15. Panorama des Principales Psychothérapies
J. Bergeret
Il n’entre pas dans notre propos d’exposer ici la technique de telle ou telle forme de psychothérapie, mais nous pensons utile de définir ce qui différencie les multiples techniques possibles et de préciser les principales indications spécifiques de chaque forme de traitement psychologique.
Sur le tableau ci-contre nous verrons que les psychothérapies étudiées se distinguent par leur plus ou moins grande relation à deux pôles principaux qui s’opposent: l’hypnose d’une part et la cure type psychanalytique d’autre part.
En effet si, historiquement, Freud a d’abord utilisé l’hypnose, par la suite ses déceptions et ses mécontentements l’ont rapidement amené à mettre peu à peu au point une technique radicalement différente, n’utilisant justement plus le transfert pour maintenir la dépendance du patient à l’égard du thérapeute, mais au contraire analysant ce transfert pour dégager progressivement le patient des contraintes exagérées venant d’autrui et en particulier de la part du thérapeute lui-même.
Toutes les psychothérapies non psychanalytiques (PNP) demeurent donc basées sur la suggestion, même si elles utilisent, plus ou moins (et surtout plus ou moins consciemment) le transfert. Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique (PIP) au contraire utilisent essentiellement le transfert, cherchent à le mettre en évidence sans augmenter l’angoisse ni les défenses du patient et tendent à éviter à celui-ci de retomber sans cesse dans le cadre trop étroit de son habituelle relation d’échec à l’égard de l’autre, à lui permettre de découvrir peu à peu des solutions intra- et interpersonnelles meilleures, plus adultes et le rendant davantage indépendant.
On peut donc dire, très schématiquement, que les PNP visent à réconcilier le plus rapidement possible le malade à la fois avec ce qu’il est ainsi qu’avec la réalité extérieure telle qu’il la perçoit, alors que les PIP entendent prendre le temps qu’il faudra pour faire retrouver au patient ce qu’il souhaite et pourrait être, en fonction de ses besoins et de ses capacités propres. Les PNP s’avèrent forcément directrices (même si elles ne le reconnaissent pas) alors que les PIP s’attachent au contraire au respect de la personnalité profonde du sujet, de sa liberté, de son originalité et de son avenir. Sans méconnaître pour autant les réalités de l’environnement mais en refusant de n’en considérer que les aspects purement extérieurs et manifestes alors que les contenus latents de toute opération psychique intéressent le psychanalyste encore davantage que l’authenticité de la réalité ambiante à laquelle le patient entend se référer.