La thérapie provocatrice

32. La thérapie provocatrice

W. Martineau



Parler de thérapie provocatrice peut en soit être une provocation. Pourtant, la plupart des thérapeutes issus du courant systémique (et d’autres) l’utilisent dans leurs interventions pour faciliter un autre regard, modifier des positions qui limitent le changement ou sortir d’une impasse. Toutefois, Frank Farrelly (Farrelly et Brandsma, 1989) l’a érigée en système, si bien que toute son approche se centre sur ce mode d’intervention particulier destiné à bousculer le patient ancré sur son problème dans un positionnement quasi immuable malgré la demande souvent sincère de changement.

Le maniement de ce type d’intervention comporte bien des difficultés et nécessite un savoir-faire et une compétence toute particulière pour être en phase avec l’interlocuteur et ce qu’il attend. Le positionnement du thérapeute est important, puisque cette approche présuppose un optimisme thérapeutique et des valeurs centrées sur le changement toujours possible quel que soit le problème.


Thérapie provocatrice et changement


Les présupposés de la thérapie provocatrice concernant le changement chez l’homme sont déterminants pour comprendre cette approche reposant sur un certain nombre de postulats que l’on retrouve dans la plupart des approches de type systémique.

Le changement peut être radical, permanent et se réaliser dans un temps court. Il est dépendant de nos croyances et les moyens mis au service de la relation thérapeutique sont là pour permettre un recadrage des croyances « aliénantes » du sujet, pour permettre des ouvertures.

À partir d’un petit changement peuvent s’en produire d’autres par une réaction en chaîne à effet « boule de neige ».

Le changement est plus issu d’une pragmatique que d’une théorie. Il est lié aux expériences actuelles qu’il convient de faciliter, provoquer ou prescrire. Il reste un choix, possible à tout moment, appartenant à la personne (responsabilisation vis-à-vis du futur).

Le groupe peut favoriser le changement par l’apport d’information, par l’intersubjectivité, par le regard de l’autre qui peut modifier la conscience que le sujet a de ses difficultés ou de son problème. En conséquence, le groupe (qu’il soit familial ou non) est un moyen favorable pour la mise en œuvre de ce mode de relation thérapeutique.

À l’inverse, l’absence de changement opéré ne sera pas mise sur le compte d’une résistance, mais sur celui d’une approche thérapeutique inadaptée invitant ainsi en permanence le thérapeute à une révision de ses stratégies.


Le patient au cœur de la thérapie provocatrice


Le but premier de la thérapie provocatrice est d’amener la personne à une responsabilisation vis-à-vis de ses choix. La formulation du discours a donc une signification implicite autour de la liberté, de la responsabilité et du pouvoir du patient qui ne sera jamais considéré comme un être fragile à protéger ou comme un incapable (même s’il le prétend). La personne est donc responsable de ses actes et de ses choix. Le thérapeute présentera tout problème en terme de choix alternatif et invitera le patient à s’affirmer dans une voie en déroulant les hypothèses jusqu’à l’extrême.

Pour cela, il faut amener le patient à cesser les projections, les rationalisations, la recherche des causes, et démolir toutes les croyances possiblement frénatrices, croyances concernant la prédétermination, la génétique ou même l’inconscient, car elles sont souvent l’objet d’une rigidification (voire d’un fatalisme) du positionnement du sujet dans sa maladie ou son problème.

Cette démarche a pour seul objectif de restaurer la dignité de la personne (ce qu’elle est dans sa vie). L’idée sous-jacente est que la transformation se réalise face au défi. Devant un problème, deux attitudes sont possibles :

Jun 20, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on La thérapie provocatrice

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