45. Maladie de Crohn
Maladiede CrohnLes patients porteurs de maladies inflammatoires cryptogéniques des intestins (MICI) exigent une surveillance nutritionnelle soigneuse, tant les malnutritions protéino-énergétiques, source de dénutrition, sont fréquentes (75 % des patients hospitalisés pour une maladie de Crohn sont dénutris [1]). Inquiets, ils excluent fréquemment des aliments ou groupes d’aliments de leur ration, croyant que certains d’entre eux peuvent déclencher des poussées aiguës. Jusqu’à ce jour, il n’a jamais été démontré qu’un régime d’exclusion permettait d’éviter la survenue de poussées inflammatoires mais la dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale) est souvent associée aux MICI et l’alimentation l’influence. Pour autant, en dehors des poussées aiguës, il est indispensable de bien expliquer la nécessité d’avoir une alimentation équilibrée.
Il faut aussi pour l’équipe soignante bien avoir conscience que la non-prise en compte des inquiétudes alimentaires des patients induit souvent des comportements irrationnels, d’où l’importance de donner des conseils adaptés. Ceux-ci sont à moduler en fonction des traitements associés (corticoïdes cf. fiche n° 18); par ailleurs, les nouveaux traitements (biothérapie notamment par les anti-TNFα) et un meilleur usage des immunosuppresseurs a révolutionné l’approche thérapeutique tout en limitant le recours à la cortisone, à la chirurgie et en réduisant le nombre d’hospitalisation.
Ordonnance alimentaire
En phase de poussée inflammatoire
■ Si poussée aiguë : régime sans résidu (cf. fiche n° 52).
■ Si poussée limitée : régime sans fibres (cf. fiche n° 32).
En l’absence de poussée
Professionnel de santé…Le…
M., Mme…
Il est indispensable d’avoir un bon équilibre nutritionnel et il est totalement inutile d’exclure tel ou tel groupe d’aliments. En revanche, la consommation de certains aliments doit être favorisée et celle d’autres réduites.
• Aliments riches en acides gras oméga 3 : la consommation de poissons riches en acides gras oméga 3 (sardine, saumon, hareng, anchois, flétan, maquereau) est recommandée 1 à 3 fois/semaine. En assaisonnement, choisir les huiles de colza et de noix.
• Avoir une alimentation riche en calcium et en vitamine K :
– consommer un produit laitier à chaque repas, au moins : yaourt, fromage blanc, fromage sec… Les produits laitiers sont à choisir entiers pour l’apport en vitamines;
– manger la croûte des fromages lorsque cela est possible, et les fromages persillés, ils aideraient à renforcer vos défenses immunitaires par un effet probiotique;
– le calcium se trouve également dans les eaux minérales, type Contrex® et Hépar® (1 à 2 verres par jour);
– la vitamine K est présente dans les choux (tous les choux), brocolis, épinards. En consommer par exemple 2 à 3 fois/semaine, en adaptant les quantités à votre tolérance digestive. On trouve aussi cette vitamine, mais en quantité moindre, dans les multiples légumes verts.
• Avoir une alimentation équilibrée, mais sans excès de protéines animales, elle comprend :
– fruits et légumes à chaque repas, salade (laitue…) 1 fois/j;
– viande sans excès 2 à 3 fois par semaine;
– pain aux multicéréales et féculents en quantité raisonnable.
• Limiter les apports en aluminium.