pour la création d’un abord vasculaire pour hémodialyse

2 Préparation pour la création d’un abord vasculaire pour hémodialyse



EXAMEN CLINIQUE


L’examen clinique est primordial avant la création d’un abord vasculaire. Il permet par une étude soigneuse et précise de l’axe artériel et veineux de définir, dans la plupart des cas, le type de montage. L’expérience et le recul permettent actuellement d’affirmer que la fistule artérioveineuse (FAV) représente l’accès vasculaire de choix pour l’hémodialyse chronique. Elle offre en effet à la fois :



C’est également un examen clinique, réalisé à intervalles réguliers, qui peut permettre à lui seul de dépister et de diagnostiquer les complications des abords vasculaires au premier rang desquelles figurent la sténose et la thrombose.


Idéalement, l’abord vasculaire devrait être réalisé trois à quatre mois avant le passage en hémodialyse.



L’INTERROGATOIRE DU PATIENT ET L’ÉTUDE DE SES ANTÉCÉDENTS


Ils influencent l’arbre décisionnel.








L’ÉVALUATION CLINIQUE DU SYSTÈME ARTÉRIEL


L’exploration des artères se fera par la palpation des pouls radial, cubital et brachial (huméral) (fig. 2-1).







ÉVALUATION CLINIQUE DU SYSTÈME VEINEUX


Les veines superficielles de l’avant-bras sont au nombre de trois :









CONCLUSION


C’est la qualité d’un examen clinique bien conduit qui conditionne l’arbre décisionnel. C’est également la qualité de la veine qui conditionne la survie d’un abord vasculaire. Il faut donc :



La réalisation d’une FAV n’est possible que si les veines superficielles du bras ont été épargnées par les prises de sang ou les perfusions.


Il est donc impératif de protéger le capital veineux chez tout patient présentant un risque d’évolution vers l’insuffisance rénale et de surveiller régulièrement les abords vasculaires.


Une collaboration et une approche multidisciplinaire sont donc indispensables pour assurer une durée de vie prolongée aux FAV.


Le bon fonctionnement de ces abords permettant d’assurer durée et qualité de vie à nos patients.




CARTOGRAPHIE ULTRASONORE ARTÉRIELLE ET VEINEUSE


La cause la plus fréquente de perte d’un abord vasculaire est la thrombose.


Le diagnostic préopératoire des lésions artérielles et veineuses critiques et leur traitement préventif sont à même d’éviter de nombreux échecs. Le bilan écho-Doppler artériel et veineux des membres supérieurs en complément de l’examen clinique avant création d’un abord vasculaire permet de connaître l’état de la vascularisation, et ainsi de choisir le meilleur site possible. L’étude des parties molles vient compléter l’étude de la vascularisation, en précisant l’état du tissu adipeux de l’hypoderme et des aponévroses, paramètres évolutivement importants dans l’utilisation de l’abord. Le bilan comportera donc trois volets :





LE BILAN ARTÉRIEL


Il ne diffère pas du bilan artériel réalisé chez tout malade vasculaire, et recherche des lésions sténosantes, oblitérantes ou extasiantes. La difficulté va résider dans l’appréciation des lésions non hémodynamiquement significatives dans les conditions basales. Elles peuvent, à l’occasion de la création d’une fistule, en raison de l’augmentation de débit, devenir hémodynamiquement significatives et gêner le développement de l’abord, voire être responsables d’une occlusion précoce. Le bilan apprécie l’état pariétal et les calibres vasculaires. Différents travaux semblent montrer qu’un calibre artériel inférieur à 2 mm conduit fréquemment à l’échec ou au mauvais fonctionnement de l’abord vasculaire. Ceci est en fait à moduler en fonction de l’âge et des facteurs de risque vasculaire qui conditionnent les possibilités de dilatation et d’adaptation du réseau, une fois l’abord créé, conduisant à une maturation adéquate. Il peut être utile de dépister les variétés anatomiques artérielles. Le diagnostic n’est possible que par un balayage soigneux, en coupe transversale, de tout le membre. La plus fréquente des anomalies est la duplication de l’artère brachiale (9 à 13 % des cas), communément appelée «bifurcation haute de l’artère brachiale». Il existe dans ce cas une artère brachiale principale qui se continue au-delà du pli du coude par l’artère ulnaire et une artère brachiale accessoire qui se continue par l’artère radiale. L’artère radiale peut être hypoplasique ou absente, suppléée par l’artère ulnaire ou l’artère interosseuse; elle peut également être superficielle ou double avec une artère radiale superficielle (1 % des cas). L’artère ulnaire, en dehors de sa naissance haute de l’artère brachiale, peut être superficielle (3 %); elle peut également être hypoplasique ou absente, suppléée par les autres artères de l’avant-bras.


Un soin particulier est nécessaire en cas d’antécédents de FAV, de bilan angiographique ou de geste endovasculaire : la pathologie iatrogène, bien que rare, n’est pas exceptionnelle. Le terrain vasculaire est bien sûr primordial dans l’orientation du bilan.



LE BILAN VEINEUX


L’exploration du système veineux profond ne présente pas de particularité par rapport à l’examen standard. Il est nécessairement complet et soigneux, notamment s’il y a déjà eu plusieurs abords, si des cathéters ont déjà été posés, ou s’il existe des antécédents d’angioplastie veineuse, voire de pose de stent. Le but est de rechercher les lésions sténosantes ou occlusives pouvant compromettre la viabilité de l’abord.



Les veines superficielles de l’avant-bras


Schématiquement quatre veines sont utilisées : la veine radiale superficielle et la cubitale superficielle à l’avant-bras, la veine céphalique et la basilique au niveau du bras. Ce sont essentiellement les veines de la face antérieure de l’avant-bras qui sont utiles. L’examen du réseau veineux superficiel est réalisé sous garrot, complété si nécessaire par des manœuvres d’hyperhémie. La continuité veineuse et les voies de drainage sont notées. Une attention particulière est apportée à l’étude du mode de terminaison dans le réseau profond des veines superficielles : crosse de la veine céphalique, et convergence avec les veines brachiales pour la veine basilique.


Une cartographie est portée sur un schéma, complété par un marquage cutané, si nécessaire, dans certaines situations anatomiques particulières. On s’attachera à rapporter les calibres veineux. Une veine de calibre inférieur à 2 mm est péjorative; elle est jugée inutilisable, chez l’adulte, s’il est inférieur à 1,6 mm. La sagesse est probablement de fixer la limite utilisable à 3 mm.


En dehors des critères anatomiques de calibre et de continuité, il faut s’attacher à rechercher les anomalies pariétales de type synéchies qui, avec les sondes à haute fréquence utilisables actuellement, sont assez aisément détectées, souvent consécutives à des ponctions itératives ou à des thrombi pariétaux recanalisés. Soit ces anomalies sont mineures, et n’interdisent pas la création de la FAV, sous couvert d’une surveillance évolutive pouvant conduire à une dilatation, soit il existe une véritable sténose fixée, qui impose de choisir un autre site.



EXPLORATION DES PARTIES MOLLES


L’échographie permet de noter la situation de la veine superficielle par rapport à l’aponévrose, ainsi que l’épaisseur du pannicule adipeux et son échostructure. La normalité de ces paramètres est de bon augure pour une utilisation correcte ultérieure de la FAV. L’épaisseur des parties molles trop importante pour permettre une palpation aisée, l’échostructure remaniée avec des signes de liposclérose, la gaine vasculaire plaquant la veine sur le plan profond aponévrotique, lui interdisant après création de «monter» en superficie et même limitant sa dilatation, sont des éléments péjoratifs. La veine peut également apparaître contenue dans un feuillet aponévrotique dédoublé, avec un aspect échographique identique à celui de la veine grande saphène à la cuisse, aspect habituellement non décrit dans les livres d’anatomie. Le tissu adipeux souscutané possède une texture d’une importance capitale, qui présente des lamelles conjonctivales générant des différences de résistance et d’élasticité. Les lamelles conjonctivales entrelacées forment une lame continue distincte du fascia, décrite au membre inférieur sous le nom de couche membraneuse du tissu sous-cutané, n’ayant pas beaucoup attiré l’attention aux membres supérieurs et dont l’échographie montre bien l’existence, divisant l’hypoderme en une couche adipeuse superficielle et une couche profonde. Ces contraintes extrinsèques veineuses sont, à elles seules, susceptibles de retarder la perception d’une veine artérialisée dont le débit serait adéquat à une épuration. Dans ces cas de figure, la superficialisation sera la solution de choix.


L’examen Doppler, en dehors du suivi de l’abord vasculaire une fois créé, peut donc s’avérer utile dans le choix de la stratégie de création, en venant améliorer les performances de l’examen clinique. De plus, le bilan ultrasonographique vient souvent compléter la phlébographie qui est parfois d’interprétation délicate, notamment chez le patient ayant déjà été multiopéré, chez qui se pose le problème du réseau veineux superficiel restant utilisable et de sa longueur. Ailleurs, c’est un doute sur l’existence d’une veine basilique qui sera aisément levé par l’écho-Doppler, lorsque des superpositions phlébographiques ne permettent pas de trancher. Le bilan morphologique, le calibrage des vaisseaux et l’état pariétal, l’état des parties molles sont des données importantes apportées aisément par cette exploration, permettant de définir une stratégie et de l’adapter au contexte étiologique, les problèmes étant fort différents chez l’adulte jeune, l’enfant et le diabétique polyvasculaire. (Voir fig. 2-4, 2-5 et 2-6.)


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May 10, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on pour la création d’un abord vasculaire pour hémodialyse

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