Chapitre 13 Otalgie
Toute douleur ressentie dans l’oreille est une otalgie. Elle peut correspondre à une infection de l’oreille, ou n’être que la localisation dominante ou non d’une douleur consécutive à une affection de voisinage, parfois grave tel un cancer oro-pharyngo-laryngé. Il est évident que les diagnostics évoqués sont bien différents selon l’âge et le terrain.
CAUSE AURICULAIRE
Il s’agit d’affections le plus souvent inflammatoires de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne. Le diagnostic repose sur l’otoscopie après inspection du pavillon et de la partie proximale du conduit auditif externe. L’usage du microscope ou au minimum d’un système grossissant facilite grandement l’examen et en assure la qualité. L’existence fréquente de débris cérumineux ou épidermiques, voire la présence d’un écoulement, nécessite la disposition d’une aspiration afin de visualiser l’ensemble des parois et surtout le tympan. Ainsi, l’otalgie peut d’emblée être rapportée aux causes suivantes.
Lésion de l’oreille externe
Otite externe
Le plus souvent inflammatoire ou infectieuse, c’est la classique otite externe (qui n’est pas une otite, mais une atteinte cutanée), d’origine bactérienne ou mycosique.
Elle est favorisée par toute lésion antérieure (eczéma), par les bains en piscine et entre volontiers dans le cadre des pathologies dites de vacances. On retrouve parfois la notion de traumatisme, a fortiori en présence d’eczéma prurigineux avec lésions de grattages à l’aide de toutes sortes d’instruments (trombones, épingles à cheveu, etc.).
Il s’agit d’une infection souvent très douloureuse, justifiant si besoin la prescription d’antalgiques majeurs de type morphine. On en rapproche le furoncle du conduit.
Un prélèvement bactériologique permet en principe d’identifier le ou les germes en cause (très souvent des staphylocoques). Il faut rechercher aussi une mycose qui serait aggravée par la prescription d’antibiotiques locaux et généraux. L’existence de filaments, la ténacité de l’infection, son exaspération sous traitement antibiotique, doivent faire penser systématiquement à l’otite externe.
Otite externe maligne
L’otite externe, dite maligne, est une affection grave, voire gravissime en l’absence de traitement rapide et adapté. La mortalité avoisine en effet 30 % dans certaines statistiques.
Elle se voit chez le diabétique ou l’immunodéprimé et succède le plus souvent à un traumatisme minime. Elle correspond presque exclusivement à une infection par Pseudomonas aeruginosa beaucoup plus rarement à Proteus.
Elle se caractérise par une évolution extensive, nécrosante, avec altération de l’état général, atteinte du cartilage, puis de l’os, aboutissant progressivement à une destruction du rocher et de la base du crâne avec paralysie, en par-ticulier paralysie faciale souvent révélatrice. En l’absence de traitement ou d’efficacité thérapeutique l’évolution se fait vers la mort souvent par abcès cérébral, thrombophlébite du sinus caverneux, etc.
Le scanner essentiellement permet de suivre l’évolution des lésions et d’apprécier petit à petit l’efficacité du traitement. L’IRM s’impose en cas d’extension neurologique.
Le traitement repose sur une parfaite équilibra-tion du diabète et surtout sur une antibiothérapie massive et prolongée (au moins deux mois) en tenant compte de l’évolution clinique et radiologique et des données de l’antibiogramme. L’oxygénothérapie hyperbare a été proposée.
La chirurgie a peu de place ici et ne constitue qu’un appoint au traitement médical. Elle est d’ailleurs discutée.

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