Pancréas et rate

10. Pancréas et rate



Le type d’anastomose pancréaticojéjunale après duodénopancréatectomie céphalique diminue-t-il le taux de fistule pancréatique ? Résultats d’un essai randomisé bicentrique


Berger AC, Howard TJ, Kennedy EP et al.

Does type of pancreaticojejunostomy after pancreatico-duodenectomy decrease rate of pancreatic fistula ? A randomized, prospective, dual-institution trial. J Am Coll Surg 2009 ; 208 : 738-47.

La fistule pancréatique (FP) est l’une des complications les plus fréquentes après duodénopancréatectomie céphalique (DPC). Il n’existe pas d’essai randomisé d’importance évaluant de façon comparative le taux de FP après anastomose pancréaticojéjunale réalisée soit par invagination (AI) de la glande soit par anastomose canalaire (AC). L’hypothèse testée ici est que l’AC permettrait de réduire le taux de FP. Un essai randomisé a donc été réalisé d’août 2006 à mai 2008, incluant 197 patients dans deux institutions, opérés par huit chirurgiens expérimentés en chirurgie pancréatique. Les patients ont été randomisés entre AI (n=100) et AC (n=97) avec stratification sur la texture du parenchyme pancréatique. L’objectif principal était le taux de FP selon la classification internationale de l’ISGPF. Les objectifs secondaires étaient le grade de la FP, la durée d’hospitalisation, la mortalité et les autres complications postopératoires. Le taux de FP total était de 17,8 % et de 24 % versus 12 % dans les groupes AC et AI respectivement (p<0,05). Le principal facteur de risque était la texture du parenchyme pancréatique, avec 8 % de FP sur parenchyme ferme versus 27 % sur parenchyme mou. Le taux de complications majeures (grades 3 à 5 de Clavien) était de 25 % dans le groupe AC versus 12 % dans le groupe AI (p=0,03) et la nécessité d’une procédure radiologique interventionnelle de 11 % versus 3 %, respectivement (p=0,03). Deux décès postopératoires ont été observés en relation avec FP, hémorragie et/ou sepsis. La durée d’hospitalisation était similaire entre les deux groupes.

Les auteurs concluent que l’anastomose pancréaticojéjunale avec invagination du moignon pancréatique diminue largement le taux de FP comparativement à l’anastomose réalisée sur le canal de Wirsung.







Un seul essai randomisé à ce jour a comparé l’AC à l’anastomose sur la tranche pancréatique mais sans invagination de celle-ci [3], sans différence significative entre les deux groupes sur le taux de FP (13 % versus 15 %). L’invagination de la tranche pancréatique lors de l’anastomose pancréaticojéjunale semble donc, selon les résultats du présent essai, apporter un bénéfice majeur sur la diminution du taux de FP.

Même si une strate a été réalisée sur la texture du parenchyme pancréatique, il est regrettable que les patients avec parenchyme ferme aient été inclus dans cet essai, puisque la FP n’est pas le problème principal dans ce cas. Les résultats confirment d’ailleurs ce fait avec un taux de FP de 11 % dans le groupe AC versus 6 % dans le groupe AI en cas de parenchyme ferme, sans différence significative entre les groupes. Il n’y avait pas d’influence du diamètre du Wirsung sur le taux de FP dans ce travail.

Notons également que le chirurgien était une variable influençant en analyse multivariée la survenue d’une FP mettant en question la reproductibilité de la technique. Enfin, l’indice de masse corporelle (IMC) aurait probablement dû être pris en compte comme strate de randomisation, influençant significativement le taux de FP du fait d’une composante graisseuse plus importante du parenchyme pancréatique en cas d’IMC élevé.

Mots clés : Pancréas ; Duodénopancréatectomie céphalique ; Anastomose pancréaticojéjunale ; Invagination ; Essai randomisé


Références






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Quelle technique de fermeture de la tranche pancréatique après pancréatectomie distale ? Résultats d’un essai randomisé


Oláh A, Issekutz A, Belágyi T, Hajdú N, Romics L Jr.

Randomized clinical trial of techniques for closure of the pancreatic remnant following distal pancreatectomy. Br J Surg 2009 ; 96 : 602-7.

La fistule pancréatique et les collections liquidiennes intra-abdominales sont les principales complications après pancréatectomie distale. Plusieurs techniques ont été décrites dans le but d’obtenir une fermeture parfaite du moignon pancréatique. Cet essai randomisé a inclus 70 patients ayant bénéficié d’une pancréatectomie distale entre janvier 2002 et décembre 2006, comparant la fermeture par agrafage (n=35) à la fermeture par agrafage couplée à un patch séromusculaire de jéjunum (n=35). L’agrafage était réalisé par une pince à agrafage linéaire type TA® 55. La première anse jéjunale était patchée sur le moignon pancréatique, sans ouverture de la lumière digestive, en deux plans de points séparés de Monocryl® 4/0. Un drainage était placé au contact avec administration de Sandostatine® 100 μg, 3 fois par jour pendant cinq jours. Un scanner postopératoire était réalisé sur point d’appel clinique. L’objectif principal était le taux de fistule pancréatique (définition internationale de l’ISGPF) et/ou collections liquidiennes intra-abdominales. Les objectifs secondaires étaient les taux de gastroparésie et de réintervention et la durée médiane d’hospitalisation. Le taux de complications reliées à la section pancréatique était plus élevé dans le groupe agrafage seul (11 versus 4, p=0,041). Cependant, les taux de complications postopératoires significatives (fistule de grade B ou C et/ou collection liquidienne nécessitant un traitement) étaient comparables entre les deux groupes (5 versus 2, p=0,428), de même que le taux de réinterventions et la durée médiane de séjour.

Les auteurs concluent que couvrir la ligne d’agrafes pancréatiques par un patch séromusculaire de jéjunum est une méthode simple permettant de diminuer les complications postopératoires, telles que les fistules pancréatiques, mais plutôt lorsque celles-ci sont mineures.




Références






[1] Ann Surg 1999 ; 229 : 693–8.


[2] Ann Surg 2007 ; 245 : 573–82.


[3] Ann Surg 2002 ; 68 : 264–7.


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Fistule pancréatique sévère après duodénopancréatectomie céphalique : anastomose pancréaticogastrique comme procédé de sauvetage B978229471363700010X/icon01-9782294713637.jpg is missing


Bachellier P, Oussoultzoglou E, Rosso E, Scurtu R, Lucescu I, Oshita A, Jaeck D.

Pancreatogastrostomy as a salvage procedure to treat severe postoperative pancreatic fistula after pancreato-duodenectomy. Arch Surg 2008 ; 143 : 966-70.

Une fistule pancréatique (FP) survient chez 3 à 36 % des patients après duodénopancréatectomie céphalique (DPC) avec une mortalité moyenne de 5 % ; le principal facteur favorisant la fistule étant la texture du tissu pancréatique. De nombreuses mesures préventives ont été proposées, dont aucune n’a fait sa preuve en dehors de l’intubation du canal de Wirsung aux résultats encourageants [1]. Le type d’anastomose, pancréaticogastrique (APG) ou pancréaticojéjunale (APJ), n’influence pas le taux de fistule [2]. Le traitement curatif de ces fistules est le plus souvent conservateur, néanmoins une réintervention peut être rendue nécessaire par une péritonite, une hémorragie ou un abcès inaccessible à un drainage percutané, obligeant à de multiples drainages, voire une totalisation de la pancréatectomie, notamment dans les fistules sévères de grade C [3]. Les auteurs proposent de traiter les fistules pancréatiques sévères (grade C) par une APG comme alternative à une pancréatectomie totale.


Les auteurs concluent que, pour des patients sélectionnés, une APG peut être une alternative efficace à la PT dans le traitement des fistules pancréatiques sévères après DPC.




Références






[1] Ann Surg 2007 ; 246 : 425–33.


[2] J Chir 2008 ; 145 : 103–14.


[3] Ann Surg 2007 ; 246 : 966–74.


Caractéristiques des fistules pancréatiques tardives


Pratt WB, Callery MP, Vollmer CM Jr.

The latent presentation of pancreatic fistulas. Br J Surg 2009 ; 96 : 641-9.

Après une résection pancréatique, une fistule pancréatique (FP) peut se révéler tardivement malgré un dosage normal dans les drainages des premiers jours postopératoires. Leur révélation se fait alors que les drains ont souvent déjà été retirés. Sur une série de 405 patients, 107 FP sont apparues (26,4 %) dans les suites immédiates. Des FP tardives sont survenues chez 20 patients (4,9 % de toutes les résections, 18,7 % des FP, 36 % des FP avec signes cliniques). Ces FP survenaient particulièrement après pancréatectomie centrale (22 %), après DPC (5,1 %) ou pancréatectomie gauche (3,2 %). Les suites immédiates de ces 20 patients avaient été simples avec un drainage qui donnait en moyenne 65 cm3 au sixième jour avec dosage d’amylase normal. La FP s’exprimait en général au dixième jour avec douleurs abdominales (18 sur 20), fièvre, écoulement abondant par le drain (en moyenne 200 cm3, pour ceux qui l’avaient encore) ou signes d’infections de paroi. Un drainage était alors réalisé par une voie percutanée ou chirurgicale après un scanner montrant une collection péripancréatique (17 sur 20). Par rapport aux FP postopératoires immédiates, ces FP tardives étaient responsables d’un taux d’infection deux fois supérieur et beaucoup plus sévère (40 % de grade C), avec réinterventions plus agressives, réanimation plus lourde, des hospitalisations plus longues et un coût plus élevé. Les facteurs prédictifs de FP tardive étaient l’âge avancé du patient et un faible diamètre du Wirsung. Trois types de FP tardives étaient isolés : type I (six sur 20) avec un drainage transcutané possible et pour la majorité des suites favorables ; type II (huit sur 20) nécessitant à chaque fois une réintervention avec reprise de la pancréaticojéjunostomie ; type III (six sur 20) en général chez des sujets d’un âge avancé avec un petit diamètre du Wirsung, chez des patients en situation critique, nécessitant un long séjour en réanimation et plusieurs réinterventions.

La conclusion des auteurs est que de nombreux patients avec une FP n’ont pas initialement un écoulement riche en amylase par les drains. Ces FP tardives sont très graves. Le contexte clinique est important et doit être pris en compte précocement avec les paramètres biologiques.


Mots clés : Pancréas ; Pancréatectomie ; Fistule tardive


Références






[1] Ann Surg 2001 ; 234 : 487–93.


[2] Br J Surg 2006 ; 93 : 929–36.


[3] J Am Coll Surg 229 ; 208 : 738–49.


Complications ischémiques après duodénopancréatectomie céphalique B978229471363700010X/icon01-9782294713637.jpg is missing


Gaujoux S, Sauvanet A, Vullierme MP, Cortes A, Dokmak S, Sibert A, Vilgrain V, Belghiti J.

Ischemic complications after pancreaticoduodenectomy : incidence, prevention, and management. Ann Surg 2009 ; 249 : 111-7.





• pour le TC s’il existait une opacification rétrograde de l’AGD et des AP ;


• pour l’AMS si elle était opacifiée par voie rétrograde par les AP.

La suspicion d’un ligament arqué ne justifiait pas une artériographie, mais un simple test de clampage de l’AGD en peropératoire avec un écho-Doppler de l’artère hépatique immédiat en cas de positivité du test. L’existence d’une sténose entraînait la pose d’un stent trois à 24 semaines avant la DPC ou sa reconstruction en cours de DPC. La section d’un ligament arqué était faite en peropératoire et son efficacité testée par le clampage de l’AGD et un test Doppler. Il y a eu 62 sténoses artérielles détectées (11 %), dont sept par sténose athéromateuse et 55 par ligament arqué, dont seules 27 (5 % de cette population) étaient significatives. Quatre sténoses athéromateuses (2 TC+2 AMS) ont justifié la pose d’un stent préopératoire (n=3) ou d’un bypass (n=1) tout comme 23 sténoses par ligament arqué dont la section a été un succès pour 20 sur 23 patients (87 %). La mortalité et la morbidité étaient de 2,6 % (n=14) – majoritairement par complication ischémique – et 41 % (n=224), respectivement. Une complication ischémique a été observée chez six patients, principalement dépistée à j1, dont l’origine était une blessure peropératoire de l’artère hépatique (n=4), une sténose de l’AMS non reconnue (n=1), une dysplasie fibromusculaire du TC (n=1) ; cinq sur six de ces patients sont décédés (36 % de la mortalité globale) malgré des tentatives de revascularisation. La sensibilité du scanner multibarrettes était de 96 % avec une exactitude de 92 %.

La conclusion des auteurs est que les complications ischémiques sont une cause sous-estimée de décès après DPC, liées à une sténose du TC ou de l’AMS ou à une blessure peropératoire de l’artère hépatique. Ces complications peuvent être réduites par la pose d’un stent préopératoire, la section d’un ligament arqué ou une dissection très méticuleuse de l’artère hépatique.



Références






[1] Am J Surg 1998 ; 176 : 352–6.


[2] J Chir 2008 ; 145 : 466–9.


Importance de la marge de résection après exérèse pancréatique pour cancer


Chang DK, Johns AL, Merrett ND et al.

Margin clearance and outcome in resected pancreatic cancer. J Clin Oncol 2009 ; 27 : 2855-62.

Plus de 80 % des patients ayant eu une résection pancréatique potentiellement curative développent des métastases hépatiques, sans récidive locale identifiable, ce qui suggère que la maladie micrométastatique est présente au moment de la résection [1]. L’étude d’une marge de résection permet une bonne évaluation du pronostic. La corrélation entre l’envahissement des marges de résection et la survie à long terme était étudiée chez 365 patients après pancréatectomie pour adénocarcinome (TIPMP et kystes mucineux exclus) à visée curative (sans maladie résiduelle macroscopique). Le suivi médian était de 15,6 (0–168,6) mois. À la fin de l’étude, 14,8 % étaient en vie. La mortalité à 30 jours était de 4,1 % avec 77,3 % (n=288) des patients décédés du cancer pancréatique, soit une survie actuarielle de 23,8 % et de 11,3 % à trois et cinq ans respectivement, en éliminant les autres causes de décès. La taille tumorale moyenne était de 20 mm et des adénopathies métastatiques étaient présentes chez 60 % des patients, une invasion périneurale chez 70 % et vasculaire chez 45 %. Une chimiothérapie adjuvante a été administrée chez 26 % des patients. En analyse multivariée, seuls la localisation tumorale (tête vs queue), la taille tumorale, l’envahissement de la marge, la présence de ganglions métastatiques, l’invasion vasculaire et un traitement par chimiothérapie adjuvante étaient des facteurs indépendants de la survie. Il y avait 132 patients avec une marge de résection positive R1 (à 0 mm). Concernant les autres patients, en étudiant les tranches de section tous les 0,5 mm, la survie devenait équivalente à partir d’un envahissement supérieur ou égal à 2 mm de la marge par rapport à des marges plus largement saines. Pour ceux avec une marge envahie inférieure ou égale à 1,5 mm, la survie était équivalente à ceux porteurs d’une marge de section immédiatement envahie.

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May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on Pancréas et rate

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