Rectum

6. Rectum



Curage ganglionnaire étendu versus chirurgie conventionnelle pour cancer du rectum : résultats d’une méta-analyse


Georgiou P, Tan E, Gouvas N et al.

Extended lymphadenectomy versus conventional surgery for rectal cancer : a meta-analysis. Lancet Oncol 2009 ; 10 : 1053–62.

Les métastases ganglionnaires latéropelviennes surviennent dans 10 à 25 % des cancers rectaux et sont associées à un taux plus élevé de récidive locale et à une diminution de la survie. Une méta-analyse a donc été réalisée, prenant en compte les études publiées de 1984 à 2009 comparant la lymphadénectomie étendue (LE) versus la résection standard (LS) pour cancer du rectum, dans le but d’évaluer l’intérêt du curage ganglionnaire étendu. Vingt études dont une randomisée, trois prospectives non randomisées et 14 rétrospectives cas-témoins, totalisant 5502 patients ont été incluses. Une LE était réalisée chez 2577 patients, une LS chez 2925 patients. Les objectifs étaient l’évaluation des suites opératoires, de la survie à cinq ans et des récidives. La durée opératoire était significativement plus longue dans le groupe LE de 76,7 minutes avec des pertes sanguines plus importantes de 536,5 mL. La mortalité et la morbidité postopératoires étaient similaires entre les deux groupes. Les dysfonctions urinaire, d’une part, et sexuelle masculine, d’autre part, étaient plus fréquentes dans le groupe LE (OR 3,70 ; p=0,0012). Il n’existait pas de différence entre le groupe en termes de survie globale à cinq ans (HR 1,09 ; p=0,62), survie sans récidive à cinq ans (HR 1,23 ; p=0,41), en termes de taux de récidives locales (OR 0,83 ; p=0,23) ou de taux de récidives à distance (OR 0,93 ; p=0,60). Les auteurs concluent que la LE ne semble pas apporter de bénéfice sur la survie mais est associée à des taux plus élevés de dysfonctions urinaire et sexuelle.






Un envahissement ganglionnaire est présent chez 30 à 40 % des patients porteurs d’un cancer du rectum, le long de l’artère mésentérique et dans le mésorectum chez environ 40 % des patients ou au niveau de la paroi latérale pelvienne dans 10 à 25 % des cas [1,2]. L’exérèse totale du mésorectum est l’intervention de choix pour les cancers sous-péritonéaux permettant, en combinaison avec la radiothérapie néoadjuvante, un taux de récidive locale inférieur à 10 % [3]. Les chirurgiens occidentaux à l’inverse des chirurgiens japonais ne pratiquent pas couramment la LE.


Les limites de cette méta-analyse sont les suivantes :




• majorité d’études observationnelles non randomisées incluses ;


• études provenant de centres spécialisés ;


• test d’hétérogénéité positif sur les items récidive locale et survie ;


• critères d’éligibilité différents entre chirurgiens occidentaux et japonais ;


• biais de publication, les études retrouvant des taux de récidive élevés étant peu publiées ;


• pas de retour aux données sources.

La question pourra être définitivement réglée par un essai randomisé japonais en cours de recrutement comparant LE versus LS en l’absence de traitement néoadjuvant. L’impact éventuel du traitement néoadjuvant sur l’étendue du curage restera cependant à déterminer. Une approche chirurgicale adaptée au cas par cas semble être la plus raisonnable.

Mots clés : Rectum ; Cancer ; Curage ganglionnaire ; Méta-analyse


Références






[1] J Am Coll Surg 1997 ; 184 : 475–80.


[2] Cancer 1996 ; 78 : 1871–80.


[3] Dis Colon Rectum 2000 ; 43 (Suppl. 10) : S5–68.


Anastomose mécanique terminoterminale versus terminolatérale après résection antérieure pour cancer du rectum : résultats d’un essai randomisé


Brisinda G, Vanella S, Cadeddu F et al.

End-to-end versus end-to-side stapled anastomoses after anterior resection for rectal cancer. J Surg Oncol 2009 ; 99 : 75-9.

Les procédures de préservation sphinctérienne après chirurgie pour cancers du moyen et du bas rectum sont devenues fréquentes du fait de leur faisabilité démontrée avec morbidité acceptable. Une augmentation du taux de fistules anastomotiques de 1 à 19 %, avec le type d’anastomose et la distance avec la marge anale, a été rapportée [1]. Le but de ce travail était de confronter les suites opératoires comparatives des anastomoses terminoterminale (ATT) versus terminolatérale (ATL) après résection antérieure pour cancer T1–T2 du rectum. De janvier 1998 à janvier 2006, 77 patients porteurs d’un cancer du rectum T1–T2 à moins de 15 cm de la marge anale et ayant bénéficié d’une exérèse totale ou partielle du mésorectum à visée curative ont été randomisés entre ATT (n=37) versus ATL (n=40) utilisant le côlon gauche, sans stomie de protection. L’anastomose était localisée sur le moyen rectum 38 fois et sur le bas rectum 39 fois. Les résultats chirurgicaux et les complications sont rapportés ici. Les taux de fistule anastomotique étaient de 29,2 % versus 5%, respectivement (p=0,005) avec un taux de fistule global de 16,8 %. Ce taux de fistule était significativement relié au niveau de l’anastomose (p=0,001), avec plus de fistules dans le groupe TME (30,7 % versus 2,6 %, p=0,001). Dans le groupe ATT, sur les 11 patients avec fistule anastomotique, neuf ont nécessité une reprise chirurgicale avec colostomie de dérivation, fermée secondairement dans sept cas. Dans le groupe ATL, deux patients porteurs d’une fistule anastomotique ont été traités médicalement avec succès. À un an, trois cas de sténoses anastomotiques asymptomatiques ont été observés dans le groupe ATL versus un dans le groupe ATT. Les auteurs concluent que sur le plan des complications chirurgicales, l’ATL est une procédure de choix.










Les procédures de conservation sphinctérienne avec exérèse totale du mésorectum pour les cancers des tiers moyen et inférieur du rectum sont devenues courantes, notamment grâce à l’utilisation des pinces circulaires mécaniques diminuant les difficultés techniques et le risque de fistule. Comparativement à l’anastomose manuelle, l’anastomose mécanique a été montrée comme permettant une diminution du risque de plaie sphinctérienne, du temps opératoire et de contamination abdominale dans plusieurs essais randomisés [2,3]. Les modalités de réalisation de cette anastomose restent néanmoins débattues.


Les auteurs rapportent ici un taux de fistule significativement inférieur après ATL comparativement à l’ATT. Il convient de noter que le taux de fistule est élevé dans cet essai, probablement lié à l’absence de réalisation d’une stomie de décharge, celle-ci ayant été montrée comme diminuant la gravité des fistules mais également l’incidence de celles-ci [4]. Il convient de noter cependant que le taux de sténose anastomotique à distance est faible et peut être lié à cette non-réalisation systématique de stomie.


Cet essai pose de nombreux problèmes méthodologiques qui rendent difficiles l’interprétation des résultats, notamment le mélange des patients avec anastomose sur le moyen et le bas rectum, l’absence de calcul d’effectifs a priori, l’absence de vérification de la comparabilité des groupes, l’absence de standardisation des procédures chirurgicales…


Références






[1] Br J Surg 1998 ; 85 : 355–8.


[2] Br J Surg 1993 ; 80 : 924–7.


[3] Br J Surg 1990 ; 77 : 888–90.


[4] Ann Surg 2004 ; 240 : 260–8.


Une fistule anastomotique symptomatique après proctectomie pour cancer est-elle un facteur de mauvais pronostic ? Résultats d’une étude multicentrique


Den Dulk M, Marijnen CA, Collette L et al.

Multicentre analysis of oncological and survival outcomes following anastomotic leakage after rectal cancer surgery. Br J Surg 2009 ; 96 : 1066-75.

Si plusieurs études ont montré qu’en chirurgie colorectale, la survenue d’une fistule était un facteur de mauvais pronostic à long terme [1,2], peu ont évalué l’impact pronostique d’une fistule exclusivement après chirurgie du rectum [3]. Les auteurs ont donc repris de façon rétrospective les données de cinq études contrôlées permettant l’inclusion de 2480 malades ayant eu une proctectomie pour cancer avec conservation sphinctérienne. Au total, 264 malades ont eu une fistule symptomatique (9,7 %). En analyse multivariée, les facteurs de risque de fistule étaient le sexe masculin et l’absence de stomie de protection. Le taux de récidive locale à cinq ans était de 12 % en cas de fistule et 8,8 % en l’absence de fistule (ns). Le taux de récidive métastatique était de 27,5 % en cas de fistule et de 25,6 % en l’absence de fistule (ns). La survie globale à cinq ans était significativement plus faible en cas de fistule qu’en son absence (66,4 % versus 74,4 %, p<0,001). Cette différence significative persistait même si tous les malades décédés dans les 90 jours suivant la chirurgie étaient exclus (71,5 % versus 75,5 %, p=0,03). La survie sans récidive à cinq ans était également significativement plus faible en cas de fistule qu’en son absence (60,6 % versus 66,9 %, p=0,03). Enfin, en analyse multivariée, les facteurs de mauvais pronostic étaient le sexe masculin, l’âge supérieur à 70 ans, le stade tumoral et la survenue d’une fistule anastomotique.

Les auteurs concluent qu’après proctectomie pour cancer, la survenue d’une fistule anastomotique diminue la survie globale et sans récidive à long terme.



Références






[1] Dis Colon Rectum 2005 ; 48 : 1021–6.


[2] Br J Surg 2005 ; 92 : 1150–4.


[3] Br J Surg 2007 ; 94 : 1548–54.


[4] Ann Surg 2008 ; 248 : 52–60.


Facteurs de risque de séquelles urinaires après chirurgie du cancer du rectum


Lange MM, Maas CP, Marijnen CA, Wiggers T, Rutten HJ, Kranenbarg EK, Van de Velde CJ, Cooperative Clinical Investigators of the Dutch Total Mesorectal Excision Trial.

Urinary dysfunction after rectal cancer treatment is mainly caused by surgery. Br J Surg 2008 ; 95 : 1020-8.

Avec le développement de la technique d’exérèse totale du mésorectum (ETM) pour la chirurgie du cancer rectum, le taux de séquelles urinaires a considérablement diminué [1]. Néanmoins, les facteurs de risque de survenue de ces séquelles après ETM ont été peu évalués.

Les auteurs ont donc évalué l’incidence et les facteurs de risque des séquelles urinaires à long terme sur une cohorte de 785 malades ayant eu une exérèse du rectum avec ETM pour cancer. Ces 785 malades avaient été inclus dans l’essai de phase III hollandais comparant l’exérèse rectale avec ETM précédée ou non d’une radiothérapie de 25 grays sur cinq jours [2]. L’évaluation des séquelles était réalisée par un questionnaire rempli par les malades en préopératoire puis à trois, six, 12, 18, 24 et 60 mois après la chirurgie. L’évaluation portait sur deux items : l’incontinence urinaire et les difficultés de vidange vésicale. En ce qui concerne l’incontinence, l’incidence passait de 16,7 % en préopératoire à 38 % à cinq ans (p<0,01). Chez les 385 malades n’ayant pas d’incontinence en préopératoire, le taux d’incontinence à cinq ans était de 32,7 %. En analyse multivariée, les facteurs de risque d’incontinence étaient le sexe féminin (p<0,001) et l’existence d’une incontinence préopératoire (p=0,01), mais pas la radiothérapie préopératoire. En ce qui concerne les troubles de la vidange vésicale, l’incidence passait de 22,5 % en préopératoire à 30,6 % à cinq ans. Chez lez 351 malades sans trouble de vidange vésicale préopératoire, l’incidence à cinq ans était de 25,6 %. En analyse multivariée, les facteurs de risque de troubles de la vidange vésicale étaient l’existence du trouble en préopératoire (p<0,001), un traumatisme chirurgical du plexus hypogastrique inférieur (p<0,001) et un saignement peropératoire excessif (p=0,02). Là encore, la radiothérapie n’avait pas d’influence sur la survenue d’un trouble de la vidange vésicale.

Les auteurs concluent que les séquelles urinaires ne sont pas rares après exérèse rectale avec ETM et que la chirurgie joue un rôle plus important que la radiothérapie dans leur survenue.

May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on Rectum

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