduire à une prise en charge thérapeutique standardisée et univoque. Ce chapitre se propose par conséquent d’expliquer des concepts thérapeutiques plutôt que de définir des normes arbitraires de traitement.


Traitement locorégional


Dans la grande majorité des cas, c’est la chirurgie qui va inaugurer la séquence thérapeutique en l’absence de contre-indication à la chirurgie première telle que cancers inflammatoires (PEV) ou certaines tumeurs très volumineuses. En effet, ces situations vont nécessiter le recours premier à une thérapeutique systémique dite néoadjuvante, reléguant le traitement locorégional à un temps ultérieur.

L’établissement d’un bilan d’extension complet avant tout geste locorégional n’est actuellement pas un standard. Ce bilan est destiné à s’assurer de l’absence d’état métastatique inaugural (échographie hépatique, radiographie pulmonaire et dosage des marqueurs tumoraux). Le temps chirurgical va avoir trois effets.



Recueil des principaux éléments du pronostic


Les ganglions lymphatiques du creux axillaire vont être examinés (curage ganglionnaire ou parfois ganglion sentinelle). L’examen de la tumeur ellemême va permettre d’en déterminer le grade histo-pronostique SBR, l’index mitotique, l’importance de la prolifération (Ki-67). Il sera également réalisé l’étude du statut des récepteurs hormonaux et d’HER2. Certaines équipes stockent un fragment tumoral en cryothèque pour examen ultérieur, à toute fin de recherche utile.


Traitement locorégional proprement dit


Il se doit naturellement d’être le plus complet possible mais aussi d’être adapté à la présentation anatomoclinique de la maladie tumorale : soit traitement chirurgical conservateur (tumorectomie ou quadrantectomie) systématiquement associé à une radiothérapie locorégionale, soit mastectomie éventuellement complétée par une radiothérapie. Dans la mesure du possible, une mastectomie peut-être suivie d’une reconstruction, immédiate ou différée (arbre décisionnel 1).


Traitement général



Quels sont les principes du traitement général?


Le traitement général intervient dans la prise en charge thérapeutique de la plupart des cancers du sein, puisqu’on considère que même lorsqu’il se


Le traitement médical a donc pour objectif théorique l’éradication des cellules métastatiques et il se place dans deux contextes cliniques radicalement différents :




• traitement médical à visée curatrice qui, associé au traitement locorégional, a pour but la diminution ou le report du risque de rechute, et à terme l’amélioration de la survie.

Sachant qu’après traitement locorégional exclusif, qu’il soit mutilant ou conservateur, les grandes séries chirurgicales ont montré que 40 à 60 % des patientes (tous stades confondus) développent ultérieurement des métastases, il est désormais admis que ces métastases sont potentiellement présentes lors du diagnostic initial, mais à un stade infra-clinique. Ce risque métastatique est évalué à l’aide des facteurs pronostiques. L’objet d’un traitement général chez ces patientes à risque est d’éradiquer les micrométastases potentielles. Le bien-fondé d’une telle approche thérapeutique sur l’amélioration de la survie est désormais parfaitement établi et validé par de grandes méta-analyses des essais thérapeutiques.

Ce traitement peut être réalisé après la chirurgie, lorsque tous les paramètres pronostiques sont réunis : on parle alors de traitement adjuvant.

Il peut aussi débuter avant la chirurgie, notamment dans les formes inflammatoires ou localement avancées : on parle dans ce cas de traitement néoadjuvant. Le traitement médical est alors entrepris avant le traitement locorégional car le pronostic de ce type de maladie est avant tout lié au risque métastatique. Ce traitement néoadjuvant peut également être entrepris dans le but d’éviter la mastectomie si elle était théoriquement indiquée en raison de la taille de la tumeur;




• traitement médical à visée palliative, chez les malades en situation métastatique, pour qui à ce jour on ne peut espérer une guérison mais une prolongation de la survie ainsi qu’une amélioration des symptômes et de la qualité de vie.

Le traitement général comporte principalement deux volets volontiers associés : la chimiothérapie et l’hormonothérapie. Dans certaines circonstances, on y associe des thérapeutiques «ciblées», c’est-à-dire des traitements à visée moléculaire comme le trastuzumab3 en cas de surexpression d’HER2 ou un traitement antiangiogénique (bevacizumab) dans les formes métastatiques (son interêt est en cours d’évaluation en situation adjuvante ou néoadjuvante).




Surveillance du traitement


Elle devra être poursuivie de longues années (au moins 10ans). Son but est avant tout de dépister une rechute locale après traitement conservateur, accessible à un geste curateur. Parallèlement, la surveillance permet la prise en charge précoce d’éventuelles métastases ou la survenue d’un cancer du sein controlatéral.

L’examen clinique reste bien entendu l’élément clé de la surveillance.

En routine, le seul examen de surveillance réellement performant est la mammographie controlatérale, et homolatérale en cas de traitement conservateur. Le dosage régulier du CA 15-3 pourrait permettre de dépister précocement une rechute infraclinique mais l’indication de ce dosage ne fait l’objet d’aucun consensus ni d’aucune recommandation. Enfin la surveillance au long cours permet de dépister et de prendre en charge la survenue de complications iatrogènes.


TRAITEMENT LOCORÉGIONAL



Quand peut-on faire un traitement conservateur pour un cancer du sein?



Évolution des idées










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Fig. 4.2
Mastectomie radicale modifiée (Patey).


Plus récemment, on s’est interrogé sur la nécessité de la mastectomie. Des études internationales ont comparé la survie d’un groupe de patientes traitées par mastectomie à la survie d’un groupe de patientes traitées par quadrantectomie et radiothérapie externe (RTE), qui est apparue comme le complément indispensable de la chirurgie conservatrice.















































Tableau 4.I Essais randomisés comparant mastectomie et chirurgie conservatrice mammaire. Taux de survie
Essais Nombre de patientes Suivi (ans) Survie après chirurgie conservatrice + RTE (%) Survie après mastectomie (%)
Milan I 701 13 71 69
NSABP-06 1529 12 63 58
EORTC 903 8 70 70
NCI 247 10 77 75
DCBG 905 6 79 82
IGR 179 10 80 79

Le taux de rechute locale est comparable dans les bras mastectomie et radiothérapie post-traitement conservateur mammaire (tableau 4.II).














































Tableau 4.II Essais randomisés comparant mastectomie et chirurgie conservatrice mammaire. Taux de rechute locale
Essais Nombre de patientes Suivi (ans) Rechute locale après chirurgie conservatrice + RTE (%) Rechute locale après mastectomie (%)
Milan I 701 13 4 2
NSABP-06 1529 12 10 8
EORTC 903 8 13 9
NCI 247 10 20 6
DCBG 905 6 3 4
IGR 179 10 7 9

Sept essais prospectifs randomisés ont évalué l’utilité de la radiothérapie en comparant une chirurgie conservatrice seule ou suivie de radiothérapie mammaire (tableau 4.III). Malgré la sélection de patientes porteuses de tumeurs réunissant des critères de bon pronostic, ces 7 essais retrouvent une diminution importante du risque de rechutes locales en cas d’irradiation postopératoire.




























































Tableau 4.III Essais randomisés comparant chirurgie conservatrice seule et suivie de radiothérapie
Essais Nombre de patientes Recul (Ans) Rechutes après chirurgie (%) Rechutes après chirurgie + RTE (%) % réduction de rechutes
NSABP B-06 1265 17 36 12 67
Ontario 837 7,6 35 11 69
Milan 579 10 24 6 75
Scottish 585 5,7 25 6 76
English 399 5 35 13 63
Uppsala Orebro 381 10 24 9 63
Finland 152 6,7 18 8 56


La radiothérapie externe (RTE) postopératoire doit donc être systématique après une chirurgie conservatrice.

Ces conclusions s’entendent bien sûr dans la mesure où les contre-indications au traitement conservateur sont respectées.

Ces contre-indications sont relatives à :






le caractère évolutif de la tumeur : les tumeurs à croissance rapide, avec au maximum le cancer inflammatoire ou mastite carcinomateuse (PEV 3) sont des contre-indications à la chirurgie première. Le temps chirurgical qui succède alors à la chimiothérapie néoadjuvante n’est traditionnellement pas conservateur; dans le même ordre d’idée, la présence d’une adénopathie fixée (N2) est une contre-indication à la chirurgie première, voire pour certains à la conservation mammaire;


la grossesse, bien qu’une chirurgie mammaire conservatrice soit possible au cours du 3e trimestre avec irradiation au décours de l’accouchement;


une tumeur bi- ou plurifocale contre-indique théoriquement la conservation; cette attitude doit être toutefois nuancée en particulier si les deux foyers tumoraux sont proches;


• la présence d’un contingent étendu de carcinome intracanalaire sur la pièce de résection augmente le risque de récidive locale et contre-indique dans certaines conditions la conservation mammaire;


• on en rapproche l’existence de microcalcifications d’allure suspecte étendues;


la récidive locale après un traitement conservateur antérieur : il est généralement admis qu’on ne peut pas recommencer un traitement conservateur, une récidive locale imposant en règle la réalisation d’une mastectomie dite de rattrapage. Cette attitude, ici encore, mérite d’être nuancée en fonction du site et du délai de la rechute, ainsi que des possibilités de préservation de l’esthétique du sein après chirurgie.

Toutes ces contre-indications classiques à la conservation mammaire peuvent toutefois être nuancées, la tendance actuelle étant de ne pas systématiquement prendre en compte les facteurs morphologiques, mais de privilégier les éléments mettant en cause la biologie tumorale. Ainsi, une lésion bifocale SBRI, peu proliférante, pourra faire l’objet d’une conservation mammaire dans certaines conditions tandis qu’à l’opposé une lésion unique de 18mm SBRIII triple négatif chez une femme jeune pourra éventuellement faire l’objet d’une indication de mastectomie.


La possibilité d’une toxicité particulière de la radiothérapie dans ce contexte a été un moment évoquée (troubles de réparation de l’ADN dus à la mutation) mais paraît pouvoir être écartée.

La mise en évidence d’une mutation BRCA 1 ou 2 après la réalisation d’un TC doit faire envisager la totalisation de la mastectomie, éventuellement assortie d’une mastectomie préventive controlatérale. La chimioprévention pourrait être une alternative à cette mastectomie prophylactique. Des études sont actuellement en cours avec le tamoxifène, les anti-aromatases, les inhibiteurs spécifiques des récepteurs aux œstrogènes.



B9782294702587500044/u04-01-9782294702587.jpg is missingSurveillance du sein opéré


Elle doit être attentive pour dépister une récidive locale. Sa survenue précoce est en général due aux tumeurs de haut grade ou à un contrôle chirurgical insuffisant à la première intervention. (cf. «Récidives locales après traitement conservateur» p. 124).


Quelles sont les voies d’abord utilisées dans la chirurgie du cancer du sein?


Les objectifs de cette chirurgie sont avant tout d’obtenir un contrôle tumoral complet, mais également dans la mesure du possible de réduire les séquelles esthétiques et fonctionnelles.

L’abord direct de la tumeur ne s’impose réellement que si la tumeur est située superficiellement dans la glande. De même la résection cutanée en regard de la tumeur n’est nécessaire qu’en cas de doute quant à un envahissement cutané (rétraction, méplat, inflammation). Dans ces cas d’abord direct, l’incision sera de préférence arciforme, concentrique par rapport à l’aréole, sauf à la partie centrale des quadrants inférieurs ou elle pourra être radiée (verticale).









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Fig. 4.4
Traitement conservateur.Patiente de 48ans. Carcinome intracanalaire du quadrant supéro-externe gauche diagnostiqué par microbiopsies. Exérèse par voie péri-aréolaire suivie de radiothérapie. Aspect à 6mois.


Dans le cas de grosses tumeurs, surtout au niveau des quadrants inférieurs, on peut dans certains cas éviter la mastectomie en recourant à des techniques de plastie mammaire de réduction. Ceci permet des exérèses parenchymateuses réglées volumineuses tout en améliorant sensiblement l’aspect esthétique du sein opéré. La rançon cicatricielle est en général un T inversé, c’est-à-dire une péri-aréolaire, une sous-mammaire et un trait vertical les reliant entre elles.

Dans la plupart des cas de traitement conservateur, l’incision pratiquée pour l’exploration axillaire doit être distincte de l’incision de tumorectomie sous peine de risquer une déformation postopératoire ou une bride cicatricielle. Cette incision est en règle transversale, à la limite de la zone pileuse, entre les reliefs aisément repérables du grand pectoral en avant et du grand dorsal en arrière.









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Fig. 4.5
Mastectomie avec conservation de l’étui cutané.L’ablation de la totalité de la glande et le curage axillaire sont effectués par voie péri-aréolaire.


En revanche, si l’on ne planifie pas une reconstruction immédiate, il n’est ni nécessaire ni souhaitable de laisser trop d’excédent cutané. Celui-ci est en effet en règle inexploitable et de qualité esthétique médiocre après la cicatrisation et une éventuelle radiothérapie.

Dans le cas particulier de la chirurgie à visée diagnostique, par exemple exérèse biopsique d’un foyer de microcalcifications, la voie d’abord devra être encore plus qu’ailleurs discrète et non délabrante, de préférence péri-aréolaire ou sous-mammaire.

La qualité des sutures sera dans tous les cas primordiale. On préférera les surjets intradermiques avec leurs cicatrices linéaires aux points séparés : ces derniers entraînent de très inesthétiques cicatrices en échelle de perroquet, qui de plus nécessitent souvent des sacrifices cutanés supplémentaires et inutiles en cas de reconstruction ultérieure.


Qu’est ce que la chirurgie oncoplastique?


Longtemps considérée comme le parent pauvre de la chirurgie générale, la chirurgie du cancer du sein a grandement bénéficié ces dernières années de l’apport des techniques de chirurgie plastique jusqu’à devenir une spécialité d’organe à part entière.

Le fait pour un chirurgien d’être à même d’assurer en même temps le versant carcinologique et le versant plastique d’une intervention de chirurgie mammaire comporte plusieurs avantages en termes de sécurité carcinologique comme en termes de qualité du résultat plastique. Les avantages psychologiques sont par ailleurs indéniables vis-à-vis de la patiente.









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Fig. 4.6
Correction de séquelles de traitement conservateur.Asymétrie sévère et défect du quadrant supéro-interne 5ans après traitement conservateur pour cancer du sein droit. A. avant chirurgie correctrice; B. après plastie de remodelage et symétrisation.


Au plan relationnel, la patiente peut certainement bénéficier de l’existence d’un interlocuteur chirurgical unique. Celui-ci sera par exemple à même de contrôler l’aspect d’une prothèse, d’interpréter une imagerie de surveillance, de réaliser une biopsie sur une zone suspecte, sans que la patiente et son oncologue aient à décider à quel chirurgien confier le problème.

La chirurgie oncoplastique du sein est ainsi en passe de devenir la spécialité chirurgicale à même d’assurer les différents aspects de la prise en charge chirurgicale du cancer du sein.


Quand et comment doit-on faire un curage ganglionnaire?



L’intérêt du curage ganglionnaire est avant tout pronostique en raison de sa valeur prédictive concernant le risque de dissémination métastatique. Il constitue également un élément du contrôle locorégional, une récidive ganglionnaire étant parfois observée en cas de curage insuffisant.

Deux sites ganglionnaires sont principalement concernés : le creux axillaire et la chaîne mammaire interne (fig. 4.7). La très grande majorité des équipes se contente actuellement d’un curage axillaire, le curage mammaire interne n’apportant pas beaucoup plus de renseignements et étant grevé d’une morbidité spécifique plus lourde. La fréquence de l’envahissement mammaire interne est diversement appréciée selon les équipes, mais schématiquement on peut résumer la probabilité d’invasion de la chaîne mammaire interne (CMI) en fonction de la localisation de la tumeur primitive et de l’invasion axillaire (tableau 4.IV).








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Fig. 4.7
Les lymphatiques du sein.







































Tableau 4.IV Probabilité d’invasion de la CMI en fonction de la localisation de la tumeur et du N axillaire

Localisation de la tumeur primitive
Statut du N axillaire Quadrant supéro-interne Quadrant inféro-interne Centrale Quadrant supéro-externe Quadrant inféro-externe Ensemble
Pas d’invasion 14 % 6 % 7 % 4 % 5 % 8 %
Invasion 45 % 72 % 46 % 22 % 19 % 35 %
Ensemble 27 % 33 % 32 % 14 % 13 % 22 %

Le curage axillaire, pour éviter autant que possible les séquelles dues à la stase lymphatique du membre supérieur, n’enlève en routine que le tissu lymphatique situé en dessous de la veine axillaire. Il emporte les ganglions situés en dehors et en arrière du muscle petit pectoral (2 premiers étages), rarement en dedans.









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Fig. 4.8
Creux axillaire au cours d’un curage ganglionnaire.A. veine axillaire; B. rameau perforant du 2e nerf intercostal; C. pédicule vasculo-nerveux du grand dorsal; D. incision de tumorectomie.


Des techniques mini-invasives destinées à réduire la morbidité du curage axillaire (curage par lipo-aspiration, vidéo-endoscopie) ont été étudiées et sont actuellement abandonnées. En revanche, l’étude du ganglion sentinelle est désormais une technique fiable et validée, permettant dans un grand nombre de cas d’éviter un curage axillaire inutile (cf. infra).




Quelles sont les complications du curage ganglionnaire axillaire?


Le curage axillaire possède une certaine morbidité : outre les complications immédiates dues à la lésion chirurgicale d’éléments anatomiques régionaux (en particulier nerveux) qui ne devraient pas se voir, on distingue les complications précoces et tardives.









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Fig. 4.9
Ponction de lymphocèle axillaire.










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Fig. 4.10
Rechute pariétale avec nodules de perméation et gros bras à gauche.Il existe également une rechute à gauche après traitement «conservateur».


La date d’apparition du lymphœdème est variable par rapport à celle du traitement locorégional initial, mais elle peut être très retardée, survenant parfois dix à quinze ans après la chirurgie. Il faut savoir rechercher l’apparition d’une récidive locale ou d’une rechute axillaire lors de l’apparition d’un lymphœdème, mais celui-ci est le plus souvent sans rapport avec l’évolution de la maladie.

Il existe un certain nombre de précautions après curage axillaire destinées à éviter une poussée de lymphœdème : en règle, il faut préconiser aux patientes l’absence de toute prise de tension artérielle au membre supérieur du côté traité, l’absence de ponction veineuse, toute attitude posturale favorisant la stase, le port de gants pour tous les gestes de la vie quotidienne susceptibles d’entraîner des blessures même minimes. Par ailleurs, le lymphœdème peut se compliquer de lymphangite (gros bras douloureux et inflammatoire avec fièvre et frissons) favorisée par des microtraumatismes répétés. Le traitement de cette complication fait appel à une antibiothérapie et à des anti-inflammatoires.

La kinésithérapie précoce avec drainage lymphatique manuel est préconisée assez largement dans le traitement du lymphœdème, mais son efficacité est contestée. Elle doit être effectuée par un opérateur entraîné et associée à la contention locale prolongée. On peut en outre faire appel aux traitements lymphokinétiques comme la coumarine. La chirurgie, d’indication exceptionnelle, a des résultats très inconstants.

D’autres séquelles à long terme, beaucoup plus fréquentes, sont représentées par les douleurs chroniques, éventuellement associées à des dysesthésies de la face interne du bras, et surtout les limitations des mouvements de l’épaule. Cette séquelle, de gravité variable mais parfois invalidante, est de mécanisme complexe, et se manifeste au maximum par une capsulite rétractile de l’épaule. Son traitement, une fois les lésions constituées est complexe et décevant et justifie là encore la conduite d’une kinésithérapie précoce dès l’apparition de signes de gêne fonctionnelle. La douleur, quant à elle, doit être reconnue et prise en charge précocement.


Qu’est-ce que le ganglion sentinelle (GS)?


La réalisation d’un curage axillaire conventionnel n’est pas exempte d’une certaine morbidité : douleurs, dysesthésies, lymphocèle, lymphœdème, etc. La réalisation systématique d’un curage axillaire chez les patientes présentant un cancer infiltrant de petite taille peut sembler excessive car dans de nombreux cas ce curage est négatif : un tel geste se révèle alors inutile, et donc dans une certaine mesure, nuisible.

L’expérience acquise dans d’autres pathologies malignes, en particulier le mélanome, a permis de développer et de valider le principe du ganglion sentinelle : l’identification du premier relais ganglionnaire drainant la tumeur, son examen histologique, et la quasi-certitude que les autres ganglions seront indemnes si le ganglion prélevé l’est lui-même. La positivité du GS doit donc entraîner la réalisation d’un curage conventionnel. Ceci implique une réintervention si l’examen du GS n’a pu être réalisé en extemporané. Un faux négatif entraîne bien sûr un risque de rechute axillaire. L’expérience de l’équipe ne peut s’acquérir qu’après de nombreuses interventions au cours desquelles le ganglion sentinelle sera prélevé à part et le curage conventionnel réalisé systématiquement.

L’identification du ganglion sentinelle est réalisable par deux procédés : l’injection d’un colorant lymphophile tel que le Bleu Patent® ou l’injection d’un traceur radioactif tel que le Technétium®. L’injection du marqueur a lieu à proximité du lit tumoral, voire simplement en rétro aréolaire.

La technique par colorant est de réalisation simple, l’injection per-opératoire entraînant en quelques minutes l’apparition du bleu dans la région axillaire et la coloration intensément bleutée du ganglion sentinelle (fig. 4.11). La difficulté du procédé tient au fait que la situation anatomique du ganglion sentinelle est variable, et que sa recherche peut de ce fait être laborieuse. L’expérience de l’opérateur est ici un paramètre important. La présence du colorant dans le ganglion doit être attestée par l’anatomopathologiste (fig. 4.12). Il faut également noter que l’injection de bleu entraîne une pigmentation cutanée mammaire susceptible de persister plusieurs semaines et d’entraîner une coloration des urines ce dont la patiente doit être prévenue.








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Fig. 4.11
Ganglion sentinelle en place.









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Fig. 4.12
Ganglion sentinelle prélevé avec son canal afférent.



Le protocole de recherche de métastases au sein du GS est variable selon les équipes, le consensus n’existant pas quant au nombre de coupes à effectuer, ni sur la possibilité d’effectuer cette recherche en extemporané.


Outre l’examen histologique classique du ganglion sentinelle, de nombreuses équipes procèdent maintenant à une recherche de micrométastases, voire de la présence de cellules isolées au sein du ganglion par technique immunohistochimique, entraînant respectivement la classification pN1mic et pN0i+. On considère actuellement qu’un tel diagnostic doit entraîner la réalisation d’un curage axillaire de précaution devant l’absence de certitude quant à l’absence d’autres foyers ganglionnaires d’aval.

Dans tous les cas, le recueil du consentement éclairé de la patiente est souhaitable.


RADIOTHÉRAPIE



Radiothérapie : comment ça marche?


On utilise des rayons X, transparents et qui ne font pas mal. Ces rayons correspondent à une énergie que l’on délivre sur un volume. Afin d’éviter les toxicités induites par l’irradiation, la dose totale est fractionnée et étalée dans le temps (classiquement entre 5 et 8 semaines selon les protocoles).

L’effet biologique des radiations ionisantes s’exerce principalement au niveau du matériel cellulaire. L’ionisation du milieu par transfert d’énergie produit des radicaux libres instables et chimiquement très réactifs, qui schématiquement sont susceptibles d’induire des coupures sur les brins d’ADN, à l’origine d’une mort cellulaire immédiate et retardée.

L’effet différentiel de radiosensibilité entre tissu sain et tumeur se traduit par la régression de la population de cellules tumorales situées dans le tissu vivant normal. Ceci est important dans le cancer du sein où il faut concilier action tumoricide efficace et possibilité de réparation des tissus sains avoisinants notamment cutanés et sous-cutanés, mais également pulmonaires sous-jacents voire cardiaques.

Actuellement, la radiothérapie fait partie intégrante du traitement locorégional du cancer du sein. Elle est également utilisée en phase métastatique comme traitement palliatif, essentiellement des localisations osseuses et cérébrales. Les indications de la radiothérapie et des différents volumes-cibles, dépendent des caractéristiques de la tumeur initiale et du type de chirurgie réalisée.


À quoi sert la radiothérapie?




Radiothérapie après mastectomie


Après une mastectomie, il ne s’agit plus d’irradier le sein pour le préserver. Il existe encore un risque de rechute au niveau de la paroi thoracique (essentiellement au niveau de la cicatrice, mais pas seulement), qui est concernée dans près de 80 % des rechutes locales. On associe alors souvent à l’irradiation de la paroi thoracique l’irradiation des aires ganglionnaires.

La paroi thoracique étant logiquement moins épaisse que le sein, des adaptations techniques sont faites par rapport à la radiothérapie du sein, mais la tolérance au traitement est tout aussi bonne.

Dans certaines situations cliniques (envahissement ganglionnaire, maladie multifocale…), la radiothérapie post-mastectomie a également démontré un bénéfice en termes de survie globale pour les patientes, et pas seulement une amélioration du contrôle locorégional.


Radiothérapie des aires ganglionnaires


La radiothérapie étant un traitement locorégional, on associe souvent à l’irradiation du sein (ou de la paroi thoracique), une radiothérapie des aires ganglionnaires de drainage. Il s’agit essentiellement des ganglions sus et sous claviculaires, des ganglions de la chaîne mammaire interne, et parfois des ganglions axillaires malgré le curage axillaire réalisé par le chirurgien. Cette irradiation des aires ganglionnaires n’est pas systématique, et utilise également des techniques élaborées, en raison de la diversité anatomique dans la région.

La philosophie de l’irradiation des aires ganglionnaires est double, éradiquer une éventuelle maladie microscopique (ou macroscopique) pour éviter la rechute locale, ou encore éviter le cheminement via les aires ganglionnaires qui permettront la dissémination des métastases à distance.


Comment se déroule la radiothérapie?




Le traitement de radiothérapie


L’irradiation est classiquement réalisée à la dose de 45 à 50Gy sur l’ensemble du sein (ou la paroi) et éventuellement sur les aires ganglionnaires sous forme de 4 à 5 séances par semaine de 1,8 à 2,25Gy. Un complément de dose de 10 à 16Gy, le boost (ou surimpression), est réalisé sur le lit tumoral initial (et non en cas d’irradiation post-mastectomie). Le traitement de radiothérapie conventionnel s’étale donc entre 5 et 8 semaines.

Certaines équipes remplacent la surimpression du lit de tumorectomie par radiothérapie externe, par une curiethérapie interstitielle (cf.).


Quel impact de la dose?


Dans la plupart des cancers, une augmentation de la dose délivrée accroît le taux de contrôle de la maladie. Les irradiations des cancers de la prostate ou ORL utilisent des doses supérieures à 70Gy, alors que l’on ne délivre «que 45 à 50Gy» dans le sein.

La problématique de l’escalade de dose prend en compte la probabilité de contrôle tumoral en balance avec le taux de complications probable.

Dans l’irradiation du sein, l’augmentation de la dose est essentielle sur le lit de tumorectomie, et ce quel que soit l’âge de la patiente (Bartelink JCO, 2007). Des études sont en cours pour définir quel serait le bénéfice et l’effet délétère d’une surimpression de 26Gy par rapport à 16Gy sur le lit de tumorectomie.

Des séries historiques ont également montré chez des patientes n’étant pas opérables, le caractère curatif d’une radiothérapie exclusive tumorale à dose élevée. Cette alternative pourrait être encore utilisée chez des patientes très âgées et/ou avec des comorbidités majeures.



Radiothérapie : quel fractionnement, quel étalement?


Il est possible de faire varier la dose par séance de radiothérapie de 1,8Gy à 6,5Gy (dans la littérature).

Si on conserve le même nombre de séances de radiothérapie, la dose totale sera plus élevée si la dose par séance est plus élevée; par contre si on diminuait le nombre de séances en élevant la dose par séance, on pourrait diminuer la durée globale de la radiothérapie, sans diminuer (théoriquement) l’efficacité. Le bénéfice serait pour les patientes : moins de déplacements, un gain de temps. Mais le bénéfice serait également pour les services de radiothérapie : moins de séances, moins d’encombrement des machines, moins de délai, etc.

Des publications scientifiques récentes ont comparé un fractionnement classique (dose par séance de 2Gy) à des doses de 2,65Gy par séance jusqu’à une dose totale de 42,5Gy (essai canadien), ou encore à des doses de 3 à 3,3Gy par séance jusqu’à 39Gy; le traitement durait mois de quatre semaines au total (Yarnold Lancet, 2008). Si les résultats carcinologiques paraissent similaires dans ces essais avec le recul, l’évaluation des toxicités tardives et des séquelles esthétiques est imparfaite.

Ces schémas de radiothérapie hypofractionnée sont à adapter au cas par cas. L’apport de la biologie nous a permis de mettre en évidence des catégories de patientes ayant une radiosensibilité individuelle exacerbée, et pour lesquelles l’hypofractionnement provoque des toxicités plus importantes. Il est donc indispensable de développer les outils de sélections qui nous permettront de proposer des schémas de radiothérapie alternatifs et plus courts. En attendant, ces schémas peu contraignants hypofractionnés nous rendent de fiers services pour les patientes à mobilité réduite.



Impact du retard à la radiothérapie


Le délai d’initiation de la radiothérapie ne doit pas être long après la chirurgie (en général 4 à 6 semaines), mais également au terme de la chimiothérapie adjuvante chez les patientes qui en ont.

En 2003, une méta-analyse canadienne a analysé l’impact du délai entre la chirurgie et la radiothérapie mammaire dans 10 études, chez 7401 patientes (Huang JCO, 2003). Elle retrouvait un bénéfice en rechute locorégionale (RLR) à ne pas retarder la radiothérapie (RT) (HR : 1,62 (95 % 1,21-2,16)); si la RT débutait moins de 8 semaines après la chirurgie, le risque de RLR diminuait par rapport à une initiation de la RT à plus de 8 semaines, soit 5,8 % vs 9,1 % RLR à 5ans.

La même analyse évaluant le délai à l’initiation de la RT chez 1927 patientes ayant reçu de la chimiothérapie (CT), dans 12 études, montraient également un bénéfice en RLR à ne pas retarder la RT (HR : 2,28 (95 % 1,45-3,57)).

Les bénéfices persistaient après retrait des études de moindre qualité (HR : 1,6; 2,38, respectivement), mais aucune association entre le retard à la RT et le taux de métastases à distance n’était retrouvée dans cette analyse.

La littérature retrouve donc un impact négatif au retard à la radiothérapie, plus prononcé chez les patientes à haut risque.


Radiothérapie et chimiothérapie adjuvante : quelle séquence?


La place de la chimiothérapie adjuvante des cancers du sein, surtout ceux à haut risque, a un rôle central dans le contrôle de la maladie et la survie globale. De plus, la nature des drogues jusqu’alors utilisées, essentiellement à base d’anthracyclines, excluait quasiment l’utilisation de celles-ci à pleine dose avec l’irradiation pour des questions de toxicité majorée. Ainsi, la question principale de la séquence thérapeutique a longtemps exclu le concept de radiochimiothérapie concomitante, et s’évertuait à évaluer si l’administration de la chimiothérapie devait précéder celle de la radiothérapie ou vice et versa.


L’argumentaire du risque accru de métastases en débutant par la RT puis en faisant la CT, plutôt que l’inverse, n’était donc pas confirmé. Néanmoins, la plupart des pays développés publiaient parallèlement des délais de mise en route des traitements de radiothérapie supérieurs à deux voire trois mois, peu compatibles avec cette première stratégie (RT puis CT), qui a peu été étudiée.

La séquence CT puis RT n’a donc pas formellement démontré de bénéfice par rapport à la séquence inverse RT puis CT, mais reste actuellement le standard.

Trois études randomisées de phase III ont évalué l’apport d’une association radiochimiothérapie concomitante des cancers du sein par rapport à une chimiothérapie puis radiothérapie séquentielle (Arcangeli ijrobp, 2006; Rouesse ijrobp, 2006; Toledano JCO, 2007). Ces associations ont montré une amélioration du contrôle de la maladie à 5ans chez les patientes avec envahissement ganglionnaire axillaire, mais un recul plus important est nécessaire pour conclure sur l’impact sur la survie globale. Il est à constater que l’association radiochimiothérapie engendre des toxicités cutanées mammaires plus accentuées bien qu’acceptables (Toledano ijrobp, 2006), et des résultats esthétiques un peu moins bons (Toledano ijrobp, 2007).

Ce type de protocole thérapeutique pourrait améliorer le devenir de certaines patientes à haut risque de rechute, à condition de choisir un régime de chimiothérapie concomitante adapté, et de continuer à optimiser les techniques de RT pour obtenir une amélioration de l’index thérapeutique (Toledano Cancer Radiother, 2007).


Quelles sont les indications de l’irradiation post-mastectomie pour cancer infiltrant? (arbre décisionnel 2, p. 101)


Bien que le traitement conservateur soit de plus en plus souvent proposé, un certain nombre de patientes ne peuvent en bénéficier et doivent subir une mastectomie. Il s’agit en règle de tumeurs plus volumineuses et de mauvais pronostic local avec des taux de rechute locale de 30 à 40 % y compris en cas de chirurgie radicale large.


Ce risque de rechute locale après mastectomie est important pour des patientes ayant des lésions de plus de 3cm, multifocales, infiltrant la peau ou le mamelon, le muscle pectoral ou présentant des ganglions envahis sur le curage axillaire. Classiquement, la radiothérapie est donc utilisée dans ce contexte de tumeur volumineuse ou avec atteinte ganglionnaire pour augmenter le taux de contrôle local et améliorer la survie globale.

L’amélioration des techniques de radiothérapie permet de diminuer les toxicités, en préservant une efficacité croissante. La radiothérapie postmastectomie diminue donc de trois quarts le risque de rechutes locales. Elle permet une réduction du taux de rechutes métastatiques de 30 % et un gain sur la survie sans rechute et la survie globale. Le bénéfice absolu en survie est de 10 % à 10ans en faveur des patientes irradiées N+ et ce quel que soit le nombre de ganglions atteints ou le statut ménopausique.



Pourquoi irradie-t-on les cancers canalaires in situ?


Le traitement classique des cancers intracanalaires est la mastectomie. La mastectomie dans ce cadre intracanalaire permet d’obtenir un taux de contrôle locorégional à 10ans dans 98 % des cas. Elle paraît néanmoins un traitement très lourd pour une pathologie non invasive dont la fréquence de prise en charge s’accroît du fait du dépistage mammographique.

Les cancers intracanalaires étant maintenant reconnus comme une maladie segmentaire du sein, le traitement conservateur est de plus en plus largement utilisé. Néanmoins, en cas de chirurgie seule, tumorectomie ou quadrantectomie, le taux de rechutes locales à 5ans est de l’ordre de 20 %, la moitié de ces rechutes étant invasives.

La radiothérapie postopératoire permet de diminuer ce risque de rechute, tant le taux de rechutes locales non invasives que le taux de rechutes locales invasives.

Lorsque les patientes rechutent sur un mode intracanalaire, il n’y a pas d’impact sur la survie globale et à 5ans de suivi après la rechute, aucune de ces femmes n’a présenté de métastase à distance.

Les facteurs de risque de rechutes locorégionales après traitement conservateur de cancers canalaires non invasifs sont la qualité des marges de résection


Dans tous les cas, la radiothérapie postopératoire est indispensable. L’irradiation mammaire diminue le risque de rechute locale dans tous les groupes de patients, y compris chez les patientes présentant un carcinome intracanalaire de petite taille. Des études évaluent l’intérêt de l’escalade de dose de radiothérapie sur le lit de tumorectomie.

Le traitement classique des rechutes après traitement conservateur pour carcinome intracanalaire est la mastectomie, un nouveau traitement conservateur étant toutefois éventuellement parfois possible avec reprise chirurgicale et réirradiation à discuter au cas par cas. En cas de rechute locale invasive, un traitement systémique adjuvant est à envisager.



Pourquoi n’irradie-t-on pas les cancers lobulaires in situ?


Cette forme est souvent associée à des cancers intracanalaires sans que cette association ne modifie le pronostic sous-jacent et le traitement du carcinome intracanalaire.

Pour les patientes présentant un carcinome intralobulaire pur, diagnostiqué sur une biopsie ou une tumorectomie, il n’existe pas d’indication à une radiothérapie mammaire postopératoire. Bien qu’il existe un risque de développer une forme lobulaire invasive à distance, ces patientes restent sur une simple surveillance postopératoire (Cutuli Eur J Cancer, 2005).


Peut-on pratiquer une radiothérapie après reconstruction mammaire immédiate?


Pour les patientes nécessitant une mastectomie, la reconstruction mammaire immédiate est un élément d’amélioration du confort et de la qualité de vie. Le risque de rechute tumorale n’étant pas modifié par la reconstruction, les indications de radiothérapie post-mastectomie restent identiques, amenant à irradier ces reconstructions mammaires d’emblée, ce qui peut dégrader la qualité des résultats esthétiques.


L’existence d’une prothèse ne modifie pas la distribution de dose qui reste homogène, le gel de silicone, les solutions intraprothétiques se comportant comme les tissus mammaires avoisinants. Aucun ajustement de dose n’est donc nécessaire.

Les prothèses paraissent résistantes à l’action de la radiothérapie avec une perte limitée de l’élasticité 6mois après la radiothérapie mais sans altération significative avant 100 grays.

Le risque est esthétique avec l’apparition d’une fibrose rétractile (coque).

Les séries rapportées sont petites et disparates suivant les types de reconstruction. Les résultats esthétiques des séries d’implants seuls semblent inférieurs aux résultats des séries d’implant associé à un lambeau de grand dorsal.

Les résultats esthétiques sont particulièrement altérés chez les femmes âgées et avec la poursuite du tabagisme.

Il paraît plus prudent de différer la chirurgie de reconstruction après la radiothérapie pariétale, 6 à 12mois paraissant un délai raisonnable pour la reconstruction après la radiothérapie, tout en obtenant un arrêt du tabagisme.

Les évaluations des résultats esthétiques et des risques de nécrose du lambeau après reconstruction par un lambeau de grand droit sont disparates mais le risque est important dans plusieurs séries.


Quelles sont les toxicités aiguës et tardives de la radiothérapie?


Il faut distinguer les réactions précoces, survenant en cours d’irradiation, fréquentes et résolutives sans séquelle notable, des réactions tardives survenant plusieurs mois ou années après la radiothérapie et aux conséquences lourdes et définitives.

Les toxicités aiguës correspondent à la mortalité immédiate des cellules différenciées des tissus sains, et sont en règle bénignes.

Les toxicités tardives correspondent aux lésions constatées longtemps après l’irradiation sur les tissus sains avoisinant les tissus cancéreux et surviennent plusieurs années après le traitement.

Elles correspondent soit à l’épuisement des cellules clonogéniques, soit à des lésions au sein de la vascularisation des tissus sains, elles sont définitives et sont parfois favorisées par une agression extérieure (biopsie, blessure…).

Les toxicités tardives les plus dangereuses de la radiothérapie sont cardiaques et pulmonaires. Il faut distinguer dans l’évaluation de ces toxicités :



Réactions cutanées et sous-cutanées


Il s’agit des réactions aiguës et tardives survenant sur la peau et les tissus souscutanés.

Les réactions aiguës cutanées peuvent être différentiées selon leur intensité en trois stades.

L’érythème de la peau survenant vers une dose cumulée de 30Gy, représente un aspect rouge, aux bords nets dessinant les faisceaux de traitement, rapidement régressif à l’arrêt du traitement mais pouvant laisser une dépilation et une pigmentation foncée sur quelques semaines.

Cette toxicité peut évoluer vers une épithélite exsudative surtout sur le sillon sous-mammaire sur des seins volumineux et ptosés, apparaissant vers 40 à 45Gy, aspect d’érosion suintante et douloureuse dont la cicatrisation est lente laissant des troubles définitifs de la pigmentation. La radio-épithélite nécrosante ne se voit quasiment plus.

Les patientes qui ont une radiothérapie sont vues chaque semaine par leur oncologue-radiothérapeute en consultation de surveillance.

La prévention de ces réactions passe par une optimisation de la technique de radiothérapie, qui permettra d’améliorer l’homogénéité de répartition de la dose; elle passe aussi par une hygiène parfaite de la peau, l’absence d’applications de produits cosmétiques cutanés contenant de l’alcool, l’interposition entre les vêtements et la peau de tissus en coton, le port de vêtements amples sans zone de frottement, l’absence d’exposition de la peau de la zone traitée au soleil.

L’utilisation de Biafine® en cours de radiothérapie est très répandue, mais également d’autres crèmes hydratantes comme la Calendula®, Aloe Vera®, etc. Ces crèmes hydratantes ne sont pas efficaces en prévention des érythèmes, et modifient la répartition de la dose par effet bolus, le plan cutané irradié en accentuant la dose. Il est donc impératif de conseiller de n’appliquer aucune crème avant la séance de radiothérapie (4 heures avant), par contre certains praticiens conseillent souvent une application après la séance, pour hydrater la peau et faciliter sa cicatrisation. En cas d’érythème prurigineux, une application de topique à base de corticoïdes est souvent recommandée.

En cas d’épithélite exsudative, la radiothérapie peut être stoppée jusqu’à cicatrisation. Cet arrêt de radiothérapie en accroissant la durée totale de l’irradiation accroît le risque de rechute locale. L’application d’Eosine® est souvent efficace sur les lésions suintantes.

Un œdème du sein peut apparaître en cours de traitement et persister quelques temps au décours des rayons.

Jun 2, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Traitement

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